Hadith al-Bad‘a

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Hadith al-Bad'a (en arabe : حديث البَضْعَة) est l'un des hadiths prophétiques sur Sayyida Fatima (a) dans lequel le Prophète (a) a présenté Fatima (a) comme "une partie de lui-même" et a considéré le bonheur de Fatima (a) comme le bonheur de lui-même et la blessure de Fatima (a) comme la blessure de lui-même.

Ce hadith est rapporté dans les sources des chiites et sunnites. Le hadith d'al-Bad'a est cité pour prouver des problèmes tels que l'infaillibilité de Sayyida Fatima (a), sa légitimité dans l'événement de Fadak et l'obligation d'honorer les Ahl al-Bayt (a).

Selon certains rapports dans les sources sunnites, ce hadith est rapporté par le Prophète (s) au sujet de l'histoire de l'Imam Ali (a) proposant à la fille d'Abu Jahl. Mais selon les érudits chiites, ces hadiths sont fabriqués et leurs narrateurs sont accusés d'avoir fabriqué des hadiths et d'inimitié avec les Ahl al-Bayt (a).

Texte et statut

Le hadith al-Bad'a est un hadith rapporté par le Prophète (s) à propos de sa fille Sayyida Fatima (a) :

فَاطِمَةُ بَضْعَةٌ مِنِّي ‏فَمَنْ آذَاهَا فَقَدْ آذَانِي و مَنْ سَرّها فَقد سَرّني
Fatima fait partie de moi, celui qui la blesse m'a fait du mal et celui qui la rend heureuse m'a rendu heureux
Cheikh as-Sadûq, al-Amâlî, p 165, 1417 H

Le contenu de ce hadith est cité dans diverses sources chiites et sunnites.[1] L’Imam Ali (a),[2] Ibn Abbas,[3] Abu Dharr al-Ghifârî[4] et sayyida Fatima az-Zahra (a)[5] sont parmi les narrateurs de ce hadith.

Jalâl ad-Dîn as-Suyîtî, un commentateur du Coran sunnite, l'a considéré qu'il est accepté par les chiites et les sunnites.[6]

Fakhr ar-Râzî, un autre commentateur du Coran sunnite, l'a utilisé pour interpréter certains versets du Coran.[7]

Al-Bad'a ou al-Bid'a signifie une partie du corps.[8] Par conséquent, lorsqu'il est dit que « un tel fait partie de moi » en raison de la grande proximité de cette personne avec l'orateur, c'est comme si cette personne faisait partie de son corps.[9] L'expression "Bad'atun Minnî" est également utilisée dans les paroles du Prophète de l'Islam (s) à propos de l'Imam Ali (a)[10] et de l'Imam ar-Ridâ (a).[11]

Utilisations jurisprudentielles et théologiques

Le hadith de Bada'a a été utilisé pour prouver certains questions théologiques :

  • L'infaillibilité de sayyida Fatima (a) : Les théologiens ont cité ce hadith pour prouver l'infaillibilité de sayyida az-Zahra (a).[12] Selon l'ayatollah Subhânî, l'un des érudits chiites (né en l'an 1308 H), dans le hadith al-Bad'a, l'bonheur et l'insatisfaction de sayyida Fatima (a) sont considérés comme le critère de satisfaction et d'insatisfaction de Dieu et de son messager (s). Puisque Dieu n'est satisfait que par des actions justes et ne consent pas au péché et à la désobéissance à Ses commandements, si Sayyida Fatima az-Zahra (a) avait commis un péché, alors elle aurait été satisfaite de quelque chose que Dieu n'était pas content de ça ; tandis que le hadith d'al-Bad'a a lié la satisfaction divine à la satisfaction de Fatima (a).[13]
  • La supériorité de Fatima az-Zahra (a) sur les toutes les femmes du monde : Shahâb ad-Dîn al-Âlûsî, commentateur du Coran sunnite (mort en l'an 1270 H), utilisant ce hadith sous le verset 42 de la sourate Âl 'Imrân, a cité la supériorité de Fatima az-Zahra (a) sur toutes les femmes du monde, y compris Maryam (a) la mère de Jesus (a).[14]
  • Prouver la légitimité de sayyida Fatima (a) dans l'événement de Fadak[15] : Après le décès du Prophète (s), lorsque sayyida az-Zahra (a) était malade, a cité ce hadith dans une protestation avec les les deux premiers Califes.[16]

Ce hadith est également cité pour la nécessité d'honorer les Ahl al-Bayt (a),[17] de ne pas accepter le témoignage de l'enfant pour le père ou vice versa,[18] l'interdiction du mariage avec les mères et les filles,[19] la nécessité d'honorer les parents[20] et l’autorisation de visiter les tombes par les femmes.[21]

Utilisation du hadith al-Bad'a contre l'Imam Ali (a)

Selon certains rapports, le hadith al-Bad'a est rapporté au sujet de l'histoire de l'Imam Ali (a) proposant à la fille d'Abu Jahl ; Selon le rapporte d'Ibn Hanbal (m. 241 H) d'Abd Allah b az-Zubayr, quand Ali (a) a parlé d'épouser la fille d'Abu Jahl et que la nouvelle est parvenue au Prophète (s), ce dernier a dit :

«اِنّما فَاطِمَةُ بَضْعَةٌ مِنِّی یُوذینی ما آذَاها»[22]

Cette histoire est mentionnée dans diverses sources avec des phrases différentes.[23]

Sayyid al-Murtadâ, un théologien chiite (355-436 H), considérait ces rapports comme des fabrications.[24] Selon un hadith de l'Imam as-Sâdiq (a), cette histoire est fabriquée.[25] Abu Hurayra, l'un des narrateurs de ce hadith, est accusé d'avoir fabriqué des hadiths.[26] De plus, Husayn Karâbîsî et Miswar b. Makhrama az-Zuharî d'autres narrateurs de ce rapporte, dans la science de ar-Rijâl, sont présentés comme faibles, par conséquent, leurs narrations ne sont pas acceptables et authentiques.[27] Selon Sayyid al-Murtadâ, Karâbisî était l'un des an-Nawâsib et l'énemmies des Ahl al-Bayt (a).[28]

Ja'far Murtadâ al-Âmilî, chercheur en histoire de l'Islam, tout en considérant les rapports sur l'Imam Ali (a) proposant à la fille d'Abu Jahl comme contradictoires, a évoqué treize raisons pour rejeter cet incident.[29]

Voir aussi

Références

  1. Cheikh as-Sadûq, al-I'tiqâdât, p 105, 1414 H ; cheikh al-Mufîd, al-Amâlî, p 289, 1414 H ; cheikh at-Tûsîm al-Amâlî, p 24, 1414 H ; Ibn Maghâzilî, Manâqib Ali b. Abi Tâlib, p 289, 1426 H ; Ibn Jibri'îl, ar-Rawda fî Fadâ'il Amîr al-Mu'minîn, p 167, 1423 H, al-Bukhârî, Sahîh al-Bukhârî, vol 4, p 210 et 219, 1401 H
  2. Cheikh as-Sadûq, al-Khisâl, p 573, 1403 H ; Fattâl an-Nayshâbûrî, Rawdat al-Wâ'idîn, Manshûrât ash-Sharîf ar-Radî, p 149
  3. Cheikh as-Sadûq, al-Amâlî, p 175 et 575, 1417 H
  4. Khazâz al-Qummî, Kifâyat al-Athar, p 37, 1401 H
  5. Khazâz al-Qummî, Kifâyat al-Athar, p 64, 1401 H ; Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 36, p 308, 1403 H
  6. As-Suyûtî, ath-Thughûr al-Bâsita, p 67, 1431 H
  7. Fakhr ar-Râdî, Tafsîr al-Kabîr, vol 9, p 160, sous le verset 189 de la sourate al-A'râf
  8. Ibn Manzûr, Lisân al-'Arab, vol 8, p 12, 1405 H ; Ibn Athîr an-Nihâyat, vol 1, p 133, 1364 HS
  9. Râghib Isfahânî, Mufradât Alfâd Qur'an, p 129, 1427 H
  10. Al-Bahrânî, al-Burhân, institut al-Bi'tha, vol 1, p 261
  11. Cheikh as-Sadûq, Man Lâ Yahduruhu al-Faqîh, institute an-Nashr al-Islâmî, vol 2, p 583 et 588 ; Fattâl an-Nayshâbûrî, Rawdat al-Wâ'izîn, Manshûrât ash-Sharîf ar-Radî, p 233
  12. Sayyid al-Murtadâ, ash-Shâfî fi al-Imama, vol 4, p 95, 1410 H ; Ibn Abi al-Hadîd, Sharh Nahj al-Balâgha, institut Ismâ'îlîyân, vol 16, p 273, Îjî, al-Mawqûfât, vol 3, p 597, 1417 H
  13. Subhânî, Pajûhishî dar Shinâkht va 'Ismat Imam, p 27, 1389 HS
  14. Âlûsî, Rûh al-Ma'ânî, vol 3, p 155
  15. Ibn Abi al-Hadîd, Sharh Nahj al-Balâgha, institut Ismâ'îlîyân, vol 16, p 273 ; Îjî, al-Mawqûfât, vol 3, p 597 et 607, 1417 H
  16. Khazâz al-Qummî, Kifâyat al-Athar, p 37, 1401 H
  17. Fakhr ar-Râdî, at-Tafsîr al-Kabîr, vol 27, p 166, edition 3
  18. Ibn 'Arabî, Ahkâm al-Qur'ân, Dâr al-Fikr, vol 1, p 638 ; Ibn Qudâma, al-Mughnî, Dâr al-Kutub al-Arabî, vol 12, p 66
  19. Fakhr ar-Râdî, at-Tafsîr al-Kabîr, vol 10, p 166, edition 3
  20. Fakhr ar-Râdî, at-Tafsîr al-Kabîr, vol 20, p 185, edition 3
  21. Shahîd al-Awwal, Dhikr ash-Shî'a, vol 2, p 63, 1419 H
  22. Ibn Hanbal, Musnad Ahmad, Dâr Sâdir, vol 4, p 5
  23. An-Nayshâbûrî, Sahîh Muslim, Dâr al-Fikr, vol 7, p 141 ; al-Bukhârî, Sahîh al-Bukhârî, vol 6, p 158, 1401 H ; Ibn Mâjja, Sunan Ibn Mâjja, Dâr al-Fikr, vol 1, p 644 ; Sajistânî, Sunan Abi Dâwûd, vol 1, p 460, 1410 H ; Nu'mânî al-Maghribî, Sharh al-Akhbâr, institut an-Nashr al-Islâmî, vol 3, p 61 ; Ibn Bitrîq, 'Umdat al-'Uyûn, p 385, 1407 H
  24. Sayyid Murtadâ, Tanzîh al-Anbîyâ', p 167, 1250 H
  25. Cheikh as-Sadûq, al-Amâlî, p 165, 1417 H
  26. Ibn Shâdân, al-Îdâh, p 541, 1363 HS ; Tustarî, Qâmûs ar-Rijâl, vol 9, p 111, 1419 H
  27. Fadlî, Usûl al-Hadîth, p 139, 1421 H
  28. 1. Sayyid Murtadâ, Tanwîh al-Anbîyâ', p 167-168, 1250 H
  29. Ja'far Murtadâ, as-Sahîh min Sîrat al-Imam Ali (a), vol 3, p 61-76

Bibliographie