Rawdat ash-Shuhadâ' (livre)

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Rawdat ash-Shuhadâ'
auteurMulla Husayn Wa'iz Kâshifi
genreMaqtal
titre_origروضة الشهداء
languePersan


Rawdat ash-Shuhadâ' (en arabe : روضة الشهداء) est un livre en farsi sur le martyr de l'Imam al-Husayn (a) et la tragédie de Karbala, écrit par Mulla Husayn Wâ'iz Kâshifi (décès en 910 H (1504 C)). Ce livre fut tellement récité dans les cérémonies de deuil de l’Imam al-Husayn (a), que ces cérémonies furent nommées Rawda en Iran.

Rawdat ash-Shuhadâ’ fut a inspiré la rédaction d'autres Maqtals (les narrations écrites sur la meurtre ou le martyr des personnes importantes dans l’histoire chiite) à l'époque des Séfévides et des Qadjars. Dans le livre Himâsih-yi Husaynî, Shahîd Mutahharî critiqua sérieusement certains passages de ce livre.

Sur l’auteur

Kamâl ad-Din Husayn b. Ali Wa'iz Kâshifî Sabziwârî (décès: 910 H (1504 C)), originaire de Sabzevâr de la région Khorasan, fut un érudit des siècles 9 H (16 C) et 10 H (17 C). Kâshifi rédigea le livre vers la fin de sa vie.

Mulla Husayn fut un prédicateur religieux (wâ'iz) et un poète ; c'est pourquoi il possédait comme titre de "wa'iz" (prédicateur) et comme nom de plume "Kâshifi". Ses séances de prédiction et de ses discours furent célèbres à cette époque-là et ses contemporains mentionnèrent son statut spécial parmi les gens et auprès les souverains de son temps.

Une des caractéristiques de Rawdat ash-Shuhadâ' qui le rendit persistant jusqu’à nos jours, est sa fluidité et sa cohérence. Il y a des opinions différentes sur la religion de l'auteur.
Il décéda en 910 H (1504 C) et sa tombe est à Sabzevar, entre la tombe de Hâj Mulla Hâdî Sabziwârî et le bâtiment de Musallâ de la ville.[1]

Dans les mots de Âqâ Buzurg Tihrânî

Selon la description d’Âqâ Buzurg Tihrânî , Rawdat ash-Shuhadâ’ est un livre en farsi éloquent et rédigé par Mulla Wâ'iz Husayn b. Ali Kâshifî Bayhaqî. Il est organisé en 10 chapitres et une fin. À la fin du livre, l'auteur écrit la lignée de l'Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a), de l'Imam al-Husayn (a) et la biographie d'un groupe de leurs descendants. La fin du livre est en 34 pages avec le titre d'Ansâb Sibtay an-Nabî (s).

Dans son commentaire sur le livre, Tihrâni indique l’hypothèse de certains experts selon lequel Rawadat ash-Shuhadâ’ est le premier Maqtal en farsi répandu largement parmi le peuple de langue persane, dans la mesure où le titre «Rawza Khân» fut attribué à celui qui le récitait.

Cependant, Tihrâni refuse cette hypothèse et exprime que les Maqtals en farsi existaient auparavant. Afin de justifier son avis, il se réfère à un passage de Rawdat ash-Shuhadâ' dans lequel un poème fut cité du livre intitulé Maqtali farsi, rédigé par Abu al-Mafâkhir Râzî.[2]

Objectifs principaux

Suite à la demande de l'un des nobles d'Hérat et puisqu'il n'existait pas à l’époque aucun texte complet sur les tragédies du martyr de l'Imam al-Husayn (a) et l'événement de Karbala, l'auteur jugea nécessaire d'écrire un tel texte et il essaya même de traduire des poèmes de l’arabe au farsi.[3]

Contenu du livre

Le livre contient dix chapitres et une fin abordant brièvement la vie des 12 Imams (a) ; mais le but principal de l'auteur est de décrire en détail les tragédies de l'Imam al-Husayn (a). L’auteur commence ainsi par les difficultés auxquelles les prophètes affrontèrent (les épreuves des prophètes (a)) et les cruautés des Quraychites envers le Prophète (s).

Ce livre n’est pas consacré à l’Imam al-Husayn (a) car la moitié est sur la vie des prophètes, d’Adam (a) jusqu’au Prophète Muhammad (s). Il aborde également la vie de Fatima Zahra (a), de l’Imam Ali (a), des autres Imams des chiites et de certains Sâdât (ou les Sayyids, le titre attribué aux descendants des Ahl al-Bayt (a)).[4]

Chapitres du livre

Références du livre

Bien que Kâshifî n'ait pas clairement mentionné les références de Rawdat ash-Shuhadâ', mais en lisant le livre, on peut trouver les livres dont il cita certains passage :

L'auteur se sert également de nombreuses sources inconnues et inauthentiques pour lesquelles il ne suivit même pas d’une méthode de citation précise. Au lieu de rapporter les événements à partir de références fiables, il semble que l'auteur eut plutôt la tendance à raconter des histoires.[6]

Importance et caractéristiques

Selon ce qui est mentionné dans la préface du livre, les avantages et les point forts de ce livre sont la suivante :

  • Prose efficace accompagnée de poèmes, d’anecdotes historiques, de versets et de hadiths
  • Abondance des informations théologiques, historiques et des préceptes juridique
  • Profiter d'une variété de sources notamment non-chiites
  • Etre le premier Maqtal compréhensif et populaire en farsi

Vu son style d’écriture attirant en prose poétique ainsi que son éloquence, le livre devint rapidement populaire à son époque et même à nos jours, on en récite indirectement certains passages dans les cérémonies de deuil.

Il fut traduit plusieurs fois en différentes langues ou réécrit sous la forme de la poésie.[7]

Critiques

A part de sa popularité, ce livre fut critiqué ultérieurement par les chercheurs et les érudits en raison de la faiblesse du contenu. Du point de vue des critiques, les problèmes les plus importants de Rawdat ash-Shuhadâ' sont le regard soufi de l’auteur et surtout les faux rapports ainsi que les histoires fictives. Les critiques blâment l’auteur à ne décrire que les misères et les difficultés sans aborder une analyse épique et politique de l'événement de Karbala; en effet, Kâshifî n’examina pas cette tragédie ni à travers ses causes ni sa nature.[8]

Des érudits tels que Mirzâ Abd Allah Afandî dans son Riyâd al-'Ulamâ', Mirzâ Husayn Nurî dans son Lu’lu’ wa Marjan et Shahîd Motahhari dans son Hamâsayi Husaynî soulevèrent des objections et des critiques au sujet de Rawdat ash-Shuhadâ’.[9]

Certains commentaires critiques au sujet du livre

Il ne faut pas se surprendre à constater les rapports faibles dans Rawdat ash-Shuhadâ’ car l’auteur (le précepteur) a bel et bien réussi de faire passer son message ; cependant cela n’est pas convaincu pour les historiens.[10]

La plupart de ses rapportes et de narrations et même le livre dans son ensemble, furent repris des sources inauthentiques et inconnues.[11]

La plupart des rapports de ce livre sont inauthentiques et ne se conforment pas aux vérités historiques.[12]

Certains rapports de ce livre n’ont pas de références historiques.[13]

Ce livre contient plein de mensonges et sa rédaction a empêché le public de se référer aux vérités historiques et aux références principales de l’événement de Karbala.[14]

Son contenu est sans valeur et n’est pas du tout fiable.[15]

Publication

Ce livre fut publié pour la première fois à Lahore en 1908, puis en Mumbai en 1952 et plus tard à Téhéran en 1954.[16] A partir de cette date, il fut publié plusieurs fois.

Voir aussi

Références

  1. Kâshifî Mulla Husayn, Rawdat ash-Shuhadâ’, pp. 8-10, Edition Nawîd Islâm, Qom, 1382 HS ; Dabîrân Hakîmiyya, Tasnîmî Ali, Kâshifî wa Naqd wa Barrasî-yi Rawdat ash-Shuhadâ’, Pajûhishhâ-yi Adabî, été 1387 HS, n 20
  2. Tîhrânî, Âqâ Buzurg, Az-Zarî’a, vol. XI, p. 294, Dâr al-Adwâ’, Beyrouth
  3. Bibliothèque numérique de Nûr
  4. Jawâdî, Qâsim, Barrasî-yi Kitâbi Rawdat ash-Shuhadâ Asari Marhum Mulla Husayn Kâshifî, pp. 243-244, Majmû’i Maqâlâti Kongirih-yi Millîyi Hamâsihyi Husaynî, Edition Dur rul-‘Irfân, 1389 HS
  5. Kâshifî Mulla Husayn, Rawdat ash-Shuhadâ’, p.24 , Edition Nawîd Islâm, Qom, 1382 HS
  6. Bibliothèque numérique de Nûr
  7. Kâshifî Mulla Husayn, Rawdat ash-Shuhadâ’, pp.14-15, Edition Nawîd Islâm, Qom, 1382 HS
  8. Bibliothèque numérique de Nûr
  9. Kâshifî Mulla Husayn, Rawdat ash-Shuhadâ’, pp.14-15, Edition Nawîd Islâm, Qom, 1382 HS
  10. Kâshifî Mulla Husayn, Rawdat ash-Shuhadâ’, p.6, Edition Nawîd Islâm, Qom, 1382 HS
  11. Kâshifî Mulla Husayn, Rawdat ash-Shuhadâ’, p.6, Edition Nawîd Islâm, Qom, 1382 HS
  12. Amîn ‘Âmilî, Sayyid Muhsin, A’yân ash-Shi’a, vol. VI, p.122, Beyrouth, Edition Dâr at-Taârif, 1421 H
  13. Nûrî Mîrzâ Husayn, Lu’ lu’ wa Marjân, pp. 287-288, Téhéran, 1388 HS
  14. Motahharî Murtizâ, Hamasah-yi Husaynî, vol. I, p.54, Edition Sadrâ, 1377 HS
  15. Qâzî Tabâtabâyî, Muhammad Ali, Tahqîq Darbârih-yi Avvalîn Arba’yînî Sayyid ash-Shuhadâ, p.66, Edition Wizârati Irshâd, Téhéran 1383 HS
  16. Tîhrânî, Âqâ Buzurg, Az-Zarî’a, vol. XI, p. 294, Dâr al-Adwâ’, Beyrouth