Sourate al-Mulk

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Sourate al-Mulk (en arabe : سورة المُلک) ou Sourate Tabârak (سورة تَبارَک) est la soixante-septième sourate du Coran. Il s'agit d'une sourate Makki située dans le vingt-neuvième juz' du Coran. Cette sourate est appelée "al-Mulk" et "Tabarâk" parce que ces deux mots figurent dans le premier verset de la sourate. Le thème principal de la sourate al-Mulk est la seigneurie générale de Dieu sur l'univers entier et un avertissement de la Résurrection.

La sourate s'ouvre sur une bénédiction et une louange de Dieu pour Sa domination absolue, Sa souveraineté et Sa puissance, et le deuxième verset de la sourate concerne la création de la mort et de la vie comme épreuves divines pour déterminer les personnes qui sont les meilleures en actes. Le premier et le second verset des versets bien connus de la sourate al-Mulk. Parmi les vertus de la récitation de la sourate, il est dit que si l'on la récite lors de la nuit, on recevra une récompense égale à celle de la veillée de la Nuit du Qadr.

Introduction

Nomination

La sourate est appelée "al-Mulk" et "Tabârak" parce que ces deux mots apparaissent dans son premier verset[1]. "Tabârak" se réfère à l'émanation de bénédictions de Dieu[2], et "al-Mulk" signifie la domination de Dieu sur l'univers. La sourate est également appelée "al-Mâni'a" (prévention), "al-Wâqiya" (protection), "al-Munjiya" (sauvetage), et "al-Mannâ'a" (prévention extrême). Ces appellations sont dues au fait que les personnes qui la mémorisent et qui agissent selon la sourate al-Mulk seront sauvées, prévenues et protégées du feu de l'Enfer[3], comme le soulignent les hadiths[4].

Lieu et ordre de la révélation

La sourate al-Mulk est une sourate Makki, et dans l'ordre de révélation, c'est la soixante-dix-septième sourate révélée au Prophète (s). Dans l'ordre actuel de la compilation, elle la soixante-septième sourate, et située à l'ouverture du juz' (chapitre) vingt-neuf du Coran[5].

Nombre de versets et caractéristiques

La sourate al-Mulk compte trente versets, 330 mots et 1300 lettres[6]. En ce qui concerne sa taille, elle compte parmi les sourates de moufassalât du Coran, qui occupe environ la moitié d'un hizb[7]. Elle a été révélée après la 52ème sourate du Coran et avant la 69ème sourate du Coran, avant le Hijra (migration des musulmans de La Mecque à Médine). Elle a donc été révélée à la Mecque, sans un seul verset madinois[8]. Tout comme la 25ème sourate du Coran, la sourate al-Mulk commence par "Il est béni" (تبارک الذی). Elle compte parmi les sourates de Mumtahanât[9], qui est similaire à la sourate 60 du Coran au sujet de son contenu[10].

Contenu de la sourate

Le thème principal de la sourate al-Mulk est, dit-on, la généralité de la Seigneurie de Dieu sur l'univers entier et l'avertissement de la Résurrection[11]. La sourate s'ouvre avec une bénédiction de Dieu pour Sa domination absolue, Sa souveraineté et Son pouvoir, et dans son deuxième verset, elle traite de la création de la mort et de la vie comme des épreuves divines pour déterminer les personnes ayant fait les meilleures actions[12] Dans Tafsir-i nimuna, le contenu de la sourate al-Mulk est résumé dans les trois sections suivantes :

  1. L'origine du monde, les attributs divins et le merveilleux système de la création, en particulier la création des cieux et des étoiles, la création de la Terre et de ses dotations, la création des oiseaux et de l'eau qui coule, la création des oreilles, des yeux et des instruments de connaissance,
  2. La Résurrection, les souffrances de l'Enfer, et les conversations entre les agents de la punition et les habitants de l'Enfer,
  3. La mise en garde des infidèles et des injustes contre diverses souffrances dans ce monde et dans l'au-delà[13].

L'occasion de la révélation du verset 13

وَأَسِرُّ‌وا قَوْلَكُمْ أَوِ اجْهَرُ‌وا بِهِ ۖ إِنَّهُ عَلِيمٌ بِذَاتِ الصُّدُورِ‌

"Tenez secret votre propos [Ô impies], ou divulguez-le, [le Seigneur] connaît bien les pensées des coeurs" (Coran, 67:13)[14]

Au sujet de l'occasion de la révélation du verset treize de la sourate al-Mulk, Ibn 'Abbâs dit que ce verset concerne les polythéistes ou hypocrites qui ont attribué des choses fausses au Prophète (s), et se sont ensuite recommandés les uns aux autres de parler à voix basse afin que Muhammed et ses compagnons n'entendent pas ce qu'ils se disent et leurs discussions. Cependant, l'ange Gabriel a informé le Prophète(s) de ces conversations, en soulignant que Dieu sait ce qu'il y a dans leur cœur, qu'ils le cachent ou qu'ils le révèlent[15].

Des versets bien connus

Les premiers versets de la sourate al-Mulk sont les plus connus.

Verset 1[16]:

Le verset de Tabarak

تَبَارَكَ الَّذِي بِيَدِهِ الْمُلْكُ وَهُوَ عَلَىٰ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ

Béni soit Celui en la main de qui est la Royauté et qui est puissant sur toute chose[17].

Allâma Tabâtabâ'î prend le mot "tabârak" (béni), dans le premier verset de la sourate, pour signifier ce qui procure de nombreuses bénédictions et avantages[18]. Dans ce verset, l'essence de Dieu étant bénie, est liée à Sa domination sur le monde et à Son pouvoir sur toute chose. Il est donc caractérisé comme une entité éternellement bénie[19].

La phrase "en la main de qui est la Royauté" suggère la pleine domination de Dieu sur tout être de telle sorte qu'Il peut apporter les changements qu'Il veut en toute chose, qu'Il peut gérer les choses de la manière qu'Il veut et que Son pouvoir n'a aucune limite[20].

Verset 2[21]:

Le verset de l'épreuve

الَّذِي خَلَقَ الْمَوْتَ وَالْحَيَاةَ لِيَبْلُوَكُمْ أَيُّكُمْ أَحْسَنُ عَمَلًا ۚ وَهُوَ الْعَزِيزُ الْغَفُورُ

- qui a créé la Mort et la Vie pour éprouver lequel de vous est meilleure conduite.Il est le Puissant, l'Absoluteur[22].

La signification de l'épreuve

Ce verset indique le but de la création de la mort et de la vie humaine, tous des manifestations de la domination et du commandement de Dieu sur l'univers. On dit que l'épreuve divine est une sorte d'exercice dans lequel les êtres humains agissent jusqu'à ce qu'ils soient bien éprouvés, testés et purifiés afin qu'ils méritent la proximité de Dieu. Ainsi, le monde entier est un champ d'épreuve pour tous les êtres humains où l'instrument de ce test est la vie et la mort, et son but est de faire de bonnes actions, ce qui équivaut à la perfection de ses connaissances, à la pureté de son intention, et à faire de bonnes oeuvres[23].

Mérites et prééminence

Il existe de nombreux hadiths concernant les vertus de la récitation de la sourate al-Mulk. Le Prophète(s) aurait dit que si une personne récite la sourate al-Mulk lors de la nuit, elle recevra une récompense égale à celle d'une veillée pendant la nuit de Qadr[24]. Selon les biographies du Prophète(s), il récitait cette sourate chaque nuit avant de s'endormir[25]. Selon un autre hadith du Prophète(s), la sourate al-Mulk intervient en faveur de son récitant le jour de la Résurrection, demandant pardon pour lui [26].

Selon un hadith de l'imam al-Baqir (a), la sourate al-Mulk permet d'éviter les souffrances dans la tombe. Il ajoute : "Je la récite en étant assis, et mon père, l'Imam al-Sajjad (a), la récitait jour et nuit" [27].

Selon certains hadiths, la récitation de cette sourate aurait des effets tels que la sécurité[28], l'intercession (shafâ'a), le pardon et la miséricorde[29], la prévention des souffrances de la tombe (de barzakh)[30], et la miséricorde de Dieu pour les morts[31].

Références

  1. Ṣafawī, Sura-yi Mulk, p. 813.
  2. Ṭabāṭabāyī, al-Mīzān, vol. 19, p. 348
  3. Ṣafawī, Sura-yi Mulk, p. 813.
  4. Cf. Meybodī, Kashf al-asrār wa 'uddat al-abrār, vol. 10. p. 170; Kulaynī, Al-Kāfī, vol. 2, p. 633.
  5. Khurramshāhī, Sura-yi Mulk, p. 1257.
  6. Ṣafawī, Sura-yi Mulk, p. 813.
  7. Khurramshāhī, Sura-yi Mulk, p. 1257
  8. Rāmyār, Tārīkh-i Qur'ān, p. 360 and 596
  9. Rāmyār, Tārīkh-i Qur'ān, p. 360 and 596.
  10. Farang nameh-yi 'Ulum Qur'an, vol. 1, p. 2612
  11. Ṣafawī, Sura-yi Mulk, p. 813
  12. Khurramshāhī, Sura-yi Mulk, vol. 2, p. 1257
  13. Makārim Shīrāzī, Tafsīr-i nimūna, vol. 24, p. 311-312
  14. Traduction de Regis Blachère, 1966
  15. Wāḥidī, Asbāb nuzūl al-Qurān, p. 462.
  16. Coran 67:1
  17. Traduction de Régis Blachère, 1966
  18. Ṭabāṭabāyī, al-Mīzān, vol. 19, p. 348.
  19. Makārim Shīrāzī, Tafsīr-i nimūna, vol. 24, p. 316
  20. Ṭabāṭabāyī, al-Mīzān, vol. 19, p. 348.
  21. Coran 67:2
  22. Traduction de Régis Blachère, 1966
  23. Makārim Shīrāzī, Tafsīr-i nimūna, vol. 24, p. 316-317
  24. Ṭabrisī, Majmaʿ al-bayān, vol. 10, p. 66
  25. Nūrī, Mustadrak al-wasāʾil, vol. 4, p. 306
  26. Nūrī, Mustadrak al-wasāʾil, vol. 4, p. 366
  27. Kulaynī, Al-Kāfī, vol. 2, p. 633
  28. Ṣadūq, Thawāb al-aʿmāl, p. 119
  29. Suyūṭī, Al-Durr al-manthūr, vol. 6, p. 246
  30. Baḥrānī, al-Burhān fī tafsīr al-Qur'ān, vol. 5, p. 433
  31. Baḥrānī, al-Burhān fī tafsīr al-Qur'ān, vol. 5, p. 433