Turbat (de l'Imam al-Husayn)

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Une petite quantité de la terre de la tombe de l'Imam Husayn qui suinte du sang chaque année lors de la journée de Ashura. Elle est conservée dans le musée de la ville de Karbala

Turbat (de l'Imam al-Husayn) (en arabe : تربة الحسين ع) se réfère, dans les croyances chiites, à la terre d'alentour de la tombe vénérée de l'Imam Husayn à Karbala en Irak. Cette terre est appelé également Turbat de Karbala. Cette terre est considérée comme bénie et porteuse de baraka (pouvoir surnaturel) dans les croyances chiites basées sur de multiples récits et paroles (hadiths) attribués aux Imams. De cette terre les chiites fabriquent des objets simples qui accompagnent la prière, comme muhr (bloc sur d'argile sur lequel on se prosterne) et Tasbih (chapelet). Dans les traditions chiites, il est interdit de salir le turbat, en revanche par la vertue qu'on lui attribue, il est permis d'en mettre un peu dans la bouche des malades pour les guérir.

Il est également de coutume d'en mettre un peu dans la tombe lors de l'enterrement afin de diminuer la difficulté du passage du mort d'ici-bas à l'au-delà.
Touteois, la surface de laquelle on peut prendre de cette terre, n'est pas bien précisée. D'après certains savants chiites, la terre d'autour de la tombe de l'Imam jusqu'à un rayon d'environ 32 km. peut être considérée comme le Turbat de l'Imam Husayn.

Signification du terme

Terme Turbat, signifie "la terre". Certains pensent que ce terme pourrait se référer à toute terre autour d'une tombe sacrée; comme la tombe des Imams, celle des prophètes, des martyrs, des gens pieux, etc. Mais son sens le plus courant, ou le plus exclusif, se réfère à la tombe de l'Imam Husayn. Il faut préciser également que le sens du terme "at-Tîn" (الطین) ou "Tîn de la tombe" (طین القبر) dans les traditions imamites se réfère au même sens [1].

Abû Rayhân Bîrûnî a parlé de la tombe de l'Imam Husayn en utilisant le terme : "Turbat Mas'ud" (تربت مسعوده = la terre bienheureuse)[2].

Le turbat, a été toujours sacré et respecté et constitué en signe emblématique du chiisme[3].

Dans le hadith

D'après un hadith, le prophète Jésus (a) annonça à ses apôtres à propos du martyre de l'Imam Husayn en indiquant son turbat[4].

Il existe également de nombreux hadiths chiites et sunnites, attribués aux Prophète, qui montrent qu'il était conscient du martyre de l'Imam Husayn (a) quand celui-ci n'était qu'un jeune enfant. Il est rapporté par exemple, que l'Ange Gabriel (ou un autre ange) apporta une poignée de la terre rouge de Karbala au Prophète (s) en le prévenant du martyre de l'Imam Husayn, ce qui l'a rendu très triste.

Considérant que le nom de plusieurs anges a été mentionné à ce propos, les savants traditionnistes cosirérent que cet événement (la révélation par rapport au future martyre de l'Imam) a été répété à plusieurs reprise[5].

Ces hadiths ont été rapporté par de nombreuses femmes et de nombreux hommes, compagnons du Prophète, y compris certaines de ses propres femmes[6].

Vertus de cette terre d'après les récits

Guérison

Dans les textes anciens de hadith et de fiqh, de différentes vertus sont mentionnées pour le turbat. Il est dit que cette terre est porteuse du pouvoir de guérison, sous la condition qu'on croit en Imamat de Husayn (a)[7]. Dans certains hadiths, les conditions et les manières sous lesquelles il faudrait prendre de cette terre, sont mentionnées comme les secrets de son efficacité [8]. Les juristes imamites sont unanimes sur l'importance de chercher la guérison par l'intermédiaire de cette terre, ainsi que sur ses vertus. Et de différents textes existent à ce propos [9]. Il existe également de nombreux rapports à propos des témoignages sur ses effets[10].

Mentionnons également qu'il était de coutume (au début de l'Islam) de chercher de la bénédiction auprès de la terre de la tombe de Hamza l'oncle du Prophète (s), ainsi que celle des autres martyrs et gens vertueux [11].

Quiétude

La quiétude (contre toutes les anxiétés et peurs) est considérée comme une autre vertu de cette terre[12]. Ainsi il est dit que si on porte un peu de cette terre sur soi, on sera à l'abri des peurs et des anxiétés.

Il est rapporté par exemple que l'Imam Ridha (a) mettait un peu de cette terre dans un bout de tissu à des fins de protection[13]. Il est aussi rapporté que le port d'une petite quantité de cette terre est porteur de la baraka[14].

Et enfin, il est conseillé d'en mettre une toute petite quantité dans la bouche d'un nouveau né pour qu'il soit protégé[15]; et le don de cette terre est également conseillé[16].

Vertu dans les funérailles

Les juristes imamites sont unanimes sur le fait que si on met un peu de cette terre en compagnie d'un mort lors de son enterrement, il sera protégé des difficultés lors de son passage d'ici-bas à l'au-delà (ces difficultés sont considérées dans la perception chiite sous les formes pressions de la tombe)[17]. Toutefois il existe des divergences à propos des manières de le faire[18].

D'après certains, la raison de cet acte conseillé, est simplement la vertu et la sacralité que porte cette terre[19], d'après d'autres cet acte est considéré comme bien, parce qu'il conseillé par les Imams et dans les textes de hadith[20].

D'autres effets de Turbat

D'autres vertus sont également mentionnées par rapport à cette terre. Par exemple il est dit qu'elle apporte de la prospérité, de la science et de la connaissance, du respect, d'autres bontés. Il est également dit qu'elle éloigne toute pauvreté [21].

Les questions les plus souvent posées à propose de cette terre concernent : s'il faut en manger ou s'il faut en porter sur soi, afin d'obtenir de sa bénédiction.

Importance de la prosternation sur le Turbat (استحباب السجود)

D'après les hadiths et les sources juridiques, le Turbat est la meilleure des choses sur lesquelles on peut mettre le front lors de la prosternation [22]. Dans certains récits est rapporté que l'Imam Sâdiq (a) avait sur lui une petite poche en soie de couleur jaune dans laquelle il gardait un peu de la Turbat de l'Imam Husayn (a), et lors de ses prières il mettait un peu de cette terre sur son tapis de prière (sajjadah) et se prosternait sur cette terre[23].

D'après certains hadiths et textes juridiques, le fait de se prosterner sur le Turbat et de réciter les formules pieuses avec un chapelet fabriqué de cette terre, assouplit le coeur[24].

Le texte le plus ancien à propos du Muhr (le bloc de pierre sur lequel les chiites font leur prière) indique la phrase suivante pour parler du bloc fabriqué de la terre de Karbala : "bloc de la terre de la tombe" (لوحٌ مِنْ طینِ القبر). Ce texte se trouve dans une correspondance (tuqi') de l'Imam caché en réponse aux questions de Muhammad b. Abdallah b. Ja'far Himayrî, datant l'an 308 de hégire lunaire[25].

Dans ce hadith et d'autres on insiste sur les vertus des invocations qu'on fait avec un chapelet fabriqué de la terre de la tombe vénérée de l'Imam Husayn. Shahid Awwal considère comme mutiwâtir ces genres de hadiths[26].

Fabrication des chapelets avec le Turbat

Selon un hadith attribué à l'Imam Sâdiq (a), le chapelet (tasbîh) de la dame Fâtima (a) était au début un fil en laine avec des noeuds en nombre précis correspondant à ses formules pieuses. Après le martyre de Hamza b. Abd al-Muttalib, l'oncle du Prophète (a), lors de la bataille de Uhud, elle se fabriqua un chapelet avec la terre de la tombe de Hamza.

Suite au martyre de l'Imam Husayn, la fabrication de chapelet avec la terre de sa tombe bien vénérée est devenu courante.

Dans un autre hadith attribué à l'Imam Sâdiq (a), ces deux chapelets sont comparés, et le chapelet fabriqué avec la terre de la tombe de l'Imam Husayn a été considéré comme supérieur.

Dans d'autres récits on lit les vertus attribuées au fait de prendre dans main un chapelet fabriqué avec la terre de la tombe de l'Imam Husayn, même si on ne récite pas d'invocation[27].

Toutefois, selon les sources historiques, il paraît qu'avant l'an 308 h. (la date de la correspondance entre l'Imam caché et Himayri), l'usage de Muhr (bloc de pierre pour la prière) et chapelet, fabriqués avec le Turbat, n'était pas encore très courant.

Endroit d'où on peut prendre la terre

A propos du l'endroit duquel on peut prendre de turbat (de la tombe de l'Imam Husayn (a)), de différentes narrations sont rapportées. Cet endroit peut être situé, d'après certains hadiths, dans un rayon d'une distance entre 20, 25 et 70 dhura' (unité de mesure traditionnelle égale à la distance entre les deux doigts majeurs d'un adulte quand il tient ses bras alignés = environ de 104 centimètres) de la tombe. Dans d'autres narrations cette distance est considérée égale à 1 à 5 farsakh (unité de mesure traditionnelle égale à environ 6 km). D'autres narrations considèrent cette distance entre 1 et 4 miles (chaque mile = 1.6 km) de la tombe venerée. Les jurisconsultes pensent que toutes ces narrations sont valables, et que de toutes les façons plus l'endroit duquel on prend de la terre est près de la tombe de l'Imam (a), plus la terre est vénérable et efficace[28].

Il est important de dire que dans les traditions chiites, il existe des rituels pieux (comme les purifications rituelles du corps, la lecture de certains versets et formules pieuses, et les rituels tactils comme embrasser la terre ou en mettre sur les yeux, etc.) pour prendre et consommer de turbat.

D'après certains jurisconsultes ces rituels peuvent augmenter la vitesse de l'effet de turbat, toutefois son efficacité ne dépend pas de ces rituels[29].

Voir aussi

Références

  1. Shahid Thani, al-fawâ'id al-miliya li-sharhi al-risâla li-nafliya, p. 211; Buhrani, al-Hadâ'iq al-Nazira..., vol. 7, p. 261
  2. Birûnî, Âthâr al-Bâqiya, p. 329
  3. Âl i Kâshif al-Ghita', al-Arz wa al-Turbat al-Husayniya, p.32
  4. Ibn Babuyeh, 'Ayûn al-Akhbâr al-Ridhâ, vol. 2; p. 531-532
  5. Buhrâni, 'Awalim al-'ulûm wa al-ma'ârif wa al-ahwâl..., vol. 17, p. 124-131
  6. Mufid, Irshâd, p. 129; Ibn Hanbal, al-Musnad, vol. 11, p. 207-208
  7. Kulayni, vol. 4, p. 588; Tûsî, 1411, p. 732-734; Majlisi, vol. 98, p. 118
  8. Kulayni, vol. 4, p. 243; Ibn Babuyeh, 1368, p. 410; Tûsî, al-Amâli, p. 317
  9. Shahid Awwal, al-Bayan, vol. 2, p. 25
  10. Qommi, vol. 2, p. 695; Maythami Âraqî, p. 542; A'raji Fahham, vol. 2, p. 204-206
  11. Samhûdi, vol. 1, p. 69 et 116; vol. 2, p. 544; A'raji Fahham, vol. 2, p. 179-182
  12. Ibn Quluyeh, p. 278-280; Tûsî, Tahzib al-Ahkâm, vol.6, p. 75
  13. Ibn Quluyeh, p. 278
  14. Ibn Quluyeh, p. 278
  15. Kulayni, vol. 6, p. 24; Mufid, al-Muqna'a, p. 521; Ibn Burrâj, vol. 2, p. 259
  16. Shahid Awwal, al-Durûs al-Shar'ya fî fiqh i al-Imamaya; vol.2, p. 26
  17. Tûsî, al-Khilaf, vol. 1, p. 706; Muhaqqiq Hilli, al-Mu'tabar fi sharh al-Mukhtasar, vol.1, p. 299-300
  18. al-Fiqh al-Mansub li-al-Imam al-Ridha (a), p. 184: Tûsî, Misbâh al-Mujtahid, p. 20; Ibn Idris Hilli, vol. 1, p. 165; Muhaqqiq Hilli, al-Mu'tabar ..., vol.1, p. 301; Allameh Hilli, Tazkara al-Fuqahâ, vol. 2, p. 94-95
  19. Shahid Awwal, Dhikri al-Shi'a fi Ahkâm al-Shari'a, vol.2, p. 21
  20. Tûsî, Tazib al-Ahkâm, vol. 6, p. 76; Ahmad Tabarsi, vol.2, p. 582; Hurr 'Amili, vol.3, p. 30
  21. Ibn Quluyeh, p. 277, 282, 285; Ibn Bastâm, p. 52; Nûrî, 1407, vol. 8, p. 237
  22. Ibn Babuyeh, Min la yahzirahu al-faqih, vol.1, p.268; Shahid Awwal,al-Durûs al-Shar'iya fî figh al-Imamiya, vol.2, p.26
  23. Tusî, Misbâh al-Muthajjid, p. 733; Majlisi, vol. 82, p. 153; Kâshif al-Ghitâ', p. 39
  24. Majlisi, vol. 2, p. 177
  25. Mufid, Kitâb al-Mazâr, p. 150 - 151; Tabarsi, p. 281; Ibn Mashhadi, p. 366-368; Hurr 'Amili, vol.6, p. 545; Majlisi, vol.82, p. 333-340
  26. Shahid Awwal, al-Durûs al-Shar'iya fî figh al-Imamiya, vol. 2, p. 26
  27. Mufid, p. 150-151
  28. Tusi, Tahzib al-Ahkâm, vol.6, p. 71-72; Misbâh al-Mujtahid, p. 731-732; Majlisi, vol.5, p. 370-371
  29. Muqadas Ardebili, vol.11, p.236