Najis (Impur)

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An-Najis (en arabe : النَجِس) ou impur est une expression juridique pour une chose qui est impure par la loi islamique. Les choses considérées comme impures sont divisées en deux parties : La première est ce qui est à l'origine impur (comme le sang) qui est appelé (an-Najis al-‘Ayn). Deuxième est ce qui est à l'origine pur, mais il est devenu impur à cause du contact avec les impuretés (al-Mutanajjis)

La purification du corps et du vêtement est obligatoire pour celui qui veut faire la prière ou faire le tour (at-Tawâf) obligatoire de la Kaaba. La purification de l’endroit de prière, des mosquées et des sanctuaires du Prophète (s) et des Imams (a) et aussi obligatoire. De même, il est interdit de manger une chose devenue impure.

Définition

En arabe, le mot an-najâsa (l’impureté) signifie le manque de sincérité ou la laideur de l’action. Les jurisconsultes désignent par ce même mot, la souillure matérielle qu’on doit enlever pour pouvoir faire la prière ou faire le tour (at-Tawâf) obligatoire de la Kaaba.

Versets Coraniques

Le mot an-Najis (impur) a été utilisé une fois dans le Coran. Au verset 28 de la sourate at-Tawba, Dieu a décrit les polythéistes avec ce mot, bien qu'il y ait un désaccord quant à savoir si le mot impur dans ce verset se réfère à la loi islamique (impureté matérielle) ou à la saleté intérieure des polythéistes.

Dieu a dit dans le Coran :

وَثِيَابَكَ فَطَهِّرْ ﴿۴﴾
Et tes vêtements, purifie-les
Le Coran, la sourate al-Muddathir, verset 4, traduction de Régis Blachère

Et Il a dit aussi :

...إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ التَّوَّابِينَ وَيُحِبُّ الْمُتَطَهِّرِينَ ﴿۲۲۲﴾
...Allah aime ceux qui viennent à résipiscence et ceux qui se purifient
Le Coran, la sourate al-Baqara, verset 222, traduction de Régis Blachère

Najis et Al-mutanajjis

An-najis (l’Impureté) ou an-Najis al-‘Ayn est une chose qui est par essence impure (comme le chien, le porc, l’urine…), et qui ne pourra jamais devenir pure. Al-mutanajjis (comme une main souillée d’urine) est une chose qui est par essence pure, et qui est devenue impure à la suite d’un contact avec une impureté.

Il convient de signaler que plusieurs fois, le mot an-najis est utilisé à la place du mot al-mutanajjis.

Impuretés matérielles et immatérielles

Avec les mots al-khabath et al-hadath, les jurisconsultes désignent respectivement la souillure matérielle et la souillure immatérielle.

Les impuretés matérielle s'applle al-khabath et elles sont en nombre de dix :

Le sang L’urine Les matières fécales Le sperme Le cadavre Le chien Le porc Le Vin La bière Les Infidèles

Les impuretés immatérielle s'applle al-hadath. Celui-ci divise en deux parties :

  • Al-hadath al-asghar (l’impureté mineure qui correspond à l’état d’une personne après l’excrétion de l’urine, ou après avoir lâché des vents,…). Pour se purifier de cet acte, il faut faire ses ablutions.

Il y a une différence entre al-khabath et al-hadath. si, par exemple, on veut enlever al-khabath (tel que le lavage d’un vêtement souillé) on n’aura pas besoin de le faire dans l’intention de se rapprocher de Dieu, alors que si on veut faire ses ablutions pour enlever al-hadath, cette intention sera indispensable. [1]

Impuretés

Les impuretés sont en nombre de dix :

1. L'urine : Quelqu’un a dit à l’Imam as-Sâdiq (a) :

« Que devrai-je faire si l’urine souille mon vêtement ou mon corps ? »

Et l’Imam (a) lui a dit :

« Lave-le deux fois ».[2]

2. Les matières fécales :
Les jurisconsultes sont unanimes à considérer l’urine et les matières fécales comme des impuretés. Toutefois, cet avis ne concerne pas toutes sortes d’urine et de matières fécales; il concerne seulement celles de l’homme et celles des animaux dont la chair a été interdite par la loi islamique et dont le sang jaillit lorsqu’on les égorge.

La plupart des jurisconsultes disent que l’excrément et l’urine de n’importe quel oiseau (même l’oiseau dont la chair est interdite) sont purs. Mais certains disent que les excréments et l’urine de tous les animaux dont la chair est interdite sont impurs.

Si un animal dont il est permis de manger la chair, s’est nourri d’excréments pendant une longue durée, alors sa chair sera interdite jusqu'à ce qu’il soit purifié, et cela en abandonnant les excréments et en se nourrissant d’une alimentation propre pendant une durée considérable. Il est également interdit de consommer la chair de tout animal avec qui l’homme a eu des rapports sexuels. Et si la chair d’un animal devient interdite pour l’une des raisons que nous venons de citer, alors ses excréments et son urine deviendront impurs, et son lait sera interdit.

Quelqu’un a interrogé le commandeur des croyants l’Imam Ali (a) à propos d’un animal avec qui l’homme a eu des rapports sexuels, et l’Imam lui a dit :

« sa chair est interdite, et il est de même pour son lait ».[3]

3. Le sperme :
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sâdiq (a) ce qu’on doit faire lorsque le vêtement est atteint par le sperme, et l’Imam (a) lui a dit :

« Si tu arrives à repérer la partie qui a été atteinte par le sperme, lave uniquement cette partie-là, sinon lave tout le vêtement ».[4]

Les jurisconsultes sont unanimes à dire que le sperme de tout animal dont le sang jaillit lorsqu’on l’égorge est impur, et cela sans distinction entre l’animal dont il est permis de consommer la chair et celui dont il est interdit de consommer la chair. Quant aux autres animaux, leur sang et leur sperme sont purs.

Al-madhy et al-wady sont purs. Al-madhy est la sécrétion libérée avant l’éjaculation du sperme ou lorsqu’on pense aux rapports sexuels. Al-madhy peut-être libéré inconsciemment. Quant à al-wady, il vient toujours après l’urine.

4. Le sang :
L’Imam as-Sâdiq (a) a dit :

« Si, sans se rendre compte, quelqu’un fait la prière avec un vêtement taché par du sang, alors il n’aura pas besoin de refaire sa prière ; et s’il était au courant [de la présence de la tache de sang], mais à cause de l’oubli il a prié avec le même vêtement, alors il devra refaire la prière ».[5]

Quelqu’un a interrogé l’Imam as-Sâdiq (a) à propos du sang des puces, et l’Imam (a) lui a dit :

« Il n’y a pas de mal à cela ».

Puis la même personne lui a dit :

« Et s’il est en abondance?»

L’Imam (a) lui a dit :

« Même s’il est en abondance ».[6]

Le sang (quelle que soit sa quantité) provenant d’un animal dont le sang jaillit lorsqu’on l’égorge est impur, que cet animal soit un animal dont il est permis de consommer la chair ou pas.

La plupart des jurisconsultes disent que le sang qui reste dans le corps d’une bête égorgée après la sortie de la quantité habituelle est pur.

5. Le cadavre :
Les jurisconsultes sont unanimes à dire que le cadavre de tout animal ayant un sang coulant est impur, que ce soit un être humain (même un foetus avorté), ou bien une bête. Toutefois après les ablutions du mort, le corps de l’homme devient pur. Quant à l’animal n’ayant pas de sang coulant (comme le serpent, la sauterelle,…), il reste pur même après la mort.

Les jurisconsultes sont aussi unanimes à dire que les parties du cadavre qui n’ont pas de sang (comme les ongles, les cornes, la laine,…) sont pures, sauf celles des animaux impurs, comme le chien et le cochon.

Quelqu’un a demandé à l’Imam al-Bâqir (a) si on peut prier avec un manteau de fourrure qu’on achète au marché sans savoir si cette fourrure provient d’une bête égorgée conformément à la loi islamique ou pas, et l’Imam (a) lui a dit :

« Oui! Vous n’avez pas à vous enquérir [de l’origine de la marchandise]. A cause de leur ignorance, les Kharijites se sont mis dans une situation pénible. La religion [musulmane] est au-dessus de cela ».[7]

C’est pour cela que les jurisconsultes considèrent comme purs tout cuir et toute viande qui sont en possession d’un musulman, ou qui ont été achetés dans un marché où la plupart des commerçants sont musulmans.

6 et 7. Le chien et le porc :
Quelqu’un a demandé à l’Imam as-Sâdiq (a) son avis à propos du chien, et l’Imam (a) lui a dit :

« Il est sale et impur. Tu ne dois pas te servir de l’eau dont il a bu pour faire les ablutions ; il faut la verser. [Pour le récipient], il faut d’abord le frotter avec la terre, ensuite il fait le laver avec de l’eau ».[8]

Quelqu’un a demandé à l’Imam al-Kâzim (a) ce qu’on doit faire d’un récipient dans lequel un porc a bu, et l’Imam (a) lui a dit :

« Il faut le laver sept fois ».[9]

Les jurisconsultes ont dit que le chien et le porc sont impurs ; et ils n’ont pas exclu les parties insensibles de leurs corps comme les poils.

8. Le Vin :
L’Imam as-Sâdiq (a) a dit :

« Si ton vêtement entre en contact avec du vin, lave uniquement la partie touchée. Et si tu n’arrives pas à repérer cette partie-là, alors tu devras laver tout le vêtement. Et si tu fais la prière avec ce vêtement-là, alors tu devras refaire la prière ».[10]

Les jurisconsultes sont unanimes à dire que les stupéfiants (comme l’opium, le haschich,…) sont purs, mais toute boisson ayant le même effet que le vin doit être considérée impure comme du vin.

Le jus de raisin bouilli : Tous les jurisconsultes disent qu’il est interdit de boire le jus de raisin bouilli si celui-ci n’a pas perdu deux tiers de son volume, mais ce jus est pur selon la plupart des jurisconsultes.

9. La bière :
La bière est une boisson alcoolique qui est faite avec de l’orge. Quelqu’un a interrogé l’Imam as-Sâdiq (a) sur la bière, et l’Imam (a) lui a dit :

« Ne la bois pas. C’est du vin, mais les gens ignorent cela. Si elle entre en contact avec ton vêtement, lave-le ».[11]

10. Les Infidèles :

  • Les jurisconsultes sont unanimes à dire que l’athée est impur.
  • En ce qui concerne les gens du livre, à savoir : les juifs, les chrétiens et les zoroastriens (ces derniers sont considérés comme des gens du livre), La plupart des jurisconsultes les considèrent comme impurs. Toutefois, il existe une fatwa qui dit qu’ils sont purs. Celle-ci est attribuée à certains jurisconsultes anciens et à quelques savants de l’époque récente.

Zakarîya Ibn Ibrahim a dit :

« Avant j’étais chrétien. Lorsque je me suis converti à l’islam, j’ai dit à l’Imam as-Sâdiq (a) :
« Les membres de ma famille sont chrétiens. Alors, puis-je habiter avec eux et manger dans leurs assiettes ? »

Il m’a dit :

« mangent-ils la chair du porc ? »

J’ai dit :

« Non ».

Alors, il m’a dit :

« Il n’y a pas de mal ».»[12]
  • Celui qui renie l’un des dogmes fondamentaux de l’islam est impur.
  • L’enfant de l’infidèle est impur en raison de l’impureté de ses parents.
  • Celui qui exagère dans sa croyance (al-mughâlî) c'est-à-dire, celui qui connaît l'un des Imams (a) comme Dieu, est impur.
  • Celui-ci est considéré par la loi islamique comme un polythéiste. Quelqu’un qui a une telle croyance n’a pas le droit à l’héritage ; et il est interdit aux musulmans de manger ou de se marier avec lui. En cela, les jurisconsultes sont tous d’un même avis.
  • Celui qui se déclare ennemi des Ahl al-Bayt (a) (les membres infaillibles de la famille du Prophète (s)) est impur, car l’ennemi des Ahl al-Bayt (a) est en réalité un ennemi du Prophète (s) , et l’ennemi de celui-ci est un ennemi de Dieu.

Quelques préceptes

  • Les avis des jurisconsultes au sujet de la sueur rejetée après l’acte sexuel illicite sont divergents. Certains ont dit que cette celle-ci est impure; mais les jurisconsultes de l’époque récente ont tous dit qu’elle est pure, mais il n'est pas permis d'accomplir la prière avec une telle sueur sur le corps ou les vêtements.[13]
  • Certains jurisconsultes ont dit que la sueur d'un animal mangeant les ordures des êtres humains n'est pas impure. Mais il y a d’autres jurisconsultes qui disent le contraire.
  • Le reste de l’eau (as-su’r) dont a bu un animal impur est impur, par contre le reste de l’eau dont a bu un animal pur est pur.

Quelques cas où la pureté est douteuse

  • Si on doute de la pureté d’une tache rouge (c’est-à-dire on pense que c’est une tache de sang), alors, on devra la considérer comme étant pure.
  • Si on doute de la pureté d’un sang (c’est-à-dire on ne sait pas si ce sang-là provient d’un animal dont le sang est impur ou pas), alors, conformément à la règle at-tahara, on devra le considérer comme étant pur.
  • Si on doute de la pureté d’un animal (car on pense qu’il s’est nourri d’excréments), alors on devra le considérer comme étant pur.

Dans des cas semblables à ceux que nous venons de citer, il n’est pas nécessaire de s’enquérir de la chose dont la pureté est douteuse. Et si on interroge quelqu’un à propos de cette chose, il ne sera pas obligé de répondre.

A ce propos, l’Imam as-Sâdiq (a) a dit : « Toute chose est pure, à moins que tu ne saches qu’elle est impure. Et si tu sais qu’elle est impure, alors [tu devras la considérer comme impure]…»[14]

Et l’Imam Ali (a) a dit : « Peu importe si c’est l’urine qui m’a atteint ou c’est l’eau tant que j’ignore [ce qui m’a atteint] ».[15]

Références

  1. Muhammad-Jawâd Maghniya, Le fiqh de l'Imam as-Sâdiq (a), vol 1, p 23
  2. Cheikh al-Hurr al-ʻÂmilî, Al-Wasâ’il, vol 3, p 395
  3. Cheikh al-Hurr al-ʻÂmilî, Al-Wasâ’il, vol 24, p 170
  4. Al-Wasâ’il, vol 3, p 425
  5. Al-Wasâ’il, vol 3, p 476
  6. Al-Wasâ’il, vol 3, p 436
  7. Al-Wasâ’il, vol 3, p 491
  8. Al-Wasâ’il, vol 3, p 415
  9. Al-Wasâ’il, vol 1, p 225
  10. Al-Wasâ’il, vol 3, p 469
  11. Al-Wasâ’il, vol 3, p 469
  12. Al-Wasâ’il, vol 3, p 517
  13. Al-ʻÂmilî, Madârik al-Ahkâm, v 2 p 293
  14. Al-Wasâ’il, vol 3, p 476
  15. Al-Wasâ’il, vol 3, p 476