Muhammad ibn Ali ash-Shalmaghânî

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Muhammad ibn Ali ash-Shalmaghânî (en arabe : محمد بن علي الشلمغاني) connu sous le nom d'al-‘Azâqirî était l'un des compagnons de l'Imam al-Hasan al-‘Askarî et l'un des grands narrateurs de hadith chiites qui vécut à l'époque de l'Occultation mineure à Bagdad. Il prit en main les affaires des chiites en l'absence du troisième représentant de l'Imam al-Mahdi (a), al-Husayn b. Rûh, mais la jalousie le poussa à se détourner de la doctrine imamite et à prétendre détenir la représentation exclusive de l'Imam al-Mahdi (a). Il ne respecta pas non plus les ordres de l'Imam du Temps (a) et suivit d'autres doctrines mais finit par recevoir une malédiction de la part de l'Imam al-Hujja (a) avant d'être tué par le calife abbasside.

Le livre « at-Taklîf » était l'une des œuvres d’ash-Shalmaghânî et on dit qu'à l'exception de deux ou trois questions, elle était approuvée par al-Husayn b. Rûh. Selon Cheikh at-Tûsî et d'autres, les œuvres d’ash-Shalmaghânî étaient considérées comme authentiques et mises en pratique par les chiites, avant son Ghuluw et son égarement. Il fut arrêté sur ordre de ar-Râdî bi Allah, l'un des califes abbassides, et tué en 323 h.

Présentation

Ash-Shalâghânî était l'un des compagnons de l'Imam al-Hasan al-‘Askarî (a) et l'un des juristes et spécialistes imamites à l'époque de l'Occultation mineure.[1] Cheikh at-Tûsî (décédé en : 460 h), dans son livre Kitâb al-Ghayba, rapporte deux avis concernant la position d’ash-Shalâghânî auprès de al-Husayn b. Rûh an-Nawbakhtî, le troisième représentant des Quatre députés de l’Imam al-Mahdi (a).[2]

Selon un rapport, il occupait une position privilégiée auprès de al-Husayn b. Rûh et servait d'intermédiaire entre lui et les gens, transmettant à celui-ci les requêtes des chiites.[3] Selon un autre rapport, al-Husayn b. Rûh ne lui accorda pas une telle position et il n'était qu'un des juristes chiites et une personne de confiance pour les ulémas.[4]
Que les dires sur sa désignation par al-Husayn b. Rûh soient vrais ou faux, ash-Shalmaghânî jouissait d'un statut élevé à Bagdad et guida les Imamites de Bagdad et de Koufa pendant une période non négligeable. Cependant, il s'opposa à al-Husayn b. Rûh, diffusant ses propres croyances jusqu'à dévier du droit chemin.

Ash-Shalmaghânî, connu sous le nom d’al-‘Azâqirî, naquit dans le village d’ash-Shalmaghân près de Wâsit, l'une des villes d'Irak.[5] Son surnom était Abû Ja‘far.[6] Il fut arrêté sur ordre de ar-Râdî bi Allah, le 20e calife abbasside, et tué sur son ordre en 323 h.[7]

Une partie de Tawqî‘ de l'Imam al-Mahdi (a) maudissant d’ash-Shalmaghânî :

« ... Ash-Shalmaghânî fait partie de ceux pour qui Allah hâtera le châtiment sans lui accorder de répit. Il s'est détourné de l'islam et s'en est séparé, devenant apostat de la religion d'Allah ... Nous le maudissons et que la malédiction perpétuelle d'Allah soit sur lui, en public et en privé, à tout moment et en tout lieu. Que la malédiction soit aussi sur ceux qui l'approuvent et le suivent, ainsi que sur ceux qui continuent à le fréquenter après avoir entendu cette déclaration ... »[8]

Prétention à la représentation de l'Imam al-Mahdi (a)

Ash-Shalmaghânî s'attendait à ce que la représentation de l'Imam al-Mahdi (a) lui soit confiée,[9] c'est pourquoi après qu’elle fut confiée à al-Husayn b. Rûh, ash-Shalmaghânî s'opposa à lui et lui imputa des mensonges.[10]

Selon Ibn al-Athîr (m 630 h), historien sunnite, des déviations apparurent dans les croyances d’ash-Shalmaghânî qui s'orienta vers Ghuluw.[11] Il croyait que l'esprit de Dieu s'était incarné en Adam (a) puis dans les autres prophètes (a) et leurs successeurs jusqu'à l'Imam al-Hasan al-‘Askarî (a) puis ensuite en lui-même.[12] Il prétendit aussi être le représentant de l'Imam du Temps (a) et s'estimait chargé de proclamer cette position.[13] Il eut des disciples connus sous le nom d’ash-Shalâghânîyya.[14]

Lettre de l'Imam al-Mahdi réfutant ash-Shalâghânî

Après qu'al-Husayn b. Rûh eut été informé des croyances d’ash-Shalmaghânî, il le répudia et le maudit, ordonnant aux chiites de se tenir à l'écart de lui.[15] Un Tawqî‘ (une lettre) fut également reçu de la part de l'Imam al-Mahdi (a) réfutant ash-Shalâghânî, dans lequel il le désavouait, le qualifiant de menteur, dévié de l'islam et apostat, et ordonnant aux chiites de l'éviter.[16]

Position d’ash-Shalmaghânî selon les spécialistes du hadith

Crédibilité et authenticité

Les œuvres d’ash-Shalmaghânî étaient considérées comme authentiques par les chiites avant son égarement, en raison de son statut de savant et de sa proximité avec al-Husayn b. Rûh, et ils s'y référaient. Après son égarement, les chiites interrogèrent al-Husayn b. Rûh au sujet de ses livres, et il répondit :

« Prenez ce qu'il a rapporté des Imams (a) et laissez ce qu'il a rapporté de son propre avis. »[17]

C'est pourquoi certains disen qu'il était digne de confiance avant son égarement.[18] Cheikh at-Tûsî dit aussi dans le livre « al-Fihrist » que les chiites suivaient les livres d’ash-Shalmaghânî avant son égarement.[19]

Œuvres d’ash-Shalmaghânî

Cheikh an-Najâshî, le spécialiste chiite du hadith au 5e siècle h, cite dans son livre intitulé « Fihrist Asmâ' Musannifî ash-Shî‘a », 17 ouvrages attribués à ash-Shalmaghânî.[20] L'ouvrage « At-Taklîf » en fait partie[21] et contenait des hadiths des Imams (a). Il l'avait compilé avant son égarement et les chiites le mettaient en pratique.[22]

Selon le rapport de Cheikh at-Tûsî dans son livre « Kitâb al-Ghayba », un groupe de chiites apporta ce livre à al-Husayn b. Rûh qui le lut entièrement et confirma qu'à l'exception de deux ou trois questions, le reste du contenu du livre avait été rapporté des Ahl al-Bayt (a) et ne contenait rien contre les préceptes de la loi islamqiue.[23] Muhammad Taqî as-Shûshtarî (décédé en 1415 h), dans le livre « Qâmûs ar-Rijâl », estime possible que le livre « Fiqh ar-Ridâ », dont une copie fut trouvée à l'époque de ‘Allâma al-Majlisî, soit le même livre « at-Taklîf » d’ash-Shalmaghânî.[24]

Références

  1. Safarî Furûshânî, Ghâlîyân (Jaryânhâ wa Bar yandhâ), p 136
  2. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 303 et 408
  3. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 303
  4. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 408
  5. Ibn al-Athîr al-Jazarî, Al-Kâmil fi at-Târîkh, vol 8, p 290
  6. Khû’î, Mu‘jam Rijâl al-Hadîth, vol 18, p 50
  7. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 406 et 412
  8. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 411
  9. Safarî Furûshânî, Ghâlîyân (Jaryânhâ wa Bar Âyandhâ), p 136
  10. Khû’î, Mu‘jam Rijâl al-Hadîth, vol 18, p 52
  11. Ibn al-Athîr al-Jazarî, Al-Kâmil fi at-Târîkh, vol 8, p 290
  12. Iqbâl shtîyânî, Khândân Nawbakhtî, p 224 - 227
  13. Mashkûr, Farhang Firaq Islâmî, p 258
  14. Mashkûr, Farhang Firaq Islâmî, p 259
  15. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 406
  16. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 410 - 411
  17. Iqbâl shtîyânî, Khândân Nawbakhtî, p 231 - 232
  18. Khû’î, Mu‘jam Rijâl al-Hadîth, vol 18, p 53
  19. Cheikh at-Tûsî, al-Fihrist, p 224
  20. Najâshî, Rijâl an-Najâshî, p 378 - 379
  21. Najâshî, Rijâl an-Najâshî, p 378
  22. Safarî Furûshânî, Ghâlîyân (Jaryânhâ wa Bar yandhâ), p 137
  23. Cheikh at-Tûsî, Kitâb al-Ghayba, p 409
  24. ‘Allâma Shûshtarî, Qâmûs arl, vol 9, p 448