Salmân minnâ Ahl al-Bayt

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Salmân minnâ Ahl al-Bayt (en arabe : سَلْمانُ مِنّا أهل‌َ البيت) signifiant « Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt », est un hadith bien connu dont la chaîne de transmission est authentique et digne de confiance, transmis par diverses sources et de nombreux rapporteurs, rapporté du Prophète Muhammad (s) concernant les vertus et le rang de Salman al-Farisi. Certains Imams (a) comme le Commandeur des croyants Ali (a), l’Imam as-Sajjâd (a) et l’Imam al-Bâqir (a) citèrent également ce hadith soit de manière indépendante, soit en le rapportant du Messager d'Allah Muhammad (s).

L'événement du creusement du fossé pendant la guerre des d’al-Ahzâb et les propos de Umar b. al-Khattab sur le fait que Salman n'était pas arabe sont parmi les événements rapportés pour expliquer la raison de l'émission de ce hadith par le noble Prophète (s).

Les savants chiites tels que cheikh as-Sadûq (4e siècle h), cheikh al-Mufîd (5e siècle h) et cheikh at-Tûsî (5e siècle h), ainsi que les savants sunnites tels qu'Ibn Sa‘d (3e siècle h) et Ibn Hishâm (3e siècle h), rapportèrent ce hadith dans leurs ouvrages.

Certains déclarèrent que ce que le Messager d'Allah (s) voulait dire par « Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt » que Salman al-Farisi était sur notre religion. D'autres interprétèrent ce hadith comme exprimant le rang de Salman en termes de proximité de croyance, de morale et d'actions avec le Prophète Muhammad (s) et les Imams (a).

Muhammad Ali Isbar, écrivain et poète syrien, publia en 1413 h à Beyrouth un livre en arabe intitulé « Salmân minnâ Ahl al-Bayt » sur la vie de Salman al-Farisi et les circonstances de ce hadith.

Présentation

« Salmân minnâ Ahl al-Bayt ; Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt » est un hadith qui, selon les chercheurs, fut émis pour la première fois par le Prophète Muhammad (s).[1] D'après les sources de hadith, certains Imams (a) le citèrent également directement ou en le rapportant de l’Envoyé d’Allah (s).[2] Par exemple, l'Imam Ali (a), en réponse à une question sur Salman al-Farisi, le mentionna comme étant des Ahl al-Bayt (a).[3] Dans le livre « al-Kâfî » de cheikh al-Kulaynî (décédé en 329 h / 941 c), l’un des Quatre livres les plus authentiques des chiites, il y a également un hadith de l’Imam as-Sajjâd (a) avec des formulations différentes où Salman est considéré comme faisant partie des Ahl al-Bayt (a).[4] De même, d’après un hadith du livre « Rawdat al-Wâ‘izîn » d’al-Fattâl an-Naysâbûrî, savant chiite du 6e siècle de l’hégire, lors d'une conversation chez l'Imam al-Bâqir (a) sur Salman al-Farisi, l'Imam (a) les appela à se taire et dit qu'ils devraient l'appeler Salmân al-Muhammadî ; car il fait partie des Ahl al-Bayt du Prophète Muhammad (s).[5] Dans le livre « Rijâl al-Kashshî », il y a également un hadith de l'Imam as-Sâdiq (a) concernant le hadith « Salmân minnâ Ahl al-Bayt ».[6]

Circonstance de l'émission du hadith

Il y a des divergences dans les sources concernant l'événement qui conduisit à l'émission de hadith « Salmân minnâ Ahl al-Bayt ; Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt ».[7] Cheikh at-Tabrisî, exégète chiite du 6e siècle h, et le biographe sunnite Ibn Sa‘d, 3e siècle h, rapportèrent que lors du creusement du fossé pendant la bataille d’al-Ahzâb, le Prophète Muhammad (s) délimita un espace pour les musulmans. Les Muhadjirun et les Ansar se disputèrent à propos de Salman al-Farisi, qui était un homme fort, chacun voulant le revendiquer pour lui-même, et c'est alors que le Messager d’Allah (s) dit : Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt.[8]

Cheikh al-Mufîd, juriste chiite du 5e siècle h, rapporta dans un rapport que lorsque le Prophète Muhammad (s) entendit les propos de Umar b. al-Khattab sur le fait que Salman n'est pas arabe, il monta en chaire et, après avoir prononçé un sermon sur le fait que les hommes ne se distinguent pas les uns des autres par leur race ou leur couleur de peau, mais seulement par leur piété, il qualifia Salman d'océan intarissable et de trésor inépuisable, et le considéra comme faisant partie des Ahl al-Bayt.[9] Dans le livre de Sulaym b. Qays, il y a également un hadith selon lequel un jour, l’Envoyé de Dieu (s) demanda à tous sauf aux Ahl al-Bayt (a) de quitter l'assemblée. Salman était également en train de partir quand le Prophète (s) lui demanda de rester, car il faisait partie des Ahl al-Bayt.[10]
Il convient de signaler que ces différents rapports ne sont pas nécessairement contradictoires, car il est possible que ce hadith ait été émis par le Prophète (s) à plusieurs reprises, dans différents endroits et à différentes occasions, et chacun des savants et des écrivains rapporta l'un de ces événements.

Crédibilité du hadith et de ses sources

Le hadith « Salmân minnâ Ahl al-Bayt ; Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt » est un hadith célèbre, authentique et al-Mutawâtir.[Note 1][11] Certains chercheurs considèrent ce hadith comme une chaîne solide et fiable, non pas comme un seul hadith, mais comme un ensemble de quelques hadiths provenant du Prophète Muhammad (s) et des Imams (a).[12]

Parmi les savants chiites qui rapportèrent ce hadith, on peut citer cheikh as-Sadûq dans le livre « ‘Uyûn Akhbâr ar-Ridâ (a) »,[13] cheikh at-Tûsî dans le livre « at-Tibyân » et « Misbâh al-Mutahajjid »,[14] cheikh al-Mufîd dans le livre « al-Ikhtisâs »,[15] Ibn Shahrâshûb dans le livre « Manâqib Âl Abî Tâlib »,[16] Ahmad b. Ali al-Tabrisî dans le livre « al-Ihtijâj »[17] et également Sulaym b. Qays.[18] Parmi les savants sunnites, on peut citer Ibn Sa‘d dans le livre « at-Tabaqât al-Kubrâ »[19] et Ibn Hishâm dans le livre « as-Sîrat an-Nabawîyya ».[20]

Exégèse du hadith

Les savants musulmans eurent différentes interprétations du hadith « Salmân minnâ Ahl al-Bayt ; Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt » :

Cheikh at-Tûsî, juriste chiite du 5e siècle h, et cheikh Fadl b. al-Hasan at-Tabrisî, savant chiite du 6e siècle h, dirent que ce que le Messager d'Allah (s) voulait dire que Salman al-Farisi est sur notre religion.[21] D'autres écrivirent que ce hadith exprime le rang de Salman, qui s'était rapproché du Prophète Muhammad (s) en termes de croyance, de morale et d'actions.[22]

Le livre « Salmân minnâ Ahl al-Bayt » (Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt)

Ibn al-Arabi, un soufi musulman, considéra cette phrase comme le témoignage du Prophète (s) sur le degré de pureté, de préservation divine et d'infaillibilité de Salman al-Farisi ; en se basant sur le fait que dans le verset d’at-Tathîr (Coran 33 : 33), Dieu purifia le Prophète (s) et les Ahl al-Bayt (a) de toute impureté et souillure, étant Ses serviteurs purs, et que quiconque leur ressemble sera à leurs côtés et possédera également leurs qualités. Ainsi, ce verset s'appliquerait également à Salman.[23] Cependant, Mullâ Muhsin Fiyd Kâshânî, savant chiite du 11e siècle h, rejeta les propos d'Ibn al-Arabi et l'extension du verset d’at-Tathîr à Salman et aux autres en dehors des Ahl al-Bayt (a), allant jusqu'à ne pas juger permis d'en faire mention.[24]

Certains chercheurs considèrent la connaissance de la véritable position des Ahl al-Bayt (a) comme l’un des secrets de l'élévation spirituelle de Salman, et d’autres attribuent cela aux qualités et caractéristiques particulières qu'il possédait, ce qui conduisit le Prophète (s) et les Imams (a) à le compter parmi eux.

Lire aussi

En 1413 h / 1992 c, Muhammad Ali Isbar, écrivain et poète syrien, écrivit en arabe un livre intitulé « Salmân minnâ Ahl al-Bayt » (Salman est des nôtres, les Ahl al-Bayt) et le publia sur 354 pages à Beyrouth. Cet ouvrage traite de la vie de Salman al-Farisi, de sa situation et du hadith « Salmân minnâ Ahl al-Bayt ».ref>Voir : «سلمان منا اهل البیت», Site Internet de la bibliothèque spécialisée Amîr al-Mu’minîn Ali (a) ; et aussi : Isbar, Salmân minnâ Ahl al-Bayt, p 4 </ref>

Note

  1. Il s'agit de hadith rapporté par divers moyens et de nombreuses personnes, de manière à garantir l'authenticité de hadith.

Références

  1. Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 50
  2. Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 50
  3. At-Tabrisî, Al-Ihtijâj, vol 1, p 260
  4. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 1, p 401
  5. Al-Fattâl an-Nayshâbûrî, Rawdat al-Wâ‘izîn, vol 2, p 283
  6. Al-Kashshî, Ikhtîyâr Ma‘rifat ar-Rijâl, p 12, cité de : Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 49
  7. Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 2, p 64 ; Cheikh at-Tûsî, Misbâh al-Mutahajjid, vol 2, p 817
  8. Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 2, p 726 et vol 8, p 533 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 4, p 62
  9. Cheikh al-Mufîd, Al-’Ikhtisâs, p 341
  10. Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 49
  11. Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 65 ; Basîrî et Shafî‘î, « Barrisî Tahlîlî Hadîth Salmân minnâ Ahl al-Bayt », p 163 et 169
  12. Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 50
  13. Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 2, p 64
  14. Cheikh at-Tûsî, Misbâh al-Mutahajjid, vol 2, p 817
  15. Cheikh al-Mufîd, Al-’Ikhtisâs, p 341
  16. Ibn Shahrâshûb, Al-Manâqib Âl Abî Tâlib, vol 1, p 85
  17. At-Tabrisî, Al-Ihtijâj, vol 1, p 260
  18. Sulaym b. Qays, vol 2, p 965, cité de : Husiynî Amîn et Mûsawî, « Barrisî Wîzhigîhâyi Minnâ Bûdan Salmân Fârsî bar Asâs Tahlîl Riwâyât Laysa Minnâ », p 49
  19. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 4, p 62
  20. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 70
  21. Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 5, p 253 ; Cheikh at-Tûsî, At-Tibyân fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 5, p 494
  22. «حدیث «سلمان منّا اهل البیت» با انحصار «اهل البیت» در پنج تن آل عبا در آیه تطهیر چگونه قابل جمع است؟», Site Web de l'Institut de recherche Hadrat Walîyi ‘Asr (aj) ; Rasûlî et autres, Dans la traduction du livre Majma‘ al-Bayân, écrit Cheikh at-Tabrisî, vol 26, p 174
  23. Ibn ‘Arabî, Al-Futûhât al-Makkîyya, vol 1, p 195 - 196
  24. Al-Fiyd al-Kâshânî, Bishârat ash-Shî‘a, p 152, cité de : Husiynî Tihrânî, Rûh Mujarrad, p 446