Verset d’al-Karâmat

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Verset d’al-Karâmat ou Âyat al-Karâmat (en arabe : آية الكرامة) ou Le verset de la dignité (sourate al-Isrâ', verset 70) fait référence à la position élevée de l'homme dans la création et à sa supériorité sur les autres créatures, ainsi qu'aux bénédictions de Dieu pour lui. Cheikh at-Tûsî et al-'Allâma Tabâtabâ'î ont considéré que l'avantage et la supériorité de l'homme sont dus à sa raison.

Les commentateurs du Coran ont distingué entre les deux termes al-Karâmat (dignité) et at-Tafdîl (préférence) qui apparaissent dans le verset ; en expliquant que l'objectif d'al-Karâmat (la dignité) de l'homme dans ce verset est sa raison, que les autres créatures n'ont pas, et que l'homme l'utilise pour distinguer le bien du mal, le vrai du faux et l'utile du nocif. Contrairement à at-Tafdîl (la préférence), qui est accompagnée d'une comparaison ; c'est-à-dire qu'il a donné à l'homme une plus grande part de ce qu'il a donné aux autres créatures.

Les exégètes du Coran ont donné deux interprétations du type de dignité mentionné dans ce verset. En raison de la généralité du verset, certains croient que la dignité est intrinsèque à l'homme, qui inclut tous les hommes et l'ont considéré comme une créature supérieure aux autres créatures. En revanche, d'autres soutiennent la dignité acquise, qui inclut les capacités potentielles de l'homme, telles que la piété, la foi et ses bonnes actions.

Texte et traduction du verset

وَلَقَدْ كَرَّمْنَا بَنِي آدَمَ وَحَمَلْنَاهُمْ فِي الْبَرِّ وَالْبَحْرِ وَرَزَقْنَاهُمْ مِنَ الطَّيِّبَاتِ وَفَضَّلْنَاهُمْ عَلَى كَثِيرٍ مِمَّنْ خَلَقْنَا تَفْضِيلًا ﴿۷۰﴾
Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures.
Le Coran, la sourate al-Isrâ', le verset 70, traduction de Hamîd Allah

Signification d’al-Karâmat

Le mot « al-karâmt » (الكرامة) signifie « noblesse »[1], « grandeur »[2], « générosité », « dignité » et « éloignement de la bassesse ».[3]

Râghib al-Isfahânî, dans son livre al-Mufradât, a souligné l'utilisation double de ce mot et a écrit que lorsque ce mot est utilisé pour décrire Dieu, il est un nom pour la Bonté et la Générosité de Dieu. Lorsqu'il est utilisé pour décrire l'homme, il est utilisé pour décrire ses bonnes actions et ses bonnes qualités.[4]

Contenu du verset

Le verset 70 de la sourate al-Isrâ' montre la vision principale du Coran sur l'homme, sa place dans la création et ses avantages sur les autres créatures.[5]

Al-'Allâma Tabâtabâ'î dans son livre al-Mîzân a considéré que ces avantages s'appliquent à tous les êtres humains (croyants et non-croyants) ; car autrement, Dieu aurait dû faire référence aux croyants dans le verset, et non à tous les êtres humains.[6]

Dieu, dans ce verset, en énumérant ses bienfaits, a l'intention de rappeler sa bonté et son attention à l'homme afin qu'il soit reconnaissant.[7]

Différence entre al-Karâmat et at-Tafdîl

Selon les interprètes du Coran, le terme « al-karâmat » (الكرامة) dans le verset de la dignité signifie un privilège ou une caractéristique qui existe chez l'homme et non chez les autres créatures. Cette caractéristique exclusive de l'homme est la raison, qui lui permet de distinguer le bien du mal, le vrai du faux et l'utile du nuisible.[8]

À l'inverse, le terme « at-Tafdîl » (التفضيل) est accompagné d'une comparaison ; c'est-à-dire que ce que Dieu a donné aux autres créatures, Il l'a donné en plus grande quantité à l'homme. Cela peut être compris en comparant la vie de l'homme à celle des autres créatures en matière de nourriture, de vêtements, de mariage, de logement, d'ordre et de gouvernance dans sa vie sociale ; car l'homme est toujours en train de s'efforcer, de progresser et d'atteindre des objectifs lointains, alors que les animaux et les plantes ne bénéficient que des bénéficient simples et primitives.[9]

Karâmat pour les êtres humains est inhérente ou acquise

La nature d'al-Karâmat (la dignité) humaine mentionnée dans le verset de la dignité est un sujet de débat.

Certains commentateurs du Coran croient en la dignité inhérente des êtres humains et l'ont considéré comme supérieur aux autres créatures. Ils ont considéré le caractère absolu du sens d'al-Karâmat (la dignité) dans le verset 70 de la sourate al-Isrâ' comme une preuve de leur affirmation.[10]

Murtidâ Mutahharî, penseur chiite et érudit du Coran, fait référence au verset, a dit que le sens de la dignité mentionnée dans le verset est la dignité inhérente des êtres humains, et puisque ces hautes valeurs humaines sont inhérente, il est contradictoire de considérer un être humain comme une machine plus complexe que les autres machines.[11] Il a considéré également la dignité inhérente de l'homme comme faisant partie de la structure naturelle et d'une série de règles naturelles, qui appellent l'homme à la dignité, à l'honneur et à la magnanimité afin de protéger l'honneur et la magnanimité de l'homme (pour lesquels la religion est également venue).[12]

Certains d'autres croient en la dignité acquise, qui découle de l'utilisation de talents et de forces positives dans l'existence humaine et de ses efforts sur le chemin de la croissance et de la perfection.[13] Muhammad Taqî Ja'farî, philosophe chiite contemporain, a dit que ce type de dignité est facultatif pour les humains et l'appelle « dignité précieuse ».[14] Et il a dit qu'un être humain peut perdre cette supériorité en faisant des actions inappropriées.[15]

Selon Javâdî Âmulî, le commentateur du Coran, il existe trois types de dignité surnaturelle ou divine, naturelle et humaine dans la création, selon lesquelles la dignité divine ou surnaturelle est propre aux anges, au Trône de Dieu, etc. La dignité naturelle est spécifique aux organismes naturels tels que les plantes. La dignité humaine résulte de la combinaison de la dignité naturelle et surnaturelle et de la combinaison de la dignité divine et naturelle.[16]

Voir aussi

Références

  1. ِDihkhudâ, Lughatnâmi (dictionnaire), sous le mot Karâmat
  2. Ibn Manzûr, Lisân al-Arabe, vol 12, p 510, 1414 H
  3. Qarashî, Qâmûs al-Qur'ân, vol 6, p 103, 1412 H
  4. Râghib al-Isfahânî, al-Mufradât fî Gharîb al-Qur'ân, p 707, 1412 H
  5. Sultânî, Kirâmat Insân az Nighâhi Qur'ân, p 30, Makârim Shîrâzî, Tafsîri Nimûni, vol 12, p 196, 1371 SH
  6. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 13, p 155, 1393 H
  7. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 13, p 155, 1393 H
  8. Cheikh at-Tûsî, at-Tibyân, vol 6 , p 503 ; Ibn Arabi, Tafsîr Ibn Arabi, vol 1, p 383, 1422 H ; Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 13, p 155-156, 1393 SH
  9. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 13, p 155-156, 1393 SH
  10. Fadl Allah, Tafsîr min Wahy al-Qur'ân, vol 14, p 180, 1419 H ; Ibn 'Âshûr, at-Tahrîr wa at-Tanwîr, vol 14, p 130-131, 1420 H ; Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 13, p 155-156, 1393 H
  11. Mutahharî, Yâddâshthâ, vol 6, p 500
  12. Mutahharî, Fitrî Budan Dîn, p 186
  13. At-Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 6, p 273, 1415 H ; cheikh at-Tûsî, at-Tibyân, vol 6, p 503 ; az-Zamakhsharî, al-Kâshif, vol 2, p 681, 1407 H
  14. Ja'farî, Payâmi Khirad, p 107, 1377 SH
  15. Ja'farî, Payâmi Khirad, p 107, 1377 SH ; At-Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 6, p 273, 1415 H
  16. Javâdî Âmulî, Sûrat va Sîrat Insân Dar Qur'ân, p 327, 1397 SH