Âdâb al-Muta‘allimîn (livre)

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Le livre Âdâb al-Muta‘allimîn écrit par Khwâja Nasîr ad-Dîn at-Tûsî

Âdâb al-Muta‘allimîn (en arabe : آداب المتعلمين) est un livre célèbre sur les règles de l'apprentissage, écrit par al-Khwâja Nasîr ad-Dîn at-Tûsî, l’un des théologiens chiites les plus illustres. Le nom « Âdâb al-Muta‘allimîn » traduit en français : les règles de conduite de l'étudiant. Ce livre fut toujours l'objet d'attention et d'intérêt de la part des savants, et fut publié à plusieurs reprises dans la célèbre collection « Jâmi‘ al-Muqaddamât », qui fait partie des manuels de Hawza chiite.

Ce livre traite en douze chapitres de sujets tels que la mérite de la science, l'intention d'apprendre, le choix d'une discipline scientifique et d'un professeur, la confiance en Dieu et la manière de tirer profit du professeur. Tout le contenu du livre est tiré de hadiths des Ahl al-Bayt (a).

Diverses exégèses furent écrites sur ce livre et celui-ci fut publié dans différentes villes et pays. Il existe de nombreuses copies manuscrites et imprimées du livre dans des bibliothèques en Iran, au Pakistan, en Égypte et ailleurs.

Importance du livre

En dépit de sa brièveté, le petit livre Âdâb al-Muta‘allimîn est l'un des ouvrages les plus célèbres sur les règles de conduite de l'étudiant.[1] Ce livre fut dès sa rédaction bien accueilli par les savants, et est devenu un manuel scolaire dans les écoles et Hawza.[2] L'attribution du livre à al-Khwâja Nasîr ad-Dîn, le style simple et fluide et la synthèse des informations les plus importantes sur le sujet furent les facteurs de l'intérêt et de l'engouement des étudiants pour Âdâb al-Muta‘allimîn.[3]

Auteur

Muhammad b. Muhammad b. al-Hasan al-Khâja Nasîr ad-Dîn at-Tûsî faisait partie des philosophes et des savants les plus célèbres dans le monde musulman. Il naquit à Tûs en 597 de l'Hégire (1201 c) et étudia les sciences du langage, apprit le fiqh et les hadiths. Il se passionna pour la science de la théologie puis pour celle des propositions philosophiques. Il maîtrisa les sciences mathématiques dans sa jeune maturité et partit à Neyshabur après le décès de son père et bénéficia des professeurs éminents de cette ville.
Son talent et son génie apparurent, sa renommée se répandit. Il apprit le fiqh de son père et de Mu‘în ad-Dîn Sâlim b. Badrân al-Misrî qui lui délivra également une permission de l’Ijithâd. Il décéda à Bagdad le 18 Dhu al-Hijja 672 de l'Hégire (25 juin 1274) et fut enterré dans le mausolée d’al-Kâdhimîyya.[4]

Contenu du livre

L'auteur de Âdâb al-Muta‘alliîn, al-Khâja Nasîr ad-Dîn at-Tûsî, déclare au début de son traité qu'en raison du peu de bénéfice pour les étudiants dans de nombreux cas et de la difficulté d'acquérir la science, il essaya d'exposer brièvement, telle qu'il l'avait entendue de ses professeurs ou lue dans des livres, la voie et la méthode pour apprendre[5] Le livre est organisé en douze chapitres :

  • Le premier chapitre traite de la nature de la science et de son excellence par rapport aux autres occupations, présentant la science, sur la base de hadiths et d'arguments rationnels, comme le moyen d'atteindre le bonheur éternel.[6]
  • Le deuxième chapitre concerne l'intention de l'étudiant, qui doit dans son parcours d'apprentissage viser à satisfaire Dieu et à éliminer l'ignorance et préserver l'islam.[7]
  • Le troisième chapitre discute du choix d'une discipline scientifique, d'un professeur, d’une personne qui aide l’homme dans ses progrès scientifiques, et de la patience et de la constance à leur égard. L'auteur rappelle qu'il faut choisir les meilleures disciplines scientifiques utiles pour la religion et l'avenir, et parmi les professeurs sélectionner les plus pieux, les plus savants et les plus âgés.[8]
  • Le quatrième chapitre concerne le sérieux, l'attention et l'ambition dans l'apprentissage. La gloutonnerie et le sommeil sont présentés comme causes de paresse et de négligence.[9]
  • Le cinquième chapitre traite du temps, de la quantité et de l'ordre de la première science que l'étudiant apprend. D’après l'auteur, le débutant doit au commencement de son apprentissage apprendre une quantité telle qu'il puisse, après y avoir réfléchi et l'avoir relue deux fois, progressivement la comprendre et la mémoriser. De même, lors de la première séance, l'enseignement doit se limiter à un passage plus facile et proche de la compréhension et de l'intellect de l'étudiant.[10]
  • Le sixième chapitre concerne la confiance en Dieu. L'étudiant ne doit pas consacrer ses efforts à gagner sa vie ; il doit plutôt patienter dans son apprentissage jusqu'à atteindre un plaisir supérieur aux plaisirs mondains.[11]
  • Le septième chapitre s'intitule « le temps d'apprendre la science ». Selon l'auteur, la meilleure période pour acquérir la science est la jeunesse, et les meilleurs moments sont l'aube (avant Adhân du matin), et l'intervalle entre la prière de Maghrib et la prière de ʿIshâʾ.[12]
  • Le huitième chapitre concerne l'affection et la bienveillance du professeur et de l'élève l'un envers l'autre. Le professeur doit être affectueux, bienveillant et exempt de jalousie, et l'étudiant doit aussi éviter toute sorte de conflit et d'inimitié.[13]
  • Le neuvième chapitre traite de la manière dont l'élève doit tirer profit du professeur. Il doit être à chaque instant désireux d'apprendre, et avoir toujours avec lui des instruments pour écrire afin de noter tout ce qu'il entend du professeur.[14]
  • Le dixième chapitre concerne l'observation de la plus grande piété dans l'apprentissage. Plus l'élève est pieux, plus l'acquisition du savoir est facile pour lui et plus grands sont ses bénéfices.[15]
  • Le onzième chapitre consiste en une discussion sur ce qui cause la mémorisation ou l'oubli. Dans ce chapitre, les facteurs les plus importants pour renforcer la mémoire sont : le sérieux dans l'apprentissage, la frugalité dans l'alimentation, la prière nocturne et la récitation du Coran. De même, la multiplication des péchés et le fait de trop se soucier des affaires de ce bas-monde sont présentés comme causes de l'oubli et de l'affaiblissement de la mémoire.[16]
  • Le douzième et dernier chapitre concerne les facteurs de l'augmentation ou de la diminution des moyens de subsistance et de la brièveté ou de la longueur de la vie. Après avoir cité un hadith du Prophète Muhammad (s) à ce sujet, selon lequel la prière augmente les moyens de subsistance et la bonté prolonge la vie, l'auteur écrit que la perpétration de péchés, en particulier le mensonge, entraîne la pauvreté et les difficultés financières.[17]

Exégèses, impression et édition

Ce livre fut et est si important que de nombreux commentaires furent écrits sur ce livre et fut publié dans différents pays comme l'Iran, l'Égypte, l'Irak, le Pakistan et bien d'autres.

Références

  1. Hasan al-Amîn, Mustadrakât A‘yân ash-Shî‘a, vol 1, p 205
  2. Mîrî, « Nigâhî bi Kitâbhâyi Akhlâqî Wîzhiyi Hawzawîyân », p 297 ; Mawlawî, Dâ’irat al-Ma‘ârif Buzurgi Islâmî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 165
  3. ‘Atâ’î Nazarî, « Nigâhî Ijmâlî bar Âdâb al-Muta‘allimîn hâ wa Jâygâh ân dar Nizâm Akhlâqî Hawza », vol 21, p 8
  4. Ayatollah Subhânî, Mawsû‘a Tabaqât al-Fuqahâ’, vol 7 ; Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, Âdâb al-Muta‘allimîn, p 243 à la fin
  5. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 49
  6. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 49 - 50
  7. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 50
  8. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 51
  9. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 53
  10. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 53 - 54
  11. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 55
  12. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 56
  13. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 56
  14. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 57
  15. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 57
  16. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 58 - 59
  17. Al-Khâja Nasîr as-Dîn at-Tûsî, « Âdâb al-Muta‘allimîn », p 59