Piété filiale

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Piété filiale ou la bienveillance envers les parents ou la bonté à la mère et au père (en arabe : بِرّ الوالدين أو بِرّ بالوالدين) signifie le respect du père et de la mère, leur vénération et toute sorte de bonté à leur égard. La piété filiale est placée dans le Coran au même rang que le commandement d'adorer Dieu. Les exégètes du Coran considérèrent cette injonction coranique comme englobant tous les parents, qu'ils soient mécréants ou musulmans, vertueux ou pervers.

Dans les sources chiites et sunnites, la bienveillance envers les parents est considérée comme l'une des meilleures et des plus aimées des œuvres auprès de Dieu. Dans les hadiths des Infaillibles (a), divers effets sont énoncés pour la bonté aux parents ; entre autres : l'augmentation de la subsistance, la longévité, la facilitation de l'ivresse de la mort, le pardon des péchés et l'entrée au paradis le Jour du Jugement.

La bonne conduite et l'absence de la moindre âpreté envers les parents, le regard affectueux et l'absence d'élévation de la voix face à eux sont considérés comme des manifestations de bonté à la mère et au père.

Sens du concept et position

وَقَضَى رَبُّكَ أَلَّا تَعْبُدُوا إِلَّا إِيَّاهُ وَبِالْوَالِدَيْنِ إِحْسَانًا إِمَّا يَبْلُغَنَّ عِنْدَكَ الْكِبَرَ أَحَدُهُمَا أَوْ كِلَاهُمَا فَلَا تَقُلْ لَهُمَا أُفٍّ وَلَا تَنْهَرْهُمَا وَقُلْ لَهُمَا قَوْلًا كَرِيمًا ﴿۲۳﴾ وَاخْفِضْ لَهُمَا جَنَاحَ الذُّلِّ مِنَ الرَّحْمَةِ وَقُلْ رَبِّ ارْحَمْهُمَا كَمَا رَبَّيَانِي صَغِيرًا ﴿۲۴
Et ton Seigneur a décrété : “N’adorez que Lui ! Et (marquez) de la bonté envers les père et mère: si l’un d’eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point : “Fi ! ” Et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles affectueuses.(23) Et par miséricorde, abaisse pour eux l’aile de l’humilité et dis : “Seigneur ! Fais-leur, à tous deux, miséricorde comme ils m’ont élevé tout petit ! (24)
Le Coran, la sourate al-Isrâ', les versets 23-24

La piété filiale est l'une des injonctions sur lesquelles le Coran insiste[1] et elle est placée dans les versets coraniques au même rang que le commandement d'adoration de Dieu.[2] Les exégètes du Coran considèrent cela comme le signe de l'importance de la bonté envers le père et la mère[3] et du rang élevé qu'occupe l'obéissance à cet ordre auprès de Dieu.[4] Les jurisconsultes aussi la jugèrent obligatoire pour les enfants.[5] De même, dans certains livres d'éthique, il est fait mention de la bonté envers les parents comme de ce qu'il y a de plus élevé provoquant le bonheur et la proximité de Dieu.[6]

Au sujet du verset 23 de la sourate al-Isrâ’, les ulémas dirent que le fait de placer le Monothéisme à côté de la bonté envers le père et la mère montre l'insistance du Coran sur le bon comportement envers les parents.[7]

La piété filiale est considérée comme le comble de la vénération envers le père et la mère[8] et englobe toute sorte de bonté digne de leur standing.[9] De même, le terme absolu « les parents » englobe tout père et mère ; qu’ils soient vertueux ou pervers,[10] mécréants ou musulmans.[11]

Raison et rapport avec le Monothéisme de la piété filiale

Dans le Coran (17 : 23), la piété filiale est évoquée aux côtés de la question du Monothéisme. Un certain nombre d'exégètes du Coran décrivirent ainsi le rapport entre le Monothéisme et la bonté envers les parents, qui sont placés côte à côte dans le Coran : Dieu est la cause véritable de l'existence de l'homme, et le père et la mère en sont la cause apparente.[12] De même que le remerciement pour les bienfaits d’Allah en tant que Bienfaiteur véritable est obligatoire, le remerciement pour ceux des serviteurs l'est aussi ; et personne n'a enduré autant de peines pour l'homme que ses parents et ne mérite autant reconnaissance.[13]

‘Allâma TabâTabâ’i expliqua ainsi l'insistance du Coran sur la bonté aux parents : le lien affectif entre les parents et les enfants cause une forte cohésion entre la nouvelle génération et la précédente et assure la solidité de la famille. La solidité de la famille, en tant qu'un des points les plus importants des relations sociales, cause la solidité de la société humaine.[14]

Références

  1. Makârim Shîrâzî, Tafsîri Nimûni, vol 12, p 74, 1373 SH
  2. Le Coran, la sourate an-Nisâ', le verset 36 ; la sourate al-An'âm, le verset 151 ; la sourate al-Isrâ', le verset 23
  3. Fakhr ar-Râzî, Mafâtîh al-Ghayb, vol 3, p 586, 1420 H ; Qâsimî, Mahâsin at-Ta'wîl, vol 6, p 453, 1418 H
  4. Fakhr ar-Râzî, Mafâtîh al-Ghayb, vol 20, p 323, 1420 H ; Sayyid Qutb, Fî Dalâl al-Qur'ân, vol 4, p 2222, 1412 H
  5. An-Najafî, Muhammad Hasan, Jawâhir al-Kalâm, vol 21, p 24, 1404 H
  6. An-Narâqî, Jâmi' as-Sa'âdât, vol 2, p 273, A'lamî, an-NArâqî, Jâmi' as-Sa'âda, p 533, 1377 SH ; Qumî, Akhlâq va Âdâb, p 152, 1389 SH
  7. Makârim Shîrâzî, Tafsîri Nimûni, vol 12, p 74, 1373 SH
  8. Gunâbâdî, Tafsîr Bayân as-Sa'âda, vol 2, p 438, 1408 H
  9. Thaqafî Tihrânî, Tafsîri Ravâni Jâvîd, vol 3, p 351, 1398 SH
  10. Ibn Shu'ba al-Harrânî, Tuhaf al-'Uqûl, p 367, 1404 H
  11. Makârim Shîrâzî, Tafsîri Nimûni, vol 12, p 74, 1373 SH ; Mîrzâ al-Qummî, Jâmi' ash-Shitât, vol 1, p 241, 1413 H
  12. Al-Baydâwî, Anwâr at-Tabzîl, vol 3, p 252, 1418 H ; Qumî al-Mashhadî, Kanz ad-Daqâ'iq, vol 7, p 381, 1368 SH ; Fayd al-Kâshânî, Tafsîr as-Sâfî, vol 3, p 185, 1415 H
  13. Fakhr ar-Râzî, Mafâtîh al-Ghayb, vol 20, p 321, 1420 H
  14. ‘Allâma TabâTabâ’i, al-Mîzân, vol 7, p 374, vol 13, p 80, 1417 H