Ashâb al-Fîl

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Une œuvre d'art qui représente l’événement de l'Éléphant par Isfandîyâr Ahmadîyi.

Hommes de l'Éléphant ou Ashâb al-Fîl (en arabe : أصحاب الفيل) ou l’armée des éléphants est un événement bien connu et récurrent parmi les Arabes, au point qu'ils en ont fait un début de leur histoire. Lorsqu'un roi abyssinien voulut attaquer la Kaaba et la détruire afin d'empêcher les Arabes de faire le pèlerinage, il dirigea une armée d'éléphants vers La Mecque, accompagnée de nombreux éléphants pour semer la terreur et l'intimidation. C'est pourquoi ils devinrent célèbres sous le nom des Hommes de l'Éléphant.
Mais, Allah manifesta Son miracle en préservant Sa Maison en envoyant des oiseaux Abâbîl[Note 1] qui les tuèrent tous.
Cet événement est mentionné dans le Coran dans une sourate indépendante appelée la sourate al-Fîl (la sourate de l’éléphant).

Dans le Coran

Le Coran mentionne l’histoire des Hommes de l'Éléphant dans une sourate complète et indépendante appelée la sourate al-Fîl (la sourate de l’éléphant) :

أَلَمْ تَرَ‌ كَيْفَ فَعَلَ رَ‌بُّكَ بِأَصْحَابِ الْفِيلِ ﴿١﴾ أَلَمْ يَجْعَلْ كَيْدَهُمْ فِي تَضْلِيلٍ ﴿٢﴾ وَأَرْ‌سَلَ عَلَيْهِمْ طَيْرً‌ا أَبَابِيلَ ﴿٣﴾ تَرْ‌مِيهِم بِحِجَارَ‌ةٍ مِّن سِجِّيلٍ ﴿٤﴾ فَجَعَلَهُمْ كَعَصْفٍ مَّأْكُولٍ ﴿٥﴾
N'as-tu point vu comment ton Seigneur a traité les Hommes de l'Éléphant ? ﴾1﴿ N'a-t-Il point fait tourner leur stratagème en confusion ? ﴾2﴿ N'a-t-Il point lancé contre eux des oiseaux, par vols ﴾3﴿ Qui leur jetaient des pierres d'argile ﴾4﴿ En sorte que ton Seigneur en fit comme feuillage dévoré ? ﴾5﴿

Dans les hadiths

Les recueils de hadith abordent cet événement dans des sections telles que les miracles du Prophète (s),[1] l'Imamat de l’Imam Mahdi (a),[2] les questions relatives à la situation mondiale[3] et la supériorité de la Kaaba.[4]

Récit des Hommes de l'Éléphant

Un groupe de gens de La Mecque partirent pour le territoire de l'Abyssinie (Éthiopie) dans le cadre d'un commerce. Ils entrèrent dans une église chrétienne et allumèrent un feu pour se réchauffer et cuisiner leur nourriture. Ils y quittèrent sans l'éteindre, et le vent se leva et provoqua un incendie qui consuma tout ce qui se trouvait dans l'église. Lorsque les chrétiens revinrent, ils se demandèrent qui avait fait cela, et on leur dit que c'étaient des marchands arabes de La Mecque. Ils rapportèrent cela à leur roi. Ce dernier dit :

« Ce sont les Arabes qui ont brûlé notre temple. »
Il fut extrêmement en colère et ajouta :
« Certes, je vais brûler leur temple. »

Il envoya son ministre, Abrahat b. as-Sabbâh, avec une armée des éléphants pour détruire la Kaaba.[5]

Raison de leur but pour détruire la Kaaba

Selon certaines sources, la raison qui poussa les Hommes de l'Éléphant à se diriger vers La Mecque était le prince abyssin qui avait construit une église en l'honneur de son roi (al-Qulays) et souhaitait détourner le pèlerinage des Arabes vers cette église, empêchant ainsi les gens de se rendre à La Mecque. Ensuite, un groupe d'Arabes mit le feu et il y avait du bois dans le bâtiment al-Qulays. Le vent transporta les flammes vers les bois et les incendièrent. En réponse à cela, il prêta serment de détruire la Kaaba.[6]

Une ancienne photo de la Kaaba, tirée d'une série historique.

Positionnement de Quraysh et d'Abd al-Muttalib

Lorsque les habitants de La Mecque apprirent que l’armée des éléphants était venu chez eux, ils rassemblèrent leurs biens, leurs familles et leurs bêtes et envisagèrent de fuir La Mecque pour échapper aux hommes de l'éléphant. Quand Abd al-Muttalib les vit, il leur dit :

« Ô peuple, est-ce que cela est bon pour vous ? C'est une honte que vous abandonniez votre Kaaba. »
Ils lui répondirent :
« Le roi a prêté serment devant ses idoles qu'il détruirait la Kaaba, jeterait ses pierres dans la mer, tuerait ses enfants, opprimerait ses femmes et massacrerait ses hommes. Laissez-nous partir avant que le malheur ne s'abatte sur nous. »
Abd al-Muttalib leur dit alors :
« Les ennemis ne peuvent pas s'en approcher, car la kaaba a une protection qui les en empêche, et elle a une barrière qui les retient. Si vous vous réfugiez en elle et que vous vous y accrochez, ce sera mieux pour vous. »

Mais les cœurs ne se rassurèrent pas avec ses paroles, la peur et la panique les submergèrent et ils partirent en fuyant, cherchant refuge dans les montagnes et certains cherchant refuge en mer. À ce moment-là, ils dirent à Abd al-Muttalib :

« Qu'est-ce qui t'empêche de fuir avec les gens ? »
Il répondit :
« J'ai honte devant Dieu de fuir Sa Maison et Son Haram. Par Dieu, je ne quitterai pas mon endroit et ne m'éloignerai pas de la Maison de mon Seigneur jusqu'à ce que Allah décide de ce qu'Il veut. »

À ce moment-là, il ne restait à La Mecque que Abd al-Muttalib et sa famille, et ils étaient eux-mêmes en danger. Lorsqu'il regarda la Kaaba vide et les maisons vides, il dit :

« Ô Dieu, Tu es le compagnon des solitaires. »[7]

Comportement d'Abraha envers Abd al-Muttalib

Lorsque le prince de l’abyssin (Abraha) vint avec l'éléphant accompagné de son armée voulant la destruction de la kaaba, ils passèrent devant les chameaux d'Abd al-Muttalib, les prirent. Abd al-Muttalib se dirigea donc vers l'armée, et à ce moment-ci, quelqu’un dit à Abraha :

« C'est le noble de Quraysh, un homme d'intelligence et de généreux. Honore-le et sois bienveillant envers lui. »
Ensuite, il dit à son traducteur :
« Demande-lui : Qu'est-ce que tu veux ? »
Abd al-Muttalib lui répondit :
« Tes hommes ont pris mes chameaux, je te réclame que tu me les rendras. »
Abraha fut étonné de sa demande concernant les chameaux sans mentionner la Kaaba, et dit :
« Tu parles de tes chameaux et tu ne mentionnes pas la Kaaba que je suis venu détruire ? »
Abd al-Muttalib répondit :
« Je suis le maître des chameaux, et la Maison (la kaaba) a un Seigneur qui la protège. »[8]

Description des oiseaux et des pierres

« Dieu envoya sur les Hommes de l'Éléphant des oiseaux ressemblant à des hirondelles ou quelque chose de similaire, portant dans leur bec une pierre de la taille d'une lentille. L'oiseau venait au-dessus de la tête d'un soldat et le frappait avec la pierre qui sortait par son postérieur.
Un homme parmi eux réussit à s'échapper et commença à raconter l'histoire aux gens. Pendant qu'il leur racontait, il aperçut un oiseau parmi eux et dit : celui-ci en est un exemple. L'oiseau vint au-dessus de la tête de l’homme et le frappa avec la pierre qui sortit par son postérieur. »[9]
« Dieu appela les oiseaux Abâbîl et leur donna des pierres noires recouvertes d'argile. Quand elles s’approchèrent d'eux, elles les lancèrent, et il ne restait aucun d'entre eux qui n'ait été touché. Avec chaque coup, la peau de chaque individu se détachait. Les oiseaux étaient apparus de la mer, et ils avaient des becs d'oiseaux et des têtes de bêtes. Rien de tel n'avait été vu auparavant ni après cela. »[10]

Miracle de la préservation de la Kaaba

Dieu envoya des oiseaux Abâbîl portant avec eux des pierres faites d'argile. Ils les lancèrent sur les Hommes de l'Éléphant, puis Il envoya un vent qui augmenta en intensité. Aucune pierre ne toucha un homme sans les tuer. C'était l'un des plus grands miracles de cette époque, montré par Dieu pour prouver Son existence et la nécessité de Le connaître.[11]

Année de l'Éléphant marque le début de l'ère historique

L'attaque d'Abraha contre la Kaaba eut un impact significatif sur la perception de l'histoire des Arabes. C'est pourquoi ils ont inclus la première année de la vie du Prophète Muhammad (s) dans l'année de l'Éléphant.[12]

Voir aussi

Note

  1. Abâbîl est un mot qui est utilisé une foi dans le Coran, le verset 3 de la sourate al-Fîl et se réfère aux groupes d'oiseaux qui bombardèrent les Hommes de l'Éléphant avec des pierres.

Références

  1. Qutb ad-Dîn ar-Râwandî, Tarjumi al-Kharâ’ij wa al-Jarâ’ih, p 86
  2. ‘Allami Majlisî, Shî‘i dar Pîshgâh Qur’ân, p 65
  3. ‘Allami Majlisî, Tarjumiyi Bihâr al-Anwâr (vol 54), vol 8, p 4
  4. Al-Majlisî, Lawâmi‘ Sâhibqarânî, vol 7, p 244
  5. Muhaddith al-Qummî, Safînat al-Bihâr, vol 7, p 180 ; 'Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 15, p 2
  6. Bakrî, Târîkh al-Khamîs, vol 1, p 342 ; Al-Majlisî, Mir’ât al-‘Uqûl, vol 5, p 239
  7. 'Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 41, p 316
  8. Bakrî, Târîkh al-Khamîs, vol 1, p 345 ; Al-Mas‘ûdî, Murûj adh-Dhahab, vol 2, p 134 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 2, p 38
  9. Al-Majlisî, Mir’ât al-‘Uqûl, vol 5, p 245
  10. Al-Majlisî, Mir’ât al-‘Uqûl, vol 5, p 245
  11. Al-Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol 2, p 442
  12. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 2, p 99 ; 'Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 65, p 230