Jeu de hasard

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Jeu de hasard (en arabe : القمار) est un jeu par lequel les personnes s’engagent à payer une certaine somme d’argent ou des biens à celui qui gagne.

Il y a unanimité parmi les jurisconsultes sur l’interdiction et l’illicéité du jeu de hasard. Mais, il y a quelques exceptions sur lesquelles le pari sur la compétition d'équitation, de tir et d'escrime est autorisé . Faire le pari sur ces trois compétitions n’est pas considéré comme un jeu de hasard. Selon la fatwa des juristes, jouer avec les appareils de jeux de hasard est interdit avec ou sans le pari.

Chez les jurisconsultes l’une des preuves de l’interdiction du jeu de hasard est le verset 90 de la sourate al-Mâ’ida selon lequel, le jeu de hasard est une abomination et œuvre de Démon. Ils interdisent de manger la nourriture qui est préparée par l’argent acquis du jeu de hasard. Ils considèrent également que le témoignage de celui qui joue aux jeux de hasard n’est pas accepté. Aussi, les biens acquis par le jeu de hasard, il faut les rembourser à son propriétaire.

Définition jurisprudentielle

Dans les livres de jurisprudence, les différentes définitions du jeu de hasard sont proposées. Selon le cheikh al-Ansârî, le jeu de hasard consiste à jouer avec certains instruments en acceptant de payer quelque chose au gagnant.[1]

D'autres juristes estiment que jouer avec les appareils de jeu de hasard, avec ou sans le pari est considéré comme jeu de hasard et il est absolument interdit.[2] Dans le livre Mustalahât al-fiqh (la terminology jurisprudentielle), Ali Mishkînî le définit comme un jeu dans lequel le perdant est tenu de payer quelque chose au gagnant.[3]

Cependant, les jurisconsultes ne considèrent pas tous les cas de paris comme un acte interdit. Selon leurs fatwas, les paris pour compétition d’équitation, de tir à l'arc et d'escrime ne sont pas interdits. Ces jeux s’appelllent dans le fiqh « as-Sabq » (course d'équitation) et « ar-Rimâya » (course de tir à l'arc).[4]

Précepte jurisprudentiel

D’après le cheikh Murtadâ al-Ansârî et Muhammad Hasan an-Najafî, l'interdiction du jeu de hasard est basée sur une unanimité parmi les ulémas et cela est attesté par le Coran et les hadiths al-Mutawâtir.[5]

Le verset cité pour prouver l'interdiction du jeu de hasard est le verset 90 de la sourate al-Mâ’ida :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِنَّمَا الْخَمْرُ وَالْمَيْسِرُ وَالْأَنصَابُ وَالْأَزْلَامُ رِجْسٌ مِّنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ فَاجْتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ ﴿٩٠﴾
Ô vous qui croyez !, les boissons fermentées, le [jeu de] maysir, les pierres dressées et les flèches [divinatoires] sont seulement une souillure [procédant] de l'oeuvre du Démon. Évitez-la ! Peut-être serez-vous bienheureux ﴾90﴿
Coran, s al-Mâ'ida, v 90, Traduction de Régis Blachère

Le verset ci-dessus considère le jeu de hasard comme une souillure de l’œuvre de Satan.[6]

Conformément aux hadiths, le mot « al-Maysir » dans ce verset, signifie le jeu de hasard. Par exemple, dans un hadith cité dans le livre al-Kâfî, l'Imam al-Baqir (a) dit :

« Quand ce verset fut révélé au Prophète (s), on lui demanda de la signification de « al-Maysir » et il répondit : tout instrument avec lequel, on fait le jeu de hasard. »[7]

De plus, dans ce livre, le cheikh al-Kulayni rapporta un hadith de l'Imam ar-Ridâ (a) disant que « al-Maysir » est le même jeu de hasard.[8]

Appareils du jeu de hasard

Article connexe : Appareils du jeu de hasard.

Les appareils du jeu de hasard sont ceux-ci souvent utilisés au jeu de hasard.[9] Dans les livres de fiqh, des choses tels le jeu d’échecs,[10] le jacquet,[11] la carte à jouer et le billard sont discutées comme des instruments de jeu de hasard.[12]

Selon les fatwas de la majorité des juristes, il est interdit de jouer avec des instruments de jeu de hasard, qu'il s'agisse ou non de pari.[13] De plus, les jurisconsultes interdisent la construction, la vente, l'achat et la location d'instruments de jeu de hasard.[14]

Plusieurs juristes, y compris le cheikh as-Sadûq, interdisent le jeu d’échecs. Mais, certains jurisconsultes contemporains comme l’imam Khomeyni disent que si l’échec n’est pas considéré comme un appareil du jeu de hasard, sera autorisé.

Différence entre le jeu de hasard et le pari

Les jurisconsultes ne généralisent pas le précepte du jeu de hasard à pari dans les compétitions d’équitation, de tir et d’escrime et alors, ils les rendent licites.[15] Ils se référant aux hadiths, disent que même si ces compétitions sont appelées paris, ne sont pas considérés le jeu de hasard et donc sont autorisées.[16]

Préceptes

Voici quelques préceptes jurisprudentiels au sujet de jeu de hasard  :

  • Il est interdit de manger un aliment préparé par l’argent acquis du jeu de hasard.[17]
  • Le témoignage d'un joueur de jeu de hasard est rejeté.[18]
  • Il est interdit d'apprendre le jeu de hasard.[19]
  • L'argent obtenu par le jeu de hasard est illégitime et doit être restitué à son propriétaire.[20]

Philosophie de l’interdiction du jeu de hasard

Dans le noble Coran, Allah présente le jeu de hasard comme un moyen par lequel, le Satan suscite parmi les croyants l’hostilité et la haine et les détourne du souvenir de Dieu.

إِنَّمَا يُرِيدُ الشَّيْطَانُ أَن يُوقِعَ بَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةَ وَالْبَغْضَاءَ فِي الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ وَيَصُدَّكُمْ عَن ذِكْرِ اللَّـهِ وَعَنِ الصَّلَاةِ ۖ فَهَلْ أَنتُم مُّنتَهُونَ ﴿٩١﴾
Le Démon, dans les boissons fermentées et le [jeu de] maysir, veut seulement susciter entre vous l'hostilité et la haiile et vous écarter de l'invocation d'Allah et de la Prière. Cesserez-vous [de vous y adonner] ? ﴾91﴿
Coran, s al-Mâ'ida, v 91, Traduction de R2gis Blachère

Pari dans le Droit civil

Dans certains pays comme Iran,[21] le pari est illégal et on ne peut pas proposer les affaires contentieuses basées sur cela.

Références

  1. Cheikh al-Ansârî, Al-Makâsib al-Muharrama, p 371
  2. Cheikh al-Ansârî, Al-Makâsib al-Muharrama, p 371
  3. Mishkîni, Mustalahât al-Fiqh, p 430
  4. At-Tabâtabâ’î, Rîyâd al-Masâ’il, vol 10, p 233
  5. Cheikh al-Ansârî, Al-Makâsib al-Muharrama, vol 1, p 371 ; Cheikh an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 22, p 109
  6. Cheikh an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 22, p 109
  7. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 5, p 122 - 123
  8. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 5, p 124
  9. Farhang Fiqh, vol 1, p 152
  10. Cheikh al-Ansârî, Al-Makâsib al-Muharrama, vol 1, p 372
  11. Cheikh al-Ansârî, Al-Makâsib al-Muharrama, vol 1, p 372
  12. Ayatollah Makârim Shîrâzî, Istiftâ’ât Jadîd, vol 2, p 238
  13. Farhang Fiqh, vol 1, p 153
  14. Farhang Fiqh, vol 1, p 153
  15. At-Tabâtabâ’î, Rîyâd al-Masâ’il, vol 10, p 233 - 235 ; Cheikh an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 41, p 56
  16. At-Tabâtabâ’î, Rîyâd al-Masâ’il, vol 10, p 233 - 235
  17. Cheikh an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 22, p 109
  18. Cheikh al-Mufîd, Al-Muqna‘a, p 726 ; Al-Hillî, Al-Jâmi‘ li ash-Sharâyi‘, p 539 ; Cheikh at-Tûsî, An-Nihâya, p 325
  19. Muhaqiq al-Hillî, Sharâyi‘ al-Islâm, vol 2, p 4
  20. At-Tabâtabâ’î, Rîyâd al-Masâ’il, vol 8, p 170
  21. Mansûr, Qânûn Madanî, p 117