Guerres de Ridda
Guerres de Ridda ou Hurûb ar-Ridda (en arabe : حروب الرِدَّة) étaient une série de guerres menées sur ordre du premier calife, Abu Bakr ibn Abi Quhâfa, au cours des années 11 et 12 de l'hégire lunaire, contre des groupes qu'ils considéraient comme des apostats. Ces guerres sont menées contre les partisans de faux prophètes et des individus et tribus qui refusaient de payer la zakat à l'État.
Le meurtre de personnes telles que Mâlik b. Nuwayra, l'un des compagnons du Prophète Muhammad (s), par Khâlid b. al-Walîd, le commandant nommé par le premier calife, pour le motif de non-paiement de la zakat, a suscité des objections de la part de certains compagnons tels qu'Abu Qatâda al-Ansârî et Umar ibn al-Khattab. De plus, il est également utilisé de l'histoire des guerres de Ridda pour réfuter la théorie de la justice des compagnons du Prophète (s), car les deux camps dans ces guerres étaient parmi les compagnons du Prophète (s), et le meurtre de certains compagnons par d'autres et d'autres événements qui se sont produits dans ce contexte ne sont pas compatibles avec leur justice.
Nomination et position
Les guerres de Ridda font référence à un ensemble de guerres menées sur ordre du premier calife contre des groupes qu'ils considéraient comme des apostats.[1] C'est pourquoi ces guerres sont appelées guerres de Ridda ou d'apostasie. « Ridda » signifie en langage littéral "retour à la religion" (apostasie)[2] et devenir un infidèle.[3]
Les guerres de Ridda ont commencé en l'an 11 de l'hégire lunaire, après l'élection d'Abu Bakr en tant que successeur du Prophète Muhammad (s),[4] et ont duré jusqu'en l'an 12 de l'hégire lunaire.[5] Ces guerres ont eu lieu dans différentes régions des terres islamiques, de Médine au Yémen, en passant par Bahreïn et Yamamah.[6] Selon Rasûl Ja'farîyan, après le décès du Prophète de l'Islam (s) et l'incident de Saqîfa, le principal problème des musulmans était un mouvement connu sous le nom d'apostasie.[7]
Motifs de la formation et parties impliquées
La fausse revendication de prophétie par des individus tels que Musaylama al-Kadhdhâb et Tulayha b. Khuwaylid al-Asadî, ainsi que le refus de prêter allégeance à Abu Bakr et de payer la zakat au gouvernement par certaines tribus musulmanes, ont été à l'origine des guerres de Ridda.[8]
Selon al-Wâqidî, l'historien des deuxième et troisième siècles du calendrier de l'Hégire lunaire, après l'élection d'Abu Bakr en tant que successeur du Prophète Muhammad (s), diverses tribus sont devenues des apostats. Parmi eux, se trouvait la tribu Banu Asad, dont le chef, Tulayha b. Khuwaylid al-Asadî, a revendiqué la prophétie. La tribu Banu Hanîfa, qui a soutenu la fausse prophétie de Musaylama al-Kadhdhâb, et la tribu Kinda, dont le chef était Ash'ath b. Qays, sont également devenues des apostats.[9]
Ceux qui refusaient de payer la zakat avaient des motivations diverses :
- Certains étaient des nouveaux musulmans et le paiement de la zakat était lourd pour eux et n'avait pas de justification.[10]
- D'autres étaient des personnes qui auraient dû payer la zakat, mais refusaient de la payer à Abu Bakr,[11] car ils ne reconnaissaient pas son califat et demandaient la gouvernance des Ahl al-Bayt (a) du Prophète (s).[12] Selon Rasûl Ja'farîyân, Mâlik b. Nuwayra et sa tribu faisaient partie de ce groupe.[13] Ils ont également rapporté que Hârith b. Muawiya, le représentant du premier calife, a été expulsé de sa tribu, car il croyait que le califat devait appartenir aux Ahl al-bayt (a) du Prophète (s).[14]
Khâlid b. al-Walîd, 'Ikrima b. Abi Jahl et Khâlid b. Sa'îd b. Âs étaient parmi les commandants que Abu Bakr a envoyés combattre les apostats.[15] Khâlid b. al-Walîd a tué Mâlik b. Nuwayra, un compagnon du Prophète Muhammad (s), sous l'accusation de ne pas avoir payé la zakat.[16]
Réactions
Selon les rapports des historiens, les réactions contre les guerres de Ridda ont été diverses. Certains compagnons du Prophète (s) ont considéré la guerre contre ceux qui croyaient en l'unicité de Dieu et la prophétie du Prophète de l'islam (s) comme allant à l'encontre des ordres du Prophète (s) et ont protesté contre cela.[17] Ils ont donc proposé au premier calife de les laisser libres pour que la foi puisse s'ancrer dans leurs cœurs, puis de leur demander la zakat.[18] Cependant, Abu Bakr n'a fait aucune distinction entre ceux qui faisaient la prière, mais ne payaient pas la zakat et ceux qui ne faisaient pas la prière du tout, il les considérant tous comme des apostats et dignes de la guerre.[19]
Selon Madelung, un islamologue allemand, Abu Bakr a rejeté toute négociation concernant la zakat et a considéré le paiement de celle-ci comme un critère de fidélité des tribus à l'islam. Selon lui, ceux qui ne payaient pas la zakat,étaient considérés comme des apostats et devaient être combattus comme ceux qui avaient renoncé à la religion ou ne l'avaient jamais acceptée.[20]
Le meurtre de Mâlik b. Nuwayra et de sa tribu par Khâlid b. al-Walîd a suscité des protestations d'Abu Qatâda al-Ansârî et d'autres compagnons du Prophète Muhammad (s).[21] Omar Ibn al-Khattab considérait que Khâlid b. al-Walîd méritait la peine de mort pour le meurtre de Mâlik et pour avoir commis l'adultère avec sa femme. Cependant, Abu Bakr défendait l'action de Khâlid.[22]
Conséquences
On dit que les guerres Ridda ont eu deux conséquences politiques et militaires pour Abu Bakr. La conséquence politique était la diminution de la crise de gouvernance qu'il avait rencontrée, et la conséquence militaire était l'expérience d'une guerre qui, jusqu'à ce jour-là, n'avait pas été aussi étendue dans la région de la Hedjaz.[23]
Conséquences théologiques
En outre, dans les débats théologiques, l'histoire des guerres de Ridda est utilisée pour réfuter la théorie de la justice des compagnons du Prophète (s), car les deux parties des guerres de Ridda étaient des compagnons. Certains considèrent également que l'apostasie de certains compagnons, le meurtre de Mâlik b. Nuwayra et l'adultère avec sa femme par Khâlid b. al-Walîd ne sont pas compatibles avec la théorie de la justice des compagnons.[24]
Bibliographie
Dans les sources historiographiques, les guerres Ridda sont discutées. De plus, les œuvres dans ce domaine ont été écrits indépendamment ; Y compris :
- Kitâb ar-Ridda écrit par Abu Mikhnaf (décès en l'an 157 H) ;
- Le livre d'al-Mab'at, al-Maghâzî, al-Wafât, as-Saqîfa et ar-Ridda écrit par Abân b. Uthman al-Ahmarî ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Sayf b. Omar al-Asadi (décédé après 170 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Abd Allah b. Wahb al-Fahrî al-Qurashî (décédé en l'an 197 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Hishâm b. Muhammad al-Kalbî (mort en l'an 204 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Is'hâq b. Bishr al-Bukhârî (décédé en l'an 206 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Muhammad b. Umar al-Wâqidî (mort en l'an 207 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Abu al-Hasan Ali b. Muhammad al-Madâ'inî (mort en l'an 215 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Ismâ'îl b. 'Îsâ 'Attâr (mort en l'an 232 H) ;
- Le livre ar-Ridda écrit par Wathîma b. Mûsâ al-Fârisî (mort en l'an 237 H)[25]
Références
- ↑ Al-Muqadissî, al-Bida' wa at-Târîkh, vol 5, p 152, Maktabat atb-Thiqâfat ad-Dînîyya
- ↑ Al-Farâhîdî, Kitâb al-'Ayn, vol 8, p 7, 1410 H
- ↑ Râghib Isfahânî, Mufradât Alfâz Qur'ân, p 349, 1412 H
- ↑ At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 3, p 242, 1387 H
- ↑ Ibn Kathîr ad-Damishqî, al-Bidâya wa an-Nihâya, vol 6, p 342, 1407 H
- ↑ Al-Wâqidî, ar-Ridda, p 49, 1410 H
- ↑ Ja'farîyân, Târîkh Khulafâ', vol 2, p 28, 1380 SH
- ↑ Pâkatchî, Pazhûhishî dar Kitâb Shinâsî Janghâyi Ridda, p 261-262
- ↑ Al-Wâqidî, ar-Ridda, p 49-50, 1410 H
- ↑ Ja'farîyân, Târîkh Khulafâ', vol 2, p 28, 1380 SH
- ↑ Ibn Kathîr ad-Damishqî, al-Bidâya wa an-Nihâya, vol 6, p 311, 1407 H
- ↑ Ja'farîyân, Târîkh Khulafâ', vol 2, p 32, 1380 SH
- ↑ Ja'farîyân, Târîkh Khulafâ', vol 2, p 32, 1380 SH
- ↑ Ibn A'tham al-Kûfî, al-Futûh, vol 1, p 48, 1411 H
- ↑ Miskawayh, ar-Râzî, Tajârub al-Umam, vol 1, p 280, 1379 SH
- ↑ Al-Wâqidî, ar-Ridda, p 107, 1410 H
- ↑ Al-Muqadissî, al-Bida' wa at-Târîkh, vol 5, p 153, Maktabat atb-Thiqâfat ad-Dînîyya
- ↑ Ibn Kathîr ad-Damishqî, al-Bidâya wa an-Nihâya, vol 6, p 311, 1407 H
- ↑ Al-Wâqidî, ar-Ridda, p 51, 1410 H
- ↑ Madelung, Jânishînî Hazrat Muhammad (s), p 72, 1377 SH
- ↑ Ibn 'Imâd al-Hanbalî, Shadharât adh-Dhahab, vol 1, p 135-136, 1406 H
- ↑ Ibn 'Imâd al-Hanbalî, Shadharât adh-Dhahab, vol 1, p136, 1406 H
- ↑ Ghulâmî Dihaqî, Janghâyi Irtidâd wa Buhrân Jânishînî pas Az Paymabr (s), p 36
- ↑ Nîkzâd, 'Idâlat Sahâba dar Tarâzûyi Tahqîq, p 42
- ↑ Pâkatchî, Pazhûhishî dar Kitâb Shinâsî Janghâyi Ridda, p 267-270