Infaillibilité de Sayyida Fatima Zahra (a)
Infaillibilité de Sayyida Fatima Zahra (a) (en arabe : عصمة السيدة فاطمة الزهراء عليها السلام) signifie la préservation de la Dame Fatima (a), la fille du Prophète Muhammad (s), de tout péché et erreur. Selon le cheikh al-Mufîd, les musulmans sont unanimes sur son infaillibilité, tout comme le mentionna ‘Allâma al-Majlisî que les chiites sont également unanimes sur ce point. L'infaillibilité de Sayyida Fatima (a) implique qu’elle possède certains rangs des prophètes (a) et des Imams (a), par exemple ses paroles, ses actes et ses Taqrîr sont considérés pour nous comme un argument, ou bien aux côtés du Prophète Muhammad (s) et des Imam (a), elle fait partie des référence religieuse signifiant que lui obéir est nécessaire et obligatoire pour nous ; aussi elle est dotée de la compétence pour interpréter et expliquer la religion, et sa conduite pratique ainsi que ses prises de position servent de critère pour distinguer le vrai du faux. Ainsi, elle est considérée comme un modèle parfait dans tous les domaines de la vie.
Certains chercheurs affirment que la question de l'infaillibilité de la Dame Fatima (a) remonte à l’époque du Prophète (s), où les versets d’al-Mubâhala et d’at-Tathîr furent révélées concernant les Ahl al-Bayt (a), parmi lesquels Fatima (a). De plus, cette question est une question qui fut également mentionnée dans l’événement de l’usurpation de Fadak.
Parmi les preuves de son infaillibilité figurent le verset d’at-Tathîr, le hadith d’al-Bad‘a, ainsi que d’autres hadiths qui attestent de l’infaillibilité des Ahl al-Bayt (a), tels que le Hadith d’ath-Thaqalayn et le hadith d’as-Safîna.
Dans l’interprétation du verset 42 de la sourate Âl ‘Imrân, certains exégètes sunnites affirment que Sainte Marie (a) était exempte du péché et de l’impureté, puis ils considèrent Sayyida Fatima (a) comme supérieure à Marie (a). Aussi, al-Fakhr ar-Râzî, parmi les exégètes du Coran sunnites les plus grands, croit en l’infaillibilité de la fille du Prophète (s), Fatima (a).
Importance
D’après les chiites, Sayyida Fatima (a), la fille du Prophète Muhammad (s), possède le statut d'infaillibilité et est préservée de tout péché et de l'erreur.[1] Cheikh al-Mufîd[2] mentionna l’unanimité des musulmans ainsi que ‘Allâma al-Majlisî[3] cita l’unanimité définitif des chiites sur l’infaillibilité absolue de Sayyida Fatima Zahra (a).
Les chercheurs citèrent des effets pour l’infaillibilité de la Dame Fatima (a), y compris :
- Possession de certains rangs et positions des prophètes (a) et des Imams (a) : la parole et le discours, l’action et le Taqrîr de celui qui est infaillible sont considérés comme argument et il faut lui obéir dans tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait et dans leur Taqrîr. Sayyia Fatima Zahra (a) tout comme les prophètes (s) et les Ahl al-Bayt (a) fait partie des Infaillibles envers lesquels nous avons le devoir d’obéir. De plus, l'un des rangs des prophètes (a) et des Imams (a) est la référence religieuse et la compétence pour interpréter et expliquer la religion, ce qui est également établi pour la Dame Zahra (a) en tant que personne infaillible.[4]
- Critère de distinction entre le vrai et le faux : basé sur l’infaillibilité de la Dame Fatima (a), ses actions et positions dans diverses questions telles que la protestation contre l’usurpation du califat de l’Imam Ali (a) et l'événement de l’usurpation de Fadak, servira de critère pour distinguer le vrai du faux.[5]
- Modèle à suivre : elle est considérée comme un modèle parfait dans tous les domaines de la vie ; comme il est mentionné dans certains versets du Coran[6] concernant les prophètes (a).[7]
La question de l'infaillibilité de Sayyida Fatima (a) est mentionnée dans les livres exégétiques coraniques et sous certaines versets du Coran, et puis dans dans les sources de la théologie et de Usûl al-Fiqh.[8] L’origine de cette question remonte à l’époque du Prophète Muhammad (s), à certains de ses discours, ainsi qu’à certains versets du Coran tels que le verset de Mubâhala et le verset de Tathîr.[9] Aussi, les premiers rapports historiques sur l'infaillibilité de Sayyida Fatima (a) remontent à l’époque après le décès du Messager de Dieu (s) et concernent l’événement de Fadak, où le Prince des croyants Ali (a)[10] fit référence à l’infaillibilité de la Dame Fatima Zahra (a) en se basant sur le verset de Tathîr.[11]
Preuves de l’infaillibilité de Sayyida Fatima Zahra (a)
Verset de Tathîr
وَقَرْنَ فِي بُيُوتِكُنَّ وَلَا تَبَرَّجْنَ تَبَرُّجَ الْجَاهِلِيَّةِ الْأُولَىٰ ۖ وَأَقِمْنَ الصَّلَاةَ وَآتِينَ الزَّكَاةَ وَأَطِعْنَ اللَّـهَ وَرَسُولَهُ ۚ إِنَّمَا يُرِيدُ اللَّـهُ لِيُذْهِبَ عَنكُمُ الرِّجْسَ أَهْلَ الْبَيْتِ وَيُطَهِّرَكُمْ تَطْهِيرًا
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« Restez dans vos foyers et ne vous exhibez pas à la manière des femmes de l’époque de l’ignorance. Accomplissez la Salat (prière), acquittez la Zakat et obéissez à Allah et à Son Messager.
Allah veut vous débarrasser de toute souillure, ô Ahl al-Bayt, et vous purifier pleinement. » |
Sourate al-Ahzâb, v 33
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En se basant sur le verset de Tathîr pour prouver l’infaillibilité de Sayyida Fatima (a), les savants firent référence à ce verset.[12] Selon les hadiths transmis par les savants chiites[13] et les sunnites,[14] ce verset concerne les Ashâb al-Kisâ’. Ainsi, les Ahl al-Bayt mentionnés dans le verset sont des Cinq personnes, c’est-à-dire le Prophète Muhammad (s), le Prince des croyants Ali (a), Sayyida Fatima Zahra (a), l’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a).[15] Selon les hadiths, après la révélation du verset de Tathîr le Messager de Dieu (s) venait chez sa fille, Fatima (a), à chaque prière du matin (ou selon certains autres hadiths, à chaque prière quotidiennes) en disant : bonjour ô Ahl al-Bayt, prière prière, et puis récitait le verset de Tathîr.[16]
D’après al-Fakhr ar-Râzî, la circonstance de la révélation du verset de Tathîr est concernant les Cinq personnes. Il considéra le hadith qui le prouve comme un point d’accord entre les spécialistes des hadiths et de l’exégèse coraniques.[17] Selon ce verset, la volonté divine est liée au fait que les Ahl al-Bayt (a) soient préservés de tout péché et souillure, ce qui constitue le sens de l’infaillibilité des Ahl al-Bayt (a) parmi eux Sayyida Fatima (a).[18]
Dans un hadith du Prophète Muhammad (s), il est rapporté que ceux sur lesquels le verset de Tathir fut descendu sont infaillibles, et ils sont : moi-même, Ali, Fatima, al-Hasan et al-Husayn.[19] L’Imam Ali (a) prouva l’infaillibilité de la Dame Zahra (a) de tout péché en se référant au verset de Tathîr lors de l’événement de Fadak.[20] Le verset de Mubâhala indique également l’infaillibilité de la fille du Messager d'Allah, Fatima (a).[21]
Hadith d’al-Bad‘a
Selon un hadith sunnite, le Prophète Muhammad (s) avait dit :
« Fatima fait partie de moi, quiconque la rend contente, me rend content et quiconque l’attriste, m’attriste. Fatima est le plus cher des gens auprès de moi. »[22] |
Le hadith d’al-Bad‘a est l’un des arguments cités pour l'infaillibilité de Sayyida Fatima Zahra (a).[23] Dans ce hadith qui est parmi les hadiths Mutawâtir,[24][Note 1] la colère de Fatima est présentée comme colère du noble Prophète (a), ainsi que sa satisfaction comme satisfaction du Messager de Dieu (s). Par conséquent, si la Dame Fatima (s) commettait un péché, de quelque manière que ce soit, ses souffrances et sa colère ne seraient pas considérés comme des souffrances et des colères envers le Prophète (s) ; car par exemple, si quelqu’un rendait Fatima (a) triste en l’empêchant de pécher, sa tristesse serait injustifiée et pour cette raison ne causerait pas de tristesse à l’Envoyé d’Allah (s).[25] Étant donné que Dieu n’est satisfait que des actions vertueuses et qu’Il n’approuve ni le péché ni la désobéissance à Ses commandements, si Sayyida Fatima (a) commettait un péché ou un erreur, alors dans ce cas, elle aurait été satisfaite de quelque chose dont Dieu n’est pas satisfait.[26]
Le hadith d’al-Bad‘a fut rapporté dans des sources sunnites telles que Sahîh al-Bukhârî[27] et Sahîh Muslim[28] qui sont les livres les plus authentiques chez les sunnites.[29] Dans certains hadiths rapportés par les chiites et sunnites, la satisfaction et la tristesse de Fatima (a) sont considérées comme étant liées à la satisfaction et à la tristesse d’Allah.[30]
Hadiths d’ath-Thaqalayn et d’as-Safîna
Les hadiths qui prouvent l’infaillibilité des Ahl al-Bayt (a) tels que le hadith d’ath-Thaqalayn et celui d’as-Safîna sont parmi les preuves de l’infaillibilité de la fille du Prophète (s), Fatima (a).[31] Car, elle est sans aucun doute parmi les Ahl al-Bayt (a) mentionnés dans le Coran et les hadiths prophétiques.[32] ‘Allâma al-Majlisî explique que les hadiths qui indiquent l’obligation de suivre les Ahl al-Bayt (a), comme le hadith d’ath-Thaqalayn et celui d’as-Safîna, indiquent également l’infaillibilité de la Dame Fatima (a), car l’obligation de suivre ne s’applique qu’aux personnes infaillibles. Une personne qui commet un péché n’est pas seulement obligée de suivre et d’obéir à cette personne, mais il est également obligatoire, en raison de l’interdiction du mal, de s’opposer et de rejeter ses actions.[33]
Dans un hadith, il est mentionné que le Messager de Dieu (s) vit la lumière de Fatima (a) et des Imams (a) lors de l’Ascension et demanda à Allah qui ils sont. Il fut répondu que ce sont Ali, Fatima, al-Hasan, al-Husayn et les enfants de ce dernier qui sont purs et infaillibles.[34]
Infaillibilité de sayyida Fatima (a) au point de vue des sunnites
Certains des savants sunnites tels que Shahâb ad-Dîn al-Âlsûsî, l’exégète sunnite du Coran, interprètent le verset : « Et [rappelle] quand les Anges dirent : Ô Marie !, Allah t'a choisie et purifiée. Il t'a choisie sur [toutes] les femmes de ce monde. » (Coran 3 : 42) en considérant que la Vierge Marie (a) est exempte de péché et d’impureté, puis ils considérèrent Fatima (a) comme supérieure à Marie (a).[35]
Al-Fakhr ar-Râzî, un exégète sunnite du 6e siècle de l’hégire, bien qu’il ait douté de tout et qu’il était connu sous le nom d’« imam des sceptiques », n’avait cependant aucun doute sur l’infaillibilité de Sayyida Fatima Zahra (a).[36]
Note
- ↑ Un hadith Mutawâir est un hadith qui est rapporté par de nombreux canaux et personnes différents, de manière à garantir la véracité de hadith.
Références
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 69
- ↑ Cheikh al-Mufîd, Al-Fusûl al-Mukhtâra, p 88
- ↑ ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 335
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 72
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 72
- ↑ Voir : Sourate Ahzâb, v 21 ; Sourate al-Mumtahana, v 4
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 72
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 72
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 71
- ↑ Cheikh as-Sadûq, ‘Ilal ash-Sharâyi‘, vol 1, p 191 - 192
- ↑ Kâfî et Shafî‘îyân, « ‘Ismat Fâtimi (s) », p 71
- ↑ ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 335 ; Sayyid al-Murtadâ, Ash-Shâfî fî al-Imâma, vol 4, p 95
- ↑ Voir px : Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 1, p 287 ; Al-Bahrânî, Ghâyat al-Marâm, vol 3, p 193 - 211
- ↑ Voir px : Muslim Niyshâbûrî, Sahîh Muslim, vol 4, p 1883 ; At-Tirmidhî, Sunan at-Tirmidhî, vol 5, p 351, 352 et 663 ; Ibn Hanbal, Musnad, vol 28, p 195, vol 44, p 118 - 121
- ↑ Al-Bahrânî, Ghâyat al-Marâm, vol 3, p 193 ; ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 16, p 311 ; Ayatollah Subhânî, Manshûr Jâwîd, vol 4, p 387 - 392
- ↑ ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 16, p 318 - 319 ; Furât al-Kûfî, Tafsîr Furât al-Kûfî, p 338 - 339 ; At-Tabarânî, Al-Mu‘jam al-Kabîr, vol 22, p 402
- ↑ Al-Fakhr ar-Râzî, At-Tafsîr al-Kabîr, vol 8, p 247
- ↑ Fâryâb, ‘Ismat Imâm dar Târîkh Tafakkur Imâmîyyi, p 335, 336
- ↑ Furât al-Kûfî, Tafsîr Furât al-Kûfî, p 339 - 340
- ↑ Cheikh as-Sadûq, ‘Ilal ash-Sharâyi‘, vol 1, p 191 - 192
- ↑ Voir : Ansârî Zanjânî, Mawsû‘at al-Kubrâ, vol 21, p 132 ; «آیات مباهله، تطهیر و روایات، عصمت حضرت فاطمه(س) را ثابت میکند»، Agence de presse du Shabistân.
- ↑ Cheikh al-Mufîd, al-Amâlî, p 159
- ↑ ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 335 ; Sayyid al-Murtadâ, Ash-Shâfî fî al-Imâma, vol 4, p 95 ; Ibn Shahrâshûb, Al-Manâqib, vol 3, p 333
- ↑ ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 335
- ↑ Ibn Shahrâshûb, Al-Manâqib, vol 3, p 333 ; Sayyid al-Murtadâ, Ash-Shâfî fî al-Imâma, vol 4, p 95 ; ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 337 - 338
- ↑ Ayatollah Subhânî, Pazhûhishî dar Shinâkht wa ‘Ismat Imâm, p 27
- ↑ Bukhârî, Sahîh al-Bukhârî, vol 5, p 21 et 29
- ↑ Muslim Niyshâbûrî, Sahîh Muslim, vol 4, p 1902 - 1903
- ↑ Voir : ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 336 et 337 ; At-Tabarânî, Al-Mu‘jam al-Kabîr, vol 22, p 404 - 405
- ↑ Voir : At-Tabarânî, Al-Mu‘jam al-Kabîr, vol 1, p 108 et vol 22, p 401 ; Cheikh as-Sadûq, ‘Uyûn Akhbâr ar-Rizâ, vol 2, p 46 - 47 ; Cheikh al-Mufîd, Al-Amâlî, p 95 ; Ibn al-Maghâzilî, Manâqib al-Imâm Ali b. Abî Tâlib, p 284 et 285
- ↑ Ayatollah Subhânî, Pazhûhishî dar Shinâkht wa ‘Ismat Imâm, p 27 ; Muhaqqiq, ‘Ismat az Dîdgâh Shî‘i wa Ahl Tasannun, p 256
- ↑ Muhaqqiq, ‘Ismat az Dîdgâh Shî‘i wa Ahl Tasannun, p 256
- ↑ ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 29, p 340
- ↑ Al-Khazzâz al-Qummî, Kifâyat al-Athar, p 185 - 186
- ↑ Âlûsî, Rûh al-Ma‘ânî fî Tafsîr al-Qur’ân al-‘Azîm, vol 2, p 149 - 150 ; Mazharî, Tafsîr al-Mazharî, vol 2, p 47 - 48
- ↑ Al-Fakhr ar-Râzî, At-Tafsîr al-Kabîr, vol 8, p 247 ; Hasanzâdiyi Âmulî, Hizâru Yik Nukti, p 603, point 748