Jeûne du silence

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Jeûne du silence (en arabe : صوم الصَمت) est une pratique dans laquelle une personne, dans le but de se rapprocher de Dieu et avec l'intention du jeûne, ne parle pas pendant une partie ou la totalité de la journée. D'après les juristes chiites et sunnites, le jeûne du silence est interdit et haram. Cependant, si une personne garde le silence sans intention de jeûner, même si cela dure toute la journée, ce n'est pas interdit. Le jeûne du silence était courant chez les Banû Israël, mais qu'il a été abrogé dans l'islam.

Concept et les antécédents du jeûne silencieux

Le jeûne du silence est une pratique où une personne, dans le but de se rapprocher d’Allah et avec l'intention de jeûner, ne parle pas du début du matin jusqu'au soir ou pendant une partie de la journée.[1] Les juristes chiites parlèrent du précepte de la loi islamique sur le jeûne du silence et également du silence sans intention de jeûner pendant la journée.[2]

‘Allâma al-Majlisî, un érudit chiite décédé en 1110 h / 1699 c, croit que le jeûne du silence était permis chez les Banû Israël et était considéré comme une des conditions de l'ascétisme parmi les adorateurs des Enfants d'Israël, mais qu'il a été abrogé dans l'islam.[3] Certains déduirent également du verset 26 de la sourate Maryam[Note 1] que le jeûne du silence était légitime chez les Banû Israël, mais que l'islam l’interdit.[4]

Dans certains hadiths, le jeûne du silence est appelé « Zamm ».[5] Le « Zamm » était une bride utilisée pour guider le chameau, et les ascètes des Banû Israël plaçaient quelque chose de similaire dans leur bouche afin de ne pas parler pendant la journée.[6]

Interdiction du jeûne du silence

Le jeûne du silence est considéré comme illicite à la fois dans le fiqh chiite[7] et dans le fiqh sunnite.[8]

Point de vue chiite

Les juristes chiites classèrent le jeûne du silence parmi les jeûnes interdits.[9] Ils citèrent de nombreux hadiths du Prophète Muhammad (s) et des Imams infaillibles (a) condamnant cette pratique comme preuve de son illicéité.[10] L’ayatollah Fâdil Lankarânî, un juriste chiite du 21e siècle, croit que les actes obligatoires ou interdits pour le jeûneur sont spécifiés dans la charia islamique, et que le silence n'en fait pas partie. Donc le pratiquer est une innovation (al-Bid‘a) et illicite.[11]

Les juristes considèrent que garder le silence sans intention de jeûne, même si cela dure toute la journée, n'est pas interdit.[12]

Point de vue sunnite

En citant des hadiths du Messager d’Allah (s), les juristes sunnites considérèrent également le jeûne du silence comme illicite.[13] Par exemple, Abû Hanîfa (150 h / 768 c), l'imam des hanafites sunnites,[14] az-Zamakhsharî (538 h / 1144 c), un exégète sunnite du Coran,[15] et Ibn Qudâma (620 h / 1223 c),[16] comptent parmi les savants qui évoquèrent l'interdiction du jeûne du silence.

Note

  1. Mange et bois et que ton œil se sèche ! Dès que tu verras quelque mortel, dis : « Je voue au Seigneur un jeûne et ne parlerai aujourd'hui à aucun humain ! » (26).

Références

  1. Imâm Khumaynî, Tahrîr al-Wasîla, vol 1, p 555
  2. Imâm Khumaynî, Tahrîr al-Wasîla, vol 1, p 555
  3. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 68, p 404
  4. Mu’assisiyi Dâ’irat al-Ma‘ârif al-Fiqh al-Islâmî, Farhang Fiqh Mutâbiq Madhhab Ahl Bayt (a), sous le mot « Sukût »
  5. Cheikh al-Hurr al-‘ milî, Wasâ'il ash-Shî'a, vol 10, p 524
  6. Cheikh as-Sadûq, Al-Khisâl, vol 1, p 138
  7. Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 2, p 79
  8. Isfahânî, Musnad Abû Hanîfî, vol 1, p 192
  9. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 17, p 125
  10. Dhihnî Tihrânî, Al-Mabâhith al-Fiqhîyya, vol 5, p 260
  11. Fâdil Muwahhidî Lankarânî, Tafsîl ash-Sharî‘a, vol 8, p 336
  12. Imâm Khumaynî, Tahrîr al-Wasîla, vol 1, p 555
  13. Ibn Qudâma al-Maqdisîy, Al-Mughnî, vol 3, p 76
  14. Isfahânî, Musnad Abû Hanîfî, vol 1, p 192
  15. Az-Zamakhsharî, Al-Kashshâf, vol 3, p 16
  16. Ibn Qudâma al-Maqdisîy, Al-Mughnî, vol 3, p 76