At-Tabâkî
At-Tabâkî (en arabe : التباكي) signifie simuler des pleurs. Dans la culture chiite, il est considéré comme très vertueux et recommandé de pleurer ou de simuler des pleurs pendant les actes d'adoration ainsi que lors des périodes de deuil pour l'Imam al-Husayn (a). Si quelqu'un ne peut pas réellement pleurer lors du deuil pour l'Imam al-Husayn (a) ou les autres Ahl al-Bayt (a), pendant la récitation de supplications, dans sa prière, son pèlerinage et lors de la récitation ou de l'écoute du Coran, il est recommandé de simuler des pleurs.
Simuler des pleurs (at-Tabâkî) est différent de pleurer par hypocrisie (ar-Rîyâ’) ; il est donc acceptable seulement s'il est fait dévouement pour l'amour de Dieu.
Sens du concept
At-Tabâkî dans le sens linguistique signifie se faire pleurer soi-même ou simuler des pleurs. Comme lorsque deux personnes ou deux groupes se font pleurer mutuellement en mentionnant les épreuves de l'Imam al-Husayn (a).
Dans la culture chiite, at-Tabâkî est une action appréciée et il est considéré comme le pleure et a la même récompense divine que la véritable action de pleurer.[1]
At-Tabâkî lors des périodes de deuil des Ahl al-Bayt (a) signifie que la personne entre dans un état de pleurs afin que cela suscite en elle une douceur du cœur, une émotion intérieure et des larmes. Ainsi, on peut considérer at-Tabâkî comme une forme d'humilité et de soumission extérieure qui conduit à la piété et à l'humilité intérieure.[2]
Selon les hadiths, lorsque quelqu'un ne peut pas pleurer, il est préférable qu'il fasse un effort pour faire sortir une goutte de larmes de ses yeux ou qu'il se comporte comme ceux qui pleurent jusqu'à ce qu'il ne soit pas privé des récompenses des pleureurs.[3] At-Tabâkî est différent du fait de pleurer par hypocrisie et ne sera accepté que s'il est fait avec sincérité et dévouement à Allah.[4]
Exemples d’at-Tabâkî
Dans le deuil de l’Imam al-Husayn (a)
Il est mentionné dans les hadiths que si quelqu'un pleure pour l'Imam al-Husayn (a), fait pleurer quelqu'un d'autre pour lui ou fait semblant de pleurer (at-Tabâkî), le Paradis lui est assuré.[5]
Dans le contexte du deuil de l'Imam al-Husayn (a), at-Tabâkî signifie que la personne se plonge dans un état de pleurs et de tristesse afin d'être comptée parmi les endeuillé de l’Imam (a) et de bénéficier de la récompense spirituelle qui en découle.[6] Al-Muhaddith an-Nûrî, le savant chiite, avait dit que l'objectif de souligner at-Tabâkî dans le deuil de l’Imam al-Husayn (a) et des Ahl al-Bayt (a) pourrait être de rendre la tragédie visible et d'influencer les autres de telle manière qu'ils se mettent également à pleurer.[7]
Murtidâ Mutahharî, un penseur chiite, considère at-Tabâkî et la simulation de pleurs pour les martyrs de Karbala comme une déclaration d'allégeance au groupe de la vérité et une déclaration de guerre au groupe du faux, ajoutant que dans ce cas, le deuil pour le martyre de l'Imam al-Husayn (a) est une lutte sociale.[8]
Pendant les cultes
D’après les hadiths, lorsque quelqu'un prie Allah et demande la réalisation de ses besoins ou craint qu'une chose se produise, il est préférable de pleurer ou de faire semblant de pleurer,[9] car cela est dû au fait que cette action suscite une humilité du cœur de l'individu envers le Seigneur.
Aussi, dans un autre hadith, nous lisons : faites semblant de pleurer et essayez d'avoir au moins une goutte de larme qui coule de vos yeux, même en vous remémorant l'un de vos proches décédés.[10]
Conformément au hadith du Prophète (s), si quelqu'un pleure ou fait semblant de pleurer en récitant le Coran ou en l'écoutant, alors le Paradis lui est assuré.[11] De plus, selon d'autres hadiths, il est recommandé de faire semblant de pleurer par crainte d'Allah, par amour pour Allah, par désir du Paradis ou par peur de l'Enfer, en particulier pendant la prière, les invocations, le Dhikr et lors des pratiques du pèlerinage, notamment pendant le Sa‘y, le séjour à ‘Arafât et en haut du mont Marwa.[12]
Références
- ↑ Ayatollah Makârim, ‘Âshûrâ Rîshihâ Angîzihâ Rûydâdhâ, p 81
- ↑ Mazâhirî, Farhang Sûg Shî‘î, p 112
- ↑ Al-Majlisî, Mir’ât al-‘Uqûl, vol 12, p 56
- ↑ Ahmadwand, Hadîth Bûyi Sîb, p 99
- ↑ Ayatollah Hasanzâdi Âmolî, Nâmihâ Barnâmihâ, p 284
- ↑ Ayatollah Makârim, ‘Âshûrâ Rîshihâ Angîzihâ Rûydâdhâ, p 81
- ↑ Mazâhirî, Farhang Sûg Shî‘î, p 112
- ↑ Ayatollah Mutaharî, Barrisî Ijmâlî Nihdathâyi Islâmî dar Sad Sâliyi Akhîr, p 83
- ↑ Al-Majlisî, Mir’ât al-‘Uqûl, vol 12, p 57 ; Ghaffârî Sârawî, iîn Bandigî wa Nîyâyish, p 289
- ↑ An-Nûrî, Mustadrak al-Wasâ’il, vol 5, p 205
- ↑ Mu’addab, I‘jâz Qur’ân dar Nazar Ahl Biyt, p 184 ; Mahmûdî, Tartîb al-Amâlî, vol 8, p 369
- ↑ Cheikh al-Hurr al-‘ milî, Wasâ'il ash-Shî'a, vol 6, p 289 ; Farhang Fiqh Fârsî, vol 2, p 326 ; Sâdiqî Ardistânî, Hajj az Mîqât tâ Mî‘âd, p 145