Turbat de prière

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Turbat de prière en Turbat de l'Imam al-Husayn (a)

Turbat de prière (en arabe : تربة) ou muhr de prière (en persan : مُهر) est un morceau de pierre ou d'argile moulée, sur lequel les chiites mettent leur front lorsqu'ils se prosternent dans la prière. Selon les chiites l'argile moulée n'est pas essentielle à la prostration, et on peut se prosterner aussi sur le sol, la terre, la pierre, ou ce qui pousse à partir du sol (sauf les choses comestibles et portables).

Cette pratique trouve ses racine dans la tradition prophétique et imamite, le fait qu'ils se prosternaient sur la terre, la pierre et le sol.

D'après les chiites, il est recommandé de se prosterner sur la terre bénie de la tombe de l'Imam al-Husayn (a) (Turbat de l'Imam al-Husayn (a)). Normalement l'argile moulée (muhr) sur laquelle les chiites se prosternent est fabriquée avec la terre de Karbala.

Les wahhabites considèrent cette pratique, et l'importance que les chiites accordent à la terre de Karbala, comme une bid'a (une invention blâmable), alors que pour les chiites, la turbat de prière est en fait d'abord de la terre.

Histoire

Au début de l'islam, les musulmans couvraient généralement le sol des mosquées et des maisons avec de la terre, du sable, des nattes de feuilles de palmier etc., sur lesquelles la prostration est acceptable. Dans de nombreux hadiths transmis par les chiites et les sunnites, le Prophète (s) et ses compagnons se prosternaient sur le sol, sur les cailloux [1] et sur le tapis de feuilles de palmier[2].

De plus, selon les hadiths chiites, les Ahl al-Bayt (a) [3] se prosternaient en plus de cela, surtout sur la terre de la tombe de l'Imam al-Husayn (a) [4]. Les chiites fabriquaient ainsi progressivement des bloc de terre pour faciliter leur prostration et l'appelaient turbah. Au bout d'un certain temps, l'utilisation de la turbah est devenue courante chez les chiites et cela est devenue finalement un signe distinctif des chiites.

Point de vue chiite

Selon le fiqh chiite, la turbat n'est pas essentielle à la prostration et l'obligation est plutôt de se prosterner sur le sol, les éléments du sol ou les choses qui poussent du sol (sauf les choses comestibles et portatives) [5].

Selon le fiqh chiite, il est recommandé de se prosterner sur la terre de Karbala et cela est considéré comme la meilleure des choses[6]. Ainsi, les chiites utilisent de la terre de la tombe de l'Imam al-Husayn (a) pour y fabriquer la turbat de prière[7].

Illégitimité de l'utilisation de la Turbah

Certains marja's ont déclaré qu'il n'était pas permis d'utiliser la turbat dans certaines conditions ou à certains endroits. Par exemple l'utilisation de la turbat de prière à al-Masjid an-Nabî et à al-Masjid al-Haram n'est pas autorisée, et cela pour ne pas attirer les attentions des non chiites et de ceux qui sont hostile aux chiisme parce que un tel acte pourrait provoquer des propos blâmables contre les chiites, et aussi parce qu'il est contre la pratique d'at-Taqîyya et contre l'idéal de l'union des musulmans [8].

Point de vue des wahhabites

Article connexe : wahhabites.

Selon les décisions des érudits sunnites spécialistes du fiqh, il n'est pas obligatoire de mettre le front sur la terre pour la prostration, mais se prosterner sur tout ce qui n'est pas najis (impur) est valable [9]. Les sunnites ne se prosterne pas alors sur un objet particulier, ni la turbat.

Les wahhabites, eux, sont carrément contre le fait de se prosterner sur la turbat et la considèrent comme une bid'a (innovation blâmable) ; tandis que les chiites croient que la turbat est en fait comme de la terre et non pas comme un objet particulier, ni sacré ; de plus ils considèrent que le Prophète (s) et ses compagnons se prosternaient toujours sur les cailloux ou de la terre[10].

Al-'Allâma Amînî a écrit le As-Sujûd 'ala at-Turbat al-Husaynîyya pour rejeter l'idée qui considère la prosternation sur la turbat comme bid'a et écrit :

"Comment cela se fait alors que Masruq b. al-Ajda' (sunnite) prenait de la terre de Médine pour se prosterner sur cette terre lors de ses prières ? Cet acte n'est-il pas de bis'a alors ?[11], et est-ce que c'est seulement la terre de Karbala et le fait de fabriquer de la turbat de prière avec cette terre, peut être considéré comme bid'a ?[12]

Aussi, certains marja's chiites considéraient que le fait de se prosterner sur la turbat est une tradition, alors que le fait de se prosterner sur le tapis est une innovation (bid'a).

Les wahhabites considèrent le fait de se prosterner sur la turbat comme un acte polythéiste (shirk) et prétendent que les chiites adorent la turbat! Les chiites répondent à cette fausse affirmation que, si le fait de se prosterner sur la turbat est un acte polythéiste, le fait de se prosterner sur le tapis et les vêtements serait alors aussi un acte polythéiste! et on peut dire ainsi que les wahhabites aussi adorent le tapis!

Caractéristiques apparentes

La turbat de prière parmi les chiite se fabrique avec de la terre et de pierre de différentes formes et tailles. Les chiites fabriquent des turbats de prière à partir de différents types de terre et de pierres, mais en raison des mérites mentionnés dans les hadiths au sujet de la terre de Karbala, les chiites s'intéressent aux turbat de prière qui sont fabriqués avec la terre de Karbala.

Voir aussi

Turbat

Références

  1. Ibn Taymiya, al-Fatâwî al-Kubrâ, vol.2, p. 61
  2. Bayhaqî, al-Sunan al-kubrâ, vol. 2, p. 104; Kulaynî, Kâfî, vol. 3, p. 231-232
  3. Mûsawî al-Kharsân, al-Sujûd 'alâ l-turbat al-Husayniyya, p. 113-114.
  4. Hurr al-'Âmilî, Wasâ'il al-Shi'a, vol. 5, p. 366.
  5. Hurr al-'Âmilî, Wasâ'il al-Shî'a, vol. 5, p. 366; Burūûirdî, Tibyân al-salât, vol. 6, p. 68.
  6. Hurr al-'Âmilî, Wasâʾil al-Shîʿa, vol. 5, p. 366; Sadûq, Man lâ yahduruh al-faqîh, vol. 1, p. 266-268.
  7. Amînî, al-Sujûd 'Alâ l-turbat al-Husaynâyya, p. 66-67
  8. Mahmûdî, Manâsik-i hajj, p. 608
  9. Al-Mawsû'a al-fiqhîyya al-kuwiyytiyya, vol. 24, p. 201
  10. Ibn Tiymâyya, al-Fatâwâ al-kubrâ, vol. 2, p. 61
  11. Ibn Abî Shayba al-Kûfî, al-Musannaf, vol. 2, p. 172.
  12. Amînî, al-Sujûd 'alâ l-turbat al-Husaynîyya, p. 66-67.