Asîya l'épouse du Pharaon

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Asîya l'épouse du Pharaon (en arabe : آسية زوجة فرعون) est Asîya bt. Muzâhim b. ‘Ubayd, qui joua un rôle important dans le sauvetage de Moïse (a) de la rivière du Nil. Elle est mentionnée dans le Coran et les hadiths avec éloges.

Asîya crut en Allah Tout-Puissant et en Son prophète, Moïse (a). Malgré le fait qu'elle était l’épouse du Pharaon, ce dernier n'hésita pas à la tuer lorsqu'il fut convaincu de sa foi. Dans ses derniers moments de torture par Pharaon, elle invoqua cette supplication :

« Seigneur !, construis-moi, auprès de Toi, une demeure dans le Paradis ! Sauve-moi du Pharaon et de ses œuvres ! Sauve-moi du peuple des Injuste. »[1]

Il est rapporté du Prophète Muhammad (s) qu'elle fait partie des meilleures femmes des gens du Paradis, aux côtés de Khadidja bt. Khuwaylid, Fatima bt. Muhammad et Marie bt. ‘Imrân.

Présentation

Asîya bt. Muzâhim b. ‘Ubayd b. ar-Rayyân b. Al-Walîd était l’épouse du Pharaon qui était le souverain de l'Égypte à l'époque du Prophète Joseph (a). On dit qu'elle était originaire des Banû Israël,[2] voire qu'elle était la tante du Prophète Moïse (a).[3] Elle était une croyante qui cachait sa foi.[4]

Dans le Coran

Le nom « Âsîya » n'est pas mentionné dans le Coran. Cependant, les exégètes du Coran considèrent que le terme : « la femme du Pharaon » citée à deux reprises[5] dans le Coran, fait référence à Âsîya. Selon le verset 9 de la sourate al-Qasas, lors de la découverte de Moïse (a) dans l'eau, Âsîya était y présente et c’était elle qui encouragea Pharaon à sauver la vie de Moïse.[6]

De plus, dans le verset 11 de la sourate at-Tahrîm, Âsîya est mentionnée en contraste avec des femmes comme la femme du Prophète Noé (a) et la femme du Prophète Lot (a), qui malgré leur proximité avec les prophètes divins (a), rejetèrent la foi en Dieu.
Âsîya, en revanche, est présentée comme un exemple de vertu.[7] Dans ce verset, Âsîya demande à Dieu de lui construire une demeure dans le Paradis et de la sauver du Pharaon et de son peuple injuste.

وَضَرَ‌بَ اللَّـهُ مَثَلًا لِّلَّذِينَ آمَنُوا امْرَ‌أَتَ فِرْ‌عَوْنَ إِذْ قَالَتْ رَ‌بِّ ابْنِ لِي عِندَكَ بَيْتًا فِي الْجَنَّةِ وَنَجِّنِي مِن فِرْ‌عَوْنَ وَعَمَلِهِ وَنَجِّنِي مِنَ الْقَوْمِ الظَّالِمِينَ ﴿١١﴾
Allah a proposé [aussi] un exemple, à ceux qui croient : la femme de Pharaon, quand elle s'écria : « Seigneur !, construis-moi, auprès de Toi, une demeure dans le Jardin ! Sauve-moi de Pharaon et de ses œuvres ! Sauve-moi du peuple des Injustes ! » (11)
Coran, sourate 66, verset 11 ; Traduction du Coran, Régis Blachère

Dans les hadiths

Dans certaines hadiths, Âsîya est mentionnée aux côtés de Marie (a), Sayyida Khadidja (a) et la Dame Fatima Zahra (a) en tant que plus éminente et les Maîtresses des femmes du monde.[8] Nous voyons que dans d'autres hadith, seule Sayyida Fatima Zahra (a) est présentée comme la Maîtresse des femmes du monde. Mais, ce que quatre femmes sont les Maîtresses des femmes du monde n'est pas contradictoire, si l'une d'entre elles est supérieure aux autres.[9]
Murtidâ Mutahharî, se basant sur les hadiths des Ahl al-Bayt (a), répertorie les quatre femmes les plus complètes du monde : deux d'entre elles sont Âsîya et Marie dans les nations précédentes, et les deux autres sont la Dame Khadidja (a) et Sayyida Fatima (a) dans l'islam. Il souligne que la plus éminente des femmes entre elles est Fatima.[10]

Conformément aux hadiths mentionnés dans certaines sources de hadith chiite, lors de la naissance de Sayyida Zahra (a), les femmes de Quraysh laissèrent Khadidja (a) seule. Allah envoya donc des femmes vers Sayyida Khadidja (a), parmi lesquelles se trouvaient Marie et Âsîya. Dans cette hadiths, Âsîya est mentionnée comme étant la compagne de Khadidja (a) au Paradis.[11]
De plus, selon un autre hadith, lorsque la Dame Khadidja (a) est décédée, sa fille, Fatima (a) qui avait 5 ans à cette époque, sa mère lui manqua. Le Prophète (s) montra à Fatima (a) sa position au Paradis, aux côtés de Marie et Âsîya.[12]

Histoire de Âsîya avec le Prophète Moïse (a) et le Pharaon

Selon le livre Tafsîr al-Qummî, lorsque la mère du Prophète Moïse (a), portait Moïse, la grossesse de sa mère ne se manifesta pas avant l'accouchement. Les Banû Israël avaient informé Pharaon que quelqu'un naîtrait parmi eux, un homme appelé Moïse b. ‘Imrân, qui causerait la destruction du Pharaon et de ses partisans. À cet instant, Pharaon déclara :

« Je vais tuer tous leurs garçons pour empêcher qu'ils n'obtiennent ce qu'ils veulent. »[13]

Un jour, la vertueuse Âsîya dit à Pharaon :

« C'est le temps de la floraison, laisse-moi sortir et construis une coupole au bord du Nil, pour que je puisse me promener pendant ces jours-là. »

Le Pharaon lui fit construire une coupole au bord du Nil. A ce moment-ci, elle vit une chose sur l’eau et dit :

« Ne voyez-vous pas ce que je vois sur l'eau ? »

Ils répondirent qu’ils voyaient également quelque chose. Lorsque le coffre s'approcha, elle le prit et le plaça dans sa chambre. À l'intérieur se trouvait un garçon, le plus beau et le plus noble des hommes. L'amour déborda de son cœur. Elle se rendit ensuite auprès du Pharaon et lui dit :

« J'ai trouvé un garçon très charmant. Adoptons-le comme notre enfant. Il sera joie de nos yeux. Ne le tue pas. »[14]

Cela correspond au verset du Coran :

وَقَالَتِ امْرَ‌أَتُ فِرْ‌عَوْنَ قُرَّ‌تُ عَيْنٍ لِّي وَلَكَ ۖ لَا تَقْتُلُوهُ عَسَىٰ أَن يَنفَعَنَا أَوْ نَتَّخِذَهُ وَلَدًا وَهُمْ لَا يَشْعُرُ‌ونَ ﴿٩﴾
La femme de Pharaon dit : « [Cet enfant sera] fraîcheur de l'œil pour toi et moi. Ne le tuez point ! Peut-être nous sera-t-il utile ou le prendrons-nous comme enfant. » Ils ne pressentaient [rien]. ﴾9﴿
Coran, s XXVIII, v 9, Traduction de Régis Blachère

Ainsi, elle implora la clémence de son époux, le Pharaon qui était un homme tyran, et lui fit espérer qu'il lui serait bénéfique. Elle l'empêcha de le tuer en disant :

« L'adoption et la bonté suscitent l'amour dans le cœur de celui qui adopte. Il nous sera utile sans nous causer de tort. »[15]

C'est ainsi qu'elle fut la cause du salut du Prophète Moïse (a) de la mort certaine.[16]

Foi de Âsîya et son martyre

Après le déroulement de l'histoire de Moïse (a), y compris l'épisode de son allaitement connu et son retour à sa mère afin que rafraîchi fût son œil, et après qu'il ait atteint l'âge adulte, et après la domination des magiciens et les miracles vécus par Moïse (a), l’épouse du Pharaon crut au Prophète Moïse (a).
Une fois que son cœur s'installa dans la foi, elle tenta de cacher sa croyance. Cependant, la foi en la mission de Moïse (a) et l'amour d'Allah ne sont pas des choses faciles à dissimuler. Le Pharaon apprit donc que sa femme, Âsîya, avait cru en Moïse et avait abandonné l'adoration de son mari. Il la réprimanda à plusieurs reprises et insista pour qu'elle abandonne le Message d’Allah, Moïse (a) et son Seigneur, mais cette femme pieuse le refusa.[17]

Ensuite, le Pharaon ordonna qu'elle soit attachée par les mains et les pieds avec des clous et laissée sous le soleil brûlant, avec une énorme roche posée sur sa poitrine. Dans ces derniers moments, elle invoqua cette prière[18] :

... رَ‌بِّ ابْنِ لِي عِندَكَ بَيْتًا فِي الْجَنَّةِ ... ﴿١١﴾
« Seigneur !, construis-moi, auprès de Toi, une demeure dans le Jardin ! » (11)
Coran, sourate 66, verset 11 ; Traduction du Coran, Régis Blachère

At-Taqîyya

L'ayatollah Makârim Shîrâzî, en répondant à la question de pourquoi Âsîya ne pratiqua pas la taqiya, met l'accent sur deux facteurs :

  • At-Taqîyya est en réalité une transformation de la lutte et elle est obligatoire lorsque l’expression de la croyance met la vie d'une personne en danger sans aucun bénéfice significatif. Mais, parfois, l'amour d'une personne pour Dieu brûle d'une telle intensité que son comportement, ses actions et ses mouvements en sont clairement témoins, même si elle le dissimule dans ses paroles. L'amour de Âsîya pour Allah embrasa son cœur pur d'une manière telle que sa soif d'atteindre la vérité enflamma son âme, et rien ne pouvait le cacher.
  • La déclaration de foi et le martyre de Âsîya, suivis de la diffusion de cette nouvelle, avaient un impact plus puissant. Cependant, si elle avait pratiqué at-Taqîyya, sa foi intérieure n'aurait pas eu autant d'impact sur les gens. Le martyre de Âsîya était en soi une preuve solide de la véracité du Prophète Moïse (a) et de la fausseté des prétentions du Pharaon, et cela apporta réconfort et espoir dans le cœur et l'âme des croyants.[19]

Références

  1. La sourate at-Tahrîm, verset 11
  2. Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 1, p 276
  3. Al-Kâshânî, Khulâsat al-Manhaj, vol 4, p 152
  4. Ibn al-Athîr al-Jazarî, Al-Kâmil fi at-Târîkh, vol 1, p 128
  5. La sourate at-Tahrîm, verset 11 ; la sourate al-Qasas, verset 9
  6. Al-Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol 2, p 135
  7. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 19, p 344
  8. As-Suyûtî, Ad-Durr al-Manthûr, vol 3, p 23
  9. ‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 3, p 215
  10. ‘Allâmi Mutahharî, Majmû‘i Âthâr Shahîd Mutahharî, vol 27, p 490 - 491
  11. Cheikh as-Sadûq, Al-Amâlî, p 593 - 594 ; 'Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 16, p 80 - 81
  12. Cheikh at-Tûsî, Al-Amâlî, p 175
  13. Al-Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol 2, p 135
  14. Al-Bahrânî, Al-Burhân, vol 6, p 49
  15. La sourate al-Qisas, verset 9
  16. Ayatollah Subhânî, Qisas al-Qur’ânîya, vol 2, p 30 - 31
  17. Ayatollah Makârim Shîrâzî, Qisas al-Qur’â, vol 1, p 226
  18. Ayatollah Makârim Shîrâzî, al-Amthal, vol 18, p 462 - 463
  19. Ayatollah Makârim Shîrâzî, Mithâlhâyi Zîbâyi Qur’ân, vol 2, p 301