Sarîyya de l'Imam Ali (a) au Yémen

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Sarîyya de l'Imam Ali (a) au Yémen (en arabe : سرية الإمام علي إلى اليمن) était une mission de la part du Prophète Muhammad (s) au Prince des croyants, Ali (a) pour propager l'islam dans cette région. Certains rapports parlèrent de deux ou trois voyages de l'Imam Ali (a) au Yémen. L'Imam (a) réussit pendant ces voyages à attirer l'attention des tribus Hamdân et Madhhij pour accepter l'islam, ce qui prépara le terrain pour que toutes les tribus du Yémen se convertissent à l'islam. Plus tard, ces deux tribus faisaient partie des compagnons du Prince des croyants (a), de l'Imam al-Hasan (a) et de l'Imam al-Husayn (a).

Lors du partage du butin de cette expédition, certains des soldats de l'Imam Ali (a) se plaignirent de son comportement auprès du Messager de Dieu (s), ce qui provoqua la réaction du Prophète (s) et la déclaration des mérites de l'Imam Ali (a). Certains historiens sunnites croient que le sermon de Ghadir fut prononcé en réponse à ces plaintes. En réponse, les chercheurs parlèrent des divergences temporelles, spatiales, de contenu et de cause entre les paroles du Prophète en défense de l'Imam Ali (paix sur lui) et le sermon de Ghadir. Le temps et l'endroit de deux événements sont distincts. Cet événement est lié à l'année 8 ou 10 de l'Hégire (630 ou 632 c), tandis que l'événement de Ghadîr Khumm se produisit dans l'année 11 de l'Hégire (633 c), quelques mois avant le décès du Prophète Muhammad (s).
En ce qui concerne l'emplacement, les historiens indiquèrent que cet événement se déroula à La Mecque et certains le situèrent à Médine, alors que l'événement de Ghadîr Khumm eut lieu dans un endroit entre La Mecque et Médine appelé Ghadîr Khumm.

Le noble Prophète (s), lors de l'un de ces voyages ou d'une autre mission de l'Imam Ali (a), lui demanda de juger parmi les gens du Yémen.

Invitation des tribus yéménites à l'islam

Sarîyya de l'Imam Ali (a) au Yémen est considérée comme une mission de la part du Prophète Muhammad (s) pour inviter les habitants du Yémen à l'islam.[1] Sarîyya est un expression qui fait allusion aux batailles menées du vivant de l’Envoyé d’Allah (s) sans sa présence personnelle et sous le commandement de l'un de ses compagnons.
Ibn Hishâm et Ibn Sa‘d, les historiens sunnites, parlèrent de deux missions distinctes de l'Imam (a) au Yémen.[2] Certains estiment aussi que le nombre de ces voyages était de trois.[3] Il existe divers rapports sur le voyage du Prince des croyants l'Imam Ali (a) au Yémen et l'invitation des Yéménites à l'islam, dont certains concernent la tribu de Hamdân[4] et d'autres la tribu de Madhhij.[5]

Invitation de la tribu de Hamdân

Selon le livre « Târîkh Tabarî », le Messager d’Allah (s) envoya d'abord Khâlid b. al-Walîd au Yémen ; mais après six mois d'échec, au mois du Ramadan de la 10e année de l'Hégire (632 c), il (s) envoya son gendre et son cousin, Ali (a), dans ce pays avec une lettre.[6] At-Tabarî et certains autres historiens racontent lorsque l'Imam Ali (a) arriva au Yémen, il lut au peuple la lettre du Prophète (s) et toute la tribu de Hamdân se convertit à l'islam ce même jour.[7] Certains chercheurs datent ce voyage de la 8e année de l'hégire (630 c).[8]

Invitation de la tribu de Madhhij

Al-Wâqidî,[9] Ibn Sa‘d[10] et d'autres historiens[11] firent référence à une expédition dans laquelle le Prophète Muhammad (s) envoya le Prince des croyants, Ali (a) au Yémen avec trois cents cavaliers. L'Imam (a) rencontra d'abord la tribu de Madhhij et les invita à l'islam. Cette invitation fut accueillie par l'opposition, ils entrèrent en guerre avec les compagnons de l’Imam (a). Après cet affrontement qui entraîna la mort d'une vingtaine d'entre eux, ils acceptèrent la nouvelle invitation de l'Imam Ali (a) et se convertirent à l'islam. Cette Sarîyya fut rapportée au mois du Ramadan de la 10e année de l’hégire.[12]

Certain rapportèrent que lors de ce voyage, Ka‘b al-Ahbâr, l'un des savants juifs, rencontra l'Imam Ali (a) et après lui avoir posé des questions sur l'islam et le Messager d’Allah (s), se convertit à l'islam et essaya d'inviter aussi les savants juifs de sa région à l'islam.[13]

Partage des butins

Le Prince des croyants, Ali (a), après la guerre contre les Madhhij, obtint du butin et, après en avoir prélevé le cinquième (Khums), le distribua entre les soldats.[14] Selon la coutume des anciens commandants, certains soldats demandèrent à l'Imam (a) de leur donner une partie du Khums, mais l'Imam (a) refusa et dit qu'il apporterait tout le butin au noble Prophète (s) qui se rendait au pèlerinage, pour qu'il décide comment procéder.[15]
D’après un rapport, l'Imam Ali (a) écrivit dans une lettre à l’Envoyé de Dieu (s) au sujet de son action et le Messager de Dieu (s) lui répondit de se rendre auprès de lui et de participer aux rituels du hadj.[16]

Après son arrivée à Taïf, le Prince des croyants (a) confia le commandement de l'armée et la garde du Khums à Abû Râfi‘ et alla rejoindre le Prophète (s) à La Mecque. Certains demandèrent à Abû Râfi‘ de leur donner une partie du Khums et il accepta. Lors de sa nouvelle rencontre avec les soldats, l'Imam (a) réprimanda Abû Râfi‘ et reprit les biens des compagnons, ce qui les attrista et ils allèrent se plaindre auprès du Messager d’Allah.[17]

Le Prophète Muhammad (s) blâma ces personnes et, tout en énonçant les mérites de l'Imam Ali (a), approuva son action.[18][Note 1]

Un rapport de plaintes des compagnons contre l'Imam Ali (a) auprès du Prophète (s), après son envoi à la place de Khâlid b. al-Walîd, est également mentionné. À cette occasion aussi, le Prophète (s) défendit le Commandeur des croyants Ali (a) et énonca ses mérites.[20]

Lien entre le sermon de Ghadîr et la plainte contre l'Imam Ali (a)

Il est dit que l'objectif du sermon de Ghadîr prononcé par le Prophète (s) était de répondre aux plaintes de certains musulmans contre le Prince des croyants Ali (s) après la guerre du Yémen.[21] En réponse à cette objection, les chercheurs déclarèrent que ces deux événements étaient complètement indépendants et qu'il n'existait aucun lien temporel, spatial, substantiel ou causal entre eux.[22]

Différence de temps et de lieu entre les deux événements

Selon les chercheurs, dans les rapports de plainte de l'armée du Yémen, le Prophète (s) répondit immédiatement de manière explicite aux plaignants à l'époque, et qu'il ne laissa aucun point ambigu pour le compenser dans un événement ultérieur en prononçant un sermon à ce sujet.[23] Les historiens identifièrent la date de cet événement comme étant l'année 8 ou 10 de l'Hégire (630 ou 632 c). Cependant, l'événement de Ghadîr Khumm eut effectivement lieu quelques mois avant le décès du Messager de Dieu (s) et dans l'année 11 de l'Hégire (633 c).
De même, le lieu de l'événement de Ghadîr Khumm et celui de la plainte de l'armée du Yémen ne correspondent pas. L'événement de Ghadîr, selon les historiens, se déroula dans une zone entre La Mecque et Médine[24] ; mais certains rapports situent le lieu de la plainte à Médine et d'autres à La Mecque.[25]

Différence de contenu entre les deux événements

L'événement de Ghadîr n'a aucun lien substantiel avec la plainte de l'armée du Yémen ; parce que dans le hadith de Ghadîr, il n'y a aucune référence à la plainte, alors que dans les rapports du voyage de l'Imam Ali (a) au Yémen, on trouve dans les propos du Prophète (a) des expressions contenant le mot plainte, comme « Ne vous plaignez pas d’Ali ... ».[26]

De même, lors de l'événement de Ghadîr, le Prophète Muhammad (s) demanda aux gens s'il n'était pas leur Maître. Les gens reconnurent et témoignèrent que le Messager de Dieu (s) était bien leur Maître. Ensuite, l’Envoyé d’Allah (s) déclara qu'après lui, Ali serait leur Maître. Et ce contenu n'a aucun rapport avec la question des plaintes.
Aussi, lors de l'événement de Ghadîr, après que le Prophète (a) désigna Ali comme son successeur, les gens félicitèrent Ali et en lui prêtant allégeance l'appelèrent « Commandant des croyants ». Cela montre aussi que les gens comprirent, à partir des paroles du noble Prophète (s), la question de la succession et du califat de l’Imam Ali (a), ce qui n'a aucun lien avec la question des plaintes.[27]

On parla également de la divergence de cause entre les deux événements. Puisque les propos du Prophète (s) louant l'Imam Ali (a) étaient dus aux plaintes contre lui ; alors que selon l'opinion chiite et même de nombreux savants sunnites, le sermon de Ghadîr fut prononcé après la révélation du verset d’at-Tablîgh et fut suivi par la révélation du verset d’al-Ikmâl.[28]

Jugement de l'Imam Ali (a) au Yémen

Des sources telles que le Musnad d'Ibn Hanbal[29] et al-Mustadrak d'al-Hâkim al-Naysâbûrî[30] font référence à une mission dans laquelle le Messager d’Allah (s) demanda au Commandeur des croyants Ali (a) d’aller au Yémen pour juger parmi les gens. L'Imam (a) exprima des inquiétudes quant au fait que les gens n'accepteraient peut-être pas ses jugements en raison de son jeune âge. Le Prophète (s) lui donna alors des conseils pour faire cette tâche et pria pour lui.

Certains situent cette mission dans le cadre de l'un des voyages pour l'invitation des tribus de Hamdân et de Madhhij[31] et d’autres supposent que ce voyage n'est pas le voyage où l'Imam Ali (a) s'était rendu au Yémen pour inviter les gens à l'islam et que cette mission eut lieu entre les années 8 et 9 h (630 et 631 c). Et étant donné les nombreux jugements rapportés du Commandeur des croyants (a) au Yémen, il aurait passé beaucoup de temps au Yémen.[32]

Résultats de la présence de l'Imam Ali (a) au Yémen

Selon certains rapports, le voyage du Prince des croyants l’Imam Ali (a) au Yémen et la conversion à l'islam des tribus de Hamdân et de Madhhij conduisit les autres tribus du Yémen à suivre leur exemple et à accepter l'islam aussi.[33]

Les gens du Yémen, en particulier la tribu de Hamdân et de Madhhij, devinrent attachés à l'Imam (a) à partir de ce moment-là et firent partie de ses plus proches compagnons à Koufa[34] et accompagnèrent l'Imam (a) dans les batailles de Siffîn[35] et Nahrawân.[36]

Ils soutinrent également plus tard l'Imam al-Hasan (a)[37] et l'Imam al-Husayn (a).[38] Certains croient que leur dévouement et leur loyauté découlaient de leur profonde compréhension de l'islam et du statut spirituel de l'Imam Ali (a), y compris sa Wilayat et son succession.[39]

Note

  1. Lorsque l'Imam Ali (a) retourna de sa rencontre avec le Prophète (s), il trouva qu’Abû Râfi‘ avait habillé chaque homme avec des vêtements de soie qu'Ali avait pris des gens de Nadjran pour les donner au Messager d'Allah (s). L’Imam (a) fut irrité par cet agissement illégitime et lui dit :
    « Malheur à toi ! Qu'est-ce que c'est ? »
    Abû Râfi‘ :
    « J'ai habillé ces gens pour qu'ils se parent lorsqu'ils arriveront aux gens de La Mecque. »
    L’Imam (a) :
    « Malheur à toi ! Enlève-les avant d'arriver à l’Envoyé d'Allah. »
    Cet homme enleva donc les vêtements aux soldats et les remit à leur place avec les autres choses prises aux gens de Nadjran. Certains soldats furent mécontents qu'on leur enlève ces habits. Lorsqu'ils arrivèrent à La Mecque chez le Messager d'Allah (s), ils se plaignirent d'Ali (a). Le Prophète (s) dit alors que cessez de médire sur Ali, il est intrépide dans l'exécution des ordres de Dieu et n'est pas du genre à flatter ou complaire aux autres.[19]

Références

  1. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 131 - 132
  2. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 2, p 641 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 2, p 128
  3. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 85 - 89
  4. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 131 - 132
  5. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 3, p 1079
  6. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 131 - 132
  7. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 131 - 132 ; Al-Mas‘ûdî, At-Tanbîh wa al-Ishrâf, p 238
  8. Dahlân, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 2, p 371
  9. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 3, p 1079
  10. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 2, p 128 - 129
  11. Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 2, p 95 - 96 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 6, p 238
  12. Ibn al-Jawzî, al-Muntazam, vol 4, p 5
  13. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 3, p 1083 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 5, p 482
  14. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 2, p 128 - 129
  15. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 3, p 1079
  16. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 3, p 1081 - 1082
  17. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 3, p 1079 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 2, p 96
  18. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 2, p 603 ; Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 3, p 631
  19. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 21, p 385 ; Subhânî, Furûgh Abadîyat, p 927
  20. Bukhârî, Sahîh al-Bukhârî, vol 7, p 44 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 6, p 235
  21. Al-Bayhaqî, Al-I‘tiqâd, p 477 - 478
  22. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 89 - 90
  23. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 92
  24. Ya‘qûbî, Târîkh al-Ya‘qûbî, vol 2, p 112
  25. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 93
  26. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 94 - 95
  27. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 95
  28. Ridâ Nizhâd et Râd Fard, « Hadîth Ghadîr wa Shubhiyi Shikâyat az Amîr al-Mu’minîn (a) nazd Payâmbar Akram (s) », p 95 - 97
  29. Ibn Hanbal, Musnad, vol 2, p 225
  30. Al-Hâkim an-Niysâbûrî, Al-Mustadrak ‘ala as-Sahîhayn, vol 3, p 145
  31. Ja‘farîyân, Sîriyi Rasûl Khudâ (s), p 667
  32. Al-Amîn, Fî Rihâb A’imma Ahl al-Bayt (a), vol 1, p 256 - 257
  33. Al-Mas‘ûdî, At-Tanbîh wa al-Ishrâf, p 238 ; Al-Hajrî al-Yamânî, Majmû‘ Buldân al-Yaman, vol 2, p 753
  34. Ja‘farîyân, Sîriyi Rasûl Khudâ (s), p 666 - 667
  35. Al-Minqarî, Waq‘at Siffîn, p 252, 436 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 5, p 20 ; Al-Mas‘ûdî, Murûj adh-Dhahab, vol 2, p 389
  36. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 5, p 79
  37. Abu al-Faraj al-Isfahânî, Maqâtil at-Tâlibîyyîn, p 72
  38. Muntazir al-Qâ’im, Naqsh Qabîliyi Hamdân dar Târîkh Islâm wa Tashayyu‘, p 19 - 20
  39. Muntazir al-Qâ’im, Naqsh Qabîliyi Hamdân dar Târîkh Islâm wa Tashayyu‘, p 13 - 14