Abu al-Faraj al-Isfahânî

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Abu al-Faraj al-Isfahânî, (en arabe : أبو الفرج الأصفهاني), fut l'un des savants et écrivains du troisième et du quatrième siècle de l'Hégire lunaire. Le livre Maqâtil at-Tâlibîyayn est son œuvre la plus célèbre, qui contient l'histoire des fils et petits-fils d'Abu Talib depuis l'époque du Prophète (s) jusqu'au milieu du quatrième siècle de l'hégire lunaire. Son autre livre célèbre, al-Aghânî, est considéré comme la plus grande encyclopédie de la musique et de la culture, ainsi que la cour la plus complète de la poésie et de la prose, et des traditions préislamiques et au début de l'islam.

Les savants de la science d'ar-Rijâl chiites et sunnites considérèrent Abu al-Faraj al-Isfahânî comme un Zaïdite ; cependant, s'appuyant sur le fait qu'Abu al-Faraj fut un Marwânîte, certains se furent interrogés sur le fait qu'il soit chiite, et analysèrent son objectif de prendre une position chiite en abordant les dirigeants chiites.

Biographie

Ali b.al-Husayn b. Muhammad b. Ahmad b. al-Haytham al-Marwânî, connu sous le surnom d’Abu al-Faraj al-Isfahânî, fut un descendant de Marwân b. Muhammad connu sous le nom de Marwân al-Himâr, le dernier calife omeyyade.[1] Il est considéré comme l'un des plus grands savants dans diverses sciences telles que la littérature, la jurisprudence, l'histoire, la tradition, le vocabulaire, al-Maghâzî (Vérification et le rapport des nouvelles des batailles du Prophète (s)) et la généalogie de son époque.[2]

Il est né à Ispahan en l’an 284 H[3], à l'époque du califate d'al-Mu'tadid le calife abbasside[4] ; mais, il y a des désaccords sur sa naissance à Ispahan et son attribution à la ville.[5]

Abu al-Faraj al-Isfahânî étudia diverses sciences lorsqu'il fut enfant à Bagdad[6] et s'intéressa à la musique, à l'histoire, à l'enregistrement des hadiths et à la poésie dès son plus jeune âge. De nombreux historiens, dont Yâqût al-Himawî, Ibn Khallakân, ath-Tha'labî et Ibn Nadîm, parlèrent de sa place dans diverses sciences.[7] At-Tanûkhî, après avoir mentionné les sciences dans lesquelles il fut expert, déclara que toute la maîtrise des savants et la délicatesse des poètes étaient rassemblées en lui.[8]

Il fut convoqué à Bagdad par al-Mahallabî, le ministre de 'Izz ad-Dawla ad-Daylamî, et devint son conseiller et son compagnon spécial.[9] Selon Abu Hayyân at-Tawhîdî, il fut également le scribe de Rukn ad-Dawla.[10]

Il mourut le 14 Dhu al-Hijja en l'an 356 H[11] ou l'an 357 H à Bagdad et y fut enterré.[12]

Religion

De nombreux savants d'ar-Rijâl chiites, y compris cheikh at-Tûsî et Sayyid Abu al-Qâsim al-Khû'î, pensent qu'Abu al-Faraj al-Isfahânî fut un chiite.[13]

Ad-Dhahabî et Ibn Hajar al-'Asqalânî, considèrent son affiliation au chiisme[14] comme étrange compte tenu du fait qu'il fut un descendant de Marwân.[15]

Ibn al-Jawzî soutient que les hadiths rapporté par lui, ne sont pas authentiques en raison de son affiliation au chiisme.[16] Al-Khatîb al-Baghdâdî, se référant à Abu al-Faraj étant un chiite, le présenta comme le peuple le plus menteur.[17]

Cheikh at-Tûsî et al-Allâma al-Hillî, sur la base des déclarations d'Abu al-Faraj dans ses écrits, le considèrent parmi le Zaïdisme.[18] Mais, Muhammad Bâqir al-Khwânsârî mis en doute également son affiliation au chiisme ; il pensa qu'Abu al-Faraj prit des positions chiites pour des raisons politiques. Selon al-Khwânsârî, être un descendant de Marwân compte comme une indication qu'il ne fut pas chiite.[19]

Abu al-Faraj, dans ses œuvres, en particulier al-Aghânî et Maqâtil at-Tâlibîyayn, mentionna avec grand respect l'Imam Ali (a) et ses enfants et, dans tous les cas, appela l'Imam Ali (a) comme le Commandant des croyants (Amîr al-Mu’minîn)[20] et au lieu de mots tels que Radî Allah 'Anh (que Dieu soit satisfait de lui), et Karam Allah Vajhah (Que Dieu l'honore et le glorifie) utilisa 'Alayh as-Salâm (que le salut soit sur lui) pour les Imams (a)[21], ce que peut être l'un des signes de son chiisme, et c'est probablement la raison pour laquelle certains sunnites le considèrent comme un chiite et ses hadiths et ses livres comme inauthentiques.[22]

Enseignants et étudiants

Abu al-Faraj Isfahânî assista aux réunions scientifiques de nombreux savants de son temps. Khatîb al-Baghdâdî et Yâqût al-Himawî mentionnèrent certains de ses al-Mashîkha (professeur de hadith)[23] ; Abu Bakr b. Durayd est considéré comme l'un de ses al-Mashîkha.[24]

Certains de ses autres professeurs sont :

  • Muhammad b. Jarîr b. Yazîd at-Tabarî
  • Ja'far b. Qudâma
  • Abu Bakr b. al-Anbârî
  • Fadl b. Hijab al-Jumahî
  • Ali b. Sulaymân al-Akhfash
  • Muhammad b. Abd Allah al-Hadramî
  • Muhammad b. Ja'far al-Qattât
  • Husayn b. 'Amr b. Abi Ahwas ath-Thaqafî
  • Ali b. Abbas al-Muqani'î
  • Ali b. Is’hâq b. Zâtîyâ
  • Abu Khatîb Baratî
  • et Muhammad b. Abbas Yazîd[25]

Certains savants tels que :

  • Abu Zakarîyyâ Yahyâ
  • Abu al-Husayn b. Dînâr
  • Ali b. Ibrâhim ad-Duhkî
  • Abu Is’hâq at-Tabarî
  • Ibrâhîm b. Mukhallad
  • Muhammad b. Abi al-Fawâris
  • At-Tanûkhî furent parmi ses élèves.[26]

Oeuvres

De nombreuses œuvres sont attribuées à Abu al-Faraj Isfahânî.[27] Il est l'auteur de nombreux ouvrages, notamment en poésie et en généalogie ; Certains bibliographes lui attribuèrent une trentaine d'ouvrages.[28] Les œuvres les plus célèbres écrites par lui sont Maqâtil at-Tâlibîyyan et al-Aghânî.[29]

Certaines de ses autres œuvres sont :

  • Nasab Banî Abd ash-Shams
  • Ayyâm al-Arabe
  • Jamharat an-Nasab
  • Âdâb al-ghurabâ'
  • Al-AKbâr wa aN-Nawâdir
  • Nasab Bani Shaybân[30]

Cheikh at-Tûsî dans son livre al-Fihrist, mentionna deux autres livres de lui avec les titres «Mâ Nazala Min al-Qur’ân fî Amîr al-Mu’minîn wa Ahl al-Bayt (a)» et «Fîhi Kalâm Fatima (a) fî Fadak».[31] De nombreux poèmes lui furent attribués sur divers sujets, et certains de ces poèmes furent cités dans l'introduction du livre d'al-Aghânî.[32]

Maqâtil at-Tâlibîyayn

Livre de Maqâtil at-Tâlibîyyîn écrit par Abu al-Faraj Isfahânî
Article connexe : Maqâtil at-Tâlibîyayn.

Le livre de Maqâtil at-Tâlibîyayn, écrit en arabe, en 19 chapitres et 216 sections. Ce livre raconte l'histoire des enfants et petits-enfants d'Abu Talib, le père de l'Imam Ali (a).[33]

Une description détaillée du martyre de Ja'far b. Abi Talib, l'Imam Ali (a), l'Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a), l'Imam al-Husayn (a), Sâhib Fakhkh, l'Imam al-Kâzim (a) et l'Imam ar-Ridâ (a), est considérée comme l'une des caractéristiques du livre de Maqâtil at-Tâlibîyayn.[34]

Ce livre fut compilé dans un style narratif et fut écrit à l'âge de 30 ans par Abu al-Faraj Isfahânî, vers l'année 313 H.[35] Cheikh al-Mufîd, dans son livre al-Irshâd, rapporta de nombreux hadiths du livre Maqâtil at-Tâlibîyayn.[36] Selon Rasûl Ja'farîyân, Abu al-Faraj Isfahânî raconta les récits du livre Maqâtil at-Tâlibîyayn principalement à partir du livre al-Mubaydda fî Akhbâr Âl Abi Talib, écrit par Ahmad b. ‘Ubayd Allah ath-Thaqafî, et utilisa également d'un autre livre appelé Maqâtil at-Tâlibîyayn de Muhammad b. Ali b. Hamza ‘Alawî.[37] Ce livre fut considéré par de nombreux auteurs en raison de son exhaustivité et de sa précision dans la citation des nouvelles ; comme certains savants tels que cheikh al-Mufîd le introduit à partir des principales sources.[38]

Al-Aghânî

Ce livre, qui est le résultat de cinquante ans de travail par Abu al-Faraj[39], est la plus grande encyclopédie de la musique et de la culture et la collection la plus complète de prose, de poésie et de récits arabes de l'ère préislamique[40] et islamique précoce[41], les biographies de musiciens et chanteurs de cette époque.[42] Az-Ziriklî écrit dans son livre qu'Abu l-Faraj offrit ce livra au souverain omeyyade d'Andalousie et reçut des cadeaux de la part de lui.[43]

Voir aussi

Références

  1. Âqâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 2, p 249, 1408 H ; al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, vol 8, p 198, 1406 H ; al-Amîn, Mustarikât A’yân ash-Shî’a, vol 3, p 146, 1408 H ; Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 14, 1994 C
  2. Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 397, 1417 H ; Ibn al-’Imâd al-Hanbalî, Shadharât adh-Dhahab, vol 4, p 292, 1406 H ; as-Safadî, Safr al-’Ayn, vol 2, p 7, 1425 H ; al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, vol 8, p 200, 1406 H ; qâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 2, p 249, 1408 H ; Khû’î, Mu’jam Rijâl al-Hadith, vol 11, p 368, 1372 H
  3. Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 398, 1417 H ; al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, vol 8, p 198, 1406 H
  4. Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 14, 1994 C
  5. Al-Amîn, Mustarikât A’yân ash-Shî’a, vol 3, p 146, 1408 H
  6. Al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, vol 8, p 198, 1406 H
  7. Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 15-16, 1994 C
  8. At-Tanûkhî, Nashwâr al-Muhâdara wa Akhbâr al-Mudhâkara, vol 4, p 10, 1391 H
  9. Ibn Khallakân, Wafayât al-A’yân, vol 3, p 308, 1364 SH ; adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 26, p 144, 1413 H ; Yâqût al-Hamawî, Mu’jam al-Udabâ’, vol 13, p 100, 1933 C
  10. Abû Hayyân at-Tawhîdî, Akhlâq al-Wazîrayn, p 421, 1922 C
  11. As-Safadî, al-Wâfî bi al-Wafîyyât, vol 21, p 16, 1420 H ; as-Safadî, Safr al-’Ayn, vol 2, p 7, 1425 H ; al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, vol 8, p 198, 1406 H
  12. Âqâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 21, p 376, 1408 H
  13. Cheikh at-Tûsî, al-Fihrist, p 544, 1420 H ; al-’Allâma al-Hillî, Khulâsat al-Aqwâl, p 465, 1381 SH ; Khû’î, Mu’jam Rijâl al-Hadîth, vol 11, p 367, 1372 H
  14. Ibn al-Jawzî, al-Mantazam, vol 14, p 185, 1412 H ; adh-Dhahabî, Sîyar A’lâm an-Nubalâ’, vol 16, p 202, 1414 H ; adh-Dhahabî, Mîzân al-I’tidâl, vol 3, p 123, 1382 H ; Ibn al-’Imâd, Shadharât adh-Dhahab, vol 4, p 292, 1406 H ; Ibn Khallakân, Wafayât al-A’yân, vol 3, p 308, 1364 SH ; Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 399, 1417 H
  15. Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 26, p 144, 1413 H ; Ibn al-’Imâd, Shadharât adh-Dhahab, vol 4, p 292, 1406 H
  16. Ibn al-Jawzî, al-Mantazam, vol 14, p 185, 1412 H
  17. Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 8, 1994 C
  18. Cheikh at-Tûsî, al-Fihrist, p 544, 1420 H ; al-’Allâma al-Hillî, Khulâsat al-Aqwâl, p 465, 1381 SH
  19. Khwansârî Isfhânî, Rawdât al-Jannât, vol 5, p 221, 1392 H
  20. Abu al-Faraj Isfahânî, Maqâtil at-Tâlibîyayn, p 39, Beyrouth
  21. Abu al-Faraj Isfahânî, Maqâtil at-Tâlibîyayn, p 41 et 59 et 69 et 116 et 118 et 412 et 460 , Beyrouth
  22. Ibn al-Jawzî, al-Mantazam, vol 14, p 185, 1412 H ; adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 26, p 144, 1413 H
  23. Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 397, 1417 H ; Yâqût al-Hamawî, Mu’jam al-Udabâ’, vol 13, p 95, 1933 C ; Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 14, 1994 C
  24. Ibn Durayd, al-Ishtiqâq, introduction, p 7, 1378 H
  25. Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 398, 1417 H ; Yâqût al-Hamawî, Mu’jam al-Udabâ’, vol 13, p 95, 1933 C ; Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 14, 1994 C
  26. Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 398, 1417 H ; adh-Dhahbî, Sîyar A’lâm an-Nubalâ’, vol 16, p 202, 1414 H
  27. Ibn al-’Imâd, Shadharât adh-Dhahab, vol 4, p 292, 1406 H
  28. Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 24, 1994 C
  29. Qâ’imî, Abu al-Faraj, p 50-51
  30. Ibn Khallakân, Wafayât al-A’yân, vol 3, p 308, 1364 SH ; Ibn Nadîm, Fihristi Ibn Nadîm, p 128, Beyrouth ; Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 11, p 397, 1417 H ; Cheikh at-Tûsî, al-Fihrist, p 281, 1420 H ; adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 26, p 144, 1413 H ; qâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 2, p 249, 1408 H ; az-ZIriklî, al-A’lâm, vol 4, p 278, 1989 C
  31. Cheikh at-Tûsî, al-Fihrist, p 544, 1420 H ; Khû’î, Mu’jam Rijâl al-Hadith, p 368, 1372 H
  32. Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 18-23, 1994 C
  33. ‘ dil, Abu al-Faraj Isfahânî va Tarjumi Maqâtil at-Tâlibîyyîn, p 48
  34. ‘ dil, Abu al-Faraj Isfahânî va Tarjumi Maqâtil at-Tâlibîyyîn, p 48
  35. Abu al-Faraj Isfahânî, Maqâtil at-Tâlibîyyîn, p 5, 1419 H ; ‘ dil, Abu al-Faraj Isfahânî va Tarjumi Maqâtil at-Tâlibîyyîn, p 48
  36. Khânjânî, Manâbi’i cheikh Mufîd da Guzârishhâyi Târîkhî, p 27-30
  37. Ja’farîyân, Ali b. Muhammad Nawfilî va Kitâbi al-Akhbâri Û, p 359
  38. Khânjânî, Manâbi’i cheikh Mufîd da Guzârishhâyi Târîkhî, Târîkh Islâm dar yîni Pazhûhish, n 19, 1387 SH
  39. Az-Ziriklî, al-A’lâm, vol 4, p 278, 1989 C ; Abu al-Faraj Isfahânî, al-Aghânî, vol 1, p 25, 1994 C
  40. Gulsurkhî, Kitâb al-Aghânî, p 111-112
  41. Gulsurkhî, Kitâb al-Aghânî, p 111-112
  42. Gulsurkhî, Kitâb al-Aghânî, p 111-112
  43. Az-Ziriklî, al-A’lâm, vol 4, p 278, 1989 C

Bibliographie