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Al-Jazîra al-Khadrâ’

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Al-Jazîra al-Khadrâ’ (en arabe : الجزيرة الخضراء) est une île mentionnée dans un récit comme étant la demeure de l’Imam Mahdi (a), le dernier des douze Imams (a) et de ses enfants pendant l’Occultation majeure. Al-Jazîra al-Khadrâ’ se traduit en français : « île verte ». Ce récit est devenu célèbre dans certains cercles chiites, mais il ne repose sur aucune source fiable ou narration acceptée. C’est pourquoi les chercheurs et les savants chiites entreprit de réviser les textes liés à cette question, d’enquêter sur sesdimentions, et de critiquer le sujet dans son ensemble.

Le récit d’al-Jazîra al-Khadrâ’ est mentionnée dans deux rapports distincts (l’un pour le 6e h / 12e siècle et l’autre pour le 7e h / 13e siècle), mais elle n’est enregistrée que dans les livres du 10e h / 16e siècle et après, et n’est pas présente dans les livres antérieurs. Certains auteurs comparèrent les caractéristiques d’al-Jazîra al-Khadrâ’ à un endroit appelé le triangle des Bermudes situé dans l’océan Atlantique. Cependant, d’autres chercheurs considérèrent cette affirmation comme erronée en mentionnant des caractéristiques distinctes entre ces deux lieux.

La plupart des savants chiites considèrent que le récit en question est fondamentalement peu fiable, avec des sources limitées et faibles qui ne méritent pas d’être prises au sérieux. Parmi les critiques de cette question, on trouve des personnalités telles que cheikh Âghâ Buzurg Tihrânî, l’ayatollah cheikh Ja‘far al-Kâshif al-Ghitâ’, Sayyid Ali Qâdî Tabâtabâ’î, Sayyid Muhammad Sadr, l’ayatollah at-Tustarî et Sayyid Ja‘far Murtadâ al-‘Âmilî.

Importance d’al-Jazîra al-Khadrâ’ dans les discussions islamiques

Jazîra Khadrâ’ (l’île verte) est une île au climat agréable où il est dit que l’Imam Mahdi (a) et ses descendants y vivent.[1] Cette île se trouve dans le sud de l’Espagne, près du détroit de Gibraltar, et était connue dans les anciennes sources sous le nom de Bâb al-Andalus.[2] Le lieu de résidence de l’Imam Mahdi était toujours une question pour les chiites, et auprès certains Jazîra Khadrâ’ peut être considérée comme une réponse à cette question.[3] Certains chercheurs comparèrent cette île au triangle des Bermudes, et des écrivains écrivirent des livres pour confirmer ou réfuter cette théorie.[4]

Le récit d’al-Jazîra al-Khazrâ’ pendant l’époque safavide attira l’attention.[5] Cependant, il est dit que ce récit est un problème historique et n’a pas de valeur doctrinal.[6] Étant donné que dans le rapport sur cette île, certains sujets juridiques furent également abordés, certains juristes se référèrent à ce rapport pour confirmer certaines perspectives juridiques.[7]

Récit d’al-Jazîra al-Khadrâ’

Le récit de Jazîra Khadrâ’ (l’île verte) est raconté dans deux récits.[8] L’un fut transmis par un individu nommé Ali b. Fâdil Mâzandarânî en 699 de l’hégire,[9] et l’autre par Ahmad b. Muhammad b. Yahyâ al-Anbârî en 543 h.[10] Cependant, ces deux histoires n’enregistrèrent que dans des livres du 10e siècle de l’hégire et ultérieurs, et ne sont pas accessibles dans les livres antérieurs à cette période.[11] Certains savants chiites acceptèrent ce récit,[12] mais beaucoup comme l’ayatollah cheikh Ja‘far al-Kâshf al-Ghitâ’, cheikh Âghâ buzurg Tihrânî et Sayyid Ja‘far Murtadâ ‘Âmilî le rejetèrent.[13]

Premier rapport

Ali b. Muhammad Bayâdî, le théologien chiite décédé en 877 de l’hégire, dans son livre « as-Sirât al-Mustaqîm »[14] et Muhaddith Nûrî, le spécialiste chiite de hadith décédé en 1320 de l’hégire, dans son livre « Jannat Al-Ma’awâ » de rapportèrent le récit de Jazîra Khadrâ’ de Kamâl ad-Dîn al-Anbârî en 543 de l’hégire.[15] Selon ce rapport, al-Anbârî était présent dans une assemblée où l’un des ministres des Abbassides critiqua le chiisme.[16] À ce moment-là, un homme prit la défense des chiites et raconta son propre voyage sur al-Jazîra al-Khadrâ’.[17] Il prétendait être arrivé sur des îles luxuriantes lors d’un voyage en mer où même le capitaine ne les reconnaissait pas.[18] Les habitants étaient très pieux là-bas.[19] Sur cette île, il y avait différentes villes gouvernées par les descendants de l’Imam Mahdi (a).[20]

Deuxième rapport

Le deuxième rapport est cité par ‘Allâma al-Majlisî dans le livre « Bihâr al-Anwâr »[21] du livre de Fadl b. Yahyâ at-Tayyibî, l’un des élèves d’al-Irbilî, l'historien chiite du 7e siècle de l’hégire.[22] D’après ce rapport, en l’an 699 h dans la ville de Hilla en Irak, Fadl b. Yahyâ aurait entendu l’histoire de son voyage vers cette île d’un homme appelé Ali b. Fâdil Mâzandarânî.[23]

Ali b. Fâdil Mâzandarânî se rend dans un terrain appelé les îles des chiites lors de ce voyage, et après un certain temps, il se rend à Jazîra Khadrâ’ (l’île verte) où les enfants de l’Imam Mahdi (a) vivaient ; une île que la mer Blanche avait enveloppée et où les navires ennemis coulaient en y entrant.[24] Ali b. Fâdil y rencontre le représentant spécial de l’Imam (a) nommé Sayyid Shams ad-Dîn Muhammad, dont la lignée remonte à l’Imam Mahdi à travers cinq intermédiaires.[25] Sayyid Shams ad-Dîn n’avait pas de contact direct avec l’Imam du Temps (a), mais chaque vendredi matin, il se rendait à un endroit pour rendre visite à l’Imam (a), où il trouve des feuilles contenant les questions et les préceptes nécessaires pour les gens.[26] Ali b. Fâdil pose de nombreuses questions religieuses à Sayyid Shams ad-Dîn et les compile dans un traité intitulé « al-Fawâ’id as-Shamsîyya ».[27] Enfin, Ali b. Fâdil retourne sur ordre de Sayyid Shams ad-Dîn, se rend à La Mecque pour accomplir le hadj, puis se rend en Irak et s’installe à la ville de Nadjaf.[28]

Critiques sur le récit d’al-Jazîra al-Khadrâ’

Les chercheurs soulevèrent les problèmes suivants concernant le rapport sur d’al-Jazîra al-Khadrâ’ :

  • Les deux récits proviennent de sources non fiables, datant des 6e et 7e siècles de l'hégire, et pour cette raison, elles ne sont pas considérées comme authentiques.[29] ‘Allâma al-Majlisî ne cita pas aux côtés des livres authentiques, mais le cita dans la section liée aux récits inconnus.[30]
  • Dans cette histoire, des éléments furent cités que les chercheurs islamiques nièrent[31] ; des éléments tels que la falsification du Coran,[32] le lien permanent avec l’Imam Mahdi (a).[33]
  • Certains parties de l’histoire sont en contradiction avec d’autres parties de celle-ci ; par exemple, la personne qui prétend être le représentant spécial de l’Imam Mahdi (a) ne l’a jamais vu ni entendu sa voix.[34]

Rasûl Ja‘farîyân, l’historien iranien du 21e siècle, considéra la plupart des critiques concernant cette affaire comme inutiles ; car cet événement n’est pas rapporté dans un hadith des Imams infaillibles (a), nécessitant ainsi une analyse documentaire comme les autres hadiths, mais plutôt ce récit est une narration historique et doit être critiquée selon des critères appropriés.[35]

Al-Jazîra al-Khadrâ’, le résidence d’un des descendants de l’Imam as-Sâdiq (a)

Selon Ali Akbar Ghaffârî, le spécialiste chiite de hadith décédé en 2004, l’histoire d’al-Jazîra al-Khadrâ’ ne concerne pas l’Imam Mahdi (a), mais plutôt l’un des descendants de l’Imam as-Sâdiq (a) connu sous le nom de « al-Qâ’im bi Amr Allah ».[36] D’après lui, pendant le règne des califes abbassides, certains des fils d’Ismaïl, le fils de l’Imam as-Sâdiq (a), acquirent du pouvoir en Afrique du Nord et dans d’autres régions.[37] Certains d’entre eux se révoltèrent contre les Abbassides et prétendirent l’Imamat.[38] L’un d’eux, nommé « al-Qâ’im bi Amr Allah », résidait sur al-Jazîra al-Khadrâ’, mais son nom et sa position provoquèrent une erreur.[39] Certains savants chiites du 21e siècle, tels que l’ayatollah Sha‘rânî et l’ayatollah Hasanzâdi Âmulî, croient également que le récit de Jazîra Khadrâ’ est lié à l’un des descendants de Fatimides appelé Mahdi, dont les enfants vivaient sur cette île et s’appliqua incorrectement à l’Imam Mahdi (a).[40]

rapport entre al-Jazîra al-Khadrâ’ et le Triangle des Bermudes

Le Triangle des Bermudes est une région de l’océan Atlantique qui s’applique à al-Jazîra al-Khadrâ’.

Dans l’océan Atlantique, il existe une zone appelée le Triangle des Bermudes où il est supposé qu’il y ait Jazîra Khadrâ’.[41] Il est dit que les caractéristiques similaires du Triangle des Bermudes et de Jazîra Khadrâ’ conduisirent à considérer ces deux zones comme identiques[42] ; car selon ces rapports, dans les deux zones il y a une mer blanche où les navires qui y passent ont des accidents et disparaissent.[43] Cependant, certains chercheurs rejetèrent cette affirmation avec les raisons suivantes :

  • Jazîra Khadrâ’ était dans la mer Méditerranée, mais le Triangle des Bermudes se situe dans l’océan Atlantique.[44]
  • Avoir certaines caractéristiques communes n’est pas une raison suffisante pour considérer les deux lieux comme identiques.[45]
  • Dans de nombreux cas, des navires allèrent dans le triangle des Bermudes et revinrent sans incident.[46]

Lire aussi

Le livre « al-Jazîra al-Khadrâ’ wa Muthallât Birmûdâ » (al-Jazîra al-Khadrâ’ et le triangle des Bermudes) écrit par Sayyid Ja‘far Murtadâ al-‘ milî.

De nombreux livres ont été écrits sur la critique ou l’approbation de l’île verte et de son lien avec l’Imam Mahdi (que la paix soit sur lui), parmi lesquels on peut citer les éléments suivants :

  • « Al-Jazîra al-Khadrâ’ wa Qadîyya Muthallât Birmûdâ » (al-Jazîra al-Khadrâ’ et le triangle des Bermudes) : ce livre est écrit par Nâjî an-Najjâr en arabe. L’auteur considère dans ce livre l’histoire de Jazîra Khadrâ’ comme véridique et la relie au triangle des Bermudes.[47] Ce livre fut publié pour la première fois en 1399 de l’hégire à Bagdad.[48] Sa publication suscita diverses réactions parmi les savants, entraînant la rédaction de livres critiquant ou approuvant son contenu.[49]
  • « Al-Jazîra al-Khadrâ’ wa Muthallât Birmûdâ » (al-Jazîra al-Khadrâ’ et le triangle des Bermudes) : cet ouvrage est écrit par Sayyid Ja‘far Murtadâ al-‘Âmilî. Le livre est structuré en quatre chapitres. Le premier chapitre relate l’histoire de l’île, tandis que les chapitres deux et trois examinent ce récit du point de vue de sa documentation et de son contenu. Dans le quatrième chapitre, l’auteur la compare et le triangle des Bermudes.[50]

Références

  1. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 159 ; Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 30
  2. Mihrîzî, « Jazîra Khadrâ’ », p 70
  3. Mihrîzî, « Jazîra Khadrâ’ », p 70
  4. Ja‘farîyân, Mahdîyân Durûghîn, p 226
  5. Ja‘farîyân, Mahdîyân Durûghîn, p 207
  6. Mihrîzî, « Jazîra Khadrâ’ », p 73
  7. Al-Bihbahânî, Al-Hâshîyya ‘Alâ Madârik al-Ahkâm, vol 3, p 187 ; Namâzî, Mustadrak Safînat al-Bihâr, vol 6, p 85
  8. Pazhûhishkadiyi Mahdawîyyat, Mahdawîyyat, Pursishhâ wa Pâsukhhâ, p 49
  9. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 159
  10. Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 30
  11. Ja‘farîyân, Mahdîyân Durûghîn, p 209 - 210
  12. Muhaddith an-Nûrî, Najm ath-Thâqib, vol 2, p 616
  13. Pazhûhishkadiyi Mahdawîyyat, Mahdawîyyat, Pursishhâ wa Pâsukhhâ, p 49
  14. Bayâdî, As-Sirât al-Mustaqîm, vol 2, p 264
  15. Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 30
  16. Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 31 ; Bayâdî, As-Sirât al-Mustaqîm, vol 2, p 264
  17. Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 31 ; Bayâdî, As-Sirât al-Mustaqîm, vol 2, p 264
  18. Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 32
  19. Bayâdî, As-Sirât al-Mustaqîm, vol 2, p 265
  20. Bayâdî, As-Sirât al-Mustaqîm, vol 2, p 265 - 266 ; Muhaddith an-Nûrî, Jannat al-Ma’wâ, p 32 - 38
  21. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 159
  22. Cheikh Âqâ Buzurg at-Tihrânî, Adh-Dharî‘a, vol 5, p 106
  23. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 159
  24. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 163 - 166
  25. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 167
  26. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 167 - 168
  27. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 170
  28. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 163 - 174
  29. Mihrîzî, « Jazîra Khadrâ’ », p 73
  30. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 52, p 159
  31. Tabasî, Tâ Zuhûr, vol 2, p 436 et 450
  32. Tabasî, Tâ Zuhûr, vol 2, p 452
  33. Tabasî, Tâ Zuhûr, vol 2, p 455
  34. Amînî, Dâdgustar Jahân, p 209
  35. Ja‘farîyân, Mahdîyân Durûghîn, p 230
  36. Ghaffârî, « Tashîh wa Tahqîq Mutûn Hadîthî », p 114
  37. Ghaffârî, « Tashîh wa Tahqîq Mutûn Hadîthî », p 114
  38. Ghaffârî, « Tashîh wa Tahqîq Mutûn Hadîthî », p 114
  39. Ghaffârî, « Tashîh wa Tahqîq Mutûn Hadîthî », p 114
  40. Sha‘rânî, Dam‘ as-Sujûm, p 440 ; Hasanzâdi Âmulî, Hizâr wa Yik Nukti, vol 6, p 260
  41. An-Najjâr, Al-Jazîrat al-Khadrâ’, p 14
  42. An-Najjâr, Al-Jazîrat al-Khadrâ’, p 14
  43. An-Najjâr, Al-Jazîrat al-Khadrâ’, p 30 ; ‘Âmilî, Al-Jazîrat al-Khadrâ’, p 86
  44. Salîmîyân, Darsnâmiyi Mahdawîyyat, vol 2, p 162
  45. ‘Âmilî, Al-Jazîrat al-Khadrâ’, p 86
  46. ‘Âmilî, Al-Jazîrat al-Khadrâ’, p 89
  47. Ja‘farîyân, Mahdîyân Durûghîn, p 226 - 228
  48. An-Najjâr, Al-Jazîra al-Khadrâ’, Identifiant du livre
  49. Ja‘farîyân, Mahdîyân Durûghîn, p 228 - 230
  50. Al-‘Âmilî, Al-Jazîra al-Khadrâ’, Identifiant du livre