Doutes dans la prière

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Doutes dans les prières (en arabe: الشَکّیّات) sont des doutes qui surviennent pendant la prière ou à la fin de la prière pour lesquelles il existe certaines préceptes. Selon les jurisconsultes, il est obligatoire pour certaines personnes de connaître les préceptes de doute.

Au moment où le doute survient, on devra faire un effort pour se rappeler; c’est-à-dire on ne devra pas penser directement à rompre la prière qu’on fait.

Celui qui doute plus qu'une personne normale ne devra pas tenir compte de son doute.

Doutes concernant la prière

Les doutes qui surviennent pendant la prière ou à la fin de la prière concernent les choses suivantes : la prière elle-même, les conditions relatives à la prière, les actes de la prière et le nombre de raka‘ât.

Lorsqu’on doute d’avoir accompli la prière

L’Imam al-Bâqir (a) a dit : « Si tu es sûr que tu n’as pas accompli une prière obligatoire ou tu doutes de l’avoir accomplie, et [tu sais] qu’il n’est pas trop tard pour la faire en son temps, tu devras l’accomplir. Et si tu doutes de cela au moment où il est trop tard pour la faire en son temps, tu n’auras pas besoin de la faire. Mais si tu te rends compte par la suite que tu ne l’as pas faite, tu devras la faire quel que soit l’état dont tu es ».[1]

Les jurisconsultes sont unanimes à dire ceci : « Si, après avoir accompli la prière, quelqu’un doute de l’avoir correctement faite, il ne devra pas tenir compte de son doute ».

Lorsqu’on doute d’avoir rempli toutes les conditions de la prière

Si, avant de commencer à faire la prière, quelqu’un doute d’avoir rempli toutes les conditions nécessaires pour pouvoir accomplir la prière (par exemple il doute de la pureté de ses vêtements, ou d’avoir couvert ses parties intimes), il devra d’abord s’assurer que toutes les conditions sont remplies.

Si le même doute survient pendant la prière, il devra interrompre sa prière pour s’assurer que toutes les conditions sont remplies. Et si le même doute survient après avoir fini de faire la prière, il ne devra pas en tenir compte, c’est-à-dire il n’aura pas besoin de refaire la prière.[2]

Lorsque le doute concerne l’un des actes de la prière

Les jurisconsultes distinguent deux sortes de doute :

a- Le doute qui survient avant d’entamer l’acte qui vient après celui dont on doute (par exemple lorsqu’on doute d’avoir fait takbirat-ul-ihrâm avant de commencer à réciter les sourates, ou bien lorsqu’on doute d’avoir récité les sourates avant de faire ar-rukû‘…). Dans un cas pareil, on doit accomplir l’acte dont on doute avant de passer à l’acte suivant. Cet avis s’appuie sur les hadiths d’Ahl-ul-bayt (a).

b- Le doute qui survient après avoir commencé à accomplir l’acte qui vient après celui dont on doute (par exemple lorsqu’on doute d’avoir fait takbirat-ul- ihrâm au moment où on récite les sourates…). Dans un cas pareil, on ne doit pas tenir compte du doute, c’est-à-dire on doit continuer de faire la prière.[3]

Lorsqu’on ne sait pas combien de raka‘ât on a faites

  • Si quelqu’un ne se souvient pas du nombre exacte de raka‘ât qu’il a faites mais pense que tel nombre est plus probable, il devra considérer ce nombre-là comme étant le nombre de raka‘ât qu’il a accomplies.
  • Si, pendant l'accomplissement de la prière de l’aube ou celle d’al-maghrib ou bien pendant l'accomplissement de la prière écourtée (celle que fait le voyageur), quelqu’un n’arrive pas à savoir combien de raka‘ât il a faites, sa prière sera incorrecte.
  • Si quelqu’un ne sait pas s’il a fait seulement une seule rak‘a ou bien plus d’une seule, il devra refaire sa prière.
  • Si quelqu’un ne sait pas s’il a fait seulement deux raka‘ât ou bien plus, et son doute survient avant qu’il termine as-sujûd, il devra refaire la prière car, dans un cas pareil, il ne peut pas être sûr d’avoir fait les deux premières raka‘ât, or si quelqu’un n’est pas sûr d’avoir accompli les deux premières raka‘ât, sa prière sera incorrecte.
  • Si quelqu’un n’arrive pas à savoir combien de raka‘ât il a faites, sa prière sera incorrecte.

Doutes qui ne rendent pas la prière incorrecte

Dans les doutes qui ne rendent pas la prière incorrecte lors d'une prière de quatre unités (raka‘ât), on doit réfléchir afin de parvenir à une certitude ou une conjecture (l'unité la plus probable), et achever sa prière en conséquence. S'il n'y parvient pas, c'est-à-dire si le doute persiste, il doit se conformer aux règles suivantes :

  1. Si, après avoir fait correctement as-sujûd, quelqu’un n’arrive pas à savoir s’il a fait seulement deux raka‘ât ou bien trois, il devra considérer la dernière rak‘a qu’il a faite comme étant la troisième rak‘a, ensuite il devra faire la quatrième rak‘a. Et juste après avoir fait at-taslîm, il devra faire, tout de suite, une prière de précaution d'une rak‘a debout ou bien de deux raka‘ât en position assise. Toutefois, il est préférable qu’il fasse une rak‘a debout.
  2. Si quelqu’un n’arrive pas à savoir s’il a fait seulement trois raka‘ât ou bien quatre, il devra considérer la rak‘a qu’il fait comme étant la quatrième rak‘a. Et après avoir fait at-taslîm, il devra faire une prière de précaution d'une rak‘a debout ou bien deux raka‘ât en position assise. Toutefois, il est préférable dans ce cas qu’il fasse deux raka‘ât en position assise.
  3. Si, après avoir fait correctement as-sujûd, quelqu’un n’arrive pas à savoir s’il a fait seulement deux raka‘ât ou bien quatre, il devra considérer la dernière rak‘a qu’il a faite comme étant la quatrième rak‘a. Et après avoir fait at-taslîm, il devra faire une prière de précaution de deux raka‘ât debout.
  4. Si, après avoir fait correctement as-sujûd, quelqu’un un n’arrive pas à savoir s’il a fait seulement deux raka‘ât, ou bien trois, ou bien quatre, il devra considérer la dernière rak‘a qu’il a accomplie comme étant la quatrième rak‘a. Et après avoir fait at-taslîm, il devra faire une prière de précaution de deux raka‘ât debout et deux autres en position assise.
  5. Si, au moment où quelqu’un se tient debout pendant la prière, il n’arrive pas à savoir s’il a fait seulement quatre raka‘ât ou bien cinq, il devra considérer la dernière rak‘a qu'il a accomplie comme étant la quatrième rak‘a; il devra ensuite s’asseoir immédiatement pour terminer sa prière. Après avoir fait at-taslîm, il devra faire une prière de précaution d'une seule rak‘a debout ou bien deux raka‘ât en position assise. Et si le doute survient juste après la deuxième sajda, il devra considérer la dernière rak‘a qu’il a accomplie comme étant la quatrième rak‘a. Ensuite, il devra faire at-tashahhud et at-taslîm. Et juste après at-taslîm, il devra faire sujûd as-sahw. S’il fait cela et se rend compte par la suite que sa prière était incomplète, il n’aura pas besoin de la refaire.

Lorsque le doute survient pendant la prière surérogatoire

Si, pendant la prière surérogatoire, quelqu’un n’arrive pas à savoir combien de raka‘ât il a accomplies, sa prière ne sera pas incorrecte. Si quelqu’un se retrouve dans une situation pareille, il devra considérer le premier nombre qui viendra à son esprit comme étant le nombre de raka‘ât qu’il a faites, à condition qu’il ne soit pas supérieur à deux, car si quelqu’un fait plus de deux raka‘ât pendant la prière surérogatoire, sa prière sera incorrecte. Toutefois, il est préférable qu’il considère la dernière rak‘a qu’il a accomplie comme étant la première. Certains ont dit qu’il est permis de rompre la prière surérogatoire.[4]

En d'autre terme si celui qui prie doute du nombre de raka‘ât qu'il a déjà accomplies (par exemple deux ou trois unités) lors d'une prière recommandée, il doit présumer qu'il a accompli le nombre inférieur des deux termes (ici, deux, et non trois). Et si on doute d'avoir accompli une ou deux raka‘ât, on est libre alors de considérer la rak‘a qu’il fait comme étant un ou deux raka‘ât.

Quelques préceptes

  • Si, après avoir fait at-taslîm et avant de commencer à faire la prière de précaution, quelqu’un fait un acte qui rend la prière incorrecte (par exemple il parle volontairement), il devra d’abord faire la prière de précaution, ensuite il devra refaire la première prière, car, en faisant cela, il sera sûr d’avoir accompli son devoir. Par contre, s’il ne refait pas la première prière après la prière de précaution, ou s’il la refait juste après at-taslîm (c’est-àdire sans faire la prière de précaution), il restera dans le doute d’avoir accompli son devoir.
  • Si l’un des doutes qui invalident la prière se présente, il ne peut abandonner sa prière, mais s’il réfléchit sans pouvoir se souvenir et dissiper le doute , il pourra alors abandonner sa prière.
  • Si l’un des doutes valables survient, il doit réfléchir un peu, puis s’il trouve la certitude ou la conjecture (la rak'a la plus probable) en faveur d’une hypothèse, il devra se conformer à cette hypothèse et terminer sa prière; dans le cas contraire, il devra agir selon les préceptes des doutes valables.
  • Si quelqu’un a tendance à trop douter pendant la prière, il ne devra pas tenir compte de son doute.
  • Lorsque, pendant la prière, quelqu'un est saisi de l'un des doutes qui commandent obligatoirement l'accomplissement de la prière de précaution, il n'a pas le droit, de négliger celle-ci et de se contenter de refaire la prière mise en cause. Il peut refaire sa prière mise en doute seulement dans le cas où, avant d'avoir accompli la prière de précaution , il aurait commis un acte invalidant la prière, par exemple parler ou marcher, ce qui change la situation. Donc, si on recommence la prière mise en doute sans avoir commis quelque chose qui l'invalide, la seconde prière sera invalide. Cette seconde prière ne sera valable que si on avait commis, après la première, quelque chose qui invalide la prière (comme marcher, parler, etc), mais il aura commis un péché.

Doute de l'imâm et du ma’mûm dans la prière collective

Si l'imâm conduisant la prière en assemblée doute s'il a accompli trois ou quatre unités, par exemple, alors que les ma’mûms (ceux qui le suivent) sont certains, ou pensent, qu'il a accompli quatre unités, et qu'ils le lui font savoir, il doit conclure la prière, et il n'est pas nécessaire de faire la prière de précaution prescrite dans d'autres cas de doute. Et si l'imâm est certain, ou pense, qu'il a accompli un nombre déterminé d'unités, alors que le ma’mûm doute de ce nombre, ce dernier doit négliger son doute au profit de la certitude de l'imâm.[5]

Voir aussi

Références

  1. Cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, Al-Wasâ’il, v 4 p 283
  2. Muhammad-Jawâd Maghnia, Le fiqh de l'Imam as-Sâdiq (a), v 1, p 189
  3. Muhammad-Jawâd Maghnia, Le fiqh de l'Imam as-Sâdiq (a), v 1, p 190
  4. Muhammad-Jawâd Maghnia, Le fiqh de l'Imam as-Sâdiq (a), v 1, p 194
  5. Sîstânî, Tawzîh al-Masâ'il (Le guide pratique du musulman), Edité et traduit par Abbas Ahmad Al-Bostani, Articles 466