Légitimité de naissance

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Légitimité de naissance ou la pureté de la naissance (en arabe : طهارة المولد) se réfère à un concept important dans l’islam et fait référence à une naissance issue d'un mariage légal et légitime. Une personne née légitime est celle qui est née d'un mariage légitime. Dans le fiqh, ce concept est discuté sous le terme de « pureté de naissance » et est considéré comme une condition dans certaines affaires religieuses. Par exemple, être né d'une union légitime et ne pas être issu d'une relation adultère est une condition requise pour un mujtahid dont on peut suivre les avis religieux. C'est également une condition pour être imam de prière collective, imam de la prière du vendredi, juge ou témoin.

Dans certaines hadiths rapportés dans les sources chiites et sunnites, l'amour pour les Ahl al-Bayt (a) et le Commandeur des croyants Ali (a) est considéré comme un signe de naissance légitime, tandis que la haine et l'inimitié envers eux sont considérées comme des signes de naissance illégitime.

Sens du concept et importance dans le fiqh

Un enfant né légitimement et de parents mariés est celui qui est né d'un mariage légal et légitime et qui n'est pas issu d'une relation adultère.[1] L'importance de la légitimité de naissance en jurisprudence islamique est due aux privilèges tels que le droit à l'héritage[2] et la possibilité d'occuper des postes comme celui de juge[3] ou d'imam de prière collective,[4] dont une personne née d'une relation adultère est privée.

La légitimité de naissance, également appelée « pureté de naissance »,[5] est discutée dans divers domaines du fiqh, tels que l'ijtihad et l’imitation d’un mujtahid, la prière collective, le mariage, la justice et le témoignage.[6]

Cas de naissances légitimes

Selon les enseignements de la jurisprudence chiite, en plus des personnes nées d'un mariage légitime et licite, les personnes suivantes sont également considérées comme nées légitimement :

  • Une personne née d'une relation sexuelle par erreur,[Note 1] à condition que les deux parties, c'est-à-dire le père et la mère, aient tous deux cru à tort que leur relation était légale.[7]

Par conséquent, si l'un des deux, homme ou femme, n'était pas dans l'erreur et a consciemment eu une relation sexuelle non conforme à la loi religieuse, l'enfant sera considéré comme étant né d'une relation illégitime (enfant d’adultère) par rapport à cette personne.[8]

  • Un enfant né selon les coutumes matrimoniales d'autres religions, même polythéistes.[11] Par exemple, les juristes considèrent comme légitime un enfant issu d'un mariage entre les Mahram, qui est licite dans certaines cultures.[12] La raison invoquée par les juristes à ce sujet repose sur des hadiths qui reconnaissent les coutumes matrimoniales d'autres religions, même celles des polythéistes.[13] Certains s'appuient également sur la règle d’al-Jabb[Note 2] pour statuer que, bien que le mariage d'un non-musulman avec sa mère soit interdit dans la loi islamique, ses actes antérieurs sont ignorés après sa conversion à l'islam.[14]

N. B. : A propos de la reconnaissance des coutumes matrimoniales d'autres religions, il faut garder à l'esprit que les coutumes de chaque religion ne sont valables que pour les adeptes de cette religion, et non pour les autres personnes.

  • Une personne dont la légitimité de naissance est douteuse, mais qui a des parents identifiés. De plus, les juristes considèrent comme légitime une personne sans parents identifiés, comme un enfant trouvé.[15]

Légitimité de naissance, condition pour certaines fonctions et actes

Selon les fatwas des juristes, la légitimité de naissance est une condition requise pour certaines questions, comme suit :

  • Direction de la prière collective et du vendredi : Selon l'unanimité des juristes chiites,[17] la légitimité de naissance est l'une des conditions pour l'imam de la prière collective, et il n'est pas permis à une personne née d'une relation adultère de diriger la prière collective.[18] Cependant, la direction de la prière par une personne dont la légitimité de naissance est douteuse mais dont la naissance illégitime n'a pas été prouvée est considérée comme valide et permise par l’unanimité des juristes.[19] La légitimité de naissance est également considérée comme une condition pour diriger la prière du vendredi.[20]
  • Jugement (droit) : La légitimité de naissance est considérée comme l'une des conditions pour être juge.[21] Selon cette condition, le jugement rendu par une personne née d'une relation adultère n'est pas valide.[22]
  • Témoignage : D’après les fatwas des juristes, l'une des conditions pour être témoin devant un tribunal est d'être né d'une union légitime. Par conséquent, le témoignage d'une personne née d'une relation adultère n'est pas accepté.[23]

Raison de l'interdiction pour une personne née illégitimement de juger et de témoigner

Certains savants chiites et chercheurs ont exposé des raisons expliquant pourquoi un enfant né hors mariage (illégitime) est privé du droit de juger et de témoigner. Par exemple, Sayyid Murtadâ (355 - 436 h / 966 - 1044 c), le savant chiite, affirme que la raison en est que Dieu sait qu'une personne née de l'adultère ne choisira pas le bien et la paix. Par conséquent, elle est privée de responsabilités telles que témoigner dans le tribunal.[24] Certains chercheurs attribuent cette privation à un « manque d'acceptation sociale ».[25] D'autres soutiennent que tout comme les caractéristiques physiques sont transmises par les gènes, les traits spirituels le sont également, ce qui fait que les enfants illégitimes sont souvent plus enclins à commettre des crimes.[26]

Amour pour l'Imam Ali (a) est-il un signe de légitimité de naissance ?

Dans plusieurs hadiths, tant dans les sources chiites[27] que sunnites,[28] l'amour pour les Ahl al-Bayt (a), en particulier pour le Commandeur des croyants Ali (a), est considéré comme un signe de légitimité de naissance, et par contre la haine et l'hostilité envers eux sont vues comme un signe d'illégitimité de naissance. Par exemple, dans les sources sunnites, il est rapporté par ‘Ubâdat b. as-Sâmit et Abû Sa‘îd al-Khudrî, parmi les compagnons du Prophète Muhammad (s), qu'ils testaient l'amour de leurs enfants pour Ali ibn Abi Talib. Si un enfant ne l'aimait pas, ils savaient qu'il n'était pas des leurs et qu'il était illégitime.[29] Ibn al-Jazarî (751 - 833 h / 1350 - 1429 c), un érudit et juriste shaféite, a affirmé qu'il était connu depuis longtemps que personne à part un enfant illégitime ne détestait Ali (a).[30] Dans son livre « Bihar al-Anwar », ‘Allâma al-Majlisî a rassemblé 31 hadiths à ce sujet[31] et les a qualifiés de Mutawâtir (transmis de manière abondante) dans l’ouvrage « Mirât al-‘Uqûl ».[32]

Il a également été dit à propos de ces hadiths que le fait d’être un enfant illégitime n'implique pas la perte de libre arbitre de la personne. Ainsi, ce n'est pas la seule raison de commettre des péchés ou de s'éloigner de l'amour des Ahl al-Bayt (a) ; en d'autres termes, un enfant né hors mariage peut, de son propre libre arbitre, être un fervent admirateur des Imams (a), tout comme n'importe quelle autre personne. De même, il n'existe aucune preuve que chaque enfant légitime soit nécessairement un admirateur des Imams (a).

Ainsi, les hadiths concernant l'hostilité des enfants illégitimes envers les Ahl al-Bayt (a) ne décrivent pas une règle générale et absolue. Ils indiquent plutôt que les personnes nées hors mariage sont plus susceptibles d'éprouver de l'hostilité envers les Imams (a) par rapport aux personnes nées légitimement, mais cela ne signifie pas que cela est systématiquement le cas.[33]

Note

  1. La relation sexuelle par erreur désigne un acte de relations sexuelles avec une femme non permise, sous la croyance erronée que cela est permis. Par exemple, il s'agit d'épouser et d'avoir des relations sexuelles avec une femme qui est encore dans sa période d'attente, en croyant à tort que ce mariage est valide.
  2. C’est est une règle de fiqh selon lequel la conversion d'un non-musulman à l'islam efface ses fautes passées.

Références

  1. Al-Bahrânî, Al-Anwâr al-Lawâmi‘, vol 14, p 11
  2. Rûhânî, Fiqh as-Sâdiq (a), vol 24, p 470 ; Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 39, p 274
  3. Rûhânî, Fiqh as-Sâdiq (a), vol 25, p 21 ; Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 40, p 12
  4. Rûhânî, Fiqh as-Sâdiq (a), vol 6, p 287 ; Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 13, p 324
  5. Voir px : Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 41, p 117 et 118 ; Al-Muhaqqiq al-Hillî , Sharâyi’ al-Islâm fî Masâ’il al-Halâl wa al-Harâm, vol 1, p 87 et 114, vol 4, p 59 et 121 ; ‘Âmilî, Al-Istilâhât al-Fiqhîyya fi ar-Rasâ’il al-‘Amalîyya, p 133
  6. Mu’assisiyi Dâ’irat al-Ma‘ârif Fiqh Islâmî, Farhang Fiqh, vol 3, p 366
  7. Al-Bahrânî, Al-Anwâr al-Lawâmi‘, vol 14, p 11  ; Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 13, p 324
  8. Al-Bahrânî, Al-Anwâr al-Lawâmi‘, vol 14, p 11 ; Tâhirî, huqûq Madanî, vol 5, p 350
  9. Collectif d'auteurs, Farhang Fiqh, vol 3, p 367
  10. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 41, p 411
  11. Pûrmuhammadî, « Qâ’idiyi li Qawmin Nikâh », p 278
  12. Makârim Shîrâzî, Al-Qawâ‘id al-Fiqhîyya, p 44 ; Brûjirdî, Jâmi‘ al-Ahâdîth ash-Shî‘a, vol 26, p 380 ; Cheikh al-Hurr al-‘ milî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 21, p 199
  13. Pûrmuhammadî, « Qâ’idiyi li Qawmin Nikâh », p 278 ; Cheikh al-Hurr al-‘ milî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 21, p 200 ; Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 6, p 387
  14. Makârim Shîrâzî, Al-Qawâ‘id al-Fiqhîyya, p 44 ; As-Siyfî al-Mâzandarânî, Mabânî al-Fiqh al-Fa‘‘âl fî al-Qawâ‘id al-Fiqhîyya al-Asâsîyya, vol 2, p 302
  15. Mu’assisiyi Dâ’irat al-Ma‘ârif Fiqh Islâmî, Farhang Fiqh, vol 3, p 367
  16. Ash-Shahîd ath-Thânî, Ar-Rawdat al-Bahîyya fî Sharh al-Lum‘at ad-Damishqîyya, vol 3, p 62
  17. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 13, p 324
  18. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 13, p 324
  19. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 13, p 325
  20. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 11, p 296 ; Al-Muhaqqiq al-Hillî , Sharâyi’ al-Islâm fî Masâ’il al-Halâl wa al-Harâm, vol 1, p 87
  21. Voir px : Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 40, p 12 ; Al-Muhaqqiq al-Hillî , Sharâyi’ al-Islâm fî Masâ’il al-Halâl wa al-Harâm, vol 4, p 59
  22. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 40, p 13
  23. Voir : Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 41, p 117 et 118 ; Al-Muhaqqiq al-Hillî , Sharâyi’ al-Islâm fî Masâ’il al-Halâl wa al-Harâm, vol 4, p 121
  24. Ash-Sharîf al-Murtadâ, Al-Intisâr, p 502
  25. Kiykhâ et Futûhî, « Tahlîl wa Barrisî Arzish Ithbâtî Shahâdat Walad az-Zinâ dar Madhâhib Islâmî », p 239
  26. Basîrî et Gawharî, « Naqsh Wirâthat dar Sarniwisht Insân az Manzar Qur’ân wa Hadpith », p 121
  27. Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 4, p 143 ; Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 8, p 316 ; Al-Barqî, Al-Mahâsin, vol 1, p 138 et 139 ; Cheikh as-Sadûq, ‘Ilal ash-Sharâyi‘, vol 1, p 141 - 145
  28. Voir px : Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madîna Damishq, vol 42, p 287 ; Ibn al-Jazarî, Asnâ al-Matâlib, p 57 - 59 ; Ibn Mardawayh, Manâqib ‘Alî ibn Abî Tâlib, p 76 et 77 ; Qâdî Nûr Allah ash-Shûshtarî, Ihqâq al-Haqq, vol 7, p 265 et 266, vol 17, p 250 et vol 21, p 363 - 369
  29. Voir px : Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madîna Damishq, vol 42, p 287 ; Ibn al-Jazarî, Asnâ al-Matâlib, p 57 - 59 ; Ibn Mardawayh, Manâqib ‘Alî ibn Abî Tâlib, p 76 et 77
  30. Ibn al-Jazarî, Asnâ al-Matâlib, p 57
  31. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 27, p 145 - 156
  32. Al-Majlisî, Mir’ât al-‘Uqûl, vol 26, p 420
  33. «آیا دشمنان ائمه اطهار(ع)، حرام‌زاده هستند؟ اگر هستند، چگونه چنین چیزی توجیه‌پذیر است؟»، Site Internet IslamQuest.