Lettre de l'Imam Ali (a) à l'Imam al-Hasan (a)

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Lettre de l'Imam Ali (a) à l'Imam al-Hasan (a) (en arabe : رسالة الإمام علي ع إلى الإمام الحسن ع) est la lettre numéro 31 du livre Nahj al-Balagha. Cette lettre est un document contenant les questions éthiques que le Prince des croyants Ali (a) écrivit pour son fils, l'Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a), après la bataille de Siffîn. Cette lettre est considérée comme exhaustive dans l'explication des questions éducatives. Parmi les questions importantes soulevées dans cette lettre figurent : l'explication des valeurs morales, l'éthique sociale, l'éducation des enfants et les méthodes pour les élever, la nécessité de se concentrer sur la spiritualité et l'énonciation des critères des relations sociales.

Selon les chercheurs, cette lettre fait référence aux principes, objectifs et méthodes que l'Imam Ali (a) cherchait à atteindre pour la société, notamment : l'adoption de l'éthique divine, l'engagement envers les ordres et interdictions divins, l'attention à la dignité humaine et aux différences individuelles, le recours à la modération, la réflexion et le raisonnement, l'énonciation d’exhortations, la présentation de modèles et l'apprentissage par l'exemple.

Sur la base de certains passages de cette lettre, quelques personnes dirent que le contenu de la lettre est incompatible avec l'infaillibilité des Imams (a). Cependant, en réponse à cette opinion, il a été souligné que bien que cette lettre soit adressée à l'Imam al-Hasan (a) comme un Imam immaculée, le Prince des croyants Ali (a) s'adresse en réalité à l'ensemble du peuple. De plus, si l'Imam Ali (a) avait voulu écrire une lettre en tant qu'Imam infaillible à un autre Imam infaillible, il aurait exprimé des idées beaucoup plus profondes que les autres n'auraient pas comprises, ce qui aurait été inutile.

Ce testament est l'une des lettres les plus célèbres de l'Imam (a), qui a été citée dans des sources antérieures autres que le Nahj al-Balagha. Compte tenu des différentes chaînes de transmission de ce hadith et de son contenu élevé, cette lettre est considérée comme authentique. En plus des traductions et exégèses complètes du Nahj al-Balagha, cette lettre a également ses propres traductions et exégèses indépendantes.

Présentation et importance

La lettre de l'Imam Ali (a) à l'Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a) est l'une des lettres rapportées dans le Nahj al-Balagha traitant de l'éthique.[1] Certains chercheurs considèrent cette lettre comme un cours complet sur l'éducation de l'âme, le développement personnel et le cheminement spirituel,[2] voire comme une encyclopédie complète de l'éducation.[3] L’Ayatollah Muhammad Taqî Misbâh Yazdî, l'un des commentateurs de cette lettre, estime qu'en plus des connaissances élevées qu'elle contient, l'Imam Ali (a) prêta également attention aux aspects psychologiques et éducatifs dans son exposé.[4]

D’après Sayyid Radî dans le Nahj al-Balagha, le Prince des croyants Ali (a) écrivit cette lettre lors de son retour de la bataille de Siffîn (en l'an 37 de l'Hégire / 657 c)[5] à « Hâdiryn » ou bien « Hâdirayn » (une région en al-Cham).[6] Bien que dans le Nahj al-Balagha et la plupart des autres sources,[7] ce testament soit adressé à l'Imam al-Hasan (a),[8] certaines versions indiquent que le destinataire était Muhammad b. al-Hanafîyya.[9] De plus, selon d'autres sources, une partie de cette lettre était adressée à l'Imam al-Hasan (a) et une autre partie à Muhammad b. al-Hanafîyya.[10]

Conformément à certains chercheurs, l'Imam Ali (a) avait des objectifs en écrivant cette lettre et cherchait à les atteindre selon certains principes et méthodes.[11] Ces objectifs, principes et méthodes sont énoncés comme suit :

  • Objectifs : adopter l'éthique divine, connaître Dieu, se développer spirituellement, pratiquer l'ascétisme, la * patience et l'engagement envers les ordres et le souvenir de Dieu ;
  • Principes : dignité, différences individuelles, modération, raisonnement, réflexion et contemplation ;
  • Méthodes : conseil, présentation de modèles, affection, tirer des leçons, repentance, exercice de vigilance (al-Murâqaba) et al-Muhâsaba (l'examen personnel consiste à évaluer les actions de la journée et à calculer les bonnes et mauvaises actions)[12] ;

La numérotation des lettres dans le Nahj al-Balagha diffère dans certaines versions. Dans la plupart des versions, cette lettre est classée 31e[13] :

Nom de la version Numéro de la lettre
Al-Mu‘jam al-Mufahras, Subhî Sâlih, Fayd al-Islâm, Khû'î, Mulla Sâlih, Ibn Abi al-Hadîd, Ibn Maytham, 'Abdih 31
Mulla Fath Allah 34
Fî Zilâl 30

Contenu de la lettre est-il incompatible avec l'infaillibilité des Imams (a) ?

D’après certains sunnites tel qu’Ibn Abi al-Hadî, l'un des exégètes sunnites du Nahj al-Balagha,[14] quelque expression utilisée dans la lettre de l’Imam Ali (a) (la lettre 31 du Nahj al-Balagha) ont été considérées comme incompatibles avec le statut d'infaillibilité des Imams (a).[15]

En réponse, les savants dirent que bien que cette lettre soit apparemment adressée à l'Imam al-Hasan (a), en réalité, les destinataires de cette lettre sont le peuple en général,[16] et l'Imam Ali (a) l'écrivit en considérant la relation père-fils des êtres humains ordinaires ; car si le Prince des croyants Ali (a) avait voulu écrire une lettre en tant qu'Imam infaillible à un autre Imam infaillible, il aurait exprimé des idées beaucoup plus profondes que les autres n'auraient jamais comprises.[17]

Authenticité de la lettre

Selon les savants, il n'y a aucun doute quant à l'attribution de la lettre 31 du Nahj al-Balagha à l'Imam Ali (a). D'une part, ce testament a différentes chaînes de transmission, et d'autre part, son contenu est si élevé que seuls les infaillibles peuvent l'exprimer.[18] Ce testament est l'un des plus célèbres du premier Imam des chiites, et il fut également rapporté par des savants avant Sayyid ar-Radî[19] ; y compris :

  1. Cheikh al-Kulayni (décédé en 328 h / 940 c) dans les livres « ar-Rasâ’il »[20] et « al-Kâfî »[21] ;
  2. Al-Hasan b. Abd Allah al-‘Askarî, l'un des professeurs de Cheikh as-Sadûq, dans le livre « az-Zawâjir wa al-Mawâ‘iz »[22] ;
  3. Ibn Abd Rabbih, l'un des savants sunnites (décédé en 328 h / 940 c) dans le livre « al-‘Iqd al-Farîd »[23] ;
  4. Cheikh as-Sadûq (décédé en 381 h / 991 c) dans le livre « Man lâ Yahduruhu al-Faqîh »[24] ;
  5. Ibn Shu‘ba al-Harrânî (l'un des savants du 4e siècle de l'hégire) dans le livre « Tuhaf al-‘Uqûl ».[25]

Contenu

La lettre du Prince des croyants Ali (a) à l'Imam al-Hasan (a) fut écrite sur le sujet de l'éthique.[26] Parmi les sujets mentionnés dans cette lettre, on peut citer les points suivants :

  • Les étapes du développement spirituel
  • L'éthique sociale
  • L'éducation des enfants et les méthodes d'éducation
  • La nécessité de se concentrer sur la spiritualité et la vie future
  • Les critères des relations sociales
  • L'effort pour rassembler des viatiques pour l'au-delà
  • Les signes de la miséricorde de Dieu
  • Les conditions pour l'exaucement des invocations
  • La nécessité de se souvenir de la mort
  • La reconnaissance des matérialistes
  • La nécessité du réalisme dans la vie
  • Les droits des amis
  • Les valeurs morales
  • Le statut de la femme.[27]

Références

  1. Ayatullâh Makârim Shîrâzî, Payâm Imâm Amîr al-Mu’minîn (a), vol 9, p 458
  2. Ayatullâh Makârim Shîrâzî, Payâm Imâm Amîr al-Mu’minîn (a), vol 9, p 458
  3. Tâhirzâdih, Farzandam Întchinîn Bâyad bûd, vol 1, p 20
  4. ‘Allâma Misbâh Yazdî, Pand Jâwîd, vol 1, p 23
  5. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 2, p 305
  6. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, p 391, lettre 31
  7. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 5, p 510 ; Ibn Shu‘ba al-Harrânî, Tuhaf al-‘Uqûl, p 68
  8. Ayatullâh Makârim Shîrâzî, Payâm Imâm Amîr al-Mu’minîn (a), vol 9, p 459
  9. Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 4, p 384
  10. Ibn ‘Abd Rabbih, Al-‘Iqd al-Farîd, vol 3, p 100 - 102
  11. Bihishtî et les autres, « Nizâm Tarbîyatî Akhlâqî dar Nâmiyi 31 Nahj al-Balâghi », p 20
  12. Bihishtî et les autres, « Nizâm Tarbîyatî Akhlâqî dar Nâmiyi 31 Nahj al-Balâghi », p 20
  13. Dashtî et Kâzim Muhammadî, Al-Mu‘jam al-Mufahras li Alfâz Nahj al-Balâgha, p 515
  14. Ibn Abi al-Hadîd, Sharh Nahj al-Balâgha, vol 16, p 66 - 67
  15. Ibn Abi al-Hadîd, Sharh Nahj al-Balâgha, vol 16, p 66 - 67
  16. Ayatullâh Makârim Shîrâzî, Payâm Imâm Amîr al-Mu’minîn (a), vol 9, p 460 ; ‘Allâma Misbâh Yazdî, Pand Jâwîd, vol 1, p 24 - 25
  17. ‘Allâma Misbâh Yazdî, Pand Jâwîd, vol 1, p 25
  18. Ayatullâh Makârim Shîrâzî, Payâm Imâm Amîr al-Mu’minîn (a), vol 9, p 457
  19. Al-Husaynî al-Khatîb, Masâdir Nahj al-Balâgha, vol 3, p 296
  20. Sayyid ibn Tâwûs, Kashf al-Muhajjat, p 220 - 234
  21. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 5, p 510
  22. Sayyid ibn Tâwûs, Kashf al-Muhajjat, p 218
  23. Ibn ‘Abd Rabbih, Al-‘Iqd al-Farîd, vol 3, p 100 - 102
  24. Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 4, p 384 - 392
  25. Ibn Shu‘ba al-Harrânî, Tuhaf al-‘Uqûl, p 68 - 88
  26. Ayatullâh Makârim Shîrâzî, Payâm Imâm Amîr al-Mu’minîn (a), vol 9, p 458
  27. Dashtî, Nahj al-Balâgha, p 518 - 538, lettre 31