Sacrifice d'Ismaël (a)

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Sacrifice d'Ismaël (a) ou Dhibh Ismâ'îl (en arabe : ذبح إسماعيل) était une commande et une épreuve de Dieu, qui a été donné au prophète Abraham (a) dans un rêve pour sacrifier son fils Ismaël (a). Ibrâhîm (a) et son fils ont accepté l'ordre divin ; mais l'ange Gabriel a empêché le couteau de trancher la gorge d'Ismaïl (a) et un bélier du Paradis a été sacrifié à la place d'Ismaël par Abraham (a). La tradition du sacrifice le jour de l'Aïd al-Adha commémore l'événement du sacrifice d'Ismaël (a). Selon certaines sources, le lancer de pierres (Ramy Jamarât) a eu lieu par Abraham (a) lors de l'histoire du sacrifice d'Ismaël (a).

Les chiites, sur la base des hadiths et du contexte des versets du Coran, appellent Ismaël Dhabî Allah (le sacrifice dans le chemin de Dieu) ; mais les juifs, Isaac (a) est appelé le sacrifice, et les sunnites ont des opinions différentes à ce sujet.

Rêve du prophète Ibrâhîm (a)

Le grand panel d'épreuve de Maître Farshchîyân

Selon le Coran, l'ordre de sacrifier son fils a été donné à Abraham (a) dans un rêve.[1] Selon certaines traditions, ce rêve s'est répété trois fois pour Abraham (a).[2] Certains commentateurs du Coran pensent cependant qu'il est peu probable qu'Abraham (a) ait encore eu des doutes après avoir vu le rêve, et que Dieu a dissipé ce doute par une révélation explicite.[3]

Sacrifice du fils

Peinture du sacrifice d'Ismaïl par Muhammad Zamân

Le prophète Abraham (a) a raconté son rêve et l'ordre divin à Ismaël (a) et a demandé son avis. Le Coran rapporte cette consultation comme suit : « dit [Ibrâhîm] : "Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses". (Ismaël) dit : "Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé: tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants »[4]

Selon le livre al-Kâfî, après avoir décidé d'accomplir l'ordre divin, Ismaël (a) a dit :

« Mon père, couvre-moi les yeux et attache-moi les pieds ». Abraham (a) a couvert le visage de son fils, mais a juré de ne pas lui attacher les pieds pendant le sacrifice.[5]

Lorsque le front d'Ismaël (a) a touché le sol,[6] Abraham (a) a mis le couteau sur la gorge de son fils, a levé la tête vers le ciel et a ensuite tiré sur le couteau, mais l'ange Gabriel a empêché le couteau de toucher Ismaël (a). Cette action a été répétée quelques fois.[7] Puis la Révélation est descendue :

« Ô Abraham ! Tu as confirmé la vision. [et tu as exécuté l'ordre de ton Seigneur] C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants ».[8]

En fin de compte, un bélier du paradis a été sacrifié par Abraham (a) à la place d'Ismaël (a).[9]

Le Coran décrit cet examen comme suit : إِنَّ هذا لَهُوَ الْبَلاءُ الْمُبینُ « C’était là certes, l’épreuve manifeste. »[10]

Selon certains hadiths, Satan a fait beaucoup d'efforts pour empêcher l'exécution de cet ordre divin. Pour atteindre cet objectif, il a essayé de tromper Abraham (a), sa femme et son fils, et il a échoué dans les trois cas.[11]

Conversation entre Abraham (a) et le vieil homme

Dans certaines sources chiites, une conversation entre Abraham (a) et un vieil homme est rapportée :

Le vieil homme a dit à Abraham (a) : « Que veux-tu avec cet enfant ? »

Abraham (a) a dit : « Je veux le sacrifier. »

Le vieil homme a dit : « Subhân Allah, tu veux tuer un enfant qui n'a pas commis de péché contre Dieu même pendant un clin d'œil. »

Abraham (a) a dit : « Dieu m'a ordonné de le sacrifier. »

Le vieil homme a dit : « Non, ton Seigneur t'a interdit de le faire et le diable t'a ordonné de le faire dans un rêve. »

Abraham (a) a dit : « Malheur à toi, cette commande vient de Dieu. Je jure par Dieu que je ne parlerai plus jamais avec toi. »

Le vieil homme a dit : « Abraham, tu es un leader auquel les autres s'inspirent. Si tu sacrifies ton fils, les gens sacrifieront aussi leurs fils. »

Abraham n'a plus rien dit à l'homme.[12]

Sacrifice d'Ismaël (a) ou d'Isaac (a)

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Pièce calligraphique du verset 107 de la sourate as-Sâffât

Le Coran ne mentionne que le fils d'Abraham (a) : « Il [Abraham] dit : « Ô mon fils »[13] Cependant, il y a un désaccord sur la question de savoir si ce fils est Ismaël (a) ou Isaac (a). Les chiites croient qu'Ismaël est le Dhabîh (le sacrifié).[14] Ils s'appuient sur le verset 112 de la sourate as-Sâffât, qui annonce la naissance d'Isaac (a) après la naissance d'Ismaël (a) et l'histoire du sacrifice (versets 100-107 de la sourate as-Sâffât). Outre le fait que dans le cas d'Isaac (a), la bonne nouvelle de sa prophétie a été annoncée, c'est-à-dire qu'il doit vivre et remplir les devoirs de la prophétie, ce qui n'est pas compatible avec la question du sacrifice. Ils citent également des hadiths des Imams (a) qui présentent Ismaël (a) comme le Dhabîh.[15]

Les sunnites ne sont pas d'accord sur la question du Dhabîh.[16] Certains d'entre eux, s'appuyant sur certains hadiths,[17] croient que Dhbîh Allah (Sacrifice dans le chemin de Dieu) est le surnom d'Isaac (a).[18] Certains auteurs chiites considèrent que les hadiths de ce groupe sont influencés par Isrâ'îlîyyât et pensent qu'ils pourraient avoir été fabriqués par les Juifs.[19] D'autres sunnites, s'appuyant sur un autre groupe de hadiths, croient que le Dhabîh est Ismaël (a).[20] Fakhr ad-Dîn ar-Râzî et Ibn Ashûr pensent que le Dhabîh est Ismaël (a).[21]

Tradition du sacrifice

L'Aïd du sacrifice ou Aïd al-Adha est l'une des principales fêtes des musulmanes. La tradition du sacrifice le jour de l'Aïd al-Adha commémore l'événement du sacrifice d'Ismaël.[22] Selon certains hadiths, tous les animaux qui sont sacrifiés dans la Terre de Mina le jour de l'Aïd al-Adha sont des rançons pour le prophète Ismaël (a).[23]

Le penseur chiite Murtidâ Mutahharî sur le sacrifice d'Ismaël, croit que Dieu ne voulait pas vraiment qu'Ismaël (a) soit sacrifié. Il n'y avait aucun avantage ou intérêt pour qu'un père tue son propre fils. C'était plutôt une tradition qui existait auparavant, où les gens tuaient des humains, et Abraham (a) devait abroger cette tradition. Si Abraham (a) avait refusé de sacrifier son fils avant sa mission, les gens auraient dit qu'Abraham (a) avait peur de sacrifier son fils. Mais quand Abraham (a) a atteint un tel niveau de l'islam et d'obéissance qu'il était prêt à sacrifier son propre fils, Dieu a ordonné que le sacrifice humain soit aboli pour toujours. Au lieu de sacrifier un humain, un mouton a été sacrifié. Dieu a créé le mouton pour qu'il puisse être mangé et sa viande donnée aux pauvres.[24]

Sacrifice d'enfant dans la Torah

La Torah raconte l'histoire du massacre de l'enfant comme suit : «Après cela, Dieu mit Abraham à l'épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t'en au pays de Morija et là offre-le en holocauste sur l'une des montagnes que je t’indiquerai. ».

Mais quand Abraham (a) a décidé de sacrifier son fils et qu'il a tendu le couteau vers son fils pour lui égorger, « Alors l'ange de l'Eternel l'appela depuis le ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L'ange dit : « Ne porte pas la main sur l'enfant et ne lui fais rien, car je sais maintenant que tu crains Dieu et que tu ne m'as pas refusé ton fils unique. » Finalement, Dieu envoya un bélier et Abraham le sacrifia à la place de son fils.[25]

Cependant, dans le Livre de la Genèse de la Bible, il est dit à plusieurs reprises que le sacrifice n'était que le fils unique d'Abraham (a) au moment du sacrifice, et d'un autre côté, il est clair qu'Isaac (a) est né après Ismaël (a) et qu'au moment où l'ordre de sacrifier est arrivé, il n'était pas le fils unique d'Abraham (a).[26]

Voir aussi

Références

  1. Le Coran, la sourate as-Sâffât, le verset 102
  2. Al-Qirtabî, al-Jâmi' li Ahkâm al-Qur'ân, vol 16, p 101, 1364 SH
  3. Fakhr ar-Râzî, Mafâtîh al-Ghayb, vol 26, p 346, 1420 SH
  4. Le Coran, la sourate as-Sâffât, le verset 102
  5. Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 4, p 208, 1407 H
  6. Le Coran, la sourate as-Sâffât, le verset 103
  7. Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 4, p 208, 1407 H
  8. Le Coran, la sourate as-Sâffât, le verset 103-104
  9. Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 4, p 208, 1407 H
  10. Le Coran, la sourate as-Sâffât, le verset 103-104
  11. Ibn Abi Hâtim, Tafsîr al-Qur'ân a,l-'Azîm, vol 10, p 3222, 1419 H
  12. Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 4, p 208, 1407 H
  13. Le Coran, la sourate as-Sâffât, le verset 102
  14. Mâzandarânî, Sharh Furû' al-Kâfî, vol 4, p 402, 1429 H
  15. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûna, vol 19, p 129, 1374 SH
  16. Al-Qirtabî, al-Jâmi' li Ahkâm al-Qur'ân, vol 16, p 100, 1364 SH
  17. As-Suyûtî, ad-Durr al-Manthûr, vol 5, 2811-285, 1404 H
  18. Al-Qirtabî, al-Jâmi' li Ahkâm al-Qur'ân, vol 16, p 100, 1364 SH
  19. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûna, vol 19, p 119-120, 1374 SH
  20. Al-Qirtabî, al-Jâmi' li Ahkâm al-Qur'ân, vol 16, p 100, 1364 SH
  21. Fakhr ad-Dîn ar-Râzî, Mafâtîh al-Ghaybn, vol 26, p 351, 1420 H ; Ibn Ashûr, at-Tahrîr wa at-Tanwîr, vol 23, p 69-70
  22. Sâdiqî Tihrânî, al-Balâgh, p 450, 1419 H ; Sayyid Qutb, fî Zalâl al-Qur'ân, vol 5; 299, 1412 H
  23. Ceikh as-Sadûq, 'Uyûn Akhbâr ar-Ridâ (a), vol 1, p 211, 1378 H
  24. Mutahharî, MAjmû'a Âthâr, vol 25, p 115-116
  25. https://topbible.topchretien.com/genese.22.8/S21/
  26. https://topbible.topchretien.com/genese.22.8/S21/