Sukayna bt. al-Husayn (a)

De wikishia
(Redirigé depuis Sakina bint al-Husayn (a))

Sukayna bt. al-Husayn (a) (en arabe : سكينة بنت الحسين بن علي بن ابي طالب عليه السلام) fut une des filles de l’Imam al-Husayn (a) qui fut présente, accompagnée de sa mère, Rabâb, à l’événement de Karbala. Après Achoura, Sukayna et les autres membres de la famille de l’Imam al-Husayn (a) furent captivés et emmenés à Koufa et à Cham (Syrie actuelle).

Famille

Sukayna fut la fille de l’Imam al-Husayn (a) b. Ali b. Abi Talib. Sa mère fut Rabâb bt. Imri’ al-Qays.[1]

Naissance

D’après certaines sources, Sukayna fut la fille cadette de l’Imam al-Husayn (a) et plus petite que Fatima bt. al-Husayn (a).[2] Mais la date de sa naissance est inconnue. Pourtant, d’après un rapport, lorsque Hasan al-Muthannâ demanda Fatima bt. al-Husayn (a) en mariage, l’Imam lui donna le choix entre Fatima et Sukayna.
Ce rapport prouve qu’à ce moment-là, Sukayna fut à l’âge de puberté et du mariage.[3]

Nom et titre

Elle s’appelait Âmina (آمنة) ou Amîna (أمينة) ou Amîma (أميمة), mais à cause de son éminence et de sa quiétude, sa mère lui donna le titre de Sukayna.[4]

Mariage

Il est rapporté que Sukayna se maria avec son cousin, Abd Allah b. Hasan[5], mais d’après Cheikh al-Mufîd et certains historiens, dans la tragédie de Karbala, Abd Allah b. Hasan ne fut pas pubère, donc il ne fut pas à l’âge du mariage.[6]

D’après Qâdî Nu’mân al-Maghribî, Abd Allah b. Hasan mourut en martyre juste après son mariage dans la tragédie de Karbala.[7]

D’après une autre source, Sukayna se maria avec Abd Allah b. Muslim b. ‘Aqîl.[8]

Affection de l’Imam al-Husayn (a) envers Sukayna

L’Imam al-Husayn (a) eut beaucoup d’affections à l’égard de Sukayna. D’après certaines sources, l’Imam décrivit son affection à l’égard de sa fille, Sukayna et de son épouse, Rabâb, comme suit :

« Je jure par ton âme, j’aime la maison où il y a Sukayna et Rabâb. Je les aime et je dépense tous mes biens pour elles et pour ceci, je n’accepte aucun reproche ».[9]

A karbala

Article connexe : Tragédie de Karbala.

Le nom de Sukayna est cité par plusieurs sources parmi les participants à Karbala. D’après un rapport, au jour d’Achoura, l’Imam revint du champ de la bataille vers ses camps pour faire ses adieux avec sa famille. Après avoir fait ses adieux avec tous les membres de sa famille, l’Imam alla auprès de sa fille, Sukayna. Elle fut assise à côté d’une tente et fut en train de pleurer. L’Imam lui demanda de faire preuve de patience.[10]

D’après un rapport, le 11 Muharram et lorsque la famille de l’Imam faisait ses adieux avec les martyrs, Sukayna alla vers le corps de son père, l’Imam al-Husayn (a), le prit dans ses bras et se mit à se lamenter. Elle ne cessait de se lamenter jusqu’à ce que les soldats d’Umar b. Sa’d vinssent, la prissent et l’éloignassent par force du corps de son père.[11]

Moments de captivité

Après la tragédie de Karbala, Sukayna et les autres femmes de la famille de l’Imam furent captives et furent emmenées à Koufa et à Cham.. Sahl b. Sa’d Sâ’idî, un des compagnons du Prophète (s) décrivit la façon de l’arrivée des captifs à Koufa en disant :

« Le jour où les captifs arrivèrent à Koufa, j’ai vu un homme qui avait mis une tête sur une lance. La tête ressemblait beaucoup à celle du Prophète (s). A la suite de cet homme, j’ai vu une fille sur un chameau sans litière. Je suis allé rapidement vers la fille et je lui ai demandé : « Qui es-tu ? » Elle m’a répondu : « Je suis Sukayna bt. al-Husayn (a) »

Je lui ai dit :

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? Je suis Sahl b. Sa’d qui ai vu ton grand-père et qui ai entendu ses hadiths ».

Elle dit :

« Ô Sahl, s’il est possible pour toi, dis-leur d’éloigner les têtes de notre caravane pour que les gens s’occupent des têtes, non pas de la famille du Prophète (s) ».

Sahl donna 400 dinars à la personne qui détenait la lance qui portait la tête de l’Imam et il s’éloigna de la caravane.[12]
D’après un hadith de l’Imam al-Bâqir (a), la famille de l’Imam al-Husayn (a) fut entrée dans l’assemblée de Yazid, avec les visages dévoilés. En les voyant, les gens de Cham. se disaient :

« Nous n’avons pas vu des captifs plus beaux que ceux-ci. Qui sont-ils ? A ce moment-là, ma tante, Sukayna leur répondit à voix haute : Nous sommes les captifs de la famille du Prophète (s) ».[13]

Retour à Médine

Après leur captivité, les femmes de la famille de l’Imam al-Husayn (a), dont Sukayna, rentrèrent à Médine. En ce qui concerne la vie de Sukayna après son arrivée à Médine jusqu’à son décès, il n’y a pas de rapports fiables. Le seul rapport fiable qui la concerne est celui qui narre sa conversation avec la fille d’Othman. Dans une assemblée, la fille d’Othman dit à Sukayna :

« Je suis la fille de martyr ».

Sukayna ne lui répondit pas jusqu'à l’heure de la prière. Lorsque le muezzin appela à la prière et dit :

« J’atteste que Muhammad est l’Envoyé d’Allah »

Sukayna s’adressa à la fille d’Othman, en lui disant :

« Muhammad est-il mon père ou le tien ? »

La fille d’Othman eut honte et dit :

« Je ne me mettrai jamais au-dessus de toi ».[14]

Narration de hadith

Sukayna bt. al-Husayn (a) fut parmi les narrateurs du hadith. Elle rapporta des hadiths de son père, l’Imam Ali (a) et de son grand-père, le Prophète (s).[15]

Attribution de différents hadiths à Sukayna

Récitation des poèmes

D’après un rapport, on faisait des concours de poésies et tous les participants considéraient Sukayna comme leur arbitre.[16] Mais le narrateur de ce rapport est Zubayr b. Bakâr qui eut la haine envers Banû Hachim. Les autres narrateurs qui sont cités dans la chaîne de transmission de ce rapport ne sont pas fiables.[17]
La raison de cette attribution fut le fait qu’il y eut une autre femme, nommée Sukayna bt. Khalid b. Mus’ab Zubayrî qui participait aux concours de poésie et la plupart des poèmes attribués à Sukayna bt. al-Husayn (a) sont les poèmes de Sukayna bt. Khalid.[18]

Plusieurs mariages

On attribua également plusieurs mariages à Sukayna bt. al-Husayn (a). Ce qui est étonnant, c’est que certains historiens citèrent le nom de certains ennemis de Banû Hachim parmi les époux de Sukayna.

D’après les sources sunnites, après son arrivée à Médine (après la tragédie de Karbala) Sukayna bt. al-Husayn (a) se maria avec Mus’ab b. Zubayr et donna naissance à une fille, nommée, Fatima.

Après la mort de Mus’ab, elle se maria avec Abd Allah b. Othman b. Abd Allah b. Hakim b. Hizâm b. Khuwaylid et donna naissance à un fils, nommé Othman. Après Abd Allah, elle se maria avec Zayd b. ‘Amr b. Othman b. Affan et après lui avec Ibrâhîm b. Abd ar-Rahmân b. ‘Awf. Mais à cause de la lettre de Hishâm b. Abd al-Malik, l’émir de Médine, elle se sépara d’Ibrâhîm et se maria avec Asbagh b. Abd al-‘Azîz b. Marwân. Enfin, elle se remaria avec Ibrâhîm b. Abd ar-Rahmân b. ‘Awf.[19]

Par contre, d’après les sources chiites, après Abd Allah b. Hasan, Sukayna bt. al-Husayn (a) ne se maria avec personne. Donc, le récit sunnite concernant la pluralité des mariages de Sukayna bt. al-Husayn (a) est un manque de respect envers elle et ceci pourrait être inventé par les ennemis des Ahl al-Bayt (a), surtout par les Omeyyades.[20]

Il n’y a pas de doute sur l’inauthenticité du récit, mentionné ci-dessus, car :

  • Aucun narrateur chiite ne l’a rapporté et ce récit n’est rapporté que par Abu al-Faraj al-Isphahânî qui fut proche des Omeyyades.
  • Du fait que Mus’ab et les autres personnes mentionnées ci-dessus furent parmi les ennemis des Ahl al-Bayt (a), ce fut impossible qu’elle se mariât avec eux.

Statut scientifique et spirituel

D’après les sources historiques, Sukayna fut une des plus intelligentes et une des meilleures des femmes de son époque.[21] Son statut spirituel fut tellement élevé que son père, l’Imam al-Husayn (a) avait dit que Sukayna s’était noyée dans l’Essence de Dieu.[22]

D’après les sources historiques, Sukayna est considéré comme une narratrice fidèle du hadith.[23] Les ulémas dans les sciences du hadith, la considérèrent parmi ceux qui rapportèrent des hadiths de l’Imam al-Husayn (a)[24]. Aussi, Sukayna fut un expert dans la littérature arabe et fut une femme éloquente. Elle récita des poèmes sur son père, l’Imam al-Husayn (a).

Décès

Il y a de différents rapports à propos du décès de Sukayna bt. al-Husayn (a). D’après la plupart des sources, elle décéda le 5 Rabî al-Awwal[25] 117 H[26], à l’époque de Khalid b. Abd Allah b. Hârith à Médine.[27]

D’après les sources sunnites, Khâlid b. Abd Allah pria sur son défunt et l’enterra dans le cimetière d’Al-Baqî’.[28]

D’après un rapport, lorsque Sukayna se maria avec Asbagh b. Abd al-‘Azîz b. Marwân, elle quitta Médine et en route pour l’Egypte, elle décéda à Damas.[29] C’est pourquoi, une tombe dans le cimetière Bâb as-Saghîr lui est attribuée. Aussi, certains rapports confirment qu'elle arriva à l’Egypte et sa tombe se situe au Caire.[30]

Voir aussi

Références

  1. Abu al-Faraj al-Isphahânî, Maqâtil at-Tâlibîyyîn, v 4 p 192 ; Ibn Athîr, Al-Kâmil fi at-Târîkh, v 4 p 94
  2. Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 5 p 464 ; Ibn Athîr, Al-Kâmil fi at-Târîkh, v 4 p 86
  3. Abu al-Faraj al-Isphahânî, Al-Aghânî, v 21 p 79 ; Cheikh al-Mufîd, Al-Irshâd, v 2 p 25
  4. Ibn Khallakân, Wafayât al-A’yân wa Anbâ’ Abnâ’ az-Zamân, v 2 p 397 ; Ibn al-Jawzî, Al-Muntazam fi Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, v 7 p 175
  5. Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 2 p 195 ; Abu al-Faraj al-Isphahânî, Al-Aghânî, v 16 p 366
  6. Cheikh al-Mufîd, Al-Irshâd, v 2 p 465
  7. Qâdî Nu’mân al-Maghribî, Sharh al-Akhbâr, v 3 p 180 - 181 ; Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madinat Dimashq, v 69 p 205
  8. Mahallâtî, Rayâhîn ash-Sharî'a, v 4 p 255
  9. Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madinat Dimashq, v 69 p 120
  10. Ibn Shahr Âshûb, Manâqib Âl Abi Talib, v 4 p 109
  11. Sayyid b. Tâwûs, Al-Luhûf, p 134
  12. Khârazmî, Maqtal al-Husayn (a), p 60 - 61 ; Al-‘Allâmat al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 45 p 127 - 128
  13. Cheikh as-Sadûq, Al-Amâlî, p 166 ; Himyarî Qummî, Qurb al-Isnâd, p 14
  14. Abu al-Faraj al-Isphahânî, al-Aghânî, v 16 p 362 ; Muhsin al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, v 3 p 492
  15. Tabarânî, Al-Mu’jam al-Kabîr, v 3 p 132 ; Ibn Mâkûlâ, Ikmâl al-Kamâl, v 4 p 316
  16. Abu al-Faraj al-Isphahânî, Al-Aghânî, v 2 p 570
  17. Ibn Hajar, Tahdhîb at-Tahdhîb, v 9 p 102
  18. Abu al-Faraj al-Isphahânî, Al-Aghânî, v 1 p 281 - 282
  19. Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 8 p p 347 ; Ibn Khallakân, Wafayât al-A’yân wa Anbâ’ Abnâ' az-Zamân, v 2 p 393
  20. Muhammad Ali as-Sayyid Yahyâ, ‘Aqîlat Quraych Âmina bt. al-Husayn al-Mulaqqabat bi Sukayna, p 145
  21. Ibn Khallakân, Wafayât al-A’yân wa Anbâ’ Abnâ' az-Zamân, v 2 p 394
  22. Al-Muqarram, Maqtal al-Husayn (a), p 349
  23. Ibn Hibbân, Ath-Thiqât, v 4 p p 352
  24. At-Tabarânî, Al-Mu’jam al-Kabîr, v 3 p 132 ; Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madînat Dimashq, v 43 p 206
  25. Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madînat Dimashq, v 69 p 218
  26. Khalîfat b. Khayyât, Târîkh Khalîfat b. Khayyât, p 225 ; Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 2 p 197
  27. Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 8 p 347
  28. Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 8 p 347
  29. Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madînat Dimashq, v 2 p 421
  30. Khosro Shâhî, Ahl al-Bayt fî Misr, p 216