Salafisme (en arabe : السلفية) est une école islamique parmi les sunnites. D’après eux, la solution de la perfection de la communauté musulmane, ne se trouve que dans les enseignements rapportés durant les trois premiers siècles de l’Hégire. Ils trouvent que les enseignements du Prophète (s), des compagnons du Prophète (s) et leurs élèves sont les sources les plus authentiques de l’islam.
En se basant sur un hadith du Prophète (s), ils considèrent les trois premiers siècles de l’Hégire, comme la meilleure période dans l’histoire de l’islam. En tant que musulmans, nous devons alors suivre les traces restées des trois premiers siècles de l’Hégire.
Ils ne considèrent pas la raison humaine, comme une preuve et une source. Néanmoins, ils croient que le Coran et la Sunna, sont les sources de l’islam, mais il faut les apprendre au travers de l’interprétation des compagnons du Prophète (s), de Tâbi’ûn et des suivants de Tâbi’ûn.
Parmi les bases de l’islam, l’Unicité divine, le Djihad et At-Takfîr (l’accusation d’athéisme), sont les sujets les plus illustres dans l’école salafiste. En se basant sur leur interprétation de l’Unicité divine, ils accusent plusieurs écoles musulmanes d’athéisme.
Parmi les idéologues salafistes les plus connus, nous pouvons mentionner : Ibn Taymîyya, Ibn Qayyim al-Jawzî, Muhammad b. Abd al-Wahhâb, Ash-Shawkânî et Rashîd Ridâ. Les Wahhâbisme, le Taliban, l'Al-Qaïda et le Daesh sont considérés également comme des groupes salafistes.
Définition
Il y a de différents avis sur la définition du salafisme. D’après certains chercheurs, chaque groupe qui donne une supériorité aux enseignements des premières années de l’islam (l’époque des trois premiers califes) et considère le retour à ces années comme la solution du sauvetage des musulmans, est un salafiste.
D’après les salafistes, le seul chemin pour trouver les enseignements purs de l’islam est l’obéissance à As-Salaf as-Sâlih (les compagnons du Prophète (s), les Tâbi’ûn et les élèves des Tâbi’ûn).
D’après eux, As-Salaf as-Sâlih furent les personnes réputées dans les trois premiers siècles de l’Hégire. Car, en se basant sur certains hadiths, ils croient que les trois premiers siècles de l’Hégire sont les meilleurs moments dans l’histoire de l’islam.[1]
Formation et évolutions
Depuis l’époque des compagnons du Prophète (s) jusqu’à la fin du deuxième siècle, il y eut deux pensées différentes sur les nouvelles questions religieuses. Certains croyaient que les nouvelles questions qui n’existaient pas à l’époque du Prophète (s) causent un changement dans certains préceptes, et d’autres croyaient que tout changement et toute méditation dans les préceptes de l’islam est interdit, et il ne faut qu’obéir à As-Salaf as-Sâlih.
Ces deux pensées s’affrontèrent dans le deuxième et le troisième siècle de l’Hégire sous le nom de As’hâb al-Hadîth (qui avaient des pensées salafistes) et des Mu’tazilîtes.[2]
Dans les paroles des ulémas qui faisaient partie d’Al-As’hâb al-Hadith (les gens du hadith), le terme As-Salaf est beaucoup utilisés. Ce terme se trouve même dans les deux livres, connus Sahîh Muslim et Sahîh al-Bukhârî.
En se basant sur les hadiths du Prophète (s), ils croyaient qu’en manquant des preuves coraniques et des hadiths sur un sujet, il faut se référer aux opinions des Salaf.
Lorsque les quatre écoles de fiqh sunnites sont apparues, les opinions des Salaf ne furent utilisés que parmi certains gens de hadith.
Dans le quatrième siècle de l’Hégire, Abu Bakr al-Barbahârî (329 H), un prédicateur Hanbalîte réunit certains hanbalîtes extrémistes. Par l’aide de ceux qui étaient réunis autour de lui, il commença à combattre et à effacer toute innovation dans la religion et dans la pratique des gens.[3]
Au cinquième et au sixième siècle de l’Hégire, la pensée salafiste reprit une force et réussit à influencer toutes les écoles sunnites. Pendant ces années, Imam al-Haramayn Juwaynî (478 H) et Muhammad Ghazâlî (505 H), deux savants sunnites, essayèrent de retourner la méthode de toutes les écoles sunnites vers la pensée salafiste.
Ibn Taymîyya
Ibn Taymîyya (728 H) théorisa la pensée salafiste. Bien que cette pensée se trouvait dans certains livres des ulémas hanbalites, mais Ibn Taymîyya les rassembla et réussit à théoriser toute la pensée salafiste. Il combattit en même temps plusieurs écoles musulmanes.
Il écrivit le livre Minhâj as-Sunna sur la réfutation des chiites duodécimains, le livre Ar-Risâlat al-Hamawîyya sur la réfutation des sunnites Ash’arîtes et certains livres contre les soufis et les suivants d’Ibn Arabî. Il combattait toute innovation, insistait sur le djihad, interdisait le taqlîd (de quatre écoles de fiqh sunnites) et se présentait dans les événements politiques et sociaux.[4]
Muhammad b. Abd al-Wahhâb
Aux dernières années du douzième siècle de l’Hégire, une nouvelle étape est apparue dans le salafisme. Muhammad b. Abd Al-Wahhâb, par aide de Muhammad b. Saoud réussit à propager la pensée salafiste dans la Péninsule Arabique. Il se basait sur les théories d’Ibn Thaymîyya et était plus extrémistes que lui.
Il réussit de réunir beaucoup de gens et de fonder le gouvernement saoudien. Leur gouvernement devint un danger pour les Ottomans. Au treizième siècle de l’Hégire, certains ulémas sunnites continuèrent la voie du salafisme, notamment : Ash-Shawkânî et Al-Âlûsî.[5]
Shah Waliullah ad-Dehlawi
Pendant ses études à Médine et au Hedjaz, Shah Waliullah connut les théories d’Ibn Taymîyya et de Muhammad b. Abd al-Wahhâb. En Inde, il fonda une école qui était fidèle à la fois au salafisme et au soufisme.[6]
Frères musulmans (Al-Ikhwân al-Muslimîn)
La société Frères musulmans fut fondée par Hasan al-Bannâ’. Sous l’influence des pensées de Rashîd Ridâ, il s’est rapproché des théories d’Ibn Taymîyya. Il n’était pas extrémistes et essayait d’être toujours paisible. Sa société avait des bureaux dans 38 pays et dirigeait plusieurs mouvements.[7]
Djihadisme
Parmi les Frères musulmans, certains extrémistes se séparèrent de cette société et en donna la priorité au Djihad, fondèrent le salafisme djihadiste.
Lorsque Sayyid Qutb écrivit le livre Ma’âlim fi at-Tarîq, dans lequel il avait considéré les villes musulmanes, comme des villes djâhilîtes (antéislamiques), certains jeunes de la société Frères musulmans, qui ne voulaient plus être pacifique fondèrent en Égypte des groupes Djihadistes.
Shukrî Mustaphâ fonda la société Jamâ’at al-Muslimîn (At-Takfîr wa al-Hijra) et Muhammad Abd as-Salâm Faraj fonda le groupe Al-Djihad. Ils considéraient le Djihad, comme une obligation oubliée par les musulmans. Donc, ils annoncèrent qu’il était obligatoire à tous les musulmans de se révolter pour fonder un gouvernement islamique. D’après eux, tous les musulmans qui gardaient leur silence devant les pays occidentaux, et tous les gouverneurs musulmans qui ne pratiquaient pas la religion, étaient comme impies (Al-Kuffâr), et ils considéraient le sang de tous ceux qui aidaient ces gouverneurs, comme licite.
Ils voyaient les musulmans qui suivaient les pays occidentaux comme les ennemis proches, et les Etats-unis et l’Israël comme les ennemis éloignés.[8]
Taliban
Lorsque l’Ancienne Union Soviétique attaqua l’Afghanistan, certains musulmans qui cherchaient le Djihad émigrèrent à ce pays. Après cette époque, au début des année 90, ils nommèrent Oussama ben Laden comme leur dirigeant. Un groupe parmi eux fonda une branche nommée Djibhat al-Djihâd afin de combattre les chrétiens et les juifs. Ce groupe fut nommé plus tard Al-Qaïda.
Daech (Etat islamique)
En l’an 2013, certains groupes djihadistes se nommèrent l’État islamique de Châm (Syrie). Sous le commandement d’Abu Bakr al-Baghdadî, ils attaquèrent l’Irak et la Syrie.
Ce groupe autorise la tuerie des captifs et considèrent le sang des impies comme licite.
Méthode de la pensée salafiste
D’après l’Ayatollah Subhânî, le salafisme a deux méthodes :
- Seuls le Coran et la Sunna sont considérés comme preuves, et l’homme n’a pas besoin de sa raison pour pratiquer la religion.
- Le Coran et la Sunna sont nos preuves à condition qu’on les comprenne par l’interprétation d’as-Salaf as-sâlih
Il n’y a pas de différences entre Khabar al-Wâhid (un hadith qui n’a qu’une seule chaîne de transmission) et Khabar al-Mutawâtir (un hadith qui est rapporté par plusieurs narrateurs dans chaque époque). Un salafiste profite des deux sortes pour tout ce dont il a besoin dans sa religion.
- Il est obligatoire d’obéir aux compagnons du Prophète (s) et à leurs élèves (At-Tâbi’ûn).
D’après un hadith du Prophète (s), les meilleurs peuples musulmans sont ceux qui ont vécu dans les trois premiers siècles de l’Hégire. Car ils avaient accès aux compagnons du Prophète (s) et leurs élèves et donc à tous les hadiths dont ils avaient besoin.
- Il est interdit de chercher une signification qui n’est pas apparente dans les versets coraniques. Donc, la signification des versets ne sont que ce qu’un arabe comprend de l’apparence du Coran.
Points de vue
Le salafisme a des branches qui se diffèrent l’un avec l’autre par certains détails dans la foi et dans le fiqh. Nous pouvons trouver certains points de vue communs parmi toutes ces branches, qui sont les suivants :
Unicité divine
D’après les salafistes, les musulmans n’ont pas bien compris la vérité de l’Unicité divine. Donc, la communauté islamique vit dans l’ignorance. Si les musulmans croyaient bien à la divinité, à l’unicité et l’autorité de Dieu, ils ne seraient jamais soumis aux états injustes et aux gouvernements qui ne pratiquent pas la religion. Chaque musulman doit trouver les polythéistes et les présenter pour tout le monde, pour qu’il ne puisse pas égarer la communauté musulmane.
Les salafistes aujourd’hui, profitent de ce sujet pour accuser même la plupart des musulmans d’athéisme et les combattre par excuse d’effacer toute trace du polythéisme de la communauté musulmane.
At-Takfîr (accusation d’athéisme)
D’après les Fuqahâ’ (les ulémas dans le fiqh), Kâfir (un athée) était celui qui ne faisait pas la profession de foi (l’attestation à l’Unicité de Dieu et à la prophétie du Prophète (s) ). Mais d’après les salafistes, là où, on ne pratique pas correctement la religion, est l’athéisme. D’après cette définition, toute la communauté musulmane, vit dans l’athéisme. Donc, il est autorisé de les combattre et les tuer.
S’appuyer sur An-Nas (la signification évidente des textes saints)
D’après les anciens salafistes, l’homme a deux choix :
- suivre directement les textes saints
- ou suivre un savants qui déduit la religion des sources islamiques.
Mais les salafistes d’aujourd’hui croient qu’il faut se référer directement aux sources de l’islam. Donc, l’homme n’a pas le droit de suivre un savant pour apprendre sa religion.
Cette méthode causa un radicalisme parmi les nouveaux salafistes, d’une façon qu’ils considèrent toute la communauté musulmans, comme polythéistes et croient qu’il faut les combattre et les tuer.
Djihad et assassinat
Dans l’idéologie des nouveaux salafistes, le djihad a un statut privilégié. Ils croient que le djihad a une supériorité à tous les autres actes islamiques, comme la prière, le jeûne, etc. Ils trouvent un musulmans qui ne fait pas le djihad, ne peut pas comprendre la réalité de l’islam. L’adoration de Dieu ne se fait qu’en faisant le djihad et ce dernier est le meilleur des actes d’adoration.
En considérant la plupart des musulmans, comme polythéistes, ils se mirent à commencer le djihad contre eux. Ils nomment le Djihad, tous les crimes qu’ils font dans les pays musulmans et croient que grâce à leurs djihad, ils seront dans le Paradis et les autres seront en Enfer.
Problème interne de la communauté musulmane
D’après le salafisme, le problème de la communauté musulmane et la raison des attaques des non musulmans aux pays musulmans n’est qu’une faiblesse interne. Cette faiblesse provient du fait que toutes les écoles musulmanes se sont éloignées de la vérité de l’islam.
Leur avis sur le chiisme
Les anciens salafistes considéraient les sunnites comme leurs ennemis. Mais les salafistes d’aujourd’hui (les Wahhabîtes) commencèrent leurs combats contre les chiites et à l’époque de Muhammad b. Abd al-Wahhâb (le fondateur du Wahhabisme), ils attaquèrent les mausolées des Imams (a) en Irak et détruisirent le mausolée de l’Imam al-Husayn (a) à Karbala.
Les salafistes qui ne sont pas wahhâbîtes, comme les Frères musulmans, avaient une bonne relation avec les chiites et se sont unis avec eux pour combattre les sionistes, mais les Wahhâbîtes trouvent que les chiites se sont égarés du droit chemin. Certains salafistes, nomment les chiites : les séfévides, les zoroastriens ou les perses.
Voir aussi
Références
- ↑ Alîzâdé Mousavi, Salafî Garî wa Wahhâbîyyat, p 32
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 70
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 72
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 77
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 35
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 32 - 33
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 47 - 48
- ↑ Pakathchi wa Houshangi, Bunyad Girayî wa Salafiyya, p 48 - 49