Aller au contenu

Suicide

De wikishia

Le suicide ou l’autodestruction (en arabe: الانتحار) est l’acte de mettre fin consciemment à sa propre vie. Dans les religions divines, les écoles de pensée éthiques et juridiques, le suicide est considéré comme un acte répréhensible. Selon les érudits musulmans, commettre un suicide est l’un des péchés majeurs, et un châtiment sévère est promis pour cela au Jour du Jugement. Le suicide en raison d’une maladie incurable, qui est une forme d’euthanasie, est également considéré comme interdit (haram).

Dans certaines sources juridiques islamiques, il est mentionné que le suicide est permis en cas de nécessité extrême ou pour une raison plus importante, comme la protection de la vie des musulmans. Par exemple, il est dit qu’il est permis à un musulman captif entre les mains de l’ennemi, incapable de supporter la torture et de protéger les secrets des musulmans, de se suicider afin d’éviter un grave préjudice aux musulmans. De même, selon certaines fatwas, les opérations martyres (attentats-suicides) visant à infliger des dommages aux ennemis de l’islam ou à défendre les musulmans sont considérées comme permises.

Importance de la question du suicide

Le phénomène du suicide a attiré l’attention de nombreuses lois religieuses, religions célestes et écoles juridiques, qui ont cherché à le combattre.[1] D’un autre côté, certains penseurs, en se basant sur le droit à la liberté, à la volonté et au libre arbitre de l’homme, ont reconnu le droit au suicide. Cependant, dans la plupart des religions divines et des écoles éthiques et juridiques, cet acte est considéré comme répréhensible, et le suicide est perçu comme un crime et un péché.[2]

Le suicide est considéré comme l’un des fléaux et des maux sociaux les plus graves, touchant diverses sociétés humaines.[3] Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le suicide est l’une des dix principales causes de décès dans la plupart des pays du monde,[4] et la troisième cause de décès chez les adolescents.[5]

Le suicide est souvent associé à des facteurs tels que les troubles psychologiques et émotionnels,[6] la préservation de l'honneur et la pression liée aux normes sociales et religieuses,[7] les facteurs familiaux comme le divorce et l'éclatement de la famille,[8] les traumatismes sociaux,[9] ainsi que la faiblesse des convictions religieuses et l'éloignement de la spiritualité.[10]

Concept de suicide

Le suicide (en arabe «انتحار» et en anglais «suicide») est communément défini comme l'acte de mettre fin à sa vie de manière consciente et volontaire.[11] Selon les définitions juridiques et religieuses, le suicide est considéré comme un acte volontaire par lequel une personne saine d'esprit met fin à sa propre vie, et dans lequel, contrairement au meurtre, l'agresseur et la victime se confondent en une seule personne.[12]

Types

Le suicide peut être commis de deux manières : 1) active, comme se poignarder avec une épée, un couteau ou une arme à feu, ou ingérer du poison ; 2) passive, comme refuser de manger ou de boire, ou abandonner un traitement médical.[13] Le suicide est également classé, comme le meurtre, en fonction de l'intention délibérée ou non de l'auteur, en deux catégories : le suicide intentionnel, qui est commis avec une intention et une volonté sérieuse, et le suicide accidentel, où une personne, en accomplissant une action sans intention sérieuse, cause sa propre mort.[14]

L’interdiction du suicide dans l’islam et d’autres religions

Les érudits musulmans considèrent le suicide comme l’un des péchés majeurs, et celui qui se suicide est considéré comme un pécheur.[15] Les juristes chiites ont explicitement déclaré l’interdiction du suicide et sont unanimes sur ce point.[16] En outre, selon le jugement de la raison et la pratique des gens raisonnables, ils l'ont condamné.[17]

Selon l’interprétation de certains exégètes, le Coran interdit le suicide.[18] Parmi les versets pertinents, on trouve le verset 29 de la sourate An-Nissa (Les Femmes), où il est dit : « Et ne vous tuez pas vous-mêmes. (وَ لَا تَقْتُلُواْ أَنفُسَکمْ)» Des commentateurs comme Al-Ardabili[19] et Makarim Shirazi[20] ont interprété cette phrase comme une interdiction du suicide. Le passage « وَ لَا تُلْقُواْ بِأَيْدِيكُمْ إِلىَ التهَّلُكَة » (Ne vous précipitez pas de vos propres mains vers la destruction) dans le verset 195 de la sourate Al-Baqara est interprété comme une interdiction de tous les comportements qui mettent la vie humaine en danger.[21] D'autres versets du Coran, tels que l'alliance de Dieu avec les enfants d'Israël(Banû Israël) leur interdisant de verser leur propre sang dans le verset 84 de la sourate Al-Baqara, ainsi que l'interdiction de tuer une âme sacrée dans le verset 32 de la sourate Al-Ma'ida, sont également considérés comme des preuves coraniques interdisant le suicide.[22]

Dans les hadiths (traditions prophétiques), il est également question des conséquences et du châtiment réservé à celui qui se suicide. Selon un hadith du Prophète Mouhammad (PSLF), celui qui se suicide sera châtié au Jour du Jugement avec l’instrument qu’il a utilisé pour se donner la mort, et il résidera éternellement en Enfer.[23] Un hadith rapporté de l’Imam Al-Baqir (A-S) dit : « Le croyant est éprouvé par toutes sortes de malheurs et meurt de toutes sortes de morts, mais il ne se suicide pas. » De même, dans un hadith, l'Imam Sadiq (A-S) a rapporté que le suicide intentionnel entraîne la condamnation au feu de l'Enfer.[24]

Dans d’autres religions

Selon Allamah Tabataba'i dans son commentaire Al-Mizane, selon les enseignements de toutes les religions et lois divines, le suicide est interdit.[25] Dans le judaïsme, cet acte est condamné, et l’enterrement des suicidés aux côtés des autres juifs est interdit.[26] Dans la Bible chrétienne, les suicidés sont également condamnés.[27] Dans le christianisme, le suicide est considéré comme un meurtre, et celui qui se suicide n'est pas enterré selon les rites officiels.[28] Dans la Grèce antique, le suicide était également considéré comme un acte répréhensible.[29]

Règles juridiques islamiques (Ahkam feqh)

Les règles relatives au suicide dans les sources juridiques islamiques sont principalement abordées dans les chapitres sur le Homicide volontaire (qatl 'amd) et les testaments (wassiyya).

Complicité dans le suicide

L'une des questions juridiques liées au suicide est la complicité avec une personne dans son suicide. Par exemple, si quelqu'un inflige intentionnellement une blessure à une personne qui, par cette blessure, commet un suicide. À ce sujet, deux opinions ont été exprimées : certains juristes estiment que la peine de talion (qissas) s'applique au complice, à condition que la famille de la victime paie la moitié de la diya (Prix du sang).[30] D'autres soutiennent que, puisque la victime elle-même a participé à son propre meurtre, son complice n'est pas soumis à la peine de talion, mais est seulement tenu de payer la diya.[31]

L’euthanasie et suicide

L’euthanasie consiste à tuer une personne par compassion, en raison d’une maladie incurable et douloureuse. Une des formes d’euthanasie consiste à mettre des médicaments à la disposition du patient pour qu’il mette fin à sa propre vie.[32] Selon les fatwas des juristes, si le patient consomme lui-même ces médicaments pour mettre fin à sa vie, cela est considéré comme un suicide et est interdit.[33]

Il n'est pas obligatoire d'exécuter les dernières volontés d'un suicidé

Selon l'avis des juristes, si une personne fait un testament avant de commettre un suicide, son testament doit être exécuté ; mais si elle fait un testament après s'être infligé une blessure qui entraîne la mort, il n'est pas obligatoire de le respecter.[34]

Cas d'autorisation de suicide

Dans certaines sources juridiques islamiques, le suicide est considéré comme permis en cas de nécessité absolue ou pour une raison d'intérêt supérieur, telle que la préservation de la vie des musulmans;[35] par exemple, certains juristes comme Makarim Shirazi et Houssein-Ali Montazeri ont considéré comme permis le suicide d'un musulman captif entre les mains de l'ennemi, qui ne peut supporter la torture et préserver les secrets des musulmans, afin d'éviter un grave préjudice aux musulmans.[36] De même, certains juristes estiment que les opérations martyres, même si elles sont considérées comme une forme de suicide, sont permises et relèvent du jihad défensif si elles sont menées pour une cause plus importante, comme porter un coup aux ennemis de l'islam ou défendre les musulmans.[37]

Les juristes ont également abordé des questions telles que l'absence d'excuse pour le suicide même en cas de contrainte[38] et la non-application du paiement du diya (prix du sang) dans de tels cas.[39]


Références

  1. 1- Shahidi, « Suicide », p. 33.
  2. Durkeim, Le Suicide, 1378, p. 149-159 ; Mohseni, Sociologie des déviations sociales, 2007, pp. 202-209 ; Golab bakhsh et Kazemi, « Suicide », p. 403.
  3. Kinia, Fondements de la criminologie, 1997, vol. 1, pp. 429-454.
  4. 4- Rezaian, « Prévention du suicide dans les pays en développement », p. 441
  5. 5- Cornelson, Traitement des problèmes des jeunes et des adolescents, 1997, p. 246.
  6. Shariati Rudsari, « Le suicide, ses causes et... (2) », p. 45 ; Ahmadzadeh, « Le suicide et ses causes », p. 43.
  7. 1- Ahmadzadeh, « Le suicide et ses causes », p. 43.
  8. Shariati Rudsari, « Suicide et causes et...(3) », pp. 18-19.
  9. Shariati Rudsari, « Le suicide, ses causes et... (1) », p. 44
  10. Shariati Rudsari, « Le suicide, ses causes et... (3) », p. 21-22
  11. 11- Anvari, Grand dictionnaire de la parole, sous le mot ; Amid, dictionnaire persan Amid, sous-mot.
  12. Meshkini, Termes de jurisprudence, 1419 AH, p. 91 ; Aghaei Nia, Droit pénal spécial : crimes contre les personnes, 2010, pp. 26-28 ; Nouri, « Suicide », pp. 82-83 ; Golab bakhsh et Kazemi, « Suicide », pp. 402-403.
  13. Meshkini, Termes de jurisprudence, 1419 AH, p. 91.
  14. 14- Mohaqeq Damad, Jurisprudence médicale, 2012, pp. 197-198.
  15. 15- Meshkini, Termes de jurisprudence, 1419 AH, p. 91.
  16. 16- Najafi, Jawaher al-Kalam, 1404 AH, vol. 36, p. 370; Subhani, Les quatre messages, 1415 AH, vol. 2, p. 167.
  17. 17- Subhani, Les quatre messages, 1415 AH, vol. 2, p. 198.
  18. 18- Tabataba'i, Al-Mizan, 1390 AH, Vol. 4, p. 320; Ardabili, Zubd al-Bayan, Maktaba al-Murtazawiyyah, p. 428.
  19. 19- Ardebili, Zubdat al-Bayan, Maktaba al-Murtadawiyyah, p. 428.
  20. 20- Makarem Shirazi, Tafsir-Nemune, 1371, vol. 3, p. 356.
  21. 21- Tabataba'i, Al-Mizan, 1390 AH, Vol. 2, p. 64; Makarem Shirazi, Tafsir Nemune, 1371, vol. 2, p. 36.
  22. 22- Fakhr Razi, Al-Tafsir Al-Kabir, 1420 AH, vol. 3, p. 591; Tabataba'i, Al-Mizan, 1390 AH, Vol. 5, p. 315; Mirzadeh, « Suicide », p. 314.
  23. 23- Ibn Hanbal, Musnad Ahmad, Dar Sadr, vol. 2, p. 478; Darmi, Sunan Darmi, Traditions de Dari, Maison d'édition Dar Al-Ihya'a Sunnah Al-Nabawi, p. 192.
  24. Saduq, Man la yahdururuh al-faqih, 1413 AH, vol. 3, p. 572.
  25. 25- Allameh Tabataba'i, Al-Mizan, 1391 AH, Vol. 7, p. 372.
  26. 26- Golab bakhsh et Kazemi, « Suicide », p. 403.
  27. 27- Évangile de Matthieu, chapitre 27.
  28. 28- Mohaqeq Damad, Jurisprudence médicale, 2010, p. 183; Shahidi, « Suicide », p. 34.
  29. 29- Mohaqeq Damad, Jurisprudence médicale, 2010, p. 183.
  30. 30- Allamah Hilli, Tahrir al-Ahkam, 1420 AH, vol. 5, p. 437.
  31. 31- Tussi, Al-Mabsut, 1387 AH, vol. 7, pp. 22-23.
  32. 33- Ghasemi, Encyclopédie de la jurisprudence médicale, 2016, vol. 3, p. 323.
  33. 32- Voir Montazeri, Règles médicales, p. 123 ; Ghasemi, Encyclopédie de la jurisprudence médicale, vol. 3, p. 303.
  34. 34- Tussi, Tahdhib al-Ahkam, 1407 AH, vol. 9, p. 207; Shahid Thani, Masalak al-Afham, 1413 AH, vol. 6, p. 142; Najafi, Jawaher al-Kalam, 1404 AH, vol. 28, p. 275; Imam Khomeiny, Najat al-Ibad, 1409 AH, 311-312.
  35. 35- Islami tabar, et ilahi manesh, enjeux éthiques de l'euthanasie, pp. 207-209.
  36. 36- Montazeri, Études sur l'autorité du Faqih, 1409 AH, vol. 2, pp. 583-584 ; Makarem Shirazi, fatawa jadid, 1427 AH, vol. 1, pp. 531-532.
  37. 37- Montazeri, Châtiments islamiques et droits de l’homme, 1429 AH, p. 92 ; Makarem Shirazi, fatawa jadid, 1427 AH, vol. 3, p. 353 ; Fairhi, « Opérations de légitime défense, de terrorisme et de martyre dans la religion chiite », pp. 113-115 ; 123-124; Warei, « Les fondements jurisprudentiels des opérations de martyre », pp. 319-321 ; 329-332.
  38. 38- Tussi, Al-Mabsut, 1387 AH, vol. 7, p. 43; Mohaqiq Hilli, Sharia’ al-Islam, 1408 AH, vol. 4, 186; Shahid Thani, Masalak al-Afham, 1413 AH, vol. 15, p. 89.
  39. 39- Tussi, Al-Mabsut, 1378 AH, vol. 7, pp. 178-179 et 195 ; Ibn Idris, Al-Sara'ir, 1410 AH, vol. 3, p. 400; Tabarsi, Al-Mu'talaf, 1410 AH, vol. 2, p. 358.