Uthman bin Affan

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Uthman bin Affan (en arabe : عثمان بن عفان), Mort en 35 H, est le troisième calife d’après les sunnites et un des compagnons du Prophète (s).

Il atteignit le pouvoir, par la désignation du Conseil de six membres, fondé par Umar ibn al-Khattab. Son califat fut commencé en 23 H ou 24 H et se termina en 35 H. Il fut tué suite à la révolte des opposants à Médine.

Généalogie

D’après les sources historiques, la généalogie d’Uthman ibn Affan est : Uthman ibn Affan b. Abi al-‘Âs b. Umayyat b. Abd Shams b. Abd Manâf b. Qusayy al-Qurashîyy al-Umawîyy.

Il fut du clan des Omeyyades.[1] A partir de Abd Manâf, les Omeyyades et Banu Hachim avaient les mêmes ancêtres.[2]

Sa mère fut Arwâ du même clan que son père, et sa généalogie est : Arwâ bt. Karîz b. Rabî‘a b. Habîb b. Abd Shams b. Abd Manâf b. Qusayy.[3] Elle fut la cousine du Prophète (s) ; fille d’Umm Hakîm bt. Abd al-Muttalib, la tante du Prophète (s).[4]

Naissance

D’après certains rapports il naquit six ans après l’Année de l’Eléphant[5]

Surnoms

Uthman eut deux surnoms, Abû ‘Amr et Abû Abd Allah, dont le premier fut plus réputé.[6]

Famille

Ruqayya, fille du Prophète (s) fut une des épouses d’Uthman ibn Affan. D’après certains rapports, elle donna naissance à ‘Amr et Abd Allah, mais ces deux moururent pendant leur enfance.[7]

D’après certains rapports, Umm Kulthûm, une autre fille du Prophète (s) se maria avec Uthman après la mort de Ruqayya.[8]

Du fait qu’il se maria avec deux des filles du Prophète (s), les sunnites lui donnent le titre : Dhû an-Nûrayn (celui qui a deux lumières).[9]

A l’époque du Prophète (s)

Il est dit qu’Uthman ibn Affan se convertit à l’islam par l’appel d’Abu Bakr à La Mecque.[10] On ne sait pas exactement l’année de sa conversion à l’islam, mais d’après un rapport, il se convertit à l’islam dès le début de l’appel du Prophète (s) et chez Arqam b. Abî Arqam.[11]

D’après Ibn Sa‘d, Uthman et Talha se convertirent à l’islam avant l’entrée du Prophète (s) chez Arqam b. Abî Arqam.[12]

Uthman ibn Affan fut une des premières personnes qui émigrèrent en Ethiopie.[13]

Lors de la bataille de Badr, même s’il était à Médine, il n’y participa pas. D’après certains chercheurs, ce fut à cause de la maladie de son épouse, Ruqayya, la fille du Prophète (s). Et ce fut le Prophète (s) qui lui avait ordonné de rester à Médine. Enfin, Ruqayya décéda à la fin de la bataille de Badr.[14]

D’après Wâqidî, Uthman ibn Affan avoua qu’il était parmi ceux qui s’enfuirent lors de la bataille d’Uhud.[15]

En l’an 6 H, après le traité de paix de Hudaybîyya, le Prophète (s) envoya Uthman à La Mecque, comme son représentant pour parler avec les polythéistes.[16]

D’après certains rapports sunnite, lorsque l’armée des musulmans se préparait pour la bataille de Tabûk, Uthman aida financièrement les musulmans et leur armée.[17] Allâma Amînî considère que ces rapports sont fabriqués et exagérées au regard des vertus des califes et les narrateur des hadiths sont faibles et inauthentiques.[18]

A l’époque d’Abu Bakr

Abu Bakr consultait avec Uthman ibn Affan et estimait ses avis. Par exemple, pour la désignation de l’émir de Bahreïn, il nomma comme émir, la personne proposée par Uthman.[19]

Aussi, à la fin de la vie d’Abu Bakr, ce dernier ordonna à Uthman ibn Affan d’écrire son testament sur le califat d’Umar ibn al-Khattab.[20]

A l’époque d’Umar ibn al-Khattab

D’après At-Tabarî, à l’époque d’Umar ibn al-Khattab, Uthman était connu comme successeur du deuxième calife.[21]

Califat

Conseil de six membres

Umar ibn al-Khattab fonda un Conseil de six membres pour élire son successeur, en l’an 23 H ou 24 H.[22]

Uthman ibn Affan fut choisi comme successeur d’Umar, par le Conseil de six membres et gouverna jusqu’à l’an 35 H.[23]

Ce fut la première fois dans la communauté musulmane que le calife des musulmans était choisi par un Conseil de six membres. D’après les chiites, le Prophète (s) avait nommé l’Imam Ali (a), comme son successeur, mais d’après les sunnites, après le décès du Prophète (s), certains de ses compagnons se réunirent dans un endroit, nommé Saqîfa et choisirent Abu Bakr, comme le premier calife.

Ce dernier, ne fit pas comme l’événement de Saqîfa et nomma Umar, comme le deuxième calife, sans fonder aucun Conseil.

Contrairement à Abu Bakr, qui avait choisi son successeur sans aucun conseil, Umar avoua que la désignation d’Abu Bakr au cours de l’événement de Saqîfa et sa désignation par Abu Bakr n’étaient pas correctes, car ils n’avaient pas demandé l’avis des gens. Donc, il fonda un Conseil de six membres pour choisir son successeur.[24]

Les membres du Conseil furent :

Evénements durant son califat

D’après plusieurs rapports, lorsqu’Uthman ibn Affan prit le Califat, il déposa la plupart des émirs et des représentants du califat et nomma ses proches, comme émirs.[26] Par exemple, à Koufa, au lieu de ‘Ammâr b. Yâsir, il nomma Walîd b. ‘Uqba, comme émir et à Bassora, il nomma son cousin, Abd Allah b. ‘Âmir qui était un jeune, comme émir au lieu d’Abû Mûsâ al-Ash‘arî.

Il nomma ‘Amr b. ‘Âs, comme le commandeur de l’armée musulmane pour les conquêtes au Nord de l’Afrique et choisit son frère du lait, Abd Allah b. Abî Sarh, comme responsable des butins des batailles en Afrique. Plus tard, il déposa ‘Amr b. ‘Âs et donna le commandement de l’armée musulmane à Abd Allah Abî Sarh.[27]

Conquêtes

Uthman étendit le territoire des musulmans par plusieurs conquêtes. Il conquit certaines villes de Fârs (en Iran). Uthman b. abi al-‘Âs fut le commandeur des musulmans dans cette bataille.

Aussi, en l’an 29 H, Abd Allah b. Abî Sarh conquit certaines régions au Nord de l’Afrique et Muawiya conquit l’Île de Chypre.[28]

Certaines régions iraniennes essayèrent de se soulever contre Uthman, mais ce dernier les supprima tous et reprit le pouvoir dans leurs régions.[29]

Yazdgard III, le souverain perse de la dynastie des Sassanides fut tué lors du califat d’Uthman ibn Affan. D’après certaines sources, l’armée des Arabes, sous le commandement d’Uthman b. Abi al-‘Âs et Abd Allah b. ‘Âs, et Yazdgard III s’affrontèrent à Istakhr. Yazdgard III subit une défaite et s’enfuit à Merv et y fut tué.[30]

Uniformisation du Coran

'Uthman arriva au pouvoir en l'an 24 H. A son arrivée au pouvoir, suite aux conquêtes musulmanes et à la transmission du Coran aux autres territoires, il se trouva confronté à de nouveaux problèmes concernant la lecture du Coran et aux divergences des avis à son propos. Ces problèmes lui annonçaient un danger, et par conséquent l'encourageaient à finaliser le travail de la compilation du Coran afin de préserver la communauté musulmane contre la dispersion.

Il ordonna de rassembler toute version et tout manuscrit du Coran, confirmé par les compagnons du Prophète (s) et ceux qui savaient le Coran entier par cœur. Ce travail dura 5 à 6 ans, entre l'an 24 H. et l'an 30 H. Ensuite 5 ou 6 exemplaires selon celui-ci ont été reproduits. Il les envoya aux centre importants religieux, comme Bassora, Koufa, Châm et Bahreïn. Puis, il ordonna d’effacer toute autre version, non confirmée par le califat pour éviter toute divergence.[31]

Changement de certains préceptes

Comme Umar ibn al-Khattab, Uthman ibn Affan changea certains préceptes de l’islam. Contrairement au Prophète (s) qui, à Minâ, effectuait ses prières, comme prières de voyageurs, Uthman effectuait ses prières d’une façon normale. En le voyant, certains compagnons le critiquèrent, mais il ne put pas leur répondre et dit :

« C’est mon propre avis ».

D’après Muttaqî al-Hindî, ce fut Uthman qui changea la façon de faire les ablutions (Al-Wudû’) et la divergence des chiites et sunnites sur ce sujet provient de cette époque. Même si Uthman avoua que dans ses ablutions, après avoir lavé le visage et les mains, le Prophète (s) passait sa main mouillée sur sa tête et ses pieds, il déclara qu’il faut laver les pieds tout comme le visage et attribua cette méthode au Prophète (s).[32]

Dans un hadith, l’Imam Ali (a) confirma que le Prophète (s) ne lavait pas ses pieds, mais il passait ses mains mouillées.[33]

D’après certains hadiths sunnites, l’ange Gabriel apprit au Prophète (s) de passer ses mains mouillées sur ses pieds dans ses ablutions.[34]

Soulèvement contre Uthman

Raisons du soulèvement

D’après les sources islamiques, les musulmans n’étaient pas satisfaits de la méthode du gouvernement d’Uthman. Car ce dernier avait changé sa méthode, en nommant comme émirs des injustes et en distribuant injustement le trésor public. Il avait donné à ses proches le pouvoir et l’accès au trésor public. Ce qui causa des reproches contre lui et son califat. Ce fut la raison la plus importante pour le soulèvement contre Uthman.[35]

Aussi, les musulmans dans certaines régions, comme l’Irak vivaient difficilement avec beaucoup de problèmes financiers. Donc, ils commencèrent également à critiquer le calife pour les injustices qu’il faisait en distribuant le trésor public. Apparemment, le fait de déposer les anciens émirs de Bassora et de Koufa et de nommer ses proches, comme leurs émirs, causa les premières critiques contre Uthman.[36]

D’autre part, la possession des Omeyyades sur le trésor public incita les compagnons du Prophète (s) et les Tâbi‘ûn à manifester leur désaccord avec Uthman. Par exemple, Uthman confia la possession de Fadak (qui appartenait à Fatima (a)) et le Khoms (cinquième) des butins acquis en Afrique, à Marwân b. Hakam. Ceci mit les musulmans en colère et Abd ar-Rahmân b. Hanbal récita un poème en blâmant Uthman.[37]

Aussi, d’après certains rapports, Uthman offrit 400 000 dirhams des butins de l’Afrique à Abd Allah b. Khâlid b. Usayd b. Râfi‘ et 100 000 dirhams à Hakam b. Abi al-‘Âs.[38]

D’après certains rapport, les injustices existaient même à l’époque d’Umar ibn al-Khattab, mais de peur de ce dernier, les musulmans n’arrivaient pas à se soulever. Alors qu’Uthman n’était pas si sévère à l’égard des musulmans, ce fut pour cette raison que les gens purent commencer leur soulèvement contre lui. D’après Abd Allah b. Umar :

« Les musulmans critiquèrent Uthman sur certains actes que si Umar les faisait, personne n’osait le critiquer ».

Il est rapporté qu’un jour, Uthman ibn Affan monta sur le Minbar (la chaire) dans la mosquée et dit :

« Ô Muhadjirun et Ansâr ! … Par Allah, vous m’avez critiqué sur certains actes que le deuxième calife faisait, mais vous ne lui disiez rien. Car il vous supprimait et vous traitez sévèrement … »[39]

Dépositions politiques

Uthman ibn Affan déposa Ammâr Yâsir et donna sa place à son frère (d’une mère commune), Walîd b. ‘Uqba. A Bassora, il déposa Abû Mûsâ Ash‘arî et nomma Abd Allah b. ‘Âmir b. Karîz, son cousin qui était un jeune, comme émir. Il présenta ‘Amr b. ‘Âs, comme commandeur de son armée en Egypte.

Abd Allah b. Abî Sarh, son frère du lait, devint le responsable des taxes en Egypte. Puis, Uthman déposa ‘Amr b. ‘Âs et confia le commandement de l’armée à Abd Allah b. Abî Sarh.[40]

Certains émirs dans le califat d’Uthman ne pratiquaient pas bien la religion. Uthman demanda de retourner certaines personnes qui avaient été déportées par le Prophète (s) de Médine. Il leur donna même du pouvoir. Par exemple, Hakam b. Abi al-‘Âs, un des proches d’Uthman qui avait été déporté de Médine par le Prophète (s), revint à Médine par l’ordre d’Uthman et ce dernier nomma le fils de Hakam, Marwân, comme son conseiller.[41]

Marwân avait un rôle important dans les discordes qui eurent lieu pendant les années suivantes. D’après certains chercheurs, Marwân fut le beau-fils d’Uthman et eut beaucoup d’influences sur les comportements et les décisions de ce dernier. Ils croient même que la plupart des fautes d’Uthman furent sous l’influence de Marwân. En tout cas, la présence de Marwân dans le califat d’Uthman mit beaucoup de musulmans, surtout les compagnons du Prophète (s) en colère.

Abd Allah b. Abî Sarh, le frère du lait d’Uthman qui devint l’émir de l’Egypte par l’ordre d’Uthman, n’avait pas une bonne histoire parmi les musulmans. Il est dit qu’il était un de ceux qui écrivaient la révélation, mais après, il renia l’islam et devint impie. Ce fut pour cette raison que le verset 93 de la sourate al-An‘âm fut révélé pour le reprocher.[42] Il rejoignit les impies de Quraych.

Du fait qu’il connaissait bien le Prophète (s), il donnait des conseilles aux polythéistes pour pouvoir vaincre les musulmans.[43] Au cours de la conquête de La Mecque, le Prophète (s) donna l’ordre de le tuer, mais il se réfugia auprès d’Uthman et par l’intercession de ce dernier auprès du Prophète (s), il lui pardonna.[44]

D’après les sources :

« Uthman alla auprès du Prophète (s) lui demandant de pardonner à Abd Allah b. Abî Sarh. Le Prophète (s) ne lui répondit pas. Uthman insista beaucoup et enfin, le Prophète (s) lui pardonna … »[45]

Walîd b. ‘Uqba, un des proches d’Uthman et son émir à Koufa, ne pratiquait même pas la religion et ne se manifestait pas comme musulman. Un jour, lors de la prière du matin, du fait qu’il était ivre, il fit une prière de quatre Rak‘at au lieu de faire deux Rak‘at. Puis, il dit aux présents :

« Si vous voulez, je peux en rajouter encore des Rak‘at ».

Tout le monde savait qu’il buvait du vin, mais Uthman ne le punissait pas d’après l’ordre de l’islam.[46] A l’époque du Prophète (s), un verset du Coran fut révélé sur Walîd, le considérant comme un pervers.[47]

Enfin, avec beaucoup de retard et sous la pression des musulmans, Uthman déposa Walîd b. ‘Uqba et donna sa place à Sa‘îd b. ‘Âs, mais le comportement de ce dernier fut pire que Walîd et causa beaucoup de problèmes. Il faisait des discours et déclarait que l’Irak était sous la possession de Quraych et des Omeyyades.

Certains compagnons du Prophète (s) et des chefs, comme Mâlik al-Ashtar le critiquèrent, mais Uthman ne leur répondit pas. Ceci incita les gens à se soulever contre lui. Enfin, Uthman défendit son émir, Sa‘îd et déporta les opposants, dont Mâlik al-Ashtar et Sa‘sa‘at b. Sawhân à Châm.

Début du soulèvement

La méthode du gouvernement d’Uthman et la perversité de ses proches et de ses émirs, causa le soulèvement de beaucoup de musulmans. Les opposants lui envoyèrent plusieurs fois des lettres, lui reprochant pour ses fautes et celles de ses proches. Uthman parla avec eux et leur promit de réparer ses erreurs. Mais il ne put pas convaincre les opposants. Il consulta avec plusieurs personnes, mais apparement il ne fit que d’après les conseils de ses proches, comme Marwân b. Hakam et Muawiya.[48]

Au début des soulèvements, Uthman monta sur le Minbar (la chaire), avoua sur ses fautes, demanda pardon aux gens et se repentit auprès d’Allah. Marwân l’empêcha d’avouer et lui demanda de couper son repentir et de ne plus demander pardon aux gens. Le comportement d’Uthman après cet événement prouve qu’il continua la même méthode sous l’influence de Marwân b. Hakam.[49]

Lettre des compagnons du Prophète (s)

Lorsque les musulmans furent déçus du gouvernement d’Uthman, certains compagnons écrivirent une lettre, dans laquelle, il avait marqué qu’Uthman pratiquait contre la sunna du Prophète (s) et les deux califes précédents. Dans eux, certaines erreurs d’Uthman furent :

L’offert du cinquième (Khoms) des butins de l’Afrique à Marwân b. Hakam, alors qu’il était le droit d’Allah et du Prophète (s), construction de 7 maisons à Médine, construction d’une maison pour son épouse, Nâ’ila, construction d’une maison pour Aïcha, construction d’une maison de bois pour Marwân, comme un palais, donner l’accès au trésor public à Marwân et à ses proches, donner le califat des villes musulmanes à ses proches et offrir beaucoup de biens aux Omeyyades, confier le califat de Koufa à Walîd b. ‘Uqba qui ne pratiquait pas la religion et buvait du vin, s’éloigner des Muhadjirun et des Ansar d’une façon qu’il ne leur donnait aucun pouvoir dans son gouvernement et ne consultait pas avec eux, offrir les terrains d’autour de Médine à ceux qui n’accompagnèrent jamais le Prophète (s) et changer les fouets et les remplacer avec ceux qui sont plus durs pour punir les musulmans.

Les gens se promirent d’envoyer cette lettre à Uthman. ‘Ammâr apporta la lettre auprès d’Uthman. Marwân b. Hakam et certains Omeyyades furent chez Uthman. ‘Ammâr donna la lettre à Uthman et ce dernier la lut.

Uthman lui dit :

« Est-ce que c’est toi qui as écrit cette lettre ? ».
« Oui » dit ‘Ammâr.

Uthman lui dit :

« Qui t’a aidé pour l’écrire ? ».
« Certains m’ont aidé, mais ne sont pas venus avec moi » dit ‘Ammâr.

Uthman lui dit :

« Donne-moi leur nom », mais ‘Ammâr n’accepta pas.

Uthman lui dit :

« Comment as-tu osé de parler contre moi ? »

Marwân b. Hakam dit :

« Ô Prince des croyants (Uthman), cet esclave noir à incité les gens contre toi. Si tu le tues, tu n’auras plus de soucis de la part des autres.

Uthman dit :

« Frappez-le ! ».

Lui-même aussi commença à le frapper. Puis, le tirèrent et jetèrent dehors de Dâr al-Imâra (le palais). Umm Salama, l’épouse du Prophète (s) ordonna d’emmener ‘Ammâr chez elle et certains musulmans le firent.[50]

Gouvernement de l’Egypte

Lorsque les musulmans étaient fâchés d’Uthman et se préparaient pour se soulever contre lui, les égyptiens portèrent plainte auprès de lui de la mauvaise conduite de leur émir, Abd Allah b. Abî Sarh. Les grands compagnons du Prophète (s), comme l’Imam Ali (a) conseillèrent à Uthman de déposer Abd Allah et de mettre Muhammad b. Abî Bakr à sa place.

Uthman accepta et donna une lettre à Muhammad b. Abî Bakr, le nommant, comme son émir en Egypte. Certains opposants d’Abd Allah b. Abî Sarh accompagnèrent Muhammad b. Abî Bakr. En route, ils virent un esclave qui marchait vite, d’une façon qu’on dirait qu’il s’enfuyait de quelqu’un.

Ils l’arrêtèrent et apprirent qu’il était le servant de Marwân b. Hakam et qu’il apporte une lettre de Marwân à Abd Allah b. Abî Sarh. Ils ouvrirent la lettre et virent que Marwân avait informé Abd Allah de nomination de Muhammad b. Abî Bakr, comme émir et lui avait demandé de tuer Muhammad b. Abî Bakr et ceux qui l’accompagnaient et de rester émir en attendant la lettre suivante.

En lisant la lettre, Muhammad revint à Médine et récita la lettre devant les compagnons du Prophète (s) et les musulmans. Ceci accéléra le mouvement contre Uthman et mit les gens de plus en plus en colère. Donc, ils encerclèrent le centre du gouvernement et fermèrent la voie de l’eau vers le palais.[51]

Encerclement

Les musulmans commencèrent leur soulèvement contre Uthman, mais ce dernier n’acceptait aucune de leurs propositions. Les gens de Koufa et de l’Egypte renforcèrent leurs réactions contre le calife. Enfin, Mâlik al-Ashtar an-Nakha‘î, accompagné de 1 000 hommes de Koufa et Ibn Abî Hudhayfa, accompagné de 400 hommes égyptiens allèrent vers la maison d’Uthman et l’encerclèrent pendant la journée et la nuit.

En même temps, Talha incitait les deux groupes à attaquer Uthman. Il leur dit :

« Uthman n’a pas peur de votre encerclement. Car Ali (a) lui envoie de l’eau et de la nourriture. Donc, fermez la voie de l’eau qui entre dans le palais d’Uthman ».[52]

Avant la révolte, l’Imam Ali (a) avait informé Uthman qu’il sortira de la ville et ce dernier avait accepté.[53] Même si l’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a), furent envoyés par l’Imam Ali (a) pour protéger la maison d’Uthman, lorsque l’Imam quitta la ville, les opposants augmentèrent leurs mouvements et l’état devint de plus en plus difficile pour Uthman.[54]

Uthman et tous ceux qui étaient chez lui, n’eurent ni assez de l’eau, ni de la nourriture. Uthman écrivit des lettres à La Mecque et le Châm et leur demanda de l’aide. Il écrivit qu’il s’était repenti, mais les gens n’acceptaient pas et ne seraient satisfaits qu’en lui prenant le pouvoir. Il dit :

« J’ai peur que bientôt, la nourriture finisse ».

D’après Al-Wâqidî, l’encerclement d’Uthman dura 49 jours.[55]

Assassinat

Après peu de temps, les opposants apprirent qu’Uthman ne va jamais s’écarter du pouvoir et qu’il ne va plus accepter leurs critiques. Donc, ils décidèrent de le tuer. Mais du fait que l’Imam al-Hasan (a) et certains de Banu Hachim protégeaient sa maison, les opposants ne voulaient pas les combattre.

Enfin, ils se mirent à lancer des flèches de loin vers la maison d’Uthman ; ce qui causa la blessure de l’Imam al-Hasan (a). Aussi, Marwân et Muhammad b. Talha furent blessés et la tête de Qanbar, le servant de l’Imam Ali (a) fut cassée. En voyant l’Imam al-Hasan (a), blessé, Muhammad b. Abî Bakr eut peur de la réaction de Banu Hachim.[56]

Lorsque l’Imam al-Hasan (a) fut blessé, deux hommes le firent sortir de la maison d’Uthman. Ceux qui avaient entouré la maison du calife se dirent :

« Si Banu Hachim voit le sang sur le visage de l’Imam al-Hasan (a), il dispersera les gens d’autour de la maison d’Uthman ».

Donc, ils décidèrent de tuer Uthman, avant que Banu Hachim voie la blessure de l’Imam al-Hasan (a). Alors, certains, en passant par la maison d’un des Ansâr, purent entrer dans la maison d’Uthman, d’une façon que personne ne se rendit compte de leur entrée.

A ce moment-là, Uthman était avec son épouse. Ils tuèrent Uthman et son épouse se mit à se lamenter. Lorsque l’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a) entrèrent chez Uthman, ils virent le corps démembré de ce dernier.[57]

Uthman fut tué en l’an 35 H. Il y a de différents avis sur son âge lors de sa mort. D’après Al-Wâqidî, lors de sa mort, Uthman eut 82 ans.[58] D’après certaines sources, l’assassin d’Uthman fut Sawdân b. Hamrân.[59]

Les gens de Médine ne permirent pas qu’on enterre Uthman dans le cimetière d’Al-Baqî‘. Enfin, on l’enterra dans un petit endroit, connu sous le nom « Hashshi Kawkab », situé derrière le cimetière d’Al-Baqî’. A l’époque de Muawiya, lorsque Marwân fut l’émir de Médine, ce dernier rajouta l’endroit où Uthman avait été enterré au cimetière d’Al-Baqî‘.[60]

Point de vue de l’Imam Ali (a)

D’après les sources musulmanes, l’Imam Ali (a) était contre l’assassinat d’Uthman. Ce fut pour cette raison, qu’il avait mit ses deux fils, l’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a) et certains d’autres pour protéger la maison d’Uthman.[61]

Lorsqu’il fut informé de l’assassinat d’Uthman, il reprocha les gardiens d’Uthman.[62]

D’après un autre rapport, l’Imam Ali (a) dit qu’Uthman, lui-même avait interdit l’Imam al-Hasan (a) et l’Imam al-Husayn (a) de combattre les Muhadjirun. Avant l’assassinat d’Uthman, l’Imam Ali (a) aida beaucoup ce dernier, par exemple, lorsque les opposants fermèrent la voie de l’eau vers la maison d’Uthman, l’Imam Ali (a) lui envoya de l’eau et du repas.[63]

Il est dit, lorsque les opposants égyptiens voulaient encercler et tuer Uthman, ils se rendirent d’abord vers la maison de l’Imam Ali (a), lui demandant de les accompagner, car ils considéraient le sang d’Uthman, comme licite.

L’Imam Ali (a) leur répondit :

« Par Allah, je ne viendrai pas avec vous ».

Les égyptiens lui dirent :

« Pourquoi alors tu nous as envoyé une lettre ? ».

L’Imam Ali (a) dit :

« Par Allah, je ne vous ai pas écrit de lettre ».

A ce moment-là, les égyptiens se regardaient (signe de l’étonnement).[64]

Evénements après l’assassinat d’Uthman

Après l’assassinat d’Uthman ibn Affan, les musulmans prêtèrent le serment d’allégeance avec l’Imam Ali (a). A Châm, Muawiya se nomma calife des musulmans, mais du fait qu’il n’avait pas le même statut que l’Imam Ali (a) parmi les musulmans, il essaya d’inciter les gens de Châm de combattre contre l’Imam sous prétexte de venger la mort d’Uthman.

Lorsque les musulmans demandèrent à Muawiya de prêter le serment d’allégeance avec l’Imam Ali (a), il dit qu’il considérait l’Imam, comme coupable dans l’assassinat d’Uthman.

Il dit :

« Si Ali (a) n’a aucun rôle dans l’assassinat d’Uthman, il doit alors nous envoyer ses assassins pour qu’on puisse venger sa mort de ceux qui l’ont tué ».

Ensuite, nous pourrons parler du califat.[65]

A Médine, l’épouse d’Uthman, envoya le vêtement ensanglanté de son mari et sa barbe, coupée à Muawiya et lui demanda de venger la mort de son mari de ses assassins. Muawiya profita du vêtement ensanglanté d’Uthman pour inciter les gens de Châm à combattre l’Imam Ali (a) et à exiger l’allégeance pour lui-même.

Donc, le vêtement d’Uthman devint comme un slogan et une preuve de la part des Omeyyades pour considérer le califat de l’Imam Ali (a) comme illégitime et pour justifier le califat de Muawiya. Alors, les gens de Châm acceptèrent les prétentions de Muawiya et lui dirent :

« Uthman est ton cousin et tu es le responsable de venger sa mort. Nous aussi, t’accompagnerons ».[66]

L’assassinat d’Uthman et la prétention du califat de la part de Muawiya causa de grandes batailles, comme la bataille de Siffîn, durant lesquelles, de milliers de personnes, dont certains compagnons du Prophète (s), comme ‘Ammâr b. Yâsir furent tués. Le martyre de l’Imam Ali (a) et la fondation de la dynastie des Omeyyades eurent lieu suite à l’assassinat d’Uthman.

Voir aussi

Références

  1. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1037
  2. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1038
  3. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1038
  4. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1038
  5. Ibn Hajar, Al-Isâba, v 4 p 377; Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1037
  6. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1037
  7. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1037
  8. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1039
  9. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1039
  10. Dhahabî, Usd al-Ghâba, v 3 p 481
  11. Ibn al-Jawzî, Al-Muntazam, v 4 p 335
  12. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 3 p 55
  13. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1038
  14. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, v 1 p 101 ; Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1038
  15. Wâqidî, Al-Maghâzî, v 1 p 278
  16. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 2 p 95 - 97 ; Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, v 2 p 781 - 782
  17. Dhahabî, Târîkh al-Islam, v 3 p 470
  18. Amînî, Al-Ghadîr, v 8 p 57 et v 9 p 336
  19. Muttaqî Hindî, Kanz al-‘Ummâl, v 5 p 620
  20. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 3 p 429
  21. At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 3 p 479
  22. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1044
  23. Dinvarî, Al-Imâma wa as-Sîyâsa, v 1 p 44 - 46
  24. Al-Musannaf, Ibn Abî Shayba, v 5 p 445 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 3 p 344
  25. As-Suyûtî, Târîkh al-Khulafâ’, p 129
  26. Dinwarî, Akhbâr at-Tiwâl, p 139
  27. Dinwarî, Al-Akhbâr at-Tiwâl, p 139
  28. Dinwarî, Al-Akhbâr at-Tiwâl, p 139
  29. Dinwarî, Al-Akhbâr at-Tiwâl, p 139
  30. Dinwarî, Al-Akhbâr at-Tiwâl, p 139 - 140
  31. Ramyâr, Târîkh Qur’ân, p 407 - 431
  32. Ibn Abî Shayba, Al-Musannaf, v 1 p 16 ; Ad-Dâramî, Musnad ad-Dâramî, v 1 p 544
  33. Ibn Abî Shayba, Al-Musannaf, v 1 p 25
  34. As-San‘ânî, Al-Musannaf, v 1 p 19 ; Ibn Abî Shayba, Al-Musannaf, v 1 p 26
  35. Maqdisî, Al-Bad’ wa at-Târîkh, v 5 p 299
  36. Encyclopédie de l’islam en anglais, v 10 p 947
  37. Al-Maqdisî, Al-Bad’ wa at-Târîkh, v 5 p 200
  38. Al-Maqdisî, Al-Bad’ wa at-Târîkh, v 5 p 200
  39. Traduction d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 49
  40. Dinvarî, Akhbâr at-Tiwâl, traduction persane, p 174
  41. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1388
  42. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 1 p 69
  43. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, v 2 p 787
  44. Ibn Athîr, Usd al-Ghâba, v 2 p 249
  45. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, v 2 p 856
  46. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 54
  47. At-Tabarî, Tafsîr Jâmi‘ al-Bayân, p 26, 78
  48. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 52
  49. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 53
  50. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 53 - 55
  51. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 60 - 61
  52. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 61
  53. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 57 - 58
  54. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 57 - 58, 64
  55. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1044
  56. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 67
  57. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 67 - 70
  58. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1048
  59. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1045
  60. Mas‘ûdî, Murûj adh-Dhahab, Traduction persane, v 1 p 703
  61. Ibn Abd al-Birr, Al-Istî‘âb, v 3 p 1046
  62. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 69
  63. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 61
  64. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 61
  65. Ibn Muzâhim, Waq‘at Siffîn, Traduction persane, p 271
  66. Traduction persane d’Al-Imâma wa as-Sîyâsa, p 110