Verset de Lâ Ikrâha fî ad-Dîn
Verset de Lâ Ikrâha fî ad-Dîn (en arabe : آية لا إكراه في الدين) est le verset 256 de la sourate al-Baqara, qui fait partie du verset al-Kursî qui recommande aux musulmans de ne pas forcer les non-musulmans à se convertir à l'islam et souligne la liberté et le libre arbitre de l'homme dans le choix de sa religion. Ce verset est révélé lorsque certains des Ansar ont voulu forcer leurs enfants à se convertir à l'islam. Selon al-'Allâma Tabâtabâ'î, le fait que le verset ne soit pas assorti de conditions montre que tous les êtres humains, y compris les mécréants, ne devraient pas être contraints d'embrasser la religion.
Selon certains chercheurs, le contenu du verset Lâ Ikrâha fi ad-Dîn est en contradiction avec l'obligation de faire le djihad al-Ibtidâ'î (signifie le début d’une guerre menée par les musulmans contre les polythéistes et les infidèles, dans le but de propager l’islam et d’établir le monothéisme et la justice). À ce sujet, des personnes comme Murtidâ Mutahharî ont déclaré que le djihad al-Ibtidâ'î est également une forme de défense et qu'il est obligatoire pour éliminer les obstacles à la propagation de l'islam. Une fois ces obstacles levés, les gens sont libres de choisir leur religion. Par conséquent, il n'y a pas de contradiction avec le contenu du verset. Les théologiens musulmans se sont référés à ce verset dans des sujets tels que l'infaillibilité des prophètes (a), le rejet du déterminisme, l'épreuve de Dieu et la liberté de religion en islam.
Certains exégètes du Coran considèrent ce verset comme une réponse à ceux qui considéraient la force et l'épée comme un facteur d'acceptation de l'islam. Selon eux, la religion et la foi sont une question de cœur et ne se rassemblent pas au même endroit à contrecœur, et si elles sont forcées, cela n'affectera que l'apparence du comportement des gens. En revanche, certains ont déclaré que ce verset est abrogé par la révélation du verset de la guerre et des versets 74 et 75 de la sourate at-Tawba.
Texte et traduction du verset
لَا إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ قَدْ تَبَيَّنَ الرُّشْدُ مِنَ الْغَيِّ فَمَنْ يَكْفُرْ بِالطَّاغُوتِ وَيُؤْمِنْ بِاللَّهِ فَقَدِ اسْتَمْسَكَ بِالْعُرْوَةِ الْوُثْقَى لَا انْفِصَامَ لَهَا وَاللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ ﴿۲۵۶﴾
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Nulle contrainte en religion! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. Donc, quiconque mécroit au Rebelle (Tâghût) tandis qu’il croit en Allah saisit l’anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et Omniscient.
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Le Coran, la sourate al-Baqara; le verset 256
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Présentation du verset
Le verset « لا اکراه فی الدین » est le verset 256 de la sourate al-Baqara, qui est généralement récité avec le verset al-Kursî et est l'un des versets les plus utilisés du Coran.[1]
Le verset « لا اکراه فی الدین » montre qu'accepter la religion n'est pas forcé et met l'accent sur la liberté et le choix de l'homme d'accepter la religion.[2]
L'imam Khomeiny a considéré que les vertus morales étaient incluses dans le sens du mot « دین » dans ce verset et a estimé que la pratique des vertus morales sous la contrainte était sans valeur.[3]
Certains ont également accepté le contenu du verset comme une règle de la Raison.[4] Le verset 255 de la sourate al-Baqara est appelé verset al-Kursî ; mais, selon certains hadiths et l'opinion de certains exégètes du Coran, les versets 256 et 257 de la sourate al-Baqara sont également considérés comme faisant partie du verset al-Kursî.[5]
Al-'Allâma Tabâtabâ'î considère que la grandeur du verset al-Kursî est due au fait qu'il contient des informations précises sur at-Tawhîd pur et la Vilâyat absolue de Dieu.[6]
Selon les hadiths des Imams (a), il est recommandé de réciter ce verset en tout temps pour se protéger du mauvais œil, de la santé et d'autres choses.[7]
Circonstance de la révélation
Al-'Allâma Tabâtabâ'î, citant le Tafsîr ad-Durr al-Manthûr, a considéré que la cause de la révélation du verset est liée à certaines épouses des Ansar qui avaient promis que si elles avaient un enfant, elles l'éduqueront dans la religion juivet. C'est pourquoi, lorsque les Juifs de Bani Nadir étaient chassés de Médine en raison de la violation de leur pacte, les pères de ces enfants ne leur permettaient pas de sortir et voulaient les forcer à se convertir à l'islam, mais le verset de lâ Ikrâha fi ad-Dîn est révélé.[8]
Al-'Allâma Tabâtabâ'î a également cité une autre opinion selon laquelle une personne a demandé au Prophète (s), s'il pouvait forcer ses enfants chrétiens à se convertir à l'islam, et que ce verset est révélé en réponse.[9]
Dans le Tafsîr Majma' al-Bayân, certains commentateurs du Coran tels que Qatâda b. Da'âma, Hasan et Dahhâk affirment que ce verset est révélé à propos des gens du Livre qui payaient la Jizya. Suday a déclaré que ce verset était destiné à tous les mécréants et ensuite est abrogé par le verset d'al-Qitâl.[10]
Il est également rapporté d'Ibn Abbas que le verset de lâ Ikrâha fi ad-Dîn concerne les enfants juifs d'un groupe spécifique des Ansar. D'autres pensent que le destinataire du verset est tout le monde, ce qui signifie que la religion est une question de cœur et qu'il n'y a aucune force de l'accepter.[11]
Conflit avec le jihad al-Ibtidâ’î
Certains chercheurs pensent que le djihad al-Ibtidâ'î est en contradiction avec le contenu du verset de Lâ Ikrâha fi ad-Dîn. En effet, ce verset nie la contrainte dans la religion, mais le djihad al-Ibtidâ'î signifie imposer l'islam aux autres par la force.[12]
Dans ce domaine, il existe trois points de vue :
- Le premier groupe, comme al-'Allâma Tabâtabâ'î, considère le djihad al-Ibtidâ'î comme une défense de l'unicité divine, une défense de l'humanité et une prévention de la chute des humains dans la bestialité. Ils considèrent cela comme une nécessité et une légitimité.[13]
- Le deuxième groupe pense que le djihad al-Ibtidâ'î vise à lever les obstacles à l'appel à l'islam et à éliminer les nuisances. Il n'y a donc aucune contradiction avec le verset de lâ Ikrâha fi ad-Dîn.[14]
- Le troisième groupe pense qu'il y a une contradiction et que le djihad al-Ibtidâ'î conduit les gens à l'islam par la contrainte.[15]
L'imam Khomeini pense également que le djihad al-Ibtidâ'î est de nature défensive et qu'il n'y a aucune contradiction avec le verset de lâ Ikrâha fi ad-Dîn. En effet, si les mécréants ne dérangent pas les musulmans, l'islam n'a rien à faire avec leurs croyances.[16]
Points de vue des exégètes du Coran
Les exégètes du Coran ont proposé plusieurs interprétations sur le verset 256 de la sourate al-Baqara :
- La première interprétation est que ce verset est abrogé. Miybudî[17] et Abu al-Futûh ar-Râzî[18] ont affirmé que ce verset est abrogé par le verset d'al-Qitâl et les versets 74 et 75 de la sourate at-Tawba.
- La deuxième interprétation est que, dans l'acceptation de la religion, une forme de la compulsion est concevable. Par exemple, on peut utiliser la compulsion pour expliquer le chemin de la vérité et le faire entendre aux gens[19] ; ou bien, si une perseonne a atteint un niveau spirituel élevé, la compulsion n'a plus de sens.[20]
- La troisième interprétation est que, selon ce verset, la foi et la compulsion ne peuvent pas coexister[21] et que la compulsion ne peut avoir qu'un impact sur le comportement extérieur.[22] Ce verset est également une réponse à ceux qui considéraient la force et l'épée comme des facteurs de conversion à l'islam.[23] Dans le livre de Tafsîr al-Majma' al-Bayân, il est dit qu'az-Zajjâj (Abu Is'hâq, Ibrâhîm b. as-Sarî, auteur du livre I'râb al-Qur'ân)[24] estime que ce verset montre que si quelqu'un s'est converti à l'islam après la guerre, il ne s'est pas converti sous la compulsion.[25] Al-Baydâwî, dans l'interprétation de ce verset, a également déclaré qu'en vertu de ce verset, il n'y a aucun bien à contraindre les gens à la religion.[26]
- La quatrième catégorie de commentateurs estiment que le sens de la religion est le chiisme et que « Lâ Ikrâha fi ad-Dîn » fait référence au fait de ne pas être contraint d'accepter la wilaya de l'Imam juste.[27]
- Dans d'autres livres de Tafsîr, comme Tafsîr Nûr ath-Thaqalayn, considérant que cette phrase coranique fait partie de Âyat al-Kursî, il a souligné la récompense et les effets de la récitation de Âyat al-Kursî et a examiné comment elle est révélée à travers différents hadiths.[28]
Usages jurisprudentiels
Certains interprètes du Coran, dans leurs œuvres, ont mentionné les usages jurisprudentiels du verset 256 de la sourate al-Baqara.[29]
Al-'Allâma Tabâṭabâ'î estime que le caractère inconditionnel du verset montre que tout le monde, y compris les mécréants, ne devrait pas forcer d'accepter l'Islam à contrecœur, et le verset fait référence à l'interdiction par la Sharî'at (ordre législatif) de le forcer à accepter la religion et la phrase suivante "Qad tabayyan..." explique la raison de cette décision, qui est l'évidence de la Vérité.[30]
La plupart des interprètes du Coran estiment que ce verset vise à exprimer l'interdiction de compulsion à l'acceptation de la religion.[31] Fakhr ar-Râzî, dans son livre Tafsîr al-kabîr, estime que ce verset rejette expressément la religion fondée sur la compulsion et considère que la base de la religion est l'acceptation par choix. En effet, si l'acceptation de la religion était obligatoire, il n'y aurait plus possibilité d'épreuve et d'examen.[32]
Al-'Allâma al-Hilî estime que le contenu du verset s'applique également aux préceptes religieux. Il invoque ce verset pour justifier le fait qu'al-Mukallaf n'est pas tenu de s'acquitter d'un devoir qui est hors de sa puissance (Taklîf bi Mâ lâ Yutâq).[33]
Points de vue des théologiens
On dit que les propos que les Imams chiites (a) ont tenu dans leur interprétation de ce verset portent sur la liberté at-Takvînî (La liberté at-Takvînî signifie que dans le système de création, le choix du chemin et des croyances n'est pas forcé, et selon sa création, l'homme est un être doté de consciences et de volonté, et il est libre de faire et de laisser ses actions et de choisir et d'avoir. sa propre volonté.) de l'homme dans le choix de sa croyance, et que ce sujet fait partie des premiers débats théologiques qui ont été répandus parmi les musulmans.[34] Les théologiens ont examiné divers sujets en se référant au verset Lâ Ikrâha fi ad-Dîn :
- La liberté dans l'infaillibilité des prophètes (a) : al-'Allâma al-Hillî croit qu'en vertu de ce verset, l'infaillibilité des prophètes (a), qui est une condition nécessaire pour la transmission du message divin, est un choix et non un contrecœur. Dans cette interprétation, le mot « religion » signifie s'abstenir de commettre des péchés.[35]
- Le rejet du déterminisme : Les théologiens qui rejettent l'affirmation selon laquelle les êtres humains sont forcés dans ses actes (actions) citent, entre autres, le verset Lâ Ikrâha fi ad-Dîn comme preuve.[36]
- L'épreuve divine : Certains théologiens croient que le monde est un lieu d'épreuve pour l'homme, et que seule une personne qui a le choix peut être mis à l'épreuve, c'est pourquoi Dieu a créé l'homme avec le libre arbitre.[37]
- La liberté de croyance : Un groupe de théologiens, comme Ayatollah Subhânî, a conclu sur la base de ce verset que la pensée et la croyance sont libres en islam et que personne ne peut forcer quelqu'un à accepter sa croyance, et que la tâche des prophètes (a) était simplement de rappeler et d'orienter. Les libertés des adeptes des autres religions en islam sont également expliquées sur cette base.[38]
Voir aussi
Références
- ↑ Fânî et Rajabî, Mavârid Istidlâl Tafsîrî- kalâmî bi Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 94
- ↑ Fânî et Rajabî, Mavârid Istidlâl Tafsîrî- kalâmî bi Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 94
- ↑ Imam Khomeiny, Âdâb as-Salât, p 37, 1378 SH
- ↑ Mûsavî Sabzivârî, Mawâhib ar-Rahmân, vol 4, p 298, 1409 H
- ↑ Mu'înî, Âyat al-Kursî, p 100
- ↑ Tabâtbâ'î, al-Mîzan, vol 2, p 337, 1417 H
- ↑ Ghazâlî, Jawâhir al-Qur'ân p 73-75, 1411 H
- ↑ Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 2, p 347, 1396 H
- ↑ Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 2, p 347, 1396 H
- ↑ At-Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 2, p 631-632, 1408 H
- ↑ At-Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 2, p 631-632, 1408 H ; at-Tabarî, Jâmi' al-Bayân, vol 3, p 10-11, 1412 H
- ↑ Kâmyâb et Qudsî, Barrisî Shubha Jahâdi Ibtidâ'î dar Tafsîr Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 8
- ↑ Kâmyâb et Qudsî, Barrisî Shubha Jahâdi Ibtidâ'î dar Tafsîr Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 13
- ↑ Kâmyâb et Qudsî, Barrisî Shubha Jahâdi Ibtidâ'î dar Tafsîr Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 14
- ↑ Kâmyâb et Qudsî, Barrisî Shubha Jahâdi Ibtidâ'î dar Tafsîr Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 8
- ↑ Kâmyâb et Qudsî, Barrisî Shubha Jahâdi Ibtidâ'î dar Tafsîr Âya Lâ Ikrâha fi ad-Dîn, p 15
- ↑ Khwaja Abd Allah al-Ansârî, Kashf al-Asrâr, vol 1, p 806, 1371 SH
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