Verset d’al-Barâ’at

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Versets d'al-Barâ'at ou Âyât al-Barâ'at (en arabe : آيات البراءة) sont les premiers versets de la sourate at-Tawba, qui expliquent les règles finales sur les relations entre les musulmans et les polythéistes. Dans ces versets, Dieu ordonne au Prophète (s) et aux musulmans de manifester leur aversion pour les polythéistes, de se retirer des traités qu'ils ont conclus avec eux et, s'ils n'acceptent pas l'islam, de leur déclarer la guerre. Ces versets sont communiqués aux polythéistes par l'Imam Ali (a) le jour de l'Aïd al-Adha.

Selon les commentateurs du Coran, la rupture unilatérale du traité avec les polythéistes n'était pas sans prélude. La rupture du traité avait d'abord été commise par les polythéistes. C'est pourquoi, selon ces mêmes versets, le traité avec les polythéistes qui n'avaient pas rompu leur engagement était considéré comme respectable par les musulmans jusqu'à la fin de sa durée. On a également dit que ces traités avaient été conclus à l'origine à titre temporaire.

Selon Muhammad Jawâd Mughnîya, l'accent mis par les versets d'al-Barâ'at sur la contrainte des polythéistes de la péninsule arabique à accepter la religion islamique ou sur leur préparation à la guerre n'est pas en contradiction avec le caractère facultatif de l'acceptation de la religion, qui est explicitement mentionné dans d'autres versets ; car les polythéistes de la péninsule arabique violaient constamment leurs traités et menaçaient également la nouvelle communauté islamique. C'est pourquoi cette loi ne s'appliquait qu'à eux.

Texte et traduction du verset

Les premiers versets de la sourate at-Tawba sont appelés les versets d'al-Barâ’at.[1]

بَرَاءَةٌ مِنَ اللَّهِ وَرَسُولِهِ إِلَى الَّذِينَ عَاهَدْتُمْ مِنَ الْمُشْرِكِينَ ﴿۱﴾ فَسِيحُوا فِي الْأَرْضِ أَرْبَعَةَ أَشْهُرٍ وَاعْلَمُوا أَنَّكُمْ غَيْرُ مُعْجِزِي اللَّهِ وَأَنَّ اللَّهَ مُخْزِي الْكَافِرِينَ ﴿۲﴾ وَأَذَانٌ مِنَ اللَّهِ وَرَسُولِهِ إِلَى النَّاسِ يَوْمَ الْحَجِّ الْأَكْبَرِ أَنَّ اللَّهَ بَرِيءٌ مِنَ الْمُشْرِكِينَ وَرَسُولُهُ فَإِنْ تُبْتُمْ فَهُوَ خَيْرٌ لَكُمْ وَإِنْ تَوَلَّيْتُمْ فَاعْلَمُوا أَنَّكُمْ غَيْرُ مُعْجِزِي اللَّهِ وَبَشِّرِ الَّذِينَ كَفَرُوا بِعَذَابٍ أَلِيمٍ ﴿۳﴾
Désaveu de la part d’Allah et de Son Messager à l’égard des polythéistes avec qui vous avez conclu un pacte : (1) Parcourez la terre durant quatre mois; et sachez que vous ne réduirez pas Allah à l’impuissance et qu’Allah couvre d’ignominie les mécréants.(2) Et proclamation aux gens, de la part d’Allah et de Son Messager, au jour du Grand Pèlerinage , qu’Allah et Son Messager, désavouent les polythéistes. Si vous vous repentez, ce sera mieux pour vous. Mais si vous vous détournez, alors sachez que vous ne réduirez pas Allah à l’impuissance. Et annonce un châtiment douloureux à ceux qui ne croient pas.(3)
Le Coran, la sourate at-Tawba, les versets 1 à 3, traduction de Hamîd Allah

Circonstance de la révélation du verset

Les versets d'al-Barâ'at sont révélés à la fin de la neuvième année de l'hégire lunaire et après le retour des musulmans de la bataille de Tabûk.[2] Le Prophète (s) était chargé de transmettre ces versets aux polythéistes de La Mecque pendant le mois de Dhû al-Hijja de la même année.[3]

Concernant la cause de la révélation des versets d'al-Barâ'at, il est dit que malgré la conquête de La Mecque par les musulmans la 8ème année de l'Hégire lunaire[4], certaines tribus arabes et polythéistes ont résisté à l'Islam[5] et les polythéistes qui ont fait un pacte avec le Prophète (s) ont violé le pacte à plusieurs reprises.[6] Avec le changement des conditions et le développement de l'Islam[7], ces versets sont révélés et ont qualifié l'existence du polythéisme d'intolérable.[8]

Les sources historiques et les hadiths chiites et sunnites font état de l'événement dont ces versets sont communiqués aux polythéistes. Lorsque les premiers versets de la sourate al-Barâ’at sont révélés, le Prophète (s) a envoyé Abu Bakr ibn Abi Quhafa pour les communiquer aux habitants de La Mecque. Cependant, après le départ d’Abu Bakr de Médine, l'ange Gabriel est descendu sur le Prophète (s) et lui a dit que ces versets devaient être communiqués par lui-même ou par un membre de sa famille. En conséquence, le Prophète (s) a envoyé l’Imam Ali (a) à La Mecque à la place d’Abu Bakr.[9]

Ahmad b. Abi Ya’qûb a rapporté dans son livre Tarîkh al-Ya’qûbî que l’Imam Ali (a) est arrivé à La Mecque l’après-midi du jour de l’Aïd al-Adha et a récité les versets d'al-Barâ’a et a lu le message du Prophète (s) pour les gens. Après cela, il a déclaré que personne ne devrait pas se faire autour de la Kaaba nu et qu’aucun polythéiste n’avait le droit de venir en pèlerinage l’année suivante. Selon al-Ya’qûbî, l’Imam Ali (a) a ensuite assuré une sécurité aux gens et a déclaré que toute personne qui avait conclu un pacte avec le Prophète (s), son pacte sera valable pendant quatre mois, tandis que toute personne qui n’avait pas conclu de pacte, elle avait un délai de cinquante nuits.[10]

Contenu

Muhammad Jawâd Mughnîya, dans son livre Tafsîr al-Kâshif, estime que les versets d'al-Barâ'at, qui sont révélés dans le contexte de la sourate at-Tawba, ont expliqué les préceptes finals concernant les relations entre musulmans et polythéistes.[11] Selon les interprètes du Coran, dans les premiers versets de la sourate at-Tawba, Dieu ordonne à son Prophète (s) et aux musulmans d'exprimer clairement leur dégoût pour les polythéistes et de se retirer des pactes qu'ils ont conclus avec eux. S’ils ne se convertissent pas à l’Islam, ils devraient leur déclarer la guerre. Cet avertissement incluait tous les polythéistes et même ceux qui avaient signé un traité de paix avec le Prophète (s) en déclarant qu'après une période de réflexion de quatre mois sur leur situation, ils devaient décider s'ils devaient se convertir à l'islam ou lutter contre les musulmans.[12]

Raison de l'annulation unilatérale du traité

L'ordre d'annuler le traité unilatéral avec les polythéistes dans les versets d'al-Barâ'at est remis en question malgré l'accent mis sur le respect de l'alliance dans l'Islam.[13] Al-'Allâma Tabâtabâ'î a considéré la rupture du pacte comme la raison du retrait de la sécurité des polythéistes. Il a considéré cette rupture du pacte comme une autorisation permettant aux musulmans d'annuler les accords conclus avec les polythéistes.[14] Selon at-Tabrisî dans le livre Tafsîr Majma' al-Bayân, il y avait trois raisons pour l’annulation unilatérale du traité de paix par le Prophète (s) : la nature temporaire du traité de paix avec les polythéistes, sa conditionnalité au fait de recevoir de nouvel ordre de Dieu, et la trahison et la rupture des pactes des polythéistes.[15]

Makârim Shîrâzî estime également que l'annulation des traités par les musulmans n'était pas sans raison ; car selon les preuves, il était clair que si les polythéistes pouvaient violer les traités, ils nuiraient aux musulmans. Selon lui, les traités imposés à une nation dans des circonstances particulières seraient violés une fois que son pouvoir serait établi.[16]

Selon les interprètes du Coran, annoncer publiquement l’annulation des traités musulmans avec les polythéistes dans leur centre de rassemblement à La Mecque le jour de l’Aïd al-Adha et leur accorder un délai de réflexion de quatre mois était pour éviter de surprendre les polythéistes et montrer l’adhésion de l’Islam aux principes humains.[17] Selon al-'Allâma Tabâtabâ'î, Dieu a même interdit aux musulmans une telle trahison avec cet ordre.[18]

Pourquoi les polythéistes sont-ils obligés d’accepter l’Islam ?

Selon les versets tels que le verset 256 de la sourate al-Baqara qui nie la contrainte dans l’acceptation de la religion, il est dit que l’islam appelle les gens à la religion uniquement par la sagesse et la raison, et qu’il ne force personne à accepter la religion ; Cependant, parfois, les intérêts de la communauté islamique exigent que les polythéistes ne soient pas présents dans la société islamique ; car cela causerait des dommages à la communauté et à sa corruption. Selon Muhammad Jawâd Mughnîya, l’obligation d’accepter l’islam était spécifique aux polythéistes de la péninsule arabique ; car malgré leur traité de paix, ils ont frappé la nouvelle communauté islamique en violant leur traité, donc le jugement de Dieu à leur sujet était qu’ils soient tués ou qu’ils apportent l’islam.[19]

Respect des traités des mécréants

Al-'Allâma Tabâtabâ'î, en se référant au quatrième verset de la sourate at-Tawba, a distingué entre les mécréants qui ont rompu leur traité et les mécréants fidèles à leur traité avec les musulmans. Il a déclaré que les polythéistes qui étaient fidèles à leur traité avec les musulmans et ne l’ont pas rompu directement ou indirectement sont une exception à la généralité de l’exemption des polythéistes. Les musulmans doivent respecter un tel traité et le maintenir jusqu’à la fin de sa durée.[20] Cependant, selon lui, la plupart des polythéistes ont rompu leur traité et n’ont pas laissé de confiance pour les autres.[21]

Voir aussi

Références

  1. Sâdiqî Tihrânî, at-Tafsîr al-Mawdû'î li al-Qur'ân al-Karîm, vol 7, p 202, 1406 H ; al-Haskânî, Shawâhid at-Tanzîl, vol 1, p 305, 1411 H ; al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 69, p 152, 1403 H
  2. At-Tabrisî, Majâ' al-Bayân, vol 5, p 3, 1372 SH ; al-'Ayyâshî, Tafsîr al-'Ayyâshî, vol 2, p 73, 1380 H
  3. Rajabî, Imam Ali dar 'Ahd PAyâmbar, p 209 ; Ibn al-Kathîr, al-Bidâya wa an-Nihâya, vol 5, p 36-37, 1398 H
  4. At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 3, p 42, Beyrouth
  5. Rajabî, Imam Ali dar 'Ahd PAyâmbar, p 209
  6. Shubbar, Tafsîr al-Qur'ân al-Karîm, vol 1, p 199, 1410 H ; Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 7, p 272, 1371 SH
  7. Mughnîya, al-Kâshif, vol 4, p 9, 1424 H
  8. Rajabî, Imam Ali dar 'Ahd PAyâmbar, p 209
  9. Ibn Hanbal, Musnad, vol 2, p 427, 1421 H ; Ibn Hanbal, Fadâ'il as-Sahâba, vol 2, p 703, 1403 H ; Ib 'Asâkir, Târîkh Madîna Damishq, vol 42, p 348, 1415 H ; Ibn Sa'd, at-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 168, Beyrouth ; cheikh al-Mufîd, al-Amâlî, p 56, Qom
  10. Al-Ya’qûbî, Tarîkh al-Ya’qûbî, vol 2, p 76, Dâr al-Bayrouth
  11. Mughnîya, al-Kâshif, vol 4, p 8, 1424 H
  12. At-Tabrisî, Majâ' al-Bayân, vol 5, p 5, 1372 SH ; Mughnîya, al-Kâshif, vol 4, p 9, 1424 H ; Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 7, p 282, 1371 SH
  13. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 7, p 283, 1371 SH
  14. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 9, p 147, 1390 H
  15. At-Tabrisî, Majâ' al-Bayân, vol 5, p 5, 1372 SH
  16. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 7, p 283, 1371 SH
  17. Ridâ'î Isfahânî, Tafsîr Qur'âni Mihr, vol 8, p 148, 1387 SH ; Makârim Shîrâzî, Tafsîri Nimûni, vol 7, p 284, 1371 SH
  18. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 9, p 147, 1390 H
  19. Mughnîya, al-Kâshif, vol 4, p 9-10, 1424 H
  20. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 9, p 150, 1390 H
  21. Tabâtab'î, al-Mîzân, vol 9, p 147, 1390 H