Bâb Hitta

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La porte de Hitta, ou en arabe « Bab Hitta », est une porte célèbre de la mosquée al-Aqsa à Jérusalem.

Bâb Hitta (en arabe : باب حطة) ou en français le porte de Hitta est une porte que Banû Israël devaient traverser après qu’ils errèrent dans la terre de Tîh. Lorsqu'ils entraient dans la Terre Sainte, ils devaient prononcer le mot « Hitta » en obéissance à l'ordre de Dieu pour obtenir le pardon de leurs péchés.
La plupart des exégètes du Coran considèrent Bâb Hitta comme l'une des portes de la mosquée al-Aqsa en Palestine. Dans les hadiths cités dans les sources chiites et sunnites, les Ahl al-Bayt (a) sont comparés à cette porte, selon ces hadiths, quiconque se réfugie auprès des Ahl al-Bayt (a), sera guidé et sauvé.

Ordre aux Banû Israël

D’après les versets du Coran, lorsque Banû Israël avaient l'intention d'entrer dans l'une des villes de la Terre Sainte, ils devaient suivre l'ordre de Dieu et entrer par une porte spécifique en prononçant le mot « Hitta » :

وَإِذْ قُلْنَا ادْخُلُوا هَـٰذِهِ الْقَرْيَةَ فَكُلُوا مِنْهَا حَيْثُ شِئْتُمْ رَغَدًا وَادْخُلُوا الْبَابَ سُجَّدًا وَقُولُوا حِطَّةٌ نَّغْفِرْ لَكُمْ خَطَايَاكُمْ ۚ وَسَنَزِيدُ الْمُحْسِنِينَ ﴿٥٨﴾
[Rappelez-vous] quand Nous dimes : « Entrez dans cette Cité et mangez de ses produits partout où vous voudrez, en liesse ! Franchissez la porte, prosternés et dites : « Pardon ! » Nous vous pardonnerons des erreurs et Nous donnerons davantage aux Bienfaisants. » ﴾58﴿
Coran, S II, Verset 58 ; Traduction de Régis Blachère

Dans les hadiths, cette porte est appelée Hitta.[1] La plupart des exégètes du Coran,[2] même les exégètes qui présentèrent Jéricho comme cité mentionné dans le verset ci-dessus,[3] considèrent que la porte (Bâb) fait allusion à l'une des portes de la mosquée al-Aqsa.[4]

Le mot « Hitta » signifie se mettre dans une position d'humilité, se décharger du fardeau des responsabilités ou des péchés.[5] Cheikh at-Tabrisî, dans son livre intitulé Majma‘ al-Bayân, déclare qu’Allah ordonna aux Banû Israël d'entrer humblement dans la mosquée al-Aqsa par la porte de Hitta, en se prosternant et en disant « Hitta ». Mais, ils entrèrent par une autre porte et déformèrent cette parole en l'exprimant en syriaque par « Hâtâ Samâqâtâ » ou « Hittâ Samaqâtâ », ce qui signifie blé rouge dans lequel il y a de l'orge.[6]

Ahl al-Bayt (a)

Dans les sources chiites, les Ahl al-Bayt (a) est comparée à la porte de Hitta. Par exemple, il est rapporté dans un hadith du Prophète Muhammad (s) :

« Celui qui professe ma religion, suit ma voie et ma tradition, qu'il croie la supériorité des Imams de ma famille sur l'ensemble de ma communauté, car leur exemple parmi cette communauté est semblable à la porte de Hitta parmi Banû Israël. »[7]

Dans les sources sunnites également, Abû Sa‘îd al-Khidrî rapporta un hadith du Messager de Dieu (s) qu’il avait dit :

« Mes Ahl al-Bayt parmi vous sont semblables à la porte de Hitta parmi Banû Israël. Celui qui entre par cette porte sera pardonné. »[8]

Les ulémas expliquèrent cette comparaison en disant que de la même manière que la porte de Hitta était le critère de mesure de la foi et de la croyance pour Banû Israël, les Ahl al-Bayt (a) sont également le critère de mesure de la foi pour la communauté du Prophète Muhammad (s).[9] Selon ce hadith, les Ahl al-Bayt (a) sont comme cette porte à travers laquelle quiconque des Banû Israël cherchait refuge voyait ses péchés pardonnés. De même, quiconque cherche refuge auprès des Ahl al-Bayt (a) trouvera également le salut et le pardon divin.[10]
En outre, Ibn Hajar al-Haytamî, un savant sunnite du 10e siècle de l’hégire, croit en la véracité du hadith de Bâb Hitta. Il ajoute, de la même manière que Dieu établit l'entrée par la porte de Hitta comme condition du pardon, dans la communauté de l'islam également, l'affection envers les Ahl al-Bayt (a) est un condition de pardon pour eux.[11]
Autrement dit, le Prince des croyants, Ali (a) et les Ahl al-Bayt (a) sont des critères et des balances de la foi pour la communauté du Prophète (s), tout comme la porte de Hitta était un critère et une balance de la foi pour Banû Israël. Quiconque se réfugiait par la porte de Hitta était pardonné, de même quiconque se réfugie auprès des Ahl al-Bayt (a) sera sauvé et pardonné.[12]

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Références

  1. Cheikh as-Sadûq, Al-Amâlî, p 74, hadith 6
  2. At-Tabarî, Jâmi‘ al-Bayân, vol 1, p 426 ; Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 1, p 247 ; Ibn ‘ dil, al-Lubâb fî ‘Ulûm al-Kitâb, vol 2, p 95
  3. At-Tabarî, Jâmi‘ al-Bayân, vol 1, p 426 ; Ibn ‘ dil, al-Lubâb fî ‘Ulûm al-Kitâb, vol 2, p 93
  4. At-Tabarî, Jâmi‘ al-Bayân, vol 1, p 427 ; Ibn ‘ dil, al-Lubâb fî ‘Ulûm al-Kitâb, vol 2, p 95
  5. Al-Fîrûzâbâdî, al-Qâmûs al-Muhît, « حط », vol 2, p 894 - 895 ; Al-Murtazâ az-Zabiydî, Tâj al-‘Arûs, « حطط », vol 10, p 216 - 217
  6. Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 1, p 248
  7. Cheikh as-Sadûq, Al-Amâlî, p 74, hadith 6
  8. Al-Haytamî, as-Sawâ‘iq al-Muhriqa, vol 5, p 179 ; As-Suyûtî et al-Munâwî, Jâmi‘ al-Ahâdîth, vol 8, p 8956  ; Al-Haythamî, Majm‘ Az-Zawâ’id, vol 9, p 168 ; at-Tabarânî, al-Mu‘jam as-Saghîr, vol 2, p 82
  9. Ayatollah Husiynî Mîlânî, Jawâhir al-Kalâm fî Ma‘rifat al-Imâmat wa al-Imâm , vol 2, p 167
  10. Khânsârî, Sharh qâ Jamâl ad-Dîn Khânsârî bar Ghurar al-Hikam wa Durar al-Kalim, vol 6, p 186
  11. Al-Haytamî, as-Sawâ‘iq al-Muhriqa, vol 2, p 447
  12. Khânsârî, Sharh qâ Jamâl ad-Dîn Khânsârî bar Ghurar al-Hikam wa Durar al-Kalim, vol 6, p 186