Mukhayrîq

De wikishia

Mukhayrîq (en arabe : مُخَيريق) était un savant juif à l’époque du Prophète Muhammad (s) qui fut tombé en martyr dans la bataille d'Uhud. Il demanda à sa tribu de soutenir le Prophète (s) dans la bataille d'Uhud, mais ils refusèrent. Il partit donc seul pour aider le Prophète.

Mukhayrîq remit ses biens qui comprit les sept jardins au Messager de Dieu (s). Ce dernier fit don ou consacra ensuite ces jardins en aumône. Après le décès du Prophète (s), Sayyida Fatima (a) demanda à Abû Bakr de lui remettre les biens restants du Prophète (s), y compris le Fadak et ces jardins, mais elle fut confrontée à l'opposition d’Abû Bakr.

Selon les sources historiques, Mukhayrîq, bien qu'il soit devenu musulman, est décédé. Cependant, selon un rapport, il n'est pas mort en tant que musulman. On considère l'éloge du Prophète (s) qui le considérait comme son soutien et le meilleur des Juifs comme un signe de son acceptation de l'islam.

Présentation

Mukhayrîq est considéré parmi les éminents personnages juifs,[1] un érudit[2] et fit partie des savants les plus grands des Gens du Livre.[3] Le Prophète Muhammad (s) le considérait comme l'un des meilleurs Juifs.[4] Az-Ziriklî, un biographe du 14e siècle de l'hégire, ainsi que d'autres, le comptèrent parmi les compagnons de l’Envoyé d’Allah (s).[5] Son profil est également mentionné dans les livres de biographie y compris le livre al-Isâba fî Tamyîz as-Sahâba.[6]

Mukhayrîq était un homme riche,[7] possédant de nombreuses richesses[8] et de vastes jardins.[9]

Mukhayrîq appartenait à la tribu de Banû Nadîr[10] ou de Banû Fityawn,[11] plus précisément de la branche de Banû Tha‘laba b. al-Fityawn.[12] Certains le considèrent également comme appartenant à la tribu de Banû Qaynuqâ‘[13] et même comme son chef.[14] Il est mentionné avec les titres de Nadrî,[15] Isrâ’îlî[16] et Yahûdî.[17]

Participation à la bataille d'Uhud et martyre

D’après les rapports des sources historiques, Mukhayrîq participa à la bataille d'Uhud.[18] Ibn Hishâm, un historien des 2e et 3e siècles de l'hégire, rapporte qu’avant la bataille d'Uhud, Mukhayrîq demanda à sa tribu de soutenir le Prophète. En réponse, ils lui dirent qu’aujourd'hui est samedi et nous ne faisons aucun travail ce jour-ci. Il leur répondit en disant qu'il n'était pas nécessaire de respecter le samedi dans de telles circonstances et précipita à cette bataille pour aider le Messager de Dieu (s).[19]
Al-Wâqidî et al-Balâdhuri, parmi les historiens, rapportèrent que Mukhayrîq avait fait un serment lors de cette conversation, déclarant que les juifs savent que Muhammad est le prophète de Dieu.[20]

Mukhayrîq fut mort en martyr lors de la bataille d'Uhud.[21]

Remise de biens au Prophète Muhammad (s)

Mukhayrîq fit un testament pour que ses biens parviennent au Messager d’Allah (s).[22] Selon les rapports des sources, il fit ce testament lorsqu'il se prépara à partir pour la bataille d'Uhud, stipulant que si jamais il mourait, ses biens seraient transférés au Prophète (s).[23] Certains affirmèrent que ce testament se fit au moment de son martyre.[24]

Dans son livre, Ansâb al-Ashrâf, al-Balâdhurî rapporte que Mukhayrîq remit ses biens à l’Envoyé de Dieu (s) dans son vivant.[25] Cette information est également citée dans le livre Qâmûs ar-Rijâl de Muhammad Taqî Shûshtarî (d. 1416 h).[26] Aussi, certains chercheurs mentionnèrent que Mukhayrîq remit tous ses biens au Prophète Muhammad (s) lors de sa conversion à l'Islam.[27]

Le Messager de Dieu (s) dépensa les biens de Mukhayrîq comme aumône.[28] Une partie importante,[29] voire la majorité des aumônes du Messager d’Allah (s), est considérée comme provenant de ces biens.[30]

Certains prétendent que toutes les aumônes du Prophète (s) appartenaient auparavant à Mukhayrîq.[31] De plus, certains dirent que le Prophète (s) fit Waqf ces biens.[32] C'est pourquoi le premier Waqf est considéré comme étant constitué par ces biens, qui furent remis au Messager de Dieu par Mukhayrîq, soit directement,[33] soit par l'intermédiaire de Mukhayriq lui-même.[34]

Sept jardins

Les biens de Mukhayrîq comprenaient sept jardins[Note 1] connus sous les noms de Miythab, Sâfîya, ad-Dalâl, Husnâ, Burqu, A‘wâf et Mashraba Umm Ibrâhîm.[35] Ces jardins qui étaient connus sous le nom de « Hawâ’it Rasûl Allâh » (les jardins du Messager d'Allah), étaient composés des meilleurs palmiers de la région de Médine.[36]

Selon les rapports, après le décès du Prophète (s), sa fille, Sayyida Fatima Zahra (a), demanda à Abû Bakr de lui remettre les biens restants de l’Envoyé de Dieu (s), y compris Fadak et ces jardins, mais cela fut contesté par Abû Bakr.[37] Cette situation provoqua la colère de la fille du Prophète (s).[38] Pendant le califat d’Umar, le Prince des croyants, Ali (a) et Abbas b. Abdul-Muttalib demandèrent ces biens à Umar, et ce dernier donna ces biens à l'Imam Ali (a), à l'exception des terres agricoles de Fadak et de Khaybar.[39] Plus tard, ces jardins furent transmis aux enfants de la Dame Fatima Zahra.[40]

Abû Basîr rapporte de l’Imam al-Bâqir (a) que Sayyida Zahra (a) avait confié la gestion des sept jardins au Prince des croyants (a), puis à l'Imam al-Hasan (a), puis à l'Imam al-Husayn (a), et ensuite au plus âgé de ses descendants à chaque époque. Un hadith similaire est également rapporté de l'Imam as-Sâdiq (a).[41]

Religion

Conformément aux rapports des sources historiques, Mukhayrîq connaissait bien le Prophète (s) sur basé sa connaissance approfondie des livres célestes en raison de sa propre expertise.[42] Certains croient qu'il croyait en la prophétie du Prophète Muhammad (s) en tant que le dernier prophète en se basant sur les nouvelles des livres célestes. Il souhaitait être le premier musulman, mais il s’abstint de le faire pour éviter les conflits avec les notables juifs,[43] jusqu'à ce qu'il se convertisse à l’islam le jour de la bataille d'Uhud.[44]

De nombreuses sources rapportèrent sa conversion à l'islam.[45] On dit qu’après avoir embrassé la foi envers le Messager de Dieu (s),[46] il demanda à sa tribu, les Banû Qaynuqâ‘, de se convertir également à l’islam, mais ils réfutèrent.[47]

Ibn Hajar, un historien du 9e siècle de l’hégire, attribua le raport de l'islam de Mukhayrîq à al-Wâqidî.[48] Certains croient que la description de Mukhayrîq en tant que précédent juif par le Prophète (s), ainsi que sa position aux côtés de Salman en tant que précédent des Persans et de Bilâl en tant que précédent des Abyssins,[49] indique sa conversation à l’islam.[50]

Note

  1. Les titres de ces jardins sont mentionnés dans les sources avec quelques variations mineures. (Voir al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 518 ; Ibn Shabbah, Târîkh al-Madînat al-Munawwara, vol 1, p 173 ; Ibn Sayyid an-Nâs, ‘Uyûn al-Âthar, vol 1, p 240) Des chercheurs ont proposé des discussions détaillées sur les emplacements et les noms de ces jardins. (Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 806 - 807 ; As-Samhûdî, Wafâ’ al-Wafâ’, vol 3, p 151 - 155)

Références

  1. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 285
  2. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 518 ; Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325 et 518 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46
  3. Al-Farâhîdî, al-‘Ayn, vol 3, p 218 ; Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 514 et 518 ; Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325 et 518
  4. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 518 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 2, p 531 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 389
  5. Az-ziriklî, Al-A‘lâm, vol 7, p 194 ; Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 805
  6. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46 - 47
  7. Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 3, p 353 ; Ibn Sayyid an-Nâs, ‘Uyûn al-Âthar, vol 1, p 240
  8. Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 3, p 237 ; Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, p 69
  9. Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, p 69
  10. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 285, 325 et 518 ; Ibn Sayyid an-Nâs, ‘Uyûn al-Âthar, vol 1, p 240 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 4, p 212
  11. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 14, p 370
  12. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 514 ; vol 2, p 88 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 2, p 531 ; Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 2, p 205
  13. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 285, 325 et 518 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46 - 47 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 389
  14. Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, p 69
  15. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 4, p 212 ; Az-ziriklî, Al-A‘lâm, vol 7, p 194
  16. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 4, p 212
  17. Yâqût al-Hamawî, Mu‘jam al-Buldân, vol 5, p 241
  18. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 285 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 160 - 161 ; vol 14, p 369
  19. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 88 - 89 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 2, p 531 ; Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 4, p 36 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 160 - 161 ; vol 3, p 353
  20. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325 ; Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 263
  21. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 518 ; vol 2, p 88 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 1, p 389 ; Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 389
  22. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 388 - 389
  23. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 518 ; vol 2, p 89 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 2, p 531 ; Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325
  24. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 47 ; As-Samhûdî, Wafâ’ al-Wafâ’, vol 3, p 151
  25. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 285
  26. ‘Allâma Shûshtarî, Qâmûs ar-Rijâl, vol 10, p 22
  27. Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 805
  28. Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 325 ; ‘Allâma Shûshtarî, Qâmûs ar-Rijâl, vol 10, p 22 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46
  29. Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 191
  30. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 518 ; Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 263 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 389
  31. Ibn Shabbah, Târîkh al-Madînat al-Munawwara, vol 1, p 173 ; Shurrâb, Al-Ma‘âlim al-Athîr fî as-Sunna wa as-Sîra, p 156 ; Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 805
  32. Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 4, p 37 ; Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 806
  33. Kurd ‘Alî, Khitat ash-Shâm, vol 5, p 90
  34. Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 388 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 8, p 407 ; Al-Khatîb al-‘Umarî, ar-Rawdat al-Fayhâ’ fî Tawârîkh an-Nisâ’, p 231
  35. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46 ; Yâqût al-Hamawî, Mu‘jam al-Buldân, vol 5, p 241, 290 - 291
  36. As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 8, p 407 ; Ibn Sa‘d, At-Tabaqât al-Kubrâ, vol 1, p 389 ; Kurd ‘Alî, Khitat ash-Shâm, vol 5, p 90
  37. Al-Khatîb al-‘Umarî, ar-Rawdat al-Fayhâ’ fî Tawârîkh an-Nisâ’, p 230 - 231 ; Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 807 - 808 ; As-Samhûdî, Wafâ’ al-Wafâ’, vol 3, p 155
  38. Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 808 ; As-Samhûdî, Wafâ’ al-Wafâ’, vol 3, p 155
  39. As-Samhûdî, Wafâ’ al-Wafâ’, vol 3, p 155
  40. Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 807
  41. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 7, p 49
  42. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 518 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 3, p 353 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 4, p 212
  43. Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 805
  44. Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 3, p 236 - 237
  45. Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 514 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 65 - 66 ; vol 14, p 369 ; Al-Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, vol 1, p 266, 285 et 518
  46. Yâqût al-Hamawî, Mu‘jam al-Buldân, vol 5, p 290 ; ‘Allâma Shûshtarî, Qâmûs ar-Rijâl, vol 10, p 22 ; Ibn Sayyid an-Nâs, ‘Uyûn al-Âthar, vol 1, p 240
  47. Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, p 69 - 70
  48. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 46
  49. Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Al-Isâba, vol 6, p 47 ; Shurrâb, Al-Ma‘âlim al-Athîr fî as-Sunna wa as-Sîra, p 156 ; Ibn Shabbah, Târîkh al-Madînat al-Munawwara, vol 1, p 173
  50. Sabrî Bâshâ, Mawsû‘a Mir’ât al-Haramayn ash-Sharîfayn, vol 4, p 806