Bataille de Hamrâ’ al-Asad

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Bataille de Hamrâ’ al-Asad (en arabe : غزوة حمراء الأسد) est l'une des batailles de l’époque du Prophète Muhammad (s) qui eut lieu la troisième année de l'hégire, le jour suivant la bataille d'Uhud, dans une zone nommée Hamrâ’ al-Asad située à 20 km de Médine.
Lorsque le Messager d’Allah (s) apprit que les polythéistes de La Mecque avaient l'intention d'attaquer à nouveau Médine après la bataille d'Uhud, il ordonna de poursuivre les ennemis. Durant cette bataille, sur ordre du Prophète (s), chaque musulman allumait un feu la nuit pour donner l'impression d'un grand nombre de soldats musulmans et créer la peur parmi les ennemis. Cette stratégie provoqua la fuite de l'armée mecquoise, et l’Envoyé de Dieu (s) retourna à Médine après trois jours.

Les exégètes du Coran considèrent que les versets 140 et 172 à 174 de la sourate Âl ‘Imrân, ainsi que le verset 104 de la sourate an-Nisâ’, font référence à cette bataille.

Raison de la bataille

Selon les sources historiques, la bataille de Hamrâ’ al-Asad eut lieu la troisième année de l'hégire[1] et un jour après la bataille d'Uhud.[2] La bataille d'Uhud eut lieu la troisième année de l'hégire, à mois de Shawwâl, un samedi. Le lendemain, soit le dimanche, eut lieu la bataille de Hamrâ’ al-Asad. Les musulmans y restèrent cinq jours, puis retournèrent à Médine le vendredi.[3]

Cette bataille tire son nom de la région appelée Hamrâ’ al-Asad, située à 20 kilomètres de Médine.[4]

Les sources historiques rapportent qu'un jour après la défaite des musulmans à la bataille d'Uhud, le Prophète Muhammad (s) fut informé que les polythéistes de La Mecque prévoyaient d'attaquer à nouveau Médine.[5] D’après le livre « Tafsîr al-Qummî », des exégèses coraniques chiites anciennes, ouvrage de Ali b. Ibrâhîm al-Qummî (décédé en 307 h / 919 c), c'est l'ange Gabriel qui informa le Messager d’Allah (s) de l'intention des Quraychites d'attaquer à nouveau.[6]

Il existe deux théories concernant les participants à cette bataille. Selon « Tafsîr al-Qummî », Gabriel informa le noble Prophète (s) que seuls ceux qui avaient été blessés lors de la bataille d'Uhud avaient le droit de participer à cette bataille.[7] Dans le livre « A‘yân ash-Shî‘a », écrit par Sayyid Muhsin al-Amîn (décédé en 1371 h / 1952 c), il est mentionné que Bilal, le muezzin du Prophète (s), sur ordre du l’Envoyé de Dieu (s), annonça après la prière du matin que ceux qui avaient participé à la bataille d'Uhud sont appelés à se mobiliser pour participer à cette bataille et poursuivre l'ennemi.[8]
Selon les sources historiques, la marche du Prophète (s) vers les polythéistes de La Mecque visait à créer la peur parmi les ennemis et à leur faire comprendre que les musulmans étaient encore puissants.[9]

Événements de la bataille

Conformément au rapport d'al-Wâqidî, historien et biographe musulman du 3e sicèle de l’hégire dans le livre « al-Maghâzî », suite à l'ordre du Prophète Muhammad (s) de se diriger vers la région de Hamrâ’ al-Asad, même les blessés qui étaient en convalescence se préparèrent à partir.[10] Il est rapporté que quarante blessés de la tribu de Banî Salama participèrent à cette bataille,[11] et pour cette raison, le Messager d’Allah (s) pria pour eux.[12]

D’après les livres historiques, le Prophète (s) désigna Ibn Umm Maktûm comme son successeur à Médine.[13] L’Envoué de Dieu (s) confia l'étendard des Muhadjirun (émigrés) à l'Imam Ali (a) et l'envoya à l'avant-garde de l'armée jusqu'à la région de Hamrâ’ al-Asad.[14]

Selon al-Wâqidî, lors de cette bataille, le Prophète Muhammad (s) promit à Talha la victoire dans toutes les batailles et que Dieu ouvrirait aussi La Mecque pour eux.[15] Sa‘d b. ‘Ibâda apporta trente chameaux chargés de dattes et plusieurs autres chameaux, dont ils utilisèrent de la viande des deux à trois par jour.[16]

D’après certaines sources historiques, le Messager de Dieu (s) envoya trois personnes pour recueillir des informations sur le front ennemi ; cependant, deux d'entre eux furent capturés par les Quraychites et furent tués.[17]

Création de la peur dans le camp de l’ennemi

Selon de nombreux historiens, lorsque l'armée musulmane atteignit la région de Hamrâ’ al-Asad, le Prophète Muhammad (s) ordonna aux musulmans de rassembler du bois et, à la tombée de la nuit, chacun devait allumer son propre feu. L'allumage de cinq cents feux pendant la nuit et la réputation de la grande puissance des musulmans créèrent la peur dans le camp des polythéistes.[18]

Lorsque les polythéistes de La Mecque arrivèrent dans la région de Rawhâ’ et planifiaient une nouvelle attaque, ils rencontrèrent un homme nommé Ma‘bad.[19] Ils l'interrogèrent sur l'armée musulmane, et il leur parla de l'alliance des musulmans pour la vengeance. En récitant des poèmes qui témoignaient de la grandeur de l'armée musulmane, il instilla la peur dans le cœur d'Abu Sufyan et les dissuada d'attaquer à nouveau Médine.[20] Ar-Râwandî écrivit que quand Ma’bad rencontra Abu Sufyan dans la région de Rawhâ’, il dit en faisant référence à l'Imam Ali comme avant-garde : « Ô Abu Sufyan, c'est Ali qui mène l'armée », et cette description suffit à faire renoncer Abu Sufyan à son intention d'attaquer.[21]

Certaines sources rapportent qu'après que les polythéistes de La Mecque eurent renoncé à combattre les musulmans, Ma‘bad envoya un homme de la tribu de Khuzâ‘a au Prophète (s) pour l'informer qu'Abu Sufyan et ses compagnons s'étaient enfuis vers La Mecque.[22] Le livre « Tafsîr al-Qummî » mentionna qu’après la fuite des polythéistes, Gabriel descendit sur le Messager de Dieu (s) et lui dit de retourner à Médine, disant qu’Allah avait jeté la peur dans le cœur des Quraychites et qu'ils étaient partis.[23]

At-Tabarî, historien sunnite du 4e siècle h, ajouta qu’après avoir renoncé à la bataille, Abu Sufyan envoya un message au Prophète (s) par l'intermédiaire d'un groupe se dirigeant vers Médine, disant :

« Nous avons décidé de revenir vers vous où que vous soyez ».

Puis il se dirigea vers La Mecque. Lorsque l’Envoyé de Dieu (s) et les musulmans entendirent le message d'Abu Sufyan, ils dirent :

« Allah nous suffit, et quel excellent protecteur. » (Coran 3 : 173)

Révélation des versets concernant la bataille de Hamrâ’ al-Asad

Quelques sources exégétiques coraniques et historiques rapportent que les versets 172 à 174 de la sourate Âl ‘Imrân furent révélés au sujet de la bataille de Hamrâ’ al-Asad.[24] Aussi, il est dit que le verset 140 de la sourate Âl ‘Imrân et le verset 104 de la sourate an-Nisâ’ concernent également cette même bataille.[25]

Références

  1. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 334
  2. Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 2, p 223 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 178
  3. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 199 et 334 et voir : Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 3, p 106 - 108 ; Cheikh at-Tabrisî, I‘lâm al-Warâ, vol 1, p 183 - 184 ; Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 2, p 826
  4. Ad-Dîyâr al-Bakrî, Târîkh al-Khamîs, vol 1, p 447
  5. Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 178 ; Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 4, p 48 ; Âyatî, Târîkh Payâmbar Islâm (s), p 345
  6. Al-Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol 1, p 124
  7. Al-Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol 1, p 124
  8. Al-Amîn, A‘yân ash-Shî‘a, vol 1, p 259
  9. Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 2, p 223 ; Al-Mashshât, Inârat ad-Dujâ, p 318
  10. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 335
  11. Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 178
  12. Al-Mashshât, Inârat ad-Dujâ, p 320
  13. Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 4, p 49 ; Ibn Shahrâshûb, Al-Manâqib, vol 1, p 163
  14. Qutb ad-Dîn ar-Râwandî, Qisas al-Anbîyâ’ (a), p 343
  15. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 337
  16. Al-Amîn, A‘yân ash-Shî‘a, vol 1, p 259 ; As-Sâlihî ash-Shâmî, Subul al-Hudâ wa ar-Rashâd,vol 4, p 310
  17. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 337 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 178
  18. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 338 ; Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 180 ; Al-Amîn, A‘yân ash-Shî‘a, vol 1, p 259
  19. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 338
  20. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 338 ; Adh-Dhahabî, Târîkh al-Islâm, vol 2, p 223 ; At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 2, p 535
  21. Qutb ad-Dîn ar-Râwandî, Qisas al-Anbîyâ’ (a), p 343
  22. Al-Maqrîzî, Imtâ‘ al-Asmâ‘, vol 1, p 181
  23. Al-Qummî, Tafsîr al-Qummî, vol 1, p 124
  24. Al-Wâqidî, Al-Maghâzî, vol 1, p 340 ; Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 2, p 357 ; Al-Bayhaqî, Dalâ’il an-Nubuwwa, vol 3, p 317
  25. Cheikh at-Tûsî, At-Tibyân fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 3, p 51