Brouillon:Peuple de Thamûd
Peuple de Thamûd (en arabe : قوم ثمود) une tribu arabe, a été frappé par le châtiment divin à cause de son refus de croire au prophète Sâlih (a). Le Coran les décrit comme un peuple polythéiste, habile dans la construction de maisons en pierre. Dieu envoya Salih (a) parmi eux. Ils tuèrent le miracle de leur prophète, le chameau de Sâlih, et furent ensuite frappés par le châtiment divin. L’histoire du peuple de Thamûd n’apparaît pas dans la Torah, mais les découvertes archéologiques confirment l’existence d’une tribu portant ce nom dans les régions septentrionales de la péninsule arabique.
Peuple de Thamûd dans le Coran
Thamûd est à la fois le nom d’une tribu[1] et celui de son ancêtre éponyme.[2] Ce terme apparaît 26 fois dans le Coran.[3] Certains exégètes coraniques considèrent que l’expression « Ashâb al-Hijr » (أصحاب الحِجْر) mentionnée au verset 80 de la sourate al-Hijr désigne le peuple de Thamûd, « al-Hijr » étant le nom de la région où ils vivaient.[4]
Caractéristiques
Le Coran évoque la grande habileté du peuple de Thamûd dans la construction d’habitations taillées dans les montagnes,[5] l’édification de palais dans les plaines,[6] ainsi que la prospérité et la fertilité de leur territoire.[7] Il souligne également qu’ils construisaient leurs maisons en pierre.[8]
Temps et lieu de vie
Dans le Coran, le peuple de Thamûd est présenté comme les successeurs du peuple de ‘Âd,[9] et dans les récits consacrés aux peuples et prophètes anciens, leur histoire est rapportée après celle du peuple de ‘Âd.[10] Certaines sources qualifient Thamûd de « ‘Âd al-Âkhira » (le second ‘Âd).[11] Des chercheurs considèrent que cet ordre de mention est le signe d’une succession historique entre ces deux peuples.[12]
Selon certains chercheurs, les mentions des gens de Thamûd dans les sources anciennes concernent principalement la période comprise entre le VIIIe siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C..[13] Dans les sources historiques islamiques, la mission prophétique de Sâlih (a) est située avant celle du prophète Abraham (a),[14] et un intervalle d’environ cinq cents ans est mentionné entre les peuples de ‘Âd et de Thamûd.[15] Dans certaines sources, le peuple de Thamûd sont également présentés comme descendants de Sâm, le fils du prophète Noé (a).[16]
Lieu de vie
D’après certaines sources historiques, le peuple de Thamûd habitait la région d’al-Hijr, située près de la côte de la mer Rouge, à proximité de Wâdi al-Qurâ, sur la route reliant le Hidjaz à Cham).[17] Selon un hadith, lorsque l’armée musulmane traversa la région d’al-Hijr sur le chemin de Médine vers at-Tabûk, le Prophète Muhammad (s) a ordonné à ses compagnons, par crainte qu’ils ne soient frappés par le même châtiment que celui qui avait atteint le peuple de Thamûd, de ne pas boire l’eau de cet endroit et de le traverser en pleurant.[18] Certains d’autres considèrent que les hauts plateaux du Hidjaz et de l’actuelle Jordanie constituaient le territoire d’habitation de ce peuple.[19]
Religion et prophète
Selon les versets du Coran, le peuple de Thamûd était polythéiste, et Allah envoya le prophète Sâlih (a) pour les guider et les appeler au monothéisme.[20] D’après un hadith de l’Imam al-Bâqir (a), le peuple de Thamûd possédait soixante-dix idoles.[21] Dans un autre hadith, l’Imam as-Sâdiq (a) dit que ce peuple adorait un grand rocher autour duquel il se rassemblait une fois par an pour lui offrir des sacrifices.[22]
Une inscription qui leur est attribuée et datant de l’an 267 apr. J.-C., sur laquelle apparaît un motif lié au Christ (a), a été considérée comme un indice de la diffusion du christianisme parmi eux à cette époque.[23]
Réaction à l’appel du prophète Sâlih (a)
Le peuple de Thamûd a demandé au prophète Sâlih (a) un miracle afin de prouver la véracité de son message.[24] Selon les hadiths, ils lui ont demandé de faire sortir une chamelle du cœur de la montagne.[25] Dieu a exaucé leur demande et une chamelle surgit de la montagne. Le prophète Sâlih (a) les a mis alors en garde de ne pas porter atteinte à cette chamelle.[26] Malgré cela, le peuple de Thamûd a tué la chamelle.[27]
Certains exégètes chiites du Coran, s’appuyant sur un hadith du Prophète Muhammad (s), ont souligné la ressemblance entre le meurtrier de la chamelle de Sâlih (appelé « le plus malheureux des premiers ») et l’assassin de l’Imam Ali (a), qualifié de « le plus malheureux des derniers ».[28]
Le Coran évoque neuf groupes au sein du peuple de Thamûd qui ont joué ensemble de tuer Sâlih et sa famille.[29] Selon certains rapports, ils étaient neuf hommes qui se cachèrent dans une grotte, laquelle s’est effondré sur eux et les a anéanti.[30]
Face à l’appel du prophète Sâlih (a), le peuple de Thamûd s’est divisé en deux ou trois groupes.[31] La majorité réagit négativement à son appel, tandis qu’un petit nombre l’ont suivi.[32]
Descente du châtiment divin
Après que le peuple de Thamûd eut tué la chamelle, le prophète Sâlih (a) les a informés qu’ils seraient frappés par le châtiment de Dieu au bout de trois jours.[33] Selon certains rapports, le premier jour leur visage devint jaune, le deuxième jour rouge et le troisième jour noir ; puis ils ont été atteints par le châtiment divin et anéantis.[34]
Le Coran évoque le châtiment du peuple de Thamûd sous les appellations de la foudre,[35] le cri retentissant[36] et le tremblement.[37] Certains auteurs considèrent ces termes comme désignant différentes étapes d’un même châtiment.[38]
Survivants du châtiment
Il est rapporté que les rares survivants du peuple de Thamûd migrèrent vers La Mecque[39] ou vers Ramla, l’une des villes de Palestine.[40] Certains chercheurs considèrent l’existence de quelques lieux portant le nom du prophète Sâlih (a) en Palestine comme un indice de l’installation des survivants de Thamûd dans cette région.[41]
Abu al-Faraj al-Isfahânî, le savant musulman du IIIe et IVe siècle de l’hégire, a également considéré la tribu de Thaqîf[Note 1] comme issue de la descendance du peuple de Thamûd,[42] tandis qu’Ibn Khaldûn a exprimé des doutes quant à la validité de cette attribution.[43] D’autres encore estiment que les Banû Hilâl[44] seraient les descendants du peuple de Thamûd.[45]
Vestiges laissés par le peuple de Thamûd
De nombreuses gravures, inscriptions et constructions ont été découvertes à Jabal Athâlith et dans d’autres régions de la péninsule Arabique, et certains ont supposé que ces bâtiments servaient de sépultures aux Thamûd.[46] Dans les inscriptions qui leur sont attribuées, apparaissent les noms de Radû ou Radî, des divinités connues du Nord arabe, Salm, une divinité de la région de Taymâ’, ainsi que d’autres dieux de ces régions.[47]
Il est rapporté que l’histoire du peuple de Thamûd n’apparaît pas dans la Torah. Pour cette raison, certains archéologues avaient douté de l’existence de ce peuple.[48] Cependant, depuis le XIXe siècle, les découvertes archéologiques ont confirmé l’existence d’un peuple appelé Thamûd.[49]
Note
- ↑ L’une des tribus importantes dans l’histoire des débuts de l’islam. Ils étaient les habitants de Ṭāʾif, dans la péninsule Arabique.
Références
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