Mafâtîh al-Jinân (livre)
Mafâtîh al-Jinân (en arabe : مفاتيح الجنان) qui signifie les clés du paradis est le nom d’un recueil de prière le plus connu, utilisé par les chiites et élaboré par le Cheikh ‘Abbâs Qumî.
Le livre est constitué d’un ensemble de prières, de Munâjât (les invocations), de visite pieuse (les Zîyârats), d’actes correspondant à certains mois ou jours de l’année, des actes cultuels et rapportés par le Prophète de l’islam, des saints Imams ou des oulémas.
Avant Mafâtîh d’autres livres des prières étaient utilisés par les chiites. L’auteur a repris une grande partie de son livre des anciens textes y compris ceux d’Iqbâl al-A'mâl de Sayed b. Tâwûs, Misbâh de Kaf’amî et Zâd al Ma’âd de 'Allâma Majlisî.
Mafâtîh a connu un grand succès peu après sa parution, de nos jours, il se trouve presque dans toutes les maisons, toutes les mosquées et dans les lieux saints chiites. Il est considéré comme la référence la plus importante pour les actes recommandés et ceux liés aux moments et aux occasions religieux. La traduction la plus connue de l’ouvrage en persan est celle de Mahdî Elahî Qumshiï.
L’auteur du Mafâtîh y a ajouté son livre Bâqîyât as-Sâlihât (bonnes œuvres), inclus dans différentes éditions comme une marge au Mafâtîh.
Traits caractéristiques
L’auteur a élaboré son livre pour transformer en bien le Miftâh al-Jinân en vogue à son époque et comprenant des prières qui n'ont pas la chaîne de transmission. Le Cheikh ‘Abbâs Qumî affirme :
- « Les frères de religion m’ont demandé de séparer les prières qui n'ont pas la chaîne de transmission et d’y inclure des prières authentiques. »
Cependant, le Muhaddith Qumî s’est abstenu de citer la chaîne de transmission des prières, se contentant d’en donner seulement la source écrite.[1]
Un autre trait de l’ouvrage, c’est que certaines prières ne viennent pas des saints Imams, mais des oulémas, par exemple la prière ‘Adîla.[2]
Structure et contenu
Le Mafâtîh al-Jinân commence en général par quelques sourates du Saint Coran et toutes les petites sourates. Puis le livre comprend plusieurs chapitres :
Chapitre I : des prières
Il comprend les Taqîbât-i-Namâz (actes cultuels suivant la prière), les actes recommandés à accomplir pendant la nuit, le jour et les jours de la semaine, les prières recommandées, par exemple celles du Prophète, de le prince des croyants, de la vénérable Fâtima, de Ja’far Tayyâr, des prières des Imams pour les jours de la semaine, certaines prières et des munâjâts comme (Munâjât Khamsi ‘Ashar de l’Imam Sajjâd et Munâjât de ‘Alî à la mosquée de Koufa, Samât, Kumayl, Jawshan Saghîr et Jawshan Kabîr, la prière de Makârim al-Akhlâq, etc.
Chapitre II : Actes annuels
Le chapitre explique les actes recommandés à accomplir pendant l’année Hégirienne. Le chapitre commence par les actes du mois de Rajab et finit par ceux recommandés pour le mois Jumâdî al-thânî, puis Nawrûz et les mois Romains.
Le Munâjât Sha’bânîya, des actes cultuels du mois de Sha’bân, la prière d’Abû Hamza Thumâlî, la prière Iftitâh, la prière Sahar plus connue, des actes spécifiques des nuits de Qadr, des actes cultuels du mois de Ramadân, la prière de l’Imam Husayn au jour de ‘Arafa, des actes cultuels du mois de Dhu al-hijja sont les textes les plus connus de cette partie du Mafâtîh.
Chapitre III : manuels de visite pieuse
Le chapitre commence par des contenus sur les actes liés au voyage et aux visites pieuses (les Zîyârats) et contient des formules pour demander l’autorisation d’entrer dans les saints sanctuaires.
La première zîyârat (visite pieuse) mentionnée dans le chapitre est celle de la tombe du Prophète, suivie par celle de la tombe de la vénérable Fâtima puis les autres Imams enterrés à Baqî’.
Outre les zîyârats des douze Imams, le chapitre englobe également des manuels de visite pour les tombes des descendants des Imams (Imamzâdehs), des grandes personnalités et oulémas chiites.
Des zîyârats comme zîayârats de le vénérable Hamza, de Muslim b. 'Aqîl, de Fâtima bent Asad, des martyres de bataille d’Uhud, de Salmân al-Fârsî … des cérémonies rituelles liées à certaines fameuses mosquées dont la Mosquée de Koufa, la Mosquée Sa’sa’a se trouvent dans ce même chapitre.
La zîyârat de l’Imam al-Husayn (a) est le texte le plus long de ce chapitre. Les zîyârats les plus connues de l’Imam al-Husayn (a) dont la zîyârat de Ashoura, la Zîyârat de Arbaîn et la zîyârat Wârîth font également partie de ce même chapitre.
Le Cheikh ‘Abbâs Qumî a placé les prières de Nudba, ‘Ahd et zîyârat Jâmi’a Kabîra dans la même partie que la zîyârat de l’Imam du Temps.
Après les zîyârats liées à l’Imam du Temps, sont insérées les zîyârats des prophètes, de la vénérable Fâtima al-Ma’sûma et de le vénérable ‘Abdu al-azîm Hasanî. Le chapitre se clôt par un texte intitulé Zîyârat des tombes des croyants et sa prière.
Annexes
L’auteur du Mafâtîh a ajouté à la seconde édition de son livre une partie annexe et pour éviter des ajouts ultérieurs, il a promis la malédiction de Dieu, du Prophète et des saints Imams aux personnes qui agiraient dans ce sens. L’annexe comprend huit textes auxquels les gens avaient grand besoin selon l’auteur.
Ces huit textes sont :
- prière pour faire ses adieux avec le mois de Ramadan
- sermon pour le jour de l’Aïd el Fitr
- Zîyârat Jâmi’a des Imams des croyants
- prière suivant les zîyârats
- zîyârat pour faire ses adieux avec les Imams
- lettre pour obtenir gain de ses voeux
- prière en temps de l’occultation de l’Imam du Temps
- et actes cultuels pour une visite de la part d’une personne absente.
À ajouter que les éditeurs du Mafâtîh y ont ajouté plus tard une seconde annexe qui contient entre autre le fameux hadith al-Kisâ.
Bâqîyât as-Sâlihât
Le chapitre englobe des textes ajoutés plus tard par l’auteur les a écrit en marge de son Mafâtîh. Il comprend six subdivisions et se clôt par des annexes de ce même livre.
Le chapitre comprends les subdivisions suivantes:
- Des actes à accomplir pendant jour et nuit dont des actes quotidiens, des prières en différentes heures de la journée, et la procédure de l’accomplissement de la prière de nuit.
- Certaines prières recommandées dont la prière à dédier aux saints, la prière de la nuit de la tombe suivant l’enterrement (nuit de la tombe), les prières pour obtenir gain de ses voeux, les prières de l’imploration, et celles des jours de la semaine.
L’auteur y explique également la manière et les différents types d’Istikhâra (demande de bonne direction en cas de perplexité).
- Des prières, et d'amulette de la maladie et de la douleur (Hirz), et les origines des maladies des différents organes du corps, de la fièvre et autres, prières pour guérir différents maux et maladies.
- Des prières sélectionnées du prestigieux livre al-Kâfî. Les prières de cette partie concernent plutôt les règlements des problèmes comme le manque de la pitance, les problèmes matériels, etc.
- Certaines amulettes (hirz) et courtes prières sélectionnées du Mahj al-Da’wât et al-Mujtanî. Elle comprend des prières pour éloigner les catastrophes (hirz) et quelques Munâjât et prières pour assurer sa pitance.
- Des particularités de certaines sourates et de certains versets ainsi que des prières et textes divers. Elle cite certaines particularités des versets coraniques et des sourates utilisées pour les règlements des problèmes quotidiens. Des prières pour voir les gens dans le rêve, prières pour des lectures, les cérémonies spéciales pour ‘Aqîqa, Istikhâra par le Coran sont aussi incluses dans cette partie.
- Conclusion : un résumé des prescriptions liées aux morts
Publications et éditions
Le Cheikh ‘Abbâs Qumî a élaboré le Mafâtîh en 1344 de l’ère hégirienne pour le publier pour la première fois à Mashhad (une Ville à l'est d'Iran).
Il est actuellement publié en gros tirage par différents éditeurs, dans des formats et formes variées. Il est impossible de pouvoir réunir et énumérer tous les exemplaires publiés.
Le Mafâtîh étant très volumineux, ce qui rend le transport difficile, la plupart des éditeurs ont essayé à plusieurs reprises d’en publier des sélections comme Muntakhab-i-Mafâtih ou Guzîdi-yi-Mafâtîh (sélection de textes).
Le livre a été manuscrit par de grands calligraphes dont Tâhir, Misbâhzâdeh, Mîrzâ Ahmad Zanjânî et autres en naskh ou nasta’lîq (genre calligraphique). Le calligraphe Mîrzâ Tâhir l’a calligraphié cinq fois.
Traductions
La traduction la plus connue et la plus courante du Mafâtîh en persan est celle de Mahdî Ilâhî Qumshiï. D’autres traductions y compris celle de Sayyid Hâshim Rasûlî Mahalâtî et Husayn Ustâd Walî ont également été publiées.
Le Mafâtîh a été traduit en d’autres langues dont anglais (au moins quatre traductions),[3] en français, en turc, en urdu et en espagnol.[4]
Nouveau Mafâtîh
Le Nouveau Mafâtîh est en effet la version réformée du Mafâtîh al-Jinân, collectée et publiée par la référence chiite, Ayatollah Nâsir Makârim Shîrâzî.
Cette version a été traduite par Sayyid Hâshim Rasûlî Mahalâtî.
Dans une introduction écrite à son livre, l’Ayatollah Makârim explique avoir voulu respecter les exigences du temps et de supprimer les parties souvent critiquées.
Particularités
- Une introduction sur la prière et sa place ainsi que sur la réalisation ou la non réalisation des prières
- Une introduction pour chaque partie des prières et des Zîyârâts (visite pieuse)
- La présentation des références et de la bibliographie des prières et des Zîyârats au bas des pages
- La suppression des actes similaires au profit de la sélection des meilleurs
- Un nouvel ordre dans la présentation des textes
- La suppression des textes faibles
- L’intérêt pour le contenu des prières et des Zîyârats de se contenter aux références dans leur choix
Classification des textes
1.Introduction
2.Première partie : une partie des sourates du Coran
3.Deuxième partie : des Munâjât et prières courants comme Munâjât Khams ‘Ashar (les quinze Munâjât de l’Imam Sajjâd), Munâjat en poème de le prince des croyants, les prières coraniques, la prière Kumayl, Jawshan Kabîr, Jawshan Saqîr, prière Tawassul, prière Makârim al-Akhlâq.
4. Troisième partie : Ziyârats, rédigée en 12 sous-chapitres
5. Quatrième partie : les actes recommandés pour les mois de muharram jusqu’à Dhu al-hijja. Cette partie contient également des actes recommandés pour les mois de l’année solaire comme Nawrûz et romaine comme Neysân sont expliqués dans un chapitre particulier.
6. Cinquième partie: les actes recommandés pour les jours et les nuits et les jours de la semaine sont expliqués en 10 sous-chapitres dont un est consacré à ceux liés à la visite des tombes des saints Imams dans les jours de la semaine.
7. Sixième partie : Les cérémonies, les préparatifs et les actes recommandés après la fin de la prière.
8. Septième partie : Les prières recommandées. Elle comprend deux chapitres : les prières des quatorze impeccables et les prières courants comme celle de Ja’far Tayyâr, prière de la nuit suivant l’enterrement (nuit de la tombe), la prière du début du mois.
9. Huitième partie : Prière pour la solution des problèmes spirituels et matériels et les pratiques particulières comme le 'Aqîqa.
10. Neuvième partie : Istikhâra (divination) et ses manières convenues.
11. Dixième partie : Les pratiques et cérémonies cultuelles liés aux morts.
Acquisition du livre
Mafatih al-Jinan est traduit en français par certains traducteurs, dont :
- Abbas Ahmad al-Bostani (Boutique musulmane Razva)
- Un groupe de traducteurs sous l'observation des Publications Ansariyan (Mafatih français version papier)
- Ahmed Mostapha par la maison d'édition Al-Bouraq
Mafâtîh al-Hayât
Le Mafâtîh al-Jinân concerne plutôt les cérémonies cultuelles et individuelles, alors, dans l’élaboration de son Mafâtîh al-Hayât, l’ayatollah ‘Abdullâh Jawadî Amolî a préféré de réunir des hadîths portant sur les relations sociaux et familiaux et la vie quotidienne.
Le livre comprend six chapitres généraux à savoir :
- Interaction de l’homme avec soi
- Interaction de l’homme avec ses semblables
- Interaction des gens avec l’Etat islamique
- Interaction de l’homme avec les animaux
- Interaction entre l’homme et la création de l’environnement
- Conclusion
Le livre est présenté en quelque sorte comme le second volume de Mafâtîh al-Jinân.