Muhammad Âsif Muhsinî

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Muhammad Âsif Muhsinî Qandahârî (en persan : محمدآصف محسنی قندهاری) (1935-2019) fut l’une des autorités religieuses (marja’) résidant en Afghanistan. Il fut un ardent défenseur du rapprochement entre les écoles islamiques, président du Conseil des oulémas chiites d’Afghanistan et fondateur de la Hawza et de l’université Khâtam an-Nabîyyîn à Kaboul. Il fut également membre du Conseil supérieur de l’Assemblée mondiale des Ahl al-Bayt (a), ancien dirigeant du parti Harakati Islamî Afghanistan, ainsi que le fondateur de la chaîne de télévision Tamaddun.

Dans les domaines du fiqh (jurisprudence) et des Usûl al-fiqh (principes de jurisprudence), Muhammad Âsif Muhsinî fut formé par des figures éminentes telles que Sayyid Muhsin al-Hakîm et Sayyid Abu al-Qâsim Khû'î. Il laissa plusieurs œuvres majeures en science d'al-Rijâl, fiqh et hadith. Les chercheurs considèrent son livre Buhûth fî 'Ilm ar-Rijâl comme une contribution durable dans le domaine de la critique et de l’étude des traditions prophétiques (Dirâyat al-Hadith).

Biographie

Muhammad Âsif Muhsinî, fils de Muhammad Mîrzâ Muhsinî, naquit le 25 avril 1935 à Kandahar, en Afghanistan. Il commença son éducation de base dans une école traditionnelle (maktabkhâna) et, dès l'âge de 10 ans, il apprit à lire et à écrire sous la supervision de son père.[1] À 14 ans (1949), il partit avec sa famille pour le Pakistan, où il s’installa à Quetta et y apprit la langue ourdou. De retour en Afghanistan, il travailla pendant un temps dans une compagnie d’électricité, avant d’être employé à la Chambre de commerce de Kandahar en 1951.[2]

En 1961, Âsif Muhsinî épousa la fille de sa tante, avec qui il a trois fils : Abd Allah, Hâfiz et Habîb. Sa première épouse et son fils aîné décèdent avant lui.[3] Muhammad Âsif Muhsinî décéda le 5 août 2019 à Kaboul, des suites d’une maladie.[4] Il fut enterré le 6 août 2019 dans l’école Khâtam an-Nabîyyîn de Kaboul.[5]

Éducation au séminaire

Muhammad Âsif Muhsinî étudia d'abord les bases des sciences religieuses pendant six mois à Kandahar. Par la suite, il se rendit dans un village du district de Jaghouri, dans la province de Ghazni, en Afghanistan, où, en l’espace de huit mois[6], il étudia des ouvrages tels qu'al-Hidâya, Suyûtî, al-Hâshiya Mullâ Abd Allâh, ainsi qu’une partie de Ma'âlim ad-Dîn et de Lum'a.[7]

Le 3 juillet 1953, Muhsinî arriva à Nadjaf, où il acheva le reste du programme des études intermédiaires en moins de trois ans. Comme il le déclara lui-même, les vacances scolaires ne furent pas agréables pour lui et consacrait ses jours de congé à l’étude.[8]

Il apprit le livre al-Mutawwal auprès d’un professeur afghan, le premier volume du livre al-Kifâya auprès de Cheikh Mujtabâ Lankarânî, le second volume auprès de Sadrâ Bâdkûbi'î, le livre ar-Rasâ'il auprès de Cheikh Kâzim Yazdî, et le livre al-Makâsib auprès de plusieurs autres enseignants. Muhsinî manifesta également un vif intérêt pour la philosophie. Toutefois, en raison de l’interdiction d’enseigner cette discipline à Nadjaf, il s’y adonna en autodidacte et écrivit un commentaire sur le livre Bâb Hâdî 'Ashar. Il étudia également des oeuvres tels que al-Asfâr, Hikmat al-Ishrâq et divers écrits théologiques.[9]

Parmi ses compagnons d’étude figuraient Qurbân Ali Muhaqqiq Kâbulî, Ismaïl Muhaqqiq et Mûsâ 'Alamî Bâmîyânî.[10]

Cheikh Âsif Muhsinî suivit pendant neuf ans les cours de haut niveau (darsi khârij) en jurisprudence et en principes de jurisprudence dispensés par des figures telles que Sayyid Muhsin al-Hakîm, Sayyid Abu al-Qâsim Khû'î, Cheikh Husayn Hillî et Sayyid Abd al-A'lâ Sabzivârî.[11]

Activités religieuses

Muhammad Âsif Muhsinî joua un rôle majeur et diversifié dans la sphère religieuse en Afghanistan. Il présida le Conseil des oulémas chiites d'Afghanistan, essaya pour la reconnaissance officielle du chiisme, collabora à l'élaboration et à l'adoption de la loi sur le statut personnel des chiites (Il existe une loi approuvée en Afghanistan en 2007, qui concerne les droits des chiites devant les tribunaux judiciaires de ce pays.), fonda la Hawza et l'université Khâtam an-Nabîyyîn à Kaboul, et lança la chaîne de télévision Tamaddun. Il œuvra également activement pour le rapprochement entre les différentes écoles de pensée islamiques.

Présidence du Conseil des oulémas chiites d'Afghanistan

Article connexe : Conseil des oulémas chiites d'Afghanistan.

En 2003, Muhammad Âsif Muhsinî organisa à Kaboul le premier grand rassemblement des oulémas chiites d'Afghanistan. Après trois jours de discussions, la création du Conseil des oulémas chiites d'Afghanistan fut approuvée. Ce conseil, représenté dans 65 régions du pays, compte plus de 2 000 membres.[12] Muhsinî en assuma la directeur.[13]

Reconnaissance officielle du chiisme en Afghanistan

Dans la Constitution de la République islamique d'Afghanistan, adoptée le 4 janvier 2004, le chiisme fut, pour la première fois dans l’histoire du pays, officiellement reconnu comme une branche légitime de l’islam. Muhammad Âsif Muhsinî figura parmi ceux qui œuvrèrent activement pour cette reconnaissance.[14]

Fondation de la Hawza et de l’université Khâtam an-Nabîyyîn

L’institut d’enseignement supérieur et la Hawza Khâtam an-Nabîyyîn à Kaboul, couvrant une superficie de 40 000 mètres carrés, furent construits sous la supervision de Muhammad Âsif Muhsinî. Cet établissement, inauguré en 2007, comprenait une école religieuse, une université, une bibliothèque et une grande mosquée.[15]

Création de la chaîne télévisée Tamaddun

En 2007, Muhsinî fonda la chaîne télévisée Tamaddun, dont le contenu était principalement axé sur l’information, les reportages et les programmes religieux.[16] Contrairement à d’autres chaînes afghanes, cette télévision s’abstint de diffuser de la musique.[17]

Adoption de la loi sur le statut personnel des chiites d’Afghanistan

En 2009, Muhammad Âsif Muhsinî, en tant que directeur du Conseil des oulémas chiites, présenta au gouvernement de Hâmid Karzai un projet intitulé Loi sur le statut personnel des chiites d’Afghanistan, basé sur l’article 131 de la Constitution.[18] Ce texte fut initialement approuvé par le gouvernement, mais il fit l’objet de controverses de la part de certains groupes sociaux[19] et d’organisations de défense des droits humains[20], ce qui mena à sa révision.

Efforts pour le rapprochement entre les écoles islamiques

Certains observateurs considèrent que Muhsinî s’efforça de promouvoir le rapprochement entre les différentes écoles islamiques. Parmi ces initiatives figurent la fondation du Conseil de la fraternité islamique d’Afghanistan et la publication d’un ouvrage intitulé le rapprochement des écoles : de la théorie à la pratique.[21]

Vie politique

Après le coup d'État communiste du 27 avril 1978, qui porta le Parti démocratique populaire d'Afghanistan au pouvoir, Muhammad Âsif Muhsinî quitta Afghanistan.[22] Il se rendit d'abord en Arabie saoudite pour accomplir le pèlerinage du Hajj.[23], puis voyagea en Syrie où il enseigna les sciences religieuses pendant quelques mois à Damas.[24]. En avril 1979, il s'installa à Qom et, avec un groupe de religieux afghans résidant dans le séminaire de cette ville, fonda le Parti du Mouvement islamique d'Afghanistan le 8 avril de la même année.[25] Ce parti, formé à partir de petits groupes, engagea des actions militaires contre le gouvernement communiste de l'époque.[26]

En 1989, après la formation du Parti de l'unité islamique d'Afghanistan issu de la fusion des partis chiites actifs, Muhsinî refusa d'y adhérer et de fusionner le Mouvement islamique.[27] Il resta leader de ce parti jusqu'en 2005, date à laquelle il abandonna sa fonction et mit fin à ses activités politiques.[28]

Collaboration avec le gouvernement des moudjahidines

Après la chute du gouvernement communiste dirigé par le docteur Najîb Allah, le 28 avril 1992, Muhammad Âsif Muhsinî devint secrétaire et porte-parole du Conseil de direction du gouvernement islamique d'Afghanistan à Kaboul. Durant cette période, ses différends avec Abd al-Ali Mazârî, leader du Parti de l'unité islamique, atteignirent leur apogée. Peu après, il quitta Kaboul pour s'installer à Islamabad, au Pakistan.[29]

Oeuvres et recherches

En parallèle à ses activités politiques, religieuses et culturelles, Muhammad Âsif Muhsinî rédigea de nombreux livres et articles, totalisant plus de 60 publications à ce jour.[30] Il reçut ainsi la Médaille d'académicien, la plus haute distinction scientifique d'Afghanistan.[31]

Ses œuvres, écrites en persan et en arabe, couvrent une grande variété de sujets, notamment le hadith, le fiqh, le ‘Ilm ar-Rijâl, la théologie et la politique. Parmi ses œuvres les plus remarquables figurent :

  • Buhûth fî ‘ilm ar-Rijâl : une étude contenant des règles relatives au science d'ar-Rijâl. Selon Mahdi Mihrîzî, il s'agit de l'une des contributions majeures à la discipline du Dirâyat al-Hadîth.[32]
  • Mushra‘at Bihâr al-Anwâr : comme l'explique l'auteur, cet ouvrage est une annotation du Bihâr al-Anwâr. Muhsinî y appliqua les principes de critique mentionnés dans son livre Buhûth fî ‘Ilm ar-Rijâl pour distinguer les hadiths authentiques de ceux qui ne le sont pas. Il examina également divers thèmes abordés dans les hadiths fiables de cette compilation.[33]
  • ‘Aqâ’id Barâyi Hami (Les croyances pour tous)[34], Taqrîb Madhâhib az Nazar Tâ ‘Amal (Le rapprochement des écoles : de la théorie à la pratique)[35], Zan dar Sharî'at Islâm (La femme dans la charia islamique)[36], Tawdîh al-Masâ'il Sîyâsî (Exposé des questions politiques)[37], et Khasâ'is Khâtam an-Nabîyyîn (Les caractéristiques du Sceau des Prophètes (s))[38] figurent également parmi ses ouvrages notables.

Voir aussi

Références

  1. ↑ Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  2. ↑ Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  3. ↑ Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  4. ↑ Marja‘i Taqlîdi Shî‘ayâni Afghanistan dar Guzasht, Khabar Guzârîyi Fârs.
  5. ↑ Piykari Ayatollah Muhsinî Tashî‘ va bi Khâk Sipurdi Shud, Khabar Guzârîyi Sidâ va Simâ.
  6. ↑ Mahdîzâdih Kâbulî, Muhsinî, Muhammad Âsif, Dânish Nâmiyi Âriânâ.
  7. ↑ http://database-aryana-encyclopaedia.blogspot.com/2009/08/blog-post_7295.html#_ftn1 Mahdîzâdih Kâbulî, Muhsinî, Muhammad Âsif, Dânish Nâmiyi Âriânâ. ; Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  8. ↑ Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  9. ↑ Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  10. ↑ Guftugûyi Ikhtisâsî bâ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî, Pâygâhi Rasâlât.
  11. ↑ Mahdîzâdih Kâbulî, Muhsinî, Muhammad Âsif, Dânish Nâmiyi Âriânâ.
  12. ↑ Shî'ayâni Afganistan Râ Bihtar Bishinâsîm, Khabar Guzârîyi Fars
  13. ↑ A'dâyi Shuwrâyi Ulamâyi Shî'i Afganistan Mushakhkhas Shud. Khbar Guzârîyi Hawza
  14. ↑ Sâdiqî Balkhâbî, Muhammad Âsif Muhsinî.
  15. ↑ Sâdiqî Balkhâbî, Muhammad Âsif Muhsinî. ; Hawziyi ‘Ilmîyiyi Khâtam an-Nabîyyîn, Kâbul – Afghânestân.
  16. ↑ Televisionhâyi Kâbul.
  17. ↑ Televisionhâyie Afghanistan, Pâygâhi Payâmi Âftâb.
  18. ↑ Wâ‘izî, Ahwâli Shakhsîyi Shî‘ayân, Furû‘i Fiqhî dar Kursiyi Usûli Huqûqî, Site BBC Fârsî.
  19. ↑ Guardian : Ayatollah Muhsinî, Rûhânîyi Sarkishi Afghanistan, Site BBC Fârsî.
  20. ↑ Ayatollah Muhsinî, Muballighi Ittihâdi Shî‘i va Sunnî, Site BBC Fârsî.
  21. ↑ Taqrîbi Madhâhib ; az Nazar tâ ‘Amal, Site Bunyâdi Muhaqqiq Tabâtabâ’î.
  22. ↑ Ayatollah Muhsinî, Muballighi Ittihâdi Shî‘i va Sunnî, Site BBC Fârsî.
  23. ↑ Ayatollah Cheikh Muhammad Âsif Muhsinî Qandahârî, Pâygâhi Payâmi Âftâb.
  24. ↑ Ayatollah Muhsinî, Muballighi Ittihâdi Shî‘i va Sunnî, Site BBC Fârsî
  25. ↑ Darbâriyi Mâ, Site Hizbi Harakati Islâmîyi Afghanistan ; Muhsinî, Muhammad Âsif, Dânishnâmiyi Ârîyânâ.
  26. ↑ Mahdîzâdi Kâbulî, Muhsinî, Muhammad Âsif, Dânishnâmiyi Ârîyânâ.
  27. ↑ Mûsavî, Hazârihâyi Afghanistan, p 252, 1387 SH.
  28. ↑ Târîkhchiyi Mukhtasari Harakati Islâmîyi Afghanistan, Shûrâyi Javânâni Harakati Islâmî.
  29. ↑ Mahdîzâdi Kâbulî, Muhsinî, Muhammad Âsif, Dânishnâmiyi Ârîyânâ.
  30. ↑ Muhsinî, Muhammad Âsif, Site WikiNoor
  31. ↑ I'tâyi Bâlâtarîn Nishâni 'Ilmî Afganistan bi Ayatollah Âsif Muhsinî, Shi'a news.
  32. ↑ Mihrîzî, Tarhi Pazhûhishî: 'Ilm al-Hadith, p 76
  33. ↑ Muhsinî, Mushra‘at Bihâr al-Anwâr, vol 1, p 7, 1426 H.
  34. ↑ Muhsinî, ‘Aqâ’id barâyi Hami, 1373 SH.
  35. ↑ Muhsinî, Taqrîbi Madhâhib: az Nazar tâ ‘Amal, 1387 SH.
  36. ↑ Muhsinî, Zan dar Sharî‘ati Islâmî, 1391 SH.
  37. ↑ Muhsinî, Tawdîh al-Masâ’ili Sîyâsî, 1391 SH.
  38. ↑ Muhsinî, Khasâ’isi Khâtam an-Nabîyyîn, 1396 SH.
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