Révolte des Tawwâbîn

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Révolte des Tawwâbîn (en arabe : ثورة التوابين) fut la première révolte chiite après la tragédie de Karbala pour venger le martyre de l’Imam al-Husayn (a).

« Tawwabûn » fut un titre donné à un groupe des gens de Koufa qui avaient invité l’Imam al-Husayn (a) à leur ville, mais qui finalement ne l'avaient pas soutenu et l’avaient laissé seul.

Depuis l’an 61 H et après l’événement d’Achoura, les Tawwâbûn commencèrent à préparer leur armée en cachet. Il est dit que puisque al-Mukhtâr ath-Thaqafî ne soutint pas la révolte des Tawwâbîn, beaucoup de chiites ne les joignirent pas. Ce soulèvement se déroula en l’an 65 H contre l’armée de Châm et dans un endroit nommé ‘Ayn al-Warda.

Sulaymân b. Surad al-Khuzâ’î fut le commandeur de l’armée des Tawwâbîn. La guerre entre Tawwâbîn et l’armée de Châm ne dura que quatre jours, et plusieurs soldats de Tawwâbûn furent tués. Le reste se retira sous le commandement de Rifâ’at b. Shaddâd.

Motif de la révolte

Après l’événement d’Achoura et le martyre de l’Imam al-Husayn (a) et ses compagnons, certains gens de Koufa qui avaient invité l’Imam al-Husayn (a) à leur ville et lui avaient promis de lui prêter le serment d’allégeance, l’ont abandonné. Puis, ils regrettèrent et décidèrent de récupérer la faute qu’ils avaient commise.

Après avoir eu plusieurs réunions, ils conclurent qu’ils ne seront pardonnés qu’en étant tués en vengeant des assassins de l’Imam al-Husayn (a).[1][2]

Préparation de la révolte

Quelques mois après l’événement de Karbala, presque cent personnes des chiites se réunirent chez Sulaymân b. Surad al-Khuzâ’î, un homme célèbre à Koufa. En se basant sur le verset 54 de la sourate al-Baqara, Sulaymân dit aux présents :

« Nous avions promis aux Ahl al-Bayt (a) de les aider, mais nous n’avons pas tenu notre promesse. Nous attendions le résultat et nous avons vu le martyre du fils de notre Prophète (s). Maintenant, Allah ne nous pardonnera que si nous combattons les assassins de notre Imam. Préparez vos épées et vos chevaux, et attendez notre appel.[3]

Après le discours de Sulaymân, les autres chefs chiites et partisans de l’Imam Ali (a) comme : Musayyib b. Najaba, Rifâ’at b. Shaddâd, 'Abd Allah b. Wâl Tamîmî et 'Abd Allah b. Sa’d Azdî firent des discours. Puis ils choisit Sulaymân b. Surad comme le commandeur des Tawwâbîn.[4] D’après les discours des Tawwâbîn, leurs buts furent :

Formation de l’armée

Toutes les réunions des Tawwâbîn eurent lieu chez Sulaymân b. Surad al-Khuzâ’î. Les Tawwâbûn essayaient, en cachet, d'amasser des armes dans Koufa et dans les tribus en dehors de Koufa.[5]

Au cours de la formation de l’armée des Tawwâbîn, Sulaymân envoya des lettres à Sa’d b. Hudhayfa, le chef des chiites à Mada’în et à certains chiites de Bassora, les appelant à la révolte et à le rejoindre. En réponse à Sulaymân, les chiites de Mada’în et de Bassora acceptèrent son invitation et lui promirent de participer à la révolte.[6][7]

Début de la révolte

Au mois Rabî’ al-Awwal en l’an 65 H, Sulaymân b. Surad commença sa révolte. Malgré la promesse de beaucoup de personnes, finalement seulement 4 000 personnes le rejoignirent dans un endroit nommé Nukhayla.[8]

Il est dit, d’après al-Mukhtâr ath-Thaqafî, que Sulaymân n’avait pas le savoir militaire et politique et ce fut pour cette raison que la plupart des chiites ne le soutinrent pas finalement.[9]

Au cinquième jour du mois de Rabî’ al-Awwal, l’armée des Tawwâbîn quitta Nukhayla et se dirigea vers Châm. Lorsqu’ils arrivèrent à Karbala, ils s’arrêtèrent, descendirent de leurs chevaux et se mirent à pleurer à côté de la tombe de l’Imam al-Husayn (a).[10] Là, Sulaymân dit : 

« Ô Allah, sois Témoin que nous suivons ta religion et le chemin de Husayn (a) et que nous sommes les ennemis de ses assassins ».[11]

Les Tawwâbîn implorèrent Allah de leur accorder une autre occasion pour se sacrifier sur le chemin de l’islam et pour tomber en martyre.[12]

Déclenchement de la bataille

Les Tawwâbîn campèrent dans un endroit nommé ‘Ayn al-Warda avant l’arrivée de l’armée de Châm et y restèrent cinq jours. Au jour de la bataille, Sulaymân choisit ses représentants et donna des conseils à ses soldats.

Ils leur dit :

« Si je suis tué, Musayyib b. Najaba sera votre commandeur, et après lui 'Abd Allah b. Sa’d b. Nufayl, puis 'Abd Allah b. Wâl et Rifâ’at b. Shaddâd seront vos commandeurs.[13]

Au 25 Jumâdâ al-Ûlâ, deux armées s’affrontèrent et commencèrent le combat.[14] Ubayd Allah b. Zîyâd fut le commandeur de l’armée de Châm, accompagné de Husayn b. Numayr, Shurahbîl b. Dhi al-Kilâ’, Ad’ham b. Mahraz, Rabî’at b. Makhârîq et Jibillat b. Abd Allah Khath’amî.[15]

Résultat de la bataille

Après quatre jours de bataille, la plupart des Tawwâbîn furent tués et encerclés par l’armée de Châm. Les commandeurs des Tawwâbîn furent tués l’un après l’autre et peu nombreux de soldats qui restaient, se retirèrent sous le commandement de Rifâ’at b. Shaddâd.

Au retour, ils rencontrèrent les chiites de Bassora et de Mada’in qui venaient à leur rescousse. En entendant la nouvelle de la défaite des Tawwâbîn, ils furent tristes et revinrent à leurs villes. Après la défaite de Tawwâbîn et le retour des restants à Koufa, Mukhtâr qui fut en prison, complimenta Sulaymân et promit de venger sa mort et celle de l’Imam al-Husayn (a).[16][17]

D’après certains chercheurs, même si les Tawwâbîn subirent une grande défaite, ils purent fonder une première assemblée chiite dans la communauté musulmane et ceci incita le développement de la communauté chiite.[18]

Voir aussi

Références

  1. Ibn Sa’d, At-Tabaqât al-Kubrâ, v 6 p 25
  2. Ibn A’tham, Al-Futûh, v 6 p 205 - 206
  3. Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 45 p 355
  4. Ibn Athîr, Al-Kâmil fi at-Târîkh, v 4 p 160
  5. Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 4 p 430 - 431
  6. Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 45 p 355 - 356
  7. Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 4 p 429
  8. Ibn Kathîr, Al-Bidâya wa an-Nihâya, v 8 p 276 - 277
  9. Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 6 p 367 - 368
  10. Ibn Athîr, Al-Kâmil fi at-Târîkh, v 4 p 178
  11. Tabarî, Târîkh at-Tabarî, v 4 p 456 - 457
  12. Abû Mikhnaf, Maqtal Abî Mikhnaf, p 291
  13. Ibn Kathîr, Al-Bidâya wa an-Nihâya, v 8 p 278
  14. Ibn Athîr, Al-Kâmil fi at-Târîkh, v 4 p 182
  15. Balâdhurî, Ansâb al-Ashrâf, v 6 p 370
  16. Ibn Kathîr, Al-Bidâya wa an-Nihâya, v 8 p 279 - 280
  17. Ibn Athîr, Al-Kâmil fi at-Târîkh, v 4 p 184 - 186
  18. Ja’farî, Tashayyu’ Dar Masîré Târîkh, p 232 - 233