Al-Hâ'ir al-Husaynî

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Al-Hâ'ir al-Husaynî comprend une zone spéciale autour de la tombe de l'Imam al-Husayn (a) et ses environs

Al-Hâ'ir al-Husaynî (en arabe : الحائر الحسینی) est une zone spéciale autour de la tombe de l'Imam al-Husayn (a) dans laquelle le voyageur peut faire la prière sous forme complète (au lieu de la forme Qasr). Ce terme fut utilisé pour la première fois dans les hadiths de l'Imam as-Sâdiq (a) entourant le mausolée de l'Imam al-Husayn (a). La superficie minimale supposée d'al'Hâ'ir est la zone autour du mausolée avec un diamètre de 22 mètres.

La construction du sanctuaire de l'Imam al-Husayn (a) fut détruite plusieurs fois, sous l'ordre de certains gouverneurs abbassides y compris : Harun al-Rashid et Mutawakkil al-Abbâsî.

Signification et appellation

Le mot "al-Hâ'ir" (en arabe :الحائر ) signifie littéralement, stupéfait, vagabond et étonné. Il se réfère également à une fosse profonde ayant un centre plat et des côtés élevés, de sorte que si de l'eau s'y accumule, il n'y aura pas de sortie. Le mot "al-Hâ'ir" se réfère également à Karbala.[1] Les personnes liées à cette zone sont appelées "Hâ'irî" ou "hâyirî".[2]

Il existe certaines narrations sur la raison pour laquelle cet endroit s'appelle "al-Hâ'ir". Selon la première narration, après qu’al-Mutawakkil al-'Abbâsî (232 H- 247 H) ait ordonné à ses agents de détruire le mausolée de l’Imam al-Husayn (a) en y faisant couler l’eau, l'eau resta immobile près de la tombe et ne s’écoula pas là-bas ; ainsi, cet endroit nomma " al-Hâ'ir ".[3]

D’ailleurs, certains rejetèrent cette appellation, car selon les hadiths de l’Imam as-Sâdiq (a), cet endroit nomma tel quel avant la période d'al-Mutawakkil.[4] Selon une autre narration, au début du 2ème siècle de l’Hégire (8ème C), un mur fut construit autour de la tombe de l’Imam al-Husayn (a), et il semble que la construction du mur, en période des Umayyades, visait à faciliter l'inspection des visiteurs.

Le troisième point de vue, prend le mot "Hâ'ir" pour être un code pour Karbala ou le mausolée de l’Imam al-Husayn (a) contre les règles strictes des Umayyades.[5][6]

Le mot « Hâ’ir » fut d'abord utilisé dans un hadith de l’Imam as-Sâdiq (a)[7] concernant les vertus et les rites de visiter le sanctuaire de l’Imam al-Husayn (a). Il fut utilisé pour désigner la zone autour du mausolée.[8] Le mot fut progressivement utilisé par les chiites pour se référer au mausolée et à ses environs.[9]

Ziyârat (visiter le sanctuaire) de l’Imam al-Husayn (a)

Le mausolée de l’Imam al-Husayn (a) est très respecté par les chiites. Les Imams des chiites ont toujours encouragé les chiites à visiter le mausolée en mentionnant les vertus et la position d'al-Hâ'ir al-Husaynî. Il existe de nombreux hadiths, dans lesquels les récompenses divines de visiter le sanctuaire ainsi que ses rites sont élaborés.[10]

Limites

Les limites de la zone appelée "al-Hâ'ir al-Husaynî" sont spécifiées de différentes façons dans les différents hadiths, avec des critères tels que la parasange et la coudée.[11]

Afin de concilier ces hadiths apparemment contradictoires, certains faqihs(savants chiites) affirment que toutes les zones mentionnées dans les hadiths devraient être respectées, même si elles bénéficient de différents degrés de respectabilité ; plus la zone concernée est proche du mausolée, plus elle est respectable.[12]

Les distances les plus courtes mentionnées dans les hadiths pour les limites du sanctuaire, sont de 20 et 25 coudées du mausolée. Par conséquence, le diamètre approximatif d’al-'Hâ'ir sera de 22 mètres ; cela comprend d’une part, la zone du sanctuaire à l’époque de l'Imam as-Sâdiq (a) et d’autre part, elle est conforme à l’avis de ceux qui considèrent le Hâ'ir en tant que la zone entre l’endroit de martyre d'Imam al-Husayn (a) et la mosquée.[13]

Préceptes juridiques concernant la prière

Il est important de préciser les limites d'al-Hâ'ir, puisqu'un précepte juridique spécifique concernant la prière d'un voyageur applique à cette zone. Selon ce précepte, bien que le voyageur puisse accomplir sa prière en raccourci, il lui est permis et même recommandé d’accomplir sa prière complète, dans le cas où il reste moins de 10 jours dans ces endroits.[14] Cette précepte juridique, est également spécifique au sanctuaire de La Mecque, à la mosquée du Prophète (s) et à la Mosquée de Koufa. C'est la fatwa la plus préconisée des savants chiites du fiqh. Cette règle ne s'applique pas au cas du jeûne (le jeûne n'est pas autorisé pour le voyageur).

Dans les hadiths qui sont les ressources de ce précepte, la zone dans laquelle un voyageur peut accomplir sa prière complète, est mentionnée en tant que ‘’Haram’’ (sanctuaire), le Hâir et la zone près du mausolée.[15] Afin de généraliser cette fatwa à toute la ville de Karbala, Certains faqihs[16] furent appels aux distances mentionnées dans certains hadiths ; mais la plupart des faqihs sont d’accord que ce précepte ne s'applique qu'à la région d'al-Ha'ir al-Husaynî.[17] Cependant, quant aux limites exactes d'al-Hâ'ir, il n’existe pas de consensus parmi les faqihs et il y a des avis différents :

  • Seul le mausolée, c’est-à-dire la distance entre la tombe de l'Imam al-Husayn (a) et la tribune (manbar) qui, selon certains savants, n'inclut pas le porche et la mosquée.[20]
  • La zone autour du Darîh [21](c'est-à-dire une structure en treillis normalement dorée ou en argent dans laquelle se trouve la tombe de l'Imam al-Husayn (a)).

Elargissement

La construction de bâtiments sur le mausolée de l'Imam al-Husayn (a) remonte aux premières années suivant son martyre. Il y a des rapports historiques sur la construction d'un Darîh et d'un plafond ainsi qu'un petit bâtiment sur le mausolée jusqu'à 65 H (684 C) mais, il semble qu'al-Mukhtâr b. Abî 'Ubayd ath-Thaqafî (tué en 67 H (687 C) construit le premier bâtiment sur le mausolée après son triomphe dans son soulèvement pour la vengeance de l’Imam al-Husayn (a) en 66 H (685 C). Cette construction en brique avait deux portes et un dôme.[22]

Les mausolées d'autres martyrs de Karbala étaient situés en dehors de cette construction.[23] Certains hadiths de l’Imam as-Sâdiq (a) concernant les rites de visiter le mausolée de l’Imam al-Husayn (a)[24] impliquent que le bâtiment était toujours là jusqu'à son époque.[25]

Au cours des périodes ultérieures, les gens ou les gouvernements ont souvent reconstruit le sanctuaire et al-Hâ'ir, y compris la construction des cours et de nouveaux porches ou l’élargissement des bâtiments existants, la construction de mosquées, la construction de boîte ou de Darîh autour de la tombe, la reconstruction du mur tout autour du sanctuaire, changer les carrelages, réparation ou dorure le dôme, la décoration des minarets, les murs et les porches avec de l'or ou des carreaux ou des miroirs, faire don des tapis et des dispositifs d'éclairage et construction des réservoirs d'eau.[26]

Approches des gouvernements

Différents gouvernements adoptèrent de différentes approches à l’égard de la construction ou la destruction de al-Hâ'ir. Par exemple, au cours des Umayyades, bien qu'ils traitaient sévèrement à l'égard des visiteurs du sanctuaire,[27] ils ne le détruisirent jamais.[28] Mais certains califes abbassides, y compris Harun al-Rashid et al-Mutawakkil al-'Abbâsî, détruisirent le sanctuaire à plusieurs reprises.
Afin de détruire toutes les traces du mausolée et d'empêcher les gens d’y visiter, al-Mutawakkil ordonna que le terrain soit labouré et submergé dans l’eau.[29] Au contraire, pendant les périodes des Bouwayhides, Jalâyirîs, Safavides et Qajars, le Hâ'ir fut développé, reconstruit et décoré.[30]

Au cours de ces dernières années, la destruction la plus importante du sanctuaire eut lieu en 1216 H (1801-2 C) par les attaques des Wahhabites à Karbala. Au cours de cette attaque, beaucoup de gens furent tués et le sanctuaire fut remarquablement détruit et ses biens furent volés.[31] Muhammad as-Samâwî décrit toutes les constructions et les destructions d'al-Hâir dans son recueil de poèmes intitulé Majâli al-lutf bi-'Ard at-Taff.[32]

De plus, en 1991, Saddam Hussein ordonna au général Qays Hamza 'Abûd d'attaquer tous les visiteurs des sanctuaires de l'Imam al-Husayn (a) et d'exécuter toutes les personnes qui furent arrêtées par la sécurité.Husayn Kâmil, le beau-fils de Saddam Hussein, attaqua les deux sanctuaires avec un tank appartenant à la garde spéciale du président et tira sur le dôme du sanctuaire de l'Imam al-Husayn (a). Cette attaque fut louée par Saddam.[33]

Résidence des Chiites

L'accent mis par les Imams des chiites (a) pour respecter le Hâ'ir et la liberté relative de la visite du sanctuaire pendant la période d'al-Muntasir al-'Abbasi (247 H - 248 H ), amena certains Alevis à résider près du sanctuaire.
Le premier d'entre eux était Ibrâhîm al-Mujâb, le fils de Muhammad 'Abîd et le petit-fils d'Imam al-Kâzim (a). Le mausolée d'Ibrâhîm est situé dans le porche occidental du sanctuaire.[34] Son fils, Muhammad al-Hâ'irî est considéré comme l'ancêtre des sâdât Âl-i Fâ'iz à Karbala, dont certains étaient les tutelles du sanctuaire.[35]

Voir aussi

Références

  1. Ibn Mandûr, Tarîhî; Zubaidî,
  2. Kalidâr, Târikh-i- Karbala va Hâ’ir al-Husayn (a), p. 26
  3. Shahîd-il Awwal , Zikr ash-Shi'a fi ahkâm ash-Shar’ia, vol. 4, p. 291
  4. Tihrânî, Shaf’â as-Sudûr fî Sharh-il Zîyârat al-'Âshûr, p. 294
  5. Bostân Abâdî, Shahr-i Husayn (a), yâ Jelvigâh-i ‘eshq, pp 174-175
  6. Kalidâr, Târikh-i- Karbala va Hâ’ir al-Husayn (a), page 73
  7. Ibn Qulawayh, Kâmil az-Ziyârât, p. 254, 255, 358, 362
  8. Karbâsî, Târikh-ul Marâqid al-Husayn (a) wa Ahl al-Bayt wa Ansâr, Vol.1, p. 259
  9. Kalidâr, Târikh-i- Karbala va Hâ’ir al-Husayn (a), p. 7172
  10. Cheikh al-Mufîd, Kitâb al-Mazâr, p. 4462, 6482
  11. Ibn Qulawayh, Kâmil az-Ziyârât, p.p. 456-458
  12. Cheikh at-Tûsî, Tahdhib al-Ahkâm, vol.6, p.p. 81-82
  13. Kalidâr, Târikh-i- Karbalâ va Hâ’ir al-Husayn (a), p. 51,52,58,60
  14. Shahîd ath-Thânî, Ar-Rawdat al-Bahîyya fi Sharh-il Lum’at ad-Damishqîyya, vol. 1, p. 787,788; Tabataba'i Yazdî, al-‘Urwat al-Wuthqâ, vol.2, p.164;
  15. Burûjirdî, Mûstanad al-‘Urwat-il Wusqâ, vol.8, pp 418-419
  16. Ibn Sa’îd, al-Jami’a lil Sharâ’i’i , p. 93, Narâqî, Mustanad ash-Shi’a fî Ahkâm ash-Shari’a,vol. 8, pp 317-318
  17. Bahrânî, al-Hadâ’iq un-Nadhira fî al- Ahkâm ul-‘Utrat at-Tâhira, vol 11, p. 421; Narâqî, Mustanad ash-Shi’a fî Ahkâm ash-Shari’a,vol. 8, pp 313-314
  18. Mufîd, al-Irshâd, vol.2, p. 126, Hillî, al-Asrâr, vol.1, p. 343
  19. Majlîsî, Bahâr al-Anwâr, vol. 86, pp 89-90; Kalidâr, Târikh-i- Karbala va Hâ’ir al-Husayn (a), pp 53-54
  20. Majlîsî, Bahâr al-Anwâr, vol. 86, p. 89; Khomeinî, Tahrir al-Wasîla, vol.1, p 233
  21. Tabâtabâ'î Yazdî, Tahrâr al-Wasîla; vol. 2, pp 164-165; Burûjirdî, Mûstanad al-‘Urwat-il Wusqâ, vol. 8, p 419-420, 425- 426; Narâqî, Mustanad ash-Shi’a fî Ahkâm ash-Shari’a, vol.8, pp 419-420, 425-426
  22. Karbâsî, Târîkh al-Marâqid al-Husayn (a) wa Ahl al-Bayt wa Ansâr, vol.1, pp 245-250,
  23. Ibn Qûlawayh, Kâmil az-Ziyârât, p 420
  24. Majlîsî, Bahâr al-Anwâr, vol. 98, p 177- 178, 198-199, 259-260
  25. Karbâsî, Târikh al-Marâqid al-Husayn (a) wa Ahl al-Bayt wa Ansâr, vol. 1, pp 255-259
  26. T'ama, Târîkh al-Marqad al-Husayn (a) wa al-‘Abbâs, p
  27. Ibn Qulawayh, Kâmil az-Ziyârât,pp 203-206, 242-245
  28. T'ama, Târîkh al-Marqad al-Husayn (a) wa al-‘Abbâs, p 73,
  29. Abu-l Faraj Isfahânî, Maqâtil at-Tâlibin, p 396-395, Tûsî, al-Mâlî, pp 329- 325
  30. Kalidâr, Târikh-i- Karbala wa Hâ’ir al-Husayn (a), pp. 171-173
  31. Longrigg, Four centuries of modern Iraq, p 21
  32. Aqâ Buzurg Tihrânî, az-Zari’a, vol. 19, p 373
  33. Agence de presse Ibn’â
  34. T’ama, Târîkh Marqad al-Husayn (a) wa al-‘Abbâs, pp 147-148, ‘Alawî Isfahânî, Muhâjirân-i Âl-i Abû Tâlib, pp 202-203
  35. Ibn ‘Anba, ‘Umdat al-Tâlib fî Ansâb Âl-i Abî Tâlîb,pp 263-266; Kalîdâr, Ma’âlim Ansâb at Tâlbîn fî Sharh Kitâb (Sirr al-Ansâb al-‘Alawiyya) li Abî Nasr al-Bukhârî, pp 157-167