Serment mensonger
Ymîn al-Kâdhiba (en arabe : اليمين الكاذبة) ou Serment mensonger ou Jurer mensongèrement ou faux serments une expression utilisée pour souligner la véracité ou la non-réalisation d’une action dans le passé en utilisant un mensonge. Ce type de serment est considéré comme un péché majeur et n’a pas d’expiation. Dans le Coran, le Satan, les hypocrites et les polythéistes sont parmi ceux qui ont prêté de faux serments. Pour sauver la vie ou les biens d’un musulman, il est permis de prêter un faux serment.
Concept
"Al-Yamîn" signifie un serment et désigne une parole qui affirme qu'une nouvelle ou une parole est vraie, sans erreur ni faute.[1] Le mensonge, quant à lui, signifie une parole fausse, contraire à la réalité et à la vérité, et est considéré comme l'un des grands péchés.[2]
"Al-Yamîn" est utilisé dans trois sens différents : l'accentuation, le fait de faire prêter serment à d'autres pour accomplir une tâche[3], et également le serment pour engagement ou contrat[4], mais le serment mensonger ne concerne que le premier sens, c'est-à-dire le serment d'accentuation.[5]
Le serment d'accentuation signifie mettre l'accent sur la véracité d'une action passée, présente ou futur. Ce type de serment est couramment utilisé parmi les gens pour souligner la véracité de leurs paroles. Par exemple, "Je jure par Dieu que je n'étais pas à la maison hier" ou "Je jure par Dieu que j'étais à la maison hier", etc. Dans ce type de serment mensonger, le sens est évident. Ainsi, le serment mensonger signifie accentuer la véracité de quelque chose qui est faux et contraire à la vérité et à la réalité en général. Par exemple, une personne qui n'était pas présente à un endroit, jure qu'elle y était. Ce type de serment est considéré comme l'un des grands péchés, mais n'a pas d'expiation.[6]
Ce type de serment est également utilisé dans les tribunaux. Selon l'article 221 du code civil iranienne, toute personne prêtant serment mensonger devant un tribunal sera condamnée à une peine disciplinaire d'un à trois ans.[7]
Punitions
Certains pensent qu'il y a deux péchés dans le serment mensonger. L'un est le mensonge, qui est considéré comme l'un des grands péchés, et l'autre est de prêter serment de manière non véridique sur une chose sacrée comme Dieu. Par conséquent, le péché du serment mensonger équivaut en réalité à deux fois le péché majeur.[8] Dans les testament du Prophète (que la paix soit sur lui) à l'Imam Ali (a), il est dit que Dieu n'aura pas de miséricorde pour celui qui prête un serment mensonger en Son nom. Selon un autre hadith, prêter un serment mensonger est considéré comme une guerre contre Dieu.[9] Selon les hadiths, le serment mensonger entraîne la pauvreté et la misère de l'être humain, la stérilité, la rupture des liens familiaux et l'abandon des villes.[10]
Le Coran mentionne également des châtiments pour le serment mensonger :
- Un châtiment douloureux de Dieu[11] ;
- L'humiliation et la honte de l'homme au Jour du Jugement[12] ;
- La destruction de l'homme[13] ;
- Être privé des bénédictions abondantes de l'au-delà[14] ;
- Dieu ne parlera pas à ceux qui ont prêté serment mensonger.[15]
Exemples de serments mensongers dans le Coran
Les diables, les hypocrites et les polythéistes sont parmi ceux qui sont mentionnés dans le Coran comme prêtant serment de manière mensongère.
Diables
Selon les versets 21 et 22 de la sourate al-A’râf, Satan a égaré Adam (a) et Ève (a) en prêtant un serment de manière mensongère. Il les a tentés en leur disant de manger le fruit de l’arbre interdit, et pour prouver qu’il était bienveillant envers eux, il a prêté un serment mensonger.[16] Adam (a) et Ève (a), qui avaient une bonne opinion de Satan à cause de ce serment, ont fini par manger le fruit de l’arbre interdit et ont été expulsés du Paradis.[17] Selon certaines traditions, le premier serment mensonger a été prononcé par Satan pour égarer Adam (a).[18]
Hypocrites
Les hypocrites, qui manifestaient toujours leur foi tout en cachant leur mécréance intérieure[19], prêtaient serment de manière mensongère pour confirmer leurs paroles et leurs actions. Le Coran fait référence à de nombreux exemples de serments mensongers de leur part.[20] Selon le verset 56 de la sourate at-Tawba, les hypocrites prétendaient être parmi les croyants lorsqu'ils étaient confrontés aux croyants, et ils recouraient au serment mensonger pour étayer leur allégation.[21] Les serments mensongers étaient utilisés par ces personnes pour obtenir l'approbation des musulmans[22], pour dissuader les gens de suivre la voie de Dieu[23] et comme excuse pour ne pas participer au jihad.[24]
Polythéistes
Les polythéistes sont d'autres personnes dont les serments mensongers sont rapportés dans le Coran. Selon le verset 42 de la sourate Fâtir, les polythéistes prêtaient serment qu'ils croiraient en un prophète envoyé pour les guider, mais lorsqu'ils ont été confrontés au Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui), ils ont persisté dans leur mécréance.[25] Le Coran mentionne également que, le Jour du Jugement, ils prêteront serment qu’ils n’étaient pas polythéistes dans ce monde.[26]
Serments mensongers autorisés
Les serments mensongers peuvent être autorisés dans certaines circonstances. Selon un hadith de l’Imam as-Sâdiq (a), certains serments mensongers, en plus de ne pas être un péché, peuvent même être récompensés. Selon ce hadith, prêter un faux serment pour sauver la vie d’un musulman ou même ses biens des mains d’un voleur ou de tout autre agresseur n’est pas seulement exempt de péché, mais il peut également entraîner des récompenses et des bénédictions.[27]
Voir aussi
Références
- ↑ At-Tabrisî, Majma’ al-Bayân, vol 9, p 87, 1372 SH
- ↑ Hâshimî Rafsanjânî, Farhangi Qur’ân, vol 13, p 373, 1386 SH
- ↑ Imam Khomeini, Tahrîr al-Wasîla, vol 2, p 111, 1379 SH ; Tayyib, Atyab al-Bayân, vol 2, p 451, 1378 SH
- ↑ Imam Khomeini, Tahrîr al-Wasîla, vol 2, p 111, 1379 SH ; Tayyib, Atyab al-Bayân, vol 2, p 451, 1378 SH
- ↑ Imam Khomeini, Tahrîr al-Wasîla, vol 2, p 111, 1379 SH ; Tayyib, Atyab al-Bayân, vol 2, p 451, 1378 SH
- ↑ Imam Khomeini, Tahrîr al-Wasîla, vol 2, p 111, 1379 SH ; Tayyib, Atyab al-Bayân, vol 2, p 451, 1378 SH
- ↑ Imâmî, Huqûq Madanî, Vol 6, p 225, Téhéran
- ↑ Mutahharî, Âshinâyî Bâ Qur’ân, vol 8, p 263, 1389 SH
- ↑ Ibn Shu’ba, Tuhaf al-’Uqûl, p 14, 1404 H
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Thawâb al-A’mâl, p 220, et 226-228, 1367 SH
- ↑ Le Coran, la sourate Âl ‘Imrân, le verset 77
- ↑ Le Coran, la sourate at-Tawa, les versets 62-63 ; Le Coran, la sourate al-Mujâdala, les versets 14-15
- ↑ Le Coran, la sourate at-Tawba, le verset 42
- ↑ Le Coran, la sourate Âl ‘Imrân, le verset 77
- ↑ Le Coran, la sourate Âl ‘Imrân, le verset 77
- ↑ Le Coran, la sourate al-A’râf, le verset 22
- ↑ At-Tabrisî, Majma’ al-Bayân, vol 4, p 627, 1372 SH
- ↑ Burûjirdî, Manâbi'i Fiqhi Shî'i, vol 24, p 851, 1429 H.
- ↑ Al-’Allâma Tabâtabâ’î, al-Mîzân, vol 19, p 278, 1417 H
- ↑ Nûrî, Vizhigîhâyi Jaryâni Nifâq dar ‘Asri Nabavî, p 111
- ↑ Sâdiqî Tihrânî, al-Firqân, vol 13, p 133
- ↑ Le Coran, la sourate at-Tawba, le verset 62
- ↑ Le Coran, la sourate al-Munâfiqûn, le verset 2
- ↑ Le Coran, la sourate at-Tawba, le verset 42
- ↑ Fayd al-Kâshânî, Tafsîr as-Sâfî, vol 4, p 243, 1415 H
- ↑ Le Coran, la sourate al-An’âm, les versets 22-24
- ↑ Cheikh as-Sadûq, Man Lâ Yahduruhu al-Faqîh, vol 3, p 367, 1404 H