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Prière du vendredi (voir la source)

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 La prière du vendredi a été l'un des rituels sociaux importants des musulmans depuis les débuts de l'islam et est reconnue comme un symbole de l'unité des musulmans. Compte tenu des questions politico-sociales abordées dans les sermons, la prière du vendredi est également connue sous le nom de prière politico-religieuse du vendredi.
+== Importance et position de la prière du vendredi ==
+La prière du vendredi est l'une des obligations cultuelles les plus importantes en [[islam]], accompite [[Prière collective|collectivement]] le vendredi midi. Elle est l'un des quatre rassemblements islamiques, aux côtés des rassemblements quotidiens pour les prières, des rassemblements annuels pour les [[prières de l'Aïd al-Adha et de l'Aïd al-Fitr]], et du pèlerinage à la [[Maison de Dieu]] (Kaaba) lors du [[hadj]].<ref>Wara‘î, « Nihdat Ihyâyi Namâz Jum‘ih », p 5</ref>
+La prière du vendredi est considérée comme l'une des manifestations du caractère populaire du gouvernement islamique et est souvent appelée « prière politico-religieuse ».<ref>Hâshimî Rafsanjânî, « Ab‘âd Fiqhî, Sîyâsî wa Ijtimâ‘î Namâz Jum‘i », p 54 - 55</ref> Elle est également décrite comme une prière de clarification et d'éveil de la société, fournissant une prise de conscience accompagnée de foi<ref>[https://farsi.khamenei.ir/speech-content?id=4127 بیانات آیت‌الله خامنه‌ای در نهمین گردهمایی ائمه جمعه.]، Site de l'Office de préservation et de publication des œuvres de Ayatollah Khamenei.</ref> et servant de média influent et largement diffusé.<ref>[https://farsi.khamenei.ir/news-content?id=18867 بیانات آیت‌الله خامنه‌ای در جمع ائمه جمعه.]، Site de l'Office de préservation et de publication des œuvres de Ayatollah Khamenei.</ref><br>
+Les aspects politiques de la prière du vendredi sont si puissants qu'à l'époque des Omeyyades et des Abbassides, les aspects cultuels de la prière ont été progressivement affaiblis, transformant la prière du vendredi en un symbole politique et un outil de propagande du califat.<ref>Rûdgar, « Az Namaz tâ Namâd », p 4</ref>
+=== Importance de la prière du vendredi dans le Coran et les Hadiths ===
+Une sourate du Coran, appelée [[Sourate al-Jumu‘a]], a été révélée avec comme thème central la prière du vendredi, invitant explicitement les croyants à abandonner leurs activités quotidiennes pour participer à cette prière. Environ 200 [[hadiths]] du Prophète Muhammad (s) et des Imams (a) traitent de la prière du vendredi.<ref>Zarwandî Rahmânî, « Jâygâh wa Naqsh Wilâyat Faqîh dar Barpâ’î Namâz Jum‘i », p 55</ref>
+Selon les hadiths, assister à la prière du vendredi permet l'[[expiation des péchés]] passés,<ref>‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 86, p 197</ref> réduit les difficultés du [[Jour du Jugement]],<ref>Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 1, p 427</ref> et accorde de nombreuses récompenses pour chaque pas fait en direction de la prière du vendredi.<ref>An-Nûrî, Mustadrak al-Wasâ’il, vol 2, p 504</ref> Il est également rapporté que Dieu interdit le feu de l’Enfer à celui qui participe à cette prière<ref>Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 1, p 427</ref> et que la négligence peut entraîner un manque de bénédiction.<ref>Cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 5, p 7</ref> De plus, il est rapporté que le [[Commandeur des croyants Ali (a)]] libérait certains prisonniers en raison de participer à la prière du vendredi.<ref>An-Nûrî, Mustadrak al-Wasâ’il, vol 6, p 27</ref> <br>
+[[Fiyd Kâshânî]], un érudit et juriste chiite du 11e siècle de l’hégire, a considéré la prière du vendredi comme l'obligation la plus vertueuse en islam.<ref>Al-Fiyd al-Kâshânî, Al-Mahajjat al-Baydâ’ fî Tahdhîb al-Ihyâ’, vol 2, p 31</ref> Un autre hadith décrit la prière du vendredi comme le pèlerinage des pauvres.<ref>Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, vol 3, p 237</ref>
+[[Fichier:اولین نماز جمعه آیت الله خامنه‌ای.jpg|300px|vignette|La première prière du vendredi [[Ayatollah Khamenei]] à l'Université de Téhéran]]
+=== Accomplissement de la prière du vendredi dans diverses régions islamiques ===
+La prière du vendredi se faisait toujours à Médine depuis l'époque du Prophète Muhammad (s), et par la suite, elle continuait à être observée pendant les règnes de différents califes dans le centre du califat et dans d'autres villes.<ref>Wara‘î, « Nihdat Ihyâyi Namâz Jum‘ih », p 5</ref> Parfois, des facteurs tels que la croissance et le développement des villes, la présence de diverses sectes et Madhhab dans une même ville, ainsi que des considérations politiques et sécuritaires des dirigeants, conduisaient à la tenue de quelques prières du vendredi dans une ville.<ref>Ibn al-Jawzî, al-Muntazam, vol 13, p 5 - 6 ; Yâqût al-Hamawî, Mu‘jam al-Buldân, sous le mot « Jum‘a » ; Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 5, p 105 ; vol 6, p 332</ref> Selon [[Ibn Battuta]], le voyageur arabe, au [[7e siècle de l’hégire]], la prière du vendredi était effectuée dans onze mosquées de Bagdad.<ref>Ibn Battûta, Rihlat Ibn Battûta, vol 1, p 233</ref> À l'époque des [[Mamelouks]], en raison de l'augmentation de la population, la prière du vendredi était également organisée dans les mosquées locales et les écoles.<ref>Al-Qalqashandî, Subh al-A‘shâ’ fî Sanâ‘at al-Inshâ’, vol 3, p 362</ref> Il est dit que la plus grande prière du vendredi des musulmans est celle qui se tient à La [[Mecque]], juste avant le départ des pèlerins pour la plaine de [[‘Arafât]], à laquelle participent des pèlerins du monde entier.<ref>Ibrâhîmî, « Mutâli‘iyi Tatbîqî Sîyâsathâ wa Ahdâf Barguzârî Namâz Jum‘i dar Jumhûrî Islâmî Îrân, ‘Arabistân, Turkîyyi », p 136</ref>
+=== Obligation de la prière du vendredi ===
+Tous les [[musulmans]] considèrent la prière du vendredi comme [[obligatoire]]. Les juristes chiites et sunnites s'appuient sur le [[verset 9 de la sourate al-Jumu‘a]], de nombreux hadiths<ref>An-Nûrî, Mustadrak al-Wasâ’il, vol 6, p 10 ; Cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 7, p 295 - 302 ; Ibn Hanbal, Musnad, vol 3, p 424 - 425 ; An-Nasâ’î, Sunan Nasâ’î, vol 3,  p 85 - 89</ref> et l'[[unanimité des juristes]] pour prouver l'obligation de la prière du vendredi, et considèrent que celui qui l'abandonne mérite une punition.<ref>Ash-Shawkânîy, Nayl al-Awtâr, vol 3, p 254 - 255 ; Cheikh at-Tûsî, Al-Khilâf, vol 1, p 593 ; Al-Muhaqqiq al-Hillî, Al-Mu‘tabar fî Sharh al-Mukhtasar, vol 2, p 274</ref> La prière du vendredi n'est pas obligatoire pour les femmes, les voyageurs, les malades et les personnes handicapées, et ceux qui se trouvent à plus de deux [[Farsakh]] (environ 11 km) du lieu de la prière du vendredi.<ref>Cheikh al-Mufîd, Al-Muqni‘a, p 164 ; Al-Husaynî al-‘Âmilî, Miftâh al-Karâma, vol 8, p 463 - 483 ; Az-Zuhaylî, Al-Fiqh al-Islâmî wa Adillatuh, vol 2, p 265 - 268</ref>
+Dans les sources de fiqh des écoles islamiques, une section du chapitre de la prière est consacré au sujet de la prière du vendredi.<ref>Mâlik ibn Anas, Al-Muwatta’, vol 1, p 101 - 112 ; Ash-Shâfi‘î, Al-Umm, vol 1, p 188 - 209 ; Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 3, p 418 - 428 ; Cheikh as-Sadûq, Al-Muqni‘, p 144 - 148 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Fath al-Bârî, vol 2, p 450 - 544</ref> De plus, la rédaction d'ouvrages juridiques et de traités indépendants sur la prière du vendredi, en raison de l'importance de cet acte cultuel, était courante depuis les premiers siècles de l'islam.<ref>Certains de ces ouvrages juridiques sont :
+* Kitâb al-Jumu‘a écrit par Muhammad ibn Idrîs ash-Shâfi‘î
+* Kitâb al-Jumu‘a wa al-‘Idayn écrit par Ahmad ibn Mûsâ Ash‘arî
+* Kitâb al-Jumu‘a écrit par ‘Abd ar-Rahmân Nasâ’î
+* Kitâb Salât al-Jumu‘a écrit par Muhammad ibn Ahmad Ju‘fî
+* Kitâb Salât Yawm al-Jumu‘a écrit par Muhammad ibn Mas‘ûd ‘Ayyâshî
+* Kitâb al-Jumu‘a wa al-Jamâ‘a écrit par Abu al-Qâsim Ja‘far ibn Muhammad ibn Qûliwayh
+* Kitâb al-Jumu‘a wa al-‘Idayn écrit par Ahmad ibn Abî Zuhr
+* Kitâb al-Jumu‘a wa al-Jamâ‘a écrit par Cheikh Sadûq
+* Kitâb ‘Amal al-Jumu‘a écrit par Ahmad ibn ‘Abd al-Wâhid</ref>
+Pendant la période [[safavide]], suite à la généralisation de la prière du vendredi en [[Iran]], la rédaction de traités sur ce sujet est devenue plus sérieuse.<ref>Ja‘farîyân, Namâz Jumu‘a : Zamînihâyi Târîkhî, p 37</ref> De nombreux juristes renommés ont écrit des traités sur la prière du vendredi en arabe et en persan.<ref>Ja‘farîyân, Namâz Jumu‘a : Zamînihâyi Târîkhî, p 37 - 38 ; Ja‘farîyân, Safawîyyi dar ‘Arsiyi Dîn, vol 3, p 251</ref>
+=== Interdiction d'acheter et de vendre pendant la prière du vendredi ===
+L'achat et la vente pendant la prière du vendredi sont interdits selon le [[verset 9 de la sourate al-Jumu‘a]]. Selon le [[verset 10 de la sourate al-Jumu‘a|verset 10 de la même sourate]], après la fin de la prière, l'achat, la vente et tout type d'occupation ou de travail (comme [[visiter un malade]], rencontrer des frères de foi, etc.) ne sont pas restreints.<ref>‘Allâma Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, vol 19, p 274</ref>
+Certains juristes comme l’Ayatollah [[Jawâdî Âmulî]], exégète du Coran et juriste chiite, croient que le terme « laissez vos affaires » ({{InlineArabic|وَذَرُ‌وا الْبَيْعَ}}) dans le [[verset 9 de la sourate al-Jumu‘a]] ne se réfère pas seulement à l'achat et à la vente, mais signifie que toute activité qui empêche d'aller à la prière du vendredi n'est pas permise. Si quelqu'un s'engage dans une telle activité, il commet un péché, même si son achat ou sa vente reste valide.<ref>
+[https://javadi.esra.ir/fa/w/تفسیر-سوره-جمعه-جلسه-10-1397/01/28-# «تفسیر سوره جمعه  آیت‌الله جوادی جلسه 10 (1397/01/2»]، Fondation Isrâ.</ref>
+==حکم نماز جمعه در دوران غیبت==
+{{اصلی|نماز جمعه در دوران غیبت}}
+{{جعبه نقل قول| عنوان =| نقل‌قول = {{حدیث|«یَا أَیُّهَا الَّذِینَ آمَنُوا إِذَا نُودِیَ لِلصَّلَاةِ مِن یَوْمِ الْجُمُعَةِ فَاسْعَوْا إِلَیٰ ذِکْرِ اللَّـهِ وَذَرُ‌وا الْبَیْعَ ۚ ذَٰلِکُمْ خَیْرٌ لَّکُمْ إِن کُنتُمْ تَعْلَمُونَ»:ای کسانی که ایمان آورده‌اید، چون برای نماز جمعه ندا در داده شد، به سوی ذکر خدا بشتابید، و داد و ستد را واگذارید. اگر بدانید این برای شما بهتر است.}}|تاریخ بایگانی| منبع = سوره جمعه، آیه ۹| تراز = چپ| عرض = 200px| اندازه خط = ۱۲px|رنگ پس‌زمینه =#FFF9E7| گیومه نقل‌قول =| تراز منبع = چپ}}
+== Précepte de la prière du vendredi pendant l'Occultation ==
+{{citations
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+|  Ô vous qui croyez !, quand on appelle à la Prière, le vendredi, accourez à l'invocation (dikr) d'Allah et laissez vos affaires ! Cela sera un bien pour vous, si vous vous trouvez savoir. (9)
+|référence=Coran, sourate 62, verset 9, Traduction de Régis Blachère
+}}
+Certains juristes chiites anciens, comme [[Sallâr ad-Daylamî]]<ref>Ridânizhâd, Salât al-Jumu‘a, p 77</ref> et [[Ibn Idris al-Hillî]],<ref>Ibn Idrîs al-Hillî, As-Sarâ’ir al-Hâwî, vol 1, p 304</ref> ainsi que de nombreux juristes ultérieurs comme [[Fâdil al-Hindî]], ont conditionné la légitimité de la prière du vendredi à la présence de l'Imam infaillible (a) ou d'une personne désignée par lui pour diriger la prière.<ref>Al-Fâzil al-Hindî, Kashf al-Lithâm, vol 1, p 246 - 248 ; At-Tabâtabâ’î, Rîyâd al-Masâ’il, vol 4, p 73 - 75 ; ‘Allâma an-Narâqî, Mustanad ash-Shî‘a, vol 6, p 60 ; Khânsârî, Jâmi‘ al-Madârik, vol 1, p 524</ref> Selon cette perspective, la tenue de la prière du vendredi pendant la [[Occultation du douzième Imam, le Mahdi (aj)|période d'occultation]] ne serait donc permise.
+Certains juristes croient également que la prière du vendredi devrait se faire pendant les périodes d'Occultation ainsi qu'en présence de l'[[Imam infaillible (a)]].<ref>Ridânizhâd, Salât al-Jumu‘a, p 29 - 65</ref> [[Ash-Shahîd ath-Thânî]]<ref>Ash-Shahîd ath-Thânî, Rasâ’il, p 197</ref> et son petit-fils, l'auteur du livre « [[Madârik al-Ahkâm]] », ont émis de telle [[fatwa]].<ref>Al-‘Âmilî, Madârik al-Ahkâm, vol 4, p 25</ref>
+De nombreux juristes chiites des périodes intermédiaires et tardives, dont [[Muhaqqiq al-Hillî]],<ref>Al-Muhaqqiq al-Hillî, Sharâyi’ al-Islâm fî Masâ’il al-Halâl wa al-Harâm, vol 1, p 76</ref> [[‘Allâma al-Hillî]],<ref>‘Allâma al-Hillî, Mukhtalaf ash-Shî‘a, vol 2, p 238 - 239</ref> [[Ibn Fahd al-Hillî]],<ref>Al-Hillî, Muhadhdhab al-Bâri‘, vol 1, p 414</ref> [[ash-Shahîd al-Awwal]],<ref>Ash-Shahîd al-Awwal, Ad-Durûs ash-Shar‘îyya,vol 1, p 186</ref> et [[Muhaqqiq al-Karakî]],<ref>Muhaqqiq al-Karakî, Rasâ’il al-Muhaqqiq al-Karakî, vol 1, p 158 - 171</ref> soutiennent l'[[obligation optionnelle]]. L'obligation optionnelle de la prière du vendredi signifie qu'à midi le vendredi, on doit soit effectuer la prière du vendredi, soit la [[prière de midi]].<ref>Al-Husaynî al-‘Âmilî, Miftâh al-Karâma, vol 8, p 216 ; ‘Allâma an-Narâqî, Mustanad ash-Shî‘a, vol 6, p 59 ; Muhaqqiq al-Karakî, Rasâ’il al-Muhaqqiq al-Karakî, vol 1, p 163 ; Tawdîh al-Masâ’il Marâji‘, vol 1, p 871 - 872 ; ‘Allâma al-Hillî, Tadhkirat al-Fuqahâ, vol 4, p 27</ref>
+== Façon dont se fait la prière du vendredi ==
+Pour accomplir la prière du vendredi, on commence par prononcer deux sermons. Après cela, une prière collective de deux Rak‘a est effectuée avec l'intention spécifique de la prière du vendredi. Ces deux Rak‘a comportent deux [[Qunût]] recommandés : le premier avant l'inclinaison ([[Rukû‘]]) de la première Rak‘a, et le second après l'inclinaison de la deuxième Rak‘a.
+=== Conditions pour la tenue de la prière du vendredi ===
+La plupart des juristes chiites<ref>Al-Fâzil al-Hindî, Kashf al-Lithâm, vol 4, p 215 ; Sayyid al-Murtadâ, Rasâ’il ash-Sharîf, vol 1, p 222 ; Ibn Idrîs al-Hillî, As-Sarâ’ir al-Hâwî, vol 1, p 290</ref> considèrent que la présence d'au moins cinq personnes est nécessaire pour faire la prière du vendredi,<ref>Cheikh at-Tûsî, Tahdhîb al-Ahkâm, p 103</ref> et certains estiment que sept personnes sont requises. Les hanafites exigent la présence d'au moins trois personnes en plus de l'[[imam du vendredi]], les [[shafi'ites]] et les [[hanbalites]] requièrent au minimum quarante personnes, et les [[malikites]] considèrent nécessaire la présence d'au moins douze résidents de la ville.<ref>Al-Kâsânî, Badâ’i‘ as-Sanâ’i‘ fî Tartîb ash-Sharâ’i‘, vol 1, p 266</ref> De plus, selon les juristes chiites, il doit y avoir une distance d'au moins un Farsakh (environ 5,5 km) entre deux prières du vendredi, et si cette condition n'est pas respectée, la prière du vendredi la plus tardive sera considérée comme invalide.<ref>Al-Husaynî al-‘Âmilî, Miftâh al-Karâma, vol 2, p 130 - 135 ; Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 11, p 245</ref>
+=== Lieu de l'accomplissement de la prière du vendredi ===
+[[Fichier:نماز جمعه هند-مسجد فاتح پور.jpg|300px|vignette|Prière indienne du vendredi - Mosquée Fathpûrî]]
+La prière du vendredi se tient généralement dans la [[grande mosquée]] de chaque ville, parfois aussi appelée la [[mosquée du vendredi]].<ref>Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 4, p 176 ; Al-Mâwardî, Al-Ahkâm as-Sultânîyya wa al-Wilâyât ad-Dînîyya, p 164</ref> Ces mosquées sont qualifiées de « grande » en raison des rassemblements comme la prière du vendredi qui s'y tiennent.<ref>Al-Kâsânî, Badâ’i‘ as-Sanâ’i‘ fî Tartîb ash-Sharâ’i‘, vol 2, p 113</ref>
+=== Sermons de la prière du vendredi ===
+La prière du vendredi commence par deux [[sermons]]. Puisque la [[prière de midi]] et celle de vendredi ont respectivement quatre et deux [[Rak‘a]], ces deux sermons remplacent en fait les deux premières Rak‘a de la prière de midi.<ref>Cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 7, p 312 - 313 ; Sayyid al-Murtadâ, Rasâ’il ash-Sharîf, vol 41, p 41 ; Râfî‘î Qazwînî, Fath al-‘Azîz Sharh al-Wajîz, vol 4, p 576 ; An-Nawawîy, al-Majmû‘, vol 4, p 513</ref> Selon les juristes, les sermons du vendredi doivent être prononcés après midi (le [[déclin du soleil]]).<ref>‘Allâma al-Hillî, Tadhkirat al-Fuqahâ, vol 4, p 68 - 69 ; Hâ’irî, Salât al-Jumu‘a, p 193 - 199</ref> D’après l'opinion des juristes chiites, le sermon doit au moins inclure la louange à [[Dieu]], des bénédictions et [[salutations sur le Prophète Muhammad (s) et sa famille immaculée (a)]], une exhortation et une recommandation à la [[piété]], et la récitation d'une courte sourate du Coran.<ref>Cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 7, p 344 ; Ad-Daylamî, Al-Marâsim al-‘Alawîyya, p 77 ; Tawdîh al-Masâ’il Marâji‘, vol 1, p 878 - 879</ref> Les fidèles doivent s'abstenir de toute activité qui les empêcherait d'écouter les sermons, comme parler ou effectuer une prière.<ref>An-Nawawîy, Rawdat at-Tâlibîn, vol 1, p 573 ; Tawdîh al-Masâ’il Marâji‘, vol 1, p 888 - 892 ; As-Sarkhsî, Al-Mabsût, vol 2, p 29 - 30 ; Ibn Idrîs al-Hillî, As-Sarâ’ir al-Hâwî, vol 1, p 291 - 295 ; Al-Khû’î, Minhâj as-Sâlihîn, vol 1, p 187</ref> Conformément à l’[[Ayatollah Mutahharî]], penseur chiite du 14e du siècle de l’hégire, le [[Coran]] qualifie ces deux sermons de « Dhikr Allah » (rappel de Dieu), même s'il s'agit d'un discours.<ref>Ayatollah Mutahharî, Âshnâ’î bâ Qur’ân, vol 7, p 88</ref>
+Un hadith de l'[[Imam ar-Ridâ (a)]] indique que deux sermons ont été institués pour que l'un soit consacré à la [[louange de Dieu]], et l'autre à l'annonce des besoins, des avertissements, des [[invocations]] et des ordonnances liés au bien-être ou à la corruption de la société islamique.<ref>Cheikh al-Hurr al-‘Âmilî, Wasâ’il ash-Shî‘a, vol 7, p 344</ref>
+=== Format de la prière du vendredi et ses Qunût ===
+Après les deux sermons, deux Rak‘a de la prière du vendredi sont accomplies. Il est recommandé de réciter la [[sourate al-Jumu‘a]] dans la première Rak‘a et la [[sourate al-Munafiqûn]] dans la seconde, ou la [[sourate al-A‘lâ]] dans la première et la [[sourate al-Ghâshîya]] dans la seconde, après la [[sourate al-Fâtihah]]. Il est également recommandé de réciter les sourates à voix haute.<ref>Cheikh al-Mufîd, Al-Muqni‘a, p 141 ; Al-Kâsânî, Badâ’i‘ as-Sanâ’i‘ fî Tartîb ash-Sharâ’i‘, vol 1, p 269 ; Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 11, p 133 - 134</ref> Selon les juristes chiites, il est [[recommandé]] de faire un Qunût dans la première Rak‘a avant l'inclinaison (Rukû‘) et dans la seconde Rak‘a après celle-ci.<ref>Cheikh at-Tûsî, Al-Khilâf, vol 1, p 631 - 632 ; Tawdîh al-Masâ’il Marâji‘, vol 1, p 878</ref>
+== Imam du vendredi ==
+{{Article connexe|Imam du vendredi}}
+L'imam du vendredi, en plus de remplir les conditions nécessaires pour être [[imam de la prière collective]], doit également posséder d'autres qualités, y compris être éloquent, courageux et franc dans son discours, et connaître les intérêts de l'islam et des musulmans. Il est également préférable que l'imam du vendredi soit choisi parmi les personnes les plus savantes et les plus nobles.<ref>Tawdîh al-Masâ’il Marâji‘, vol 1, p 879 - 880 ; Ibn ‘Attâr, Adab al-Khatîb, p 89 - 96 ; Imâm Khumiynî, Tahrîr al-Wasîli, vol 1, p 209</ref> Le juriste chiite [[Muhaqqiq al-Hillî]], au [[7e siècle de l'hégire]], a mentionné dans son ouvrage « [[Sharâ’i‘ al-Islâm]] » que la perfection de l'intellect, en plus de la [[foi]] et de la justice, fait partie des conditions requises pour être imam du vendredi.<ref>Al-Muhaqqiq al-Hillî , Sharâyi’ al-Islâm fî Masâ’il al-Halâl wa al-Harâm, vol 1, p 76</ref> Comme la prière du vendredi ne se tient pas en présence de femmes, il n'est en aucun cas permis à une femme d'être imam du vendredi.<ref>Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 11, p 296</ref>
+Les juristes chiites et la plupart des savants sunnites n'ont pas fait de la présence ou de l'autorisation du dirigeant en place une condition pour la validité de la prière du vendredi (comme pour les autres actes cultuels corporels), et se sont référés à l'[[imamat]] de l’[[Imam Ali (a)]] lors de la prière du vendredi lorsque [[Othman]] était assiégé par ses opposants.<ref>Ash-Shâfi‘î, Al-Umm, vol 1, p 192 ; An-Nawawîy, al-Majmû‘, vol 4, p 509 ; Ibn Qudâma al-Maqdisîy, Al-Mughnî, vol 2, p 173 - 174</ref> Néanmoins, tout au long de l'histoire de l'islam, l'imamat du vendredi a toujours été une fonction gouvernementale.<ref>Ja‘farîyân, Safawîyyi dar ‘Arsiyi Dîn, vol 3, p 255</ref>
+== Historique de la prière du vendredi ==
+La prière du vendredi a été légiférée à La [[Mecque]] avant l'[[Hégire]], dans la douzième année après la [[révélation]]. Cette année-là, le [[Prophète Muhammad (s)]], n'ayant pas la possibilité d'organiser la prière du vendredi à La [[Mecque]], a demandé par lettre à [[Mus‘ab b. ‘Umayr]] de le faire à [[Médine]].<ref>At-Tabarânî, Al-Mu‘jam al-Kabîr, vol 17, p 267 ; Ahmadî Mîyânijî, Makâtîb ar-Rasûl, p 239</ref> Selon un autre rapport, la première prière du vendredi a été dirigée par [[As‘ad b. Zurâra]] à Médine.<ref> An-Nasâ’î, Sunan Nasâ’î, vol 8,  p 150 ; Ibn Mâja, Sunan Ibn Mâja, vol 1, p 344</ref>
+À l'arrivée du Messager d’Allah (s) à Médine, la prière du vendredi a été conduite sous sa direction.<ref>Voir px : Al-Mas‘ûdî, Murûj adh-Dhahab, vol 3, p 19</ref> Après la ville de Médine, le premier endroit où la prière du vendredi s’est fait était le village d'Abd al-Qays à [[Bahreïn]].<ref>Al-Halabî, Sîrat al-Halabîyya, vol 2, p 59</ref>
+Après l'ère prophétique, selon les rapports historiques, la prière du vendredi était courante pendant la période des [[premiers califes]], ainsi que pendant le [[règne du Commandeur des croyants Ali (a)]] et de l'Imam al-Hasan al-Mujtabâ (a) ([[40 h]] / 660 c).<ref>Ibn Kathîr, Al-bidâya wa an-Nihâya, vol 4, p 189 ; At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 3, p 447 ; Ibn ‘Asâkir, Târîkh Madîna Damishq, vol 13, p 251 ; Mahmûdî, Nahj as-Sa‘âdah fî Mustadrak Nahj al-Balâgha, vol 1, p 427, 499 ; vol 2, p 595, 714 ; vol 3, p 153, 605</ref> Certaines hadiths et invocations chiites, comme le [[sermon d’ash-Sh‘bânîyya du noble Prophète (s)]] et certains [[sermons du Nahj al-Balagha]], sont liés à ces prières.
+Pendant les périodes [[omeyyade]] ([[Année 41 de l'Hégire lunaire|41]] - [[132 h]] / 661 - 749 c) et [[abbasside]] ([[Année 132 de l'Hégire lunaire|132]] - [[656 h]] / 749 - 1258 c), la prière du vendredi était dirigée par les califes ou leurs représentants.<ref>At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 8, p 570 - 579 et 594 ; vol 9, p 222 ; Ya‘qûbî, Târîkh al-Ya‘qûbî, vol 2, p 285, 365</ref> Les califes nommaient les imams du vendredi au centre du califat,<ref>Ibn al-Jawzî, al-Muntazam, vol 14, p 383 ; vol 15, p 351</ref> tandis que le choix des prédicateurs du vendredi dans les autres villes incombait aux émirs et gouverneurs locaux.<ref>Al-Qalqashandî, Subh al-A‘shâ’ fî Sanâ‘at al-Inshâ’, vol 10, p 15, 19 - 20</ref>
+=== Participation des Ahl al-Bayt (a) à la prière du vendredi ===
+Du point de vue chiite, les dirigeants oppresseurs et les imams du vendredi et de la prière collective nommés par eux n'avaient pas de légitimité et on ne pouvait pas faire la prière sous leur direction. Cependant, selon certains [[hadiths]], les [[Ahl al-Bayt (a)]] et leurs partisans participaient parfois à la prière du vendredi par [[at-Taqîyya]] ou pour d'autres raisons.<ref>An-Nûrî, Mustadrak al-Wasâ’il, vol 6, p 40 ; Zurârî, Târîkh  l Zurâri, vol 2, p 27 ; Jâbirî, Salât al-Jumu‘a : Târîkhan wa Fiqhîyan, p 24</ref> Parfois, les opposants aux gouvernements s'abstenaient de participer à la prière du vendredi pour exprimer leur désaccord.<ref>Voir px : Ibn al-Jawzî, al-Muntazam, vol 16, p 31 - 32 ; ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 44, p 333</ref> Ne pas assister à la prière du vendredi était considéré comme un antécédent négatif pour les individus.<ref>At-Tabarî, Târîkh at-Tabarî, vol 4, p 328</ref>
+=== Accomplissement de la prière du vendredi chiite ===
+Pendant la Grande Occultation, les juristes chiites n'avaient pas le pouvoir d'organiser eux-mêmes la prière du vendredi ni de juger approprié de participer à la prière du vendredi des gouverneurs oppresseurs. Cependant, il y a eu des cas limités, comme pendant les périodes des [[Bouyides]] ou des [[Hamdanides]], où la prière du vendredi a été rapportée comme étant établie par les chiites.<ref>Hâshimî Rafsanjânî, « Ab‘âd Fiqhî, Sîyâsî wa Ijtimâ‘î Namâz Jum‘i », p 48 - 49</ref>
+Parmi les plus anciens rapports existants sur la prière du vendredi dans les communautés chiites, on trouve l'établissement de la prière du vendredi à la [[mosquée Barâthâ]] (la mosquée chiite à Bagdad) en [[329 h]] / 940 c, dirigée par Ahmad b. Fadl al-Hâshimî.<ref>Al-Khatîb al-Baghdâdî, Târîkh Baghdâd, vol 1, p 430</ref> Même pendant les troubles de [[349 h]] / 960 c, lorsque la prière du vendredi a été suspendue à Bagdad, il n'y a pas eu d'interruption dans l'établissement de la prière du vendredi à Barâthâ.<ref>Ibn al-Athîr al-Jazarî, Al-Kâmil fi at-Târîkh, vol 8, p 533</ref> Cependant, en [[420 h]] / 1029 c, avec la nomination d'un prédicateur sunnite par le calife, la prière a été temporairement suspendue.<ref>Ibn al-Jawzî, al-Muntazam, vol 15, p 198 - 201</ref>
+La prière du vendredi était également établie à la grande mosquée Ibn Tûlûn en [[359 h]] / 970 c et à la grande mosquée al-Azhar en [[361 h]] / 971 c.<ref>Cheikh Abbâs al-Qummî, al-Kunay wa al-Alqâb, vol 2, p 417 ; Ja‘farîyân, Safawîyyi dar ‘Arsiyi Dîn, vol 3, p 258 - 259</ref> Il existe également des preuves de l'établissement de la prière du vendredi dans ces villes durant les premiers siècles de l'Hégire.<ref>Ja‘farîyân, Namâz Jum‘i : Zamînihâyi Târîkhî, p 23 - 25</ref> L'essor de la prière du vendredi parmi les chiites date du début du règne chiite safavide en Iran.<ref>Wara‘î, « Nihdat Ihyâyi Namâz Jum‘ih », p 6</ref>
+== Gallery ==
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+پرونده:نماز جمعه بحرین.jpg|Prière du vendredi à [[Bahreïn]]
+پرونده:نماز جمعه اصفهان.jpg|Prière du vendredi à [[Ispahan]], [[Iran]]
+پرونده:نماز جمعه بنگلادش.jpg|Prière du vendredi au [[Bangladesh]]
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 == Références ==