Âyât al-Ahkâm

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Âyât al-Ahkâm (en arabe : آيات الأحكام) ou Fiqh al-Qur’ân (en arabe : فقه القرآن) fait référence aux versets du Coran dans lesquels les préceptes religieux sont expliqués ou à partir desquelles les préceptes peuvent être extraites et inférées. Les préceptes religieux se réfèrent à des règles pratiques (telles que les préceptes concernant la prière, le jeûne, le jihad et la zakat) et non à des règles morales ou théologiques.

Il est généralement connu que cinq cents versets du Coran contiennent des questions jurisprudentielles. Le Coran est la première source de la jurisprudence. Selon les hadiths, se référer au Coran pour recevoir les règles pratiques de la religion est courant parmi les compagnons du Prophète (s), depuis l'époque du Prophète (s). Dans certains cas, les Imams (a) expliquaient les préceptes religieux à des gens en se référant aux versets du Coran. Le premier livre sur Âyât al-Ahkâm fut écrit par Muhammad b. Sâ'ib al-Kalbî (mort 146 H), l'un des compagnons de l'Imam al-Bâqir (a) et de l'Imam as-Sâdiq (a).

De nombreux livres furent écrits sur des versets concernant les préceptes religieux, dont beaucoup sont intitulés Âyât al-Ahkâm. Les auteurs de ces travaux les classaient en quelques catégories en fonction de leurs caractéristiques ; par exemple, ils placèrent les versets qui contiennent plusieurs préceptes dans un groupe et les versets qui contiennent une seule règle dans un autre groupe. Il est dit que certains versets de préceptes furent abrogés et que de nouveaux préceptes les remplacèrent, comme le verset d'an-Najwâ.

Définition

Les versets du Coran dans lesquels un précepte religion est mentionné ou à partir desquels un précepte religion peut être déduite, ces versets sont appelés "Âyât al-Ahkâm"[1] (versets de préceptes) ou "Fiqh al-Qur'an".[2]

Les préceptes religieux se réfèrent à des préceptes pratiques (tels que les préceptes concernant la prière, le jeûne, le jihad et la zakat), et non à des règles morales ou théologiques.[3] Il est notable que le titre Âyât al-Ahkâm est un titre courant pour de nombreux livres qui ont discuté des versets de préceptes islamiques.[4]

Coran, la première source de préceptes

Articles connexes : Coran et verset.

Le Coran est considéré comme la première source et la référence principale et essentielle de la jurisprudence islamique.[5] Il y a de nombreux versets et hadiths qui présentent le Coran comme une source de connaissance de la religion et un livre contenant al-Halal et al-Harâm.[6]

Cependant, certains chiites qui sont connus sous le nom d'Akhbârîtes (gens de Hadiths) croient que la seule source et référence pour accéder aux préceptes religieux sont les hadiths, et le Coran devrait être appris à travers les hadiths et en se référant directement au Coran et en l'utilisant indépendamment du commentaire des Ahl al-Bayt (a) est interdit.[7]

Tous les détails des préceptes religieux ne sont pas mentionnés dans le Coran. Ce qui est mentionné dans le Coran, ce sont les préceptes généraux et les lois de la charia, dont les détails peuvent être obtenus à partir des hadiths des infaillibles (a).[8] Par exemple, le précepte sur l'obligation de prières quotidiennes peut être déduite des versets du Coran, mais le nombre de ses Rak'a-s, ses Rukn et les Dhikr-s à y réciter sont mentionnés dans les hadiths.

Histoire

Selon ce qui est mentionné dans les hadiths[9], la référence au Coran et la déduction des préceptes religieux de ses versets ont commencé à partir du temps du Prophète (s) et de la Révélation du Coran ; et ce fut généralement une pratique courante parmi les compagnons du Prophète (s) et des Imams (a).

Dans de nombreux cas, les Imams (a) expliquèrent les préceptes religieux aux gens, en se référant aux versets du Coran ; par exemple, il est rapporté que Abd al-A'lâ dit à l'Imam as-Sâdiq (a) :

«Je suis tombé au sol et l'ongle de mon orteil est arraché et je l’attachai. Maintenant, que dois-je faire pour al-Wudû (ablution) ?

L’Imam (a) répondit :

Dans ce cas et des cas similaires peuvent être déduits de ce verset suivant, passer la main mouillée sur blessure fermée[10] :
... وَمَا جَعَلَ عَلَيْكُمْ فِي الدِّينِ مِنْ حَرَجٍ...﴿۷۸﴾
Il [Allah] ne vous a imposé aucune gêne dans la religion
Le Coran, la sourate al-Hajj, le verset 78

Les jurisconsultes chiites se sont toujours référés au Coran et aux Âyât al-Ahkâm pour déduire les préceptes religieux ; mais, l'histoire de la compilation et de l'écriture d'ouvrages indépendants sur Âyât al-Ahkâm remonte au deuxième siècle de l'hégire lunaire. Il est dit que le premier livre à cet égard fut écrit par Muhammad b. Sâ'ib al-Kalbî (mort en 146 H) qui fut l'un des compagnons de l'Imam al-Bâqir (a) et de l'Imam as-Sâdiq (a).[11]

Nombre et sujets

Il y a différents points de vue sur le nombre de versets concernant les préceptes religieux. Dans certains hadiths, il est mentionné qu'un quart du Coran traite de préceptes religieux[12] et dans d'autres, il est dit qu'un tiers des versets sont sur le sujet des préceptes religieux.[13]

Il est connu parmi les jurisconsultes chiites que Âyât al-Ahkâm sont de cinq cents versets (environ un tiers des versets du Coran). Mais, il est dit qu'aucun nombre exact ne peut être dit à cet égard, car il est possible qu'un faqih déduit un précepte d'un verset, mais pas un autre faqih.[14] Il est probable que la première personne qui indiqua le nombre cinq cents fut Maqâtil b. Sulaymân (mort 150 H).[15] Le plus long verset parmi les versets des préceptes est aussi le plus long verset du Coran. C'est le verset 282 de la sourate al-Baqara, qui est connu comme le verset de Dayn (verset de dette).

À propos des sujets de Âyât al-Ahkâm, il est également dit qu'avec un bref examen des sujets et des questions mentionnées dans les livres Âyât al-Ahkâm et Fiqh al-Qur'ân, on peut comprendre que ces sujets sont ceux qui sont mentionnés et discutés dans la science de la jurisprudence et des travaux jurisprudentiels ; sujets tels que la pureté, la prière, le jeûne, le khums, la zakat, le mariage et l'héritage.[16]

Exemples

Les exemples de versets dans lesquels les préceptes religieux sont explicitement énoncés : Le verset d’al-Wudû (ablution) :

Ô vous qui croyez ! quand vous vous disposez à la prière, lavez-vous le visage et les mains jusqu'aux coudes ! passez-vous la main sur la tête et les pieds jusqu'aux chevilles ![17]

Le verset at-Tayammûm :

Si vous êtes malades, ou en voyage, ou si l'un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins ou si vous avez touché aux femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, alors recourez à la terre pure, passez-en sur vos visages et vos mains. Allah ne veut pas vous imposer quelque gêne, mais Il veut vous purifier et parfaire sur vous Son bienfait. Peut-être serez-vous reconnaissants[18].

Le verset de Khums :

Et sachez que, de tout butin que vous avez ramassé, le cinquième appartient à Allah, au messager, à ses proches parents, aux orphelins, aux pauvres, et aux voyageurs (en détresse), si vous croyez en Allah et en ce que Nous avons fait descendre sur Notre serviteur, le jour du Discernement: le jour où les deux groupes s'étaient rencontrés, et Allah est Omnipotent.[19]

Le verset du Jeûne :

Ô les croyants! On vous a prescrit as-Siyâm comme on l'a prescrit à ceux d'avant vous, ainsi atteindrez-vous la piété[20].

Division des versets

Les jurisconsultes chiites, selon les caractéristiques des versets des préceptes religieux, les ont classés dans plusieurs catégories ; Par exemple, ces versets sont divisés en quatre groupes en fonction du type de phrase :

  • Versets qui expriment un précepte spécifique ;
  • Versets qui expriment un précepte général ;
  • Versets dont découlent les préceptes jurisprudentiels
  • et Versets dont découlent les règles de la science de Usûl Fiqh.[21]

Une autre division est fournie en fonction de l'explication du précepte :

  • Versets qui énoncent explicitement un précepte ;
  • Versets qui transmettent un précepte au destinataire avec condamnation, menace ou promesse ;
  • Versets qui commandent et interdisent ;
  • Versets qui annoncent et disent un verdict.[22]

Abrogation de certains versets

Article connexe : Abrogation.

Les savants chiites croient que l'abrogation s'est produite à propos de certains versets du Coran ; mais, ils ont des désaccords sur les versets abrogés. L'abrogation signifie "le remplacement d'un précepte par un autre précepte révélé plus tard, de sorte que si la deuxième précepte ne se révélait pas, la première précepte resterait en vigueur jusqu'au Jour du Jugement". Le Coran lui-même parle de l'abrogation dans deux versets (la sourate al-Baqara, le verset 106 et la sourate an-Nahl, le verset 101).[23]

Les savants chiites acceptent l'abrogation d'un verset avec un autre verset ; mais très peu parmi eux acceptent que le Coran soit abrogé avec des hadiths.[24]

Certains des versets qui furent abrogés sont les suivants :

Bibliographie

De nombreux livres furent écrits sur les versets des préceptes religieux, dont beaucoup sont intitulés «Âyât al-Ahkâm» ou «Fiqh al-Qur'ân». Le livre de Dâ'irat al-Ma'âri Qur'ân wa Qur'ân Pajzûhî (L'étude de l'Encyclopédie du Coran et du Coran a répertorié) mentionna 108 titres de livres sur ce sujet provenant d'auteurs chiites et sunnites.[27]

Il est dit que la première personne qui écrit sur les versets de préceptes religieux fut Muhammad b. Sâ'ib aml-Kalbî (mort en l'an 146 H) qui fut parmi les compagnons de l'Imam al-Bâqir (a) et de l'Imam as-Sâdiq (a).[28]

Aussi, le livre de Tafsîr khams-a Mi'a Âya fi al-Ahkâm écrit par Maqâtil b. Sulayman (décédé 150 H) qui écrit à la même période, fut mentionné parmi ces livres. Parmi les œuvres écrites, Fiqh al-Qur'an écrit par al-Qutb ar-Râwandî (décédé 573 H), Kanz al-'Irfân fi Fiqh al-Qur'ân écrit par al-Fâdil al-Miqdâd (décédé 826 H)[29] et Zubdat al-Bayân écrit par al-Muqaddas al-Ardabîlî (décédé 993 H) furent comptés parmi les ouvrages les plus célèbres et les plus importants sur les versets de préceptes religieux (Âyât al-Ahkâm).[30]

Voir aussi

Références

  1. Mu’înî, yât al-Ahkâm, p 1
  2. Fâkir Miybudî, Darâmadî bar yât al-Ahkâm, p 41
  3. Fakhla’î, Justârî dar Târîkh Tafsîri Âyât al-Ahkâm, p 348
  4. Âqâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 1, p 42-44, Dâr al-Awdâ’
  5. Islâmî, Madkhali ‘Ilm Usûl, p 81
  6. Sâdiqî Fadakî, Panj Dîdgâh Matrah Darbâri Ti’dâdi yât al-Ahkâm Qur’ân Karîm, p 37
  7. Islâmî, Madkhali ‘Ilm Usûl, p 89
  8. Tabâtabâ’î, Shî’i dar Islâm, p 108
  9. Muttaqî al-Hindî, Kanz al-’Ummâl, vol 16, p 537, hadith 45796, 1409 H ; al-Hurr al- milî, Wasâ’il ash-Shî’a, chapitre 23, hadith 1 et chapitre 39, hadith
  10. Islâmî, Madkhali ‘Ilm Usûl, p 92
  11. Âqâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 1, p 41, Dâr al-Awdâ’
  12. Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 2, p 628, 1407 H
  13. Cheikh al-Kulaynî, al-Kâfî, vol 2, p 628, 1407 H
  14. Îravânî, Durûs Tamhîdîyya fî Tafsîr yât al-Ahkâm, vol 1, p 19
  15. Sâdiqî Fadakî, Panj Didgâhi Matrah Darbâri Ti’dâdi yât al-Ahkâm Qur’ân Karîm, p 40
  16. Fâkir Miybudî, Dar’âmdî bar Âyât al-Ahkâm, p 49
  17. Le Coran, la sourate al-Mâ'ida, le verset 6, traduction de Régis Blachère
  18. Le Coran, la sourate al-Mâ'ida, le verset 6, traduction de Régis Blachère
  19. Le Coran, la sourate al-Anfâl, le verset 41, traduction de Régis Blachère
  20. Le Coran, la sourate al-Baqara, le verset 183, traduction de Régis Blachère
  21. Fâkir Miybudî, Dar’âmdî bar yât al-Ahkâm, p 42-43
  22. Mu’înî, Âyhât al-Ahkâm, p 2-3
  23. Islâmî,Madkhali ‘Ilm Usûl, p 97-98
  24. Fâkir Miybudî, Barrisî Naskh va Aqsâmi n dar yâti Qur’ân, p 49
  25. Le Coran, la sourate al-Mujâdala, le verset 12
  26. Le Coran, traduction, explication et glossaire par Khurramshâhî, p 17
  27. Dânishnâmi Qur’ân va Qur’ânpazhûhî, vol 2, p 1795-1801
  28. Âqâ Buzurgi Tihrânî, adh-Dharî’a, vol 1, p 41, Dâr al-Awdâ’
  29. Fâdil, Masâlik al-Afhâm Ilâ yât al-Ahkâm, vol 1, p 8, introduction
  30. Islâmî,Madkhali ‘Ilm Usûl, p 101

Sources