Aller au contenu

Ihsân

De wikishia

Ihsân (en arabr : الإحصان) est utilisé dans les textes juridiques islamiques pour désigner deux concepts : le fait d'avoir un(e) époux/épouse et la chasteté. Dans le premier sens, il est abordé dans les chapitres des témoignages (shahâdât) et al-Hudûd (des peines précises selon la Sharî'a), tandis que dans le second, il est traité dans les chapitres du serment de malédiction réciproque (al-Li'ân) et des al-Hudûd.

Selon les sources juridiques islamiques, al-Ihsân entraîne une aggravation des peines pour certains péchés. Par exemple, la peine pour l'adultère commis par une personne mariée (muhsan/muhsana) est la lapidation, et celle pour avoir accusé faussement une personne mariée (al-Qadhf) est de 80 coups de fouet. La réalisation de l'état d’al-Ihsân nécessite des conditions spécifiques.

Définition

Le terme al-Ihsân signifie littéralement « protection » ou « préservation ».[1] En terminologie jurisprudence islamique, il revêt deux significations principales : « le fait d'avoir un(e) époux/épouse » et « la chasteté ».[2] Dans les sources jurisprudentiels, la première signification est désignée par al-Ihsân ar-Rajm (al-Ihsân lié à la lapidation) et la seconde par al-Ihsân al-Qadhf (al-Ihsân lié à l'accusation calomnieuse).[3] Les hommes et les femmes remplissant les conditions d’al-Ihsân sont respectivement appelés « Muhsan » (pour les hommes) et « Muhsana » (pour les femmes), ou encore « Thayyib » (pour les hommes) et « Thayyiba » (pour les femmes).[4]

Dans le Coran, le mot al-Ihsân et ses dérivés sont employés avec divers sens, notamment :

  • Le fait d'avoir un époux/épouse[5],
  • La chasteté[6],
  • La liberté (par opposition à l'esclavage)[7],
  • Être musulman et atteindre l'âge de la majorité[Note 1].[8]

En jurisprudence islamique, al-Ihsân est étudié dans les chapitres concernant l'adultère (az-Zinâ), le lesbianisme (al-Musâhaqa), l'accusation calomnieuse (al-Qadhf), le serment de malédiction réciproque (al-Li'ân)[9] et la sodomie (al-Lîwât). Chaque cas est soumis à des conditions spécifiques.

Ihsân dans les cas d"az-Zinâ et d'al-Liwât

En jurisprudence islamique, dans le cas d’az-Zinâ (adultère), est considéré comme étant en état d’al-Ihsân toute personne remplissant les conditions suivantes : être adulte, libre (par opposition à esclave), saine d'esprit, avoir un(e) époux/épouse avec qui une relation sexuelle a eu lieu, et dont l'époux/épouse est accessible.[10] Si une telle personne, homme ou femme, commet un adultère avec une autre personne, cela est qualifié d’az-Zinâ al-Muhsana (adultère aggravé).[11] Selon les sources jurisprudencielles islamiques, al-Ihsân aggrave la peine pour l'adultère, dont la punition est la lapidation.[12]

Al-Ihsân entraîne également une aggravation de la peine dans le cas d’al-Liwât (sodomie). Si l'auteur d’al-Liwât est en état d’al-Ihsân, il sera exécuté ; s'il n'est pas en état d’al-Ihsân, sa peine consiste en cent coups de fouet, conformément à la loi religieuse.[13]

Sortie d'al'Ihsân

Certains jurisconsultes islamiques considèrent que des circonstances telles que les menstruations (al-Hayd), les lochies (an-Nifâs), les voyages de l'un des couples, l'emprisonnement ou les maladies empêchant les relations sexuelles peuvent faire sortir un homme ou une femme de l'état d’al-Ihsân.[14]

De même, lorsqu'un couple se sépare par un divorce irrévocable (Talâq Bâ’in), les deux parties quittent immédiatement l'état d’al-Ihsân. Cependant, il existe une divergence d'opinions sur la question de savoir si un divorce révocable (Talâq ar-Rij‘î) entraîne également la sortie d’al-Ihsân.[15]

Par ailleurs, certains estiment qu'un conjoint qui devient apostat inné (Murtadd al-Fitrî) sort également de l'état d’al-Ihsân.[16]

Ihsân dans les cas d'al-Qadhf et al-Li'ân

En jurisprudence islamique, concernant al-Qadhf (accusation calomnieuse), les jurisconsultes considèrent qu'est en état d’al-Ihsân tout musulman adulte, sain d'esprit, libre et chaste. Si une personne accuse un tel individu d'adultère (az-Zinâ) ou de sodomie (al-Liwât) sans preuve, elle sera soumise à la peine prescrite pour al-Qadhf, soit 80 coups de fouet.[17]

Dans le cas d’al-Li'ân (serment de malédiction réciproque), si un homme affirme que son épouse (une femme en état d'al-Ihsân) a commis un adultère ou prétend que l'enfant qu'elle porte n'est pas de lui, sans pouvoir apporter de témoin pour étayer ses propos, les deux époux peuvent procéder à al-Li'ân. Par ce serment, ils se maudissent mutuellement, ce qui entraîne leur séparation définitive et leur interdiction de se remarier l’un avec l’autre à jamais.[18]

Voir aussi

Références

  1. Farhangi Dihkhudâ, sous le mot Ihsan.
  2. Hâshimî Shâhrûdî, Mahmûd, Mawsû‘at al-Fiqh al-Islâmî Tibqan Li Madhhab Ahl al-Bayt, vol. 7, p. 111, 1423 H ; Dânishnâmihyi Jahâni Islâm, vol. 21, Sous l'article de Zinâ, p. 596, 1395 SH.
  3. Hâshimî Shâhrûdî, Mahmûd, Mawsû‘at al-Fiqh al-Islâmî Tibqan Li Madhhab Ahl al-Bayt, vol. 7, p. 111, 1423 H.
  4. Dânishnâmihyi Jahâni Islâm, vol. 21, Sous l'article de Zinâ, p. 596, 1395 SH ; Hâshimî Shâhrûdî, Farhangi Fiqhi Mutâbiqi Madhhabi Ahli Bayt, vol. 1, p. 307, 1382 SH.
  5. Le Coran, la sourate an-Nisâ’, le verset 24.
  6. Le Coran, la sourate at-Tahrîm, le verset 12.
  7. Le Coran, la sourate al-Mâ’ida, le verset 5.
  8. Dâ’irat al-Ma‘ârif al-Islâmî, vol. 6, sous le mot Ihsan, 1373 SH.
  9. Hâshimî Shâhrûdî, Farhangi Fiqhi Mutâbiqi Madhhabi Ahli Bayt, vol. 1, p. 307, 1382 SH.
  10. Risâlihyi Tawdîh al-Masâ’ili Marâji‘, p. 896, 1372 SH.
  11. Risâlihyi Tawdîh al-Masâ’ili Marâji‘, p. 896, 1372 SH.
  12. Mûsawî Ardabîlî, Fiqh al-Hudûd wa at-Ta‘zîrât, vol. 1, p. 198, 1437 H.
  13. Al-'Allâma al-Majlisî, Hudûd wa Qisâs wa Dîyât, p. 21 ; Risâlihyi Tawdîh al-Masâ’ili Marâji‘, p. 897, 1372 SH.
  14. Muntazirî, Mujâzâthâyi Islâmî wa Huqûqi Bashar, p. 151, 1429 H ; Imâm Khomeynî, Tarjumihyi Tahrîr al-Wasîlah, vol. 4, p. 177, 1425 H.
  15. Mûsawî Ardabîlî, Fiqh al-Hudûd wa at-Ta‘zîrât, vol. 1, p. 234, 1437 H.
  16. Imâm Khomeynî, Tarjumihyi Tahrîr al-Wasîlah, vol. 4, p. 178, 1425 H.
  17. Al-‘Allâmah al-Hillî, Qawâ‘id al-Ahkâm, vol. 3, p. 545, 1413 H ; Shahîd ath-Thânî, ar-Rawdat al-Bahîyîyah, vol. 9, p. 179, 1410 H ; Imâm Khomeynî, Tarjumiyi Tahrîr al-Wasîlah, vol. 4, p. 239, 1425 H.
  18. Cheikh ql-Bahâ’î, Jâmi‘i ‘Abbâsî, p. 731, 1429 H.
  1. Dans ce verset, certaines personnes ont interprété le mot « Uhasina » comme signifiant devenir musulmane, et d'autres l'ont interprété comme signifiant la maturité des femmes esclaves.