Verset d’al-Istikhlâf

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Verset d'al-Istikhlâf ou Âya al-Istikhlâf (en arabe : آية الاستخلاف) (Coran 24:55) fait référence à la promesse de Dieu aux croyants concernant l'établissement d'un gouvernement de justes sur terre et la diffusion de la religion véritable. Ce verset a été révélé en réponse aux musulmans qui craignaient l'insécurité et l'attaque des infidèles et posaient des questions sur le moment où la paix arriverait. Dans ce verset, Dieu promet aux croyants qui pratiquent le bien l'établissement d'un gouvernement de justes, la diffusion et l'expansion de la religion véritable et l'obtention de la paix.

Les exégètes du Coran ont interprété al-Istikhlâf dans le verset comme la succession des prophètes (a) passés, la succession du peuple de Banu Isrâ'îl et la succession des croyants des nations passées. Les exégète du Coran ont considéré le Prophète de l'islam (s) et ses Ahl al-Bayt (a), le Prophète (s) et ses compagnons, les porteurs de la foi et de la bonne action et les califes ar-Râshidûn comme des exemples du gouvernement promis.

Dans les recueils de hadiths chiites, le gouvernement promis a été appliqué au gouvernement de l'Imam Ali (a), des Imams chiites (a) et de l'Imam al-Mahdi (a) et ses compagnons.

Texte et traduction du verset

وَعَدَ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا مِنْكُمْ وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُمْ فِي الْأَرْضِ كَمَا اسْتَخْلَفَ الَّذِينَ مِنْ قَبْلِهِمْ وَلَيُمَكِّنَنَّ لَهُمْ دِينَهُمُ الَّذِي ارْتَضَى لَهُمْ وَلَيُبَدِّلَنَّهُمْ مِنْ بَعْدِ خَوْفِهِمْ أَمْنًا يَعْبُدُونَنِي لَا يُشْرِكُونَ بِي شَيْئًا وَمَنْ كَفَرَ بَعْدَ ذَلِكَ فَأُولَئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ ﴿۵۵﴾
Allah promet à ceux d’entre vous qui croient et accomplissent de bonnes œuvres de leur faire hériter de l’autorité sur terre comme Il le fit avec leurs devanciers, de faire triompher la religion qu’Il a choisie pour eux et de remplacer leurs craintes par la sécurité. Et ce, tant qu’ils L’adoreront sans rien Lui associer. Quant à ceux qui renient la foi après cela, voilà ceux qui désobéissent à Allah.
Le Coran, la sourate an-Nûr, le verset 55, la traduction de Rashîd Ma'âsh

Présentation et la circonstance de la révélation

Le verset 55 de la sourate an-Nûr, est connue sous le nom de verset d'al-Istikhlâf. Ce verset vient dans la continuité des versets précédents, qui parlaient d'obéissance et de soumission au commandement de Dieu et du Prophète de l'Islam (s), et il exprime le résultat de cette obéissance, qui est le gouvernement mondial.[1]

Il est mentionné dans la circonstance de la révélation du verset, que lorsque le Prophète de l'Islam (s) et les musulmans ont émigré à Médine et ont été abrités par les Ansar, tous les infidèles ont pris l'épée contre eux ; De telle sorte qu'ils devaient même passer la nuit avec des armes et il leur était difficile de supporter cette situation. Certains musulmans se posaient cette question : combien de temps cette situation va-t-elle durer ? Viendra-t-il un moment où nous serons assurés et calmes et où nous ne craindrons personne sauf Dieu ?.

Le verset d'al-Istikhlâf leur a apporté la bonne nouvelle que cette situation allait changer.[2]

Contenu du verset

Dans ce verset, trois promesses sont données aux musulmans qui ont les deux qualités de foi et de bonnes actions.

  • L'établissement d'un gouvernement juste sur terre.
  • La diffusion et l'établissement de la vraie religion, qui est à leur goût et à leur satisfaction, de sorte que personne ne puisse l'empêcher de se propager.
  • La disparition des facteurs de peur et d'insécurité qui existaient de la part des hypocrites et des infidèles.[3]

Après avoir exprimé les trois promesses, Dieu appelle les musulmans à l'adoration et à se garder du polythéisme, car Il considère le polythéisme et la désobéissance comme un blasphème contre Ses bénédictions et l'abandon de Sa servitude.[4]

Signification d’al-Istikhlâf

Les exégètes du Coran ont trois opinions sur la question de savoir qui les musulmans remplaceront. S

  1. Succession des prophètes (a) précédents : Certains pensent que le sens du mot « al-Istikhâf » (succession) dans ce verset est la succession de prophètes (a) comme Adam (a), Moïse (a), David (a), Salomon (a), etc. Ils s'appuient sur des versets du Coran, tels que le verset 30 de la sourate al-Baqara, qui dit : « Lorsque ton Seigneur dit aux Anges : « Je vais installer sur terre une succession » et dans le verset 26 de la sourate Sâd, Dieu dit à David (a) : « David ! Nous avons fait de toi Notre vicaire sur terre ».
  2. Succession du peuple des Banu Israël : D'autres pensent que le sens du mot « al-Istikhâf » (succession) est le remplacement du peuple des Banu Israël, qui a établi un gouvernement juste après la destruction des Pharaons.
  3. Succession des croyants des nations précédentes : Al-'Allâma Tabâtabâ'î, tout en niant que le verset fasse référence au peuple des Banu Israël, a considéré le sens du mot « al-Istikhâf » comme les croyants des nations précédentes, dont Dieu a détruit les infidèles et les hypocrites de ces nations et a sauvé leurs purs croyants. Comme le peuple de Noé (a), Hûd (a), Sâlih (a), Shu'ayb (a), etc. Il appuie son interprétation sur les versets 13 et 14 de la sourate Ibrâhîm, où il est dit : « Alors, leur Seigneur leur révéla : "Assurément Nous anéantirons les injustes, (13) et vous établirons dans le pays après eux.(14) »[5]

Exemple du gouvernement promis

Les exégètes du Coran ont émis quatre avis sur les personnes incluses dans la promesse divine :

  1. Le Prophète (s) et les Ahl al-Bayt (a) : At-Tabrisî, dans son commentaire sur le Coran Majma' al-Bayân, s'appuie sur les hadiths de l'Imam as-Sajjâd (a) et de l'Imam as-Sâdiq (a) pour affirmer que le verset fait référence au Prophète (s) et aux Ahl al-Bayt (a). Le verset leur annonce la gouvernance et la sécurité lors du soulèvement de l'Imam al-Mahdi (a).[6]
  2. Les détenteurs de la foi et des actions pieuses : Al-'Allâma Tabâtabâ'î rejetant la désignation d'une personne spécifique pour la signification du verset, estime que ce verset concerne certaines personnes de la Oumma islamique et pas toutes et il n'y a aucune preuve que la signification du verset est uniquement le Messager de Dieu (s) ou ses compagnons ou les Ahl al-Bayt (a). En fait, toute personne qui a la foi et les actions pieuses peut être considérée comme la cible du verset.[7] Après avoir décrit les caractéristiques de la société idéale mentionnée dans le verset, Tabâtabâ'î, s'appuyant sur certains hadiths, pense que la formation d'une telle société n'est possible qu'à l'époque de l'Imam al-Mahdi (a).[8]
  3. Le Prophète Muhammed (s) et ses compagnons : Certains pensent que le verset fait référence au Prophète Muhammed (s) et à ses compagnons, qui ont remporté la victoire sur leurs ennemis, ont établi un État et ont hérité de la terre.[9]
  4. Les califes ar-Râshidûn : De nombreux érudits sunnites pensent que le gouvernement promis est apparu sous les califes ar-Râshidûn. En effet, ils ont conquis de vastes territoires, propagé la religion et instauré la sécurité dans la communauté islamique.[10]

Gouvernement promis dans les hadiths chiites

Dans les recueils de hadiths chiites, il y a de nombreux hadiths pour déterminer l'exemple du gouvernement promis. Dans ces hadiths, l'Imam Ali (a), les Imams chiites (a) et l'Imam al-Mahdi (a) et ses compagnons sont considérés comme les exemples du gouvernement promis.

  • L'Imam Ali (a) : Dans ces hadiths, se référant aux versets coraniques, il est considéré le califat de Dieu comme fixé pour Adam (a) et David (a), et l'Imam Ali (a) est considéré comme un exemple du verset d'al-Istikhlâf et le successeur des prophètes (a).[13]

Les Imams chiites (a) : Dans de nombreux hadiths, en réponse à la question de savoir qui est visé par ce verset, les Imams chiites (a) ont été mentionnés.[14]

  • L'Imam al-Mahdi (a) et ses compagnons : De nombreux hadiths chiites considèrent qu'il est possible de former un gouvernement promis lors de la réapparition de l'Imam al-Mahdi (a) et de son gouvernement. Dans ces hadiths, As-Sâlihîn (les justes) considèrent le verset en question comme étant l'Imam al-Mahdi (a) et ses compagnons.[15]

Voir aussi

Références

  1. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 14, p 527, 1371 SH
  2. 'Inâyat, Asbâb an-Nuzûl al-Qur'ânî, p 290, 1411 H ; Vâhidî, Asbâb an-Nuzûl al-Qur'ân, p 338, 1411 H ; Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 7, p 239, 1372 SH
  3. Tabâtab'î, al-Mîzân, vol 15, p 151, 1390 H ; Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 14, p 528, 1371 SH
  4. Tabâtab'î, al-Mîzân, vol 15, p 153, 1390 H
  5. Tabâtab'î, al-Mîzân, vol 15, p 151, 1390 H
  6. ،Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 7, p 240, 1372 SH
  7. Tabâtab'î, al-Mîzân, vol 15, p 154, 1390 H
  8. Tabâtab'î, al-Mîzân, vol 15, p 155, 1390 H
  9. Az-Zamakhsharî, al-Kashshâf, vol 3, p 251, 1407 H
  10. ّFakhr ar-Râzî, at-Tafsîr al-Kabîr, vol 24, p 413, 1420 H ; Âlûsî, Rawh al-Ma'ânî, vol 9, p 395, 1415 H