Zîyârat an-Nâhîyat al-Muqaddasa

De wikishia

Zîyârat an-Nâhîyat al-Muqaddasa (en arabe : زيارة الناحية المقدسة) est une des Zîyârat rendue à l’Imam al-Husayn (a) qu’on récite à l’occasion du deuil de cet Imam.

Deux Zîyârat sont rapportés sous ce nom, l’un est nommé Zîyârat an-Nâhîyat al-Mash'hûra, l’autre Zîyârat ash-Shuhadâ’ dans laquelle le nom des partisans et des assassins de l’Imam al-Husayn (a) sont cités.

La zîyârat an-Nâhîya al-Muqaddasa débute par la prière sur les prophètes et les Imams (a), surtout l’Imam al-Husayn (a) et ses partisans.

Puis, on parle dans cette Zîyârat, des attributs et des caractères de l’Imam al-Husayn (a), des causes de la révolte de l’Imam, de son martyre, du deuil des cieux et de la terre suite à son martyre, et il termine par la demande de l'intercession auprès des Imams des chiites.

Il existe différents avis à propos de l’attribution de cette Zîyârat à l’Imam al-Mahdi (a).

Términologie

Le terme « Nâhîyat al-Muqaddasa (endroit sacré) » fut créé au troisième siècle de l’Hégire parmi les chiites duodécimains.

Du fait que les gouvernements persécutaient les chiites et tout ceux qui rapportaient des hadiths des Imams, les chiites utilisaient le terme : « An-Nâhîyat al-Muqaddasa » au lieu du nom de l’Imam. Ce terme était employé souvent aussi pour désigner l’Imam al-Mahdi (a).[1]

Zîyârat an-Nâhîya, connue et inconnue

Parmi les Zîyârat de l’Imam al-Husayn (a), il y en a deux qui sont nommées Nâhîyat al-Muqaddasa :

  • La première est la zîyârat la plus célèbre (mashhûr) : il s'agit d'une zîyârat rapportée par un des représentants de l’Imam al-Mahdi (a). Cette Zîyârat a été rapportée dans des sources comme :

Al-Mazâr de Cheikh al-Mufîd, Al-Mazâr al-Kabîr de Mash’hadî, Bihâr al-Anwâr d’Al-‘Allâma al-Majlisî, Ramz al-Musîba.

  • La deuxième est la Zîyârat an-Nâhîya connue sous le nom de Zîyârat ash-Shuhadâ. Elle est rapportée par Cheikh Muhammad b. Ghâlib Isphahânî en l’an 252 H. Dans cette zîyârat, le nom de 80 partisans de l’Imam al-Husayn (a) et le nom de leurs ses assassins sont mentionnés.

D’après la date de cette zîyârat, il est fort possible qu’elle soit formulée par l’Imam al-Hâdî (a) ou l’Imam al-Hasan al-'Askarî (a), car à cette date là, l’Imam al-Mahdi (a) n’était pas encore né. Cette zîyârat est rapportée dans des sources comme Iqbâl al-A’mâl et Bihâr al-Anwâr.[2]


Contenu

Au début de la Zîyârat an-Nâhîyat al-Muqaddasa, on prie sur les prophètes (s), les Imams (a), l’Imam al-Husayn (a) et ses partisans.

Puis on mentionne les attributs et le comportement de l’Imam avant la bataille, on décrit son combat, son martyre, et ses difficultés et celles de ses partisans et enfin on explique le chagrin des cieux et de la terre pour son martyre.

Prière sur les prophètes (s) et les Imams (a)

Au début de cette Zîyârat on salue les 22 prophètes et les gens du manteau (a). Dans certaines phrases de cette Zîyârat on salue aussi les membres du corps de l’Imam al-Husayn (a) et dans autres, on rapporte les calamités et les souffrances de l’Imam (a).

Statut religieux et social de l’Imam al-Husayn (a)

Dans une partie de cette zîyârat on lit :

« La connaissance de l'état des choses t’incita à combattre les ennemis. Tu pris le chemin de départ, accompagné de tes enfants, ta famille et tes partisans. Tu invitas avec sagesse et bonne parole tes ennemis vers Dieu. Tu leur ordonnas d’obéir aux ordres divins et tu les empêchas du mal et du rébellion contre Lui. Tu combattis contre l’injustice et la tyrannie ».

Description de l’événement d’Achoura

A propos de la tragédie de Karbala, dans cette zîyârat, il est dit :

« Tu les as empêchés de commettre le mal et leur as donné des preuves pour les convaincre, mais ils ne respectèrent pas leur allégeance avec toi, s'en prirent à Allah et à Son Envoyé et te combattirent. Le maudit ordonna à ses soldats de t’encercler et de vous couper l'eau...
Ils lancèrent des flèches et des pierres vers toi et se ont ouvert les bras de criminel vers toi pour t'éliminer … Ils t’encerclèrent de tout côté et te blessèrent profondément … (ils te combattirent) jusqu’à ce que tu tombes de ton cheval blessé par terre, puis ils écrasèrent ton corps par les sabots de leurs chevaux et les tyrans te frappaient par leurs épées. Shimr s’assit sur ta poitrine, mit son épée sur ta gorge, prit ta barbe par sa main et te décapita ».

Description de la calamité après l’Achoura

Dans cette partie de la Zîyârat, on parle des calamités après la tragédie de Karbala :

« Ta tête fut sur une lance, et ta famille fut captivée et enchaînée comme des esclaves. L'ardeur du soleil brûlait leur visage et alors qu'ils marchaient dans le désert. Leurs mains attachées à leur cou, on les faisait marcher dans les villes … Malheur aux tyrans pécheurs ! En te tuant, ils tuèrent l’islam et rendirent invalide, leurs prières et leurs jeûnes.
Ils ne respectèrent pas la sunna et les préceptes et détruisirent les piliers de la foi. Ils falsifièrent (le sens) des versets coraniques et firent tout leur possible dans l'hostilité, la corruption et la perversité … le Livre de Dieu a été abandonné et la vérité a été trahit … Avec ton martyre, « Allahu Akbar (Allah est le plus grand) », « Lâ Ilâha illa Allah (Il n’y a de dieux qu’Allah) », les prescriptions et les proscriptions (Tanzîl et Ta'wîl) divines et le Coran furent oubliés. Après toi, apparurent l’altération (du sens du Coran), la perversité, le règne des désirs charnels, l’égarement, la discorde, les futilités et les faussetés ».

Reflets la tragédie de Karbala sur les êtres du monde

Dans cette Zîyârat on parle également de l’effet de la tragédie de Karbala sur toutes les créatures. On y lit :

« (Cette immense chagrin) bouleversa le coeur du Prophète (s) et l'a fait pleurer. Les anges et les prophètes lui présentèrent leur condoléance, et ta mère, Zahrâ’, devint effrayée et endeuillée pour toi. Les anges les plus proches de Dieu, se rendaient auprès de ton père, l’Imam Ali (a), pour le consoler; et des assemblées de pleure et de deuil firent établies pour toi dans les lieux les plus élevés des cieux
Les cieux et leurs habitants, le Paradis et ses mainteneurs, les montagnes étendues sur terre et leurs versants, les mers et leurs poissons, les djinnes et leurs enfants, la maison de Dieu (la Ka'ba), le Maqâm de Ibrâhîm (à côté de la Ka'ba), le Mash’ar al-Harâm, le Hill et le haram de Dieu, touts pleurèrent pour toi ».

Partie finale de la Zîyârat an-Nâhîya

A la fin de cette zîyârat, on prie sur les personnes (Mu'minûn) qui font la visite pieuse au mausolée de l’Imam al-Husayn (a) et on demande pardon pour eux; et elle se termine avec une prière de zyârat.

Source et la chaîne de transmission de la zîyârat

La source la plus ancienne de la zîyârat an-Nâhîya al-Muqaddasa est le livre « Al-Mazâr al-Kabîr », d’Abû 'Abd Allah b. al-Mash’hadî (M 595). Il rapporta cette zîyârat entièrement, mais il n’a pas mentionné sa chaîne de transmission.[3]

Au début de son livre, il déclare que toutes les invocations et les zîyârat qu’il rapporta dans son livre, avaient de chaînes de transmission, liées aux Imams (Muttasil), mais il ne les rapporta pas pour résumer son livre et pour la confiance qu'il avait à l’authenticité de tout ce qu’il avait rapporté des impeccables dans son livre.[4] La plupart des ulémas, confirmèrent la fidélité d’Al-Mash’hadî et signèrent l’authenticité de son livre, Al-Mazâr al-Kabîr.
Certains savants très connus qui considérèrent la zîyârat an-Nâhîya al-Muqaddasa, comme authentique, sont :

Mais, d’après l’Ayatollah al-Khû'î, le livre d’Al-Mazâr al-Kabîr n’est pas un livre fiable et son auteur, Al-Mash’hadî est un homme inconnu.

Il est dit que les sources plus anciennes qu’Al-Mazâr al-Kabîr, rapportèrent cette zîyârat. Par exemple, Al-‘Allâma al-Majlisî dit que Cheikh al-Mufîd (M 413 H) cita cette zîyârat parmi les actes recommandés du jour d’Achoura dans son livre, Al-Mazâr.[10]

Mais dans les versions actuelles du livre al-Mazâr de Cheikh al-Mufîd, cette zîyârat n’existe plus.
Aussi, il est dit que Sayyid al-Muratdâ (M 436 H), l’élève de Cheikh al-Mufîd, rapporta une telle zîyârat dans son livre, Misbâh az-Zâ’ir, sans l’attribuer à un Imam infaillible. Actuellement, nous n’avons pas accès à ce livre.

Ce qui en reste, consiste à certaines phrases, rapportées par Sayyid b. Tâwûs dans son livre Misbâh az-Zâ’ir, de Sayyid al-Murtadâ.[11]

Al-‘Allâma al-Majlisî parla également de cette zaîyârat, rapportée dans le livre de Sayyid al-Murtadâ.[12]
D’après Muhammad Hadi Yûsifî al-Gharawî, il y a trois zîyârat an-Nâhîya qui ne sont pas conformes, l'un avec l’autre. Il déclare qu’un des défauts de la zîyârat an-Nâhîya al-Muqaddasa est le fait qu’elle contient des rapports qui sont contres les narrations historiques certaines.

Commentaires sur la Zîyârat an-Nâhîya

Certains commentaires sur cette zîyârat sont :

  • Adh-Dhakhîrat al-Baqîya, Muhammad Ja’far Shâmilî Shîrâzî (en persan)
  • Ash-Shams ad`Dâhîya, certains ulémas (en persan)
  • Tuhfa Qâ’imîyya, Cheikh Muhammad Bâqir Faqîh Îmânî (en persan)
  • Kashf Dâhîya, certains ulémas indiens (en hindi)

Zîyârat ash-Shuhadâ

Une autre version de la zîyârat an-Nâhîya, nommée Zîyârat ash-Shuhadâ est rapportée par Sayyid b. Tâwûs dans son livre, Al-Iqbâl.

Cette zîyârat contient les noms des martyrs de Karbala. Avant Sayyid b. Tâwûs, Cheikh al-Mufîd dans son livre, Al-Mazâr et Ibn al-Mash’hadî dans son livre, al-Mazâr al-Kabîr rapportèrent cette version de la zîyârat an-Nâhîya.

Voir aussi

Références

  1. Dânéshnâmé-yé Imam al-Husayn (a), v 12 p 271
  2. Al-‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 45 p 64
  3. Ibn al-Mash’hadî, Al-Mazâr al-Kabîr, p 496 - 519
  4. Ibn al-Mash’hadî, Al-Mazâr al-Kabîr, p 27
  5. Cheikh al-Abbas al-Qummî, Al-Kunâ wa al-Alqâb, v 1 p 409
  6. Préface d’al-Mazâr al-Kabîr
  7. Préface d’al-Mazâr al-Kabîr
  8. Sayyid Muhsin al-Amîn, A’yân ash-Shî’a, v 9 p 202
  9. Âghâ Buzurg at-Téhérânî, Adh-Dharî’a, v 20 p 324
  10. Al-‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 98 p 317
  11. Sayyid b. Tâwûs, Misbâh az-Zâ’ir, 221
  12. Al-‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, v 98 p 328