Défense des opprimés

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Défense des opprimés (en arabe : الدفاع عن المظلوم) est une action fortement soulignée dans les hadiths islamiques, et les jurisconsultes la considèrent comme obligatoire. Il est rapporté du Prophète Muhammad (s) que si quelqu'un entend l'appel à l'aide d'un opprimé et ne lui répond pas, il n'est pas musulman. De nombreux hadiths sont rapportés sur ce sujet dans les recueils de hadith.

Les jurisconsultes ne limitent pas la défense des opprimés à une secte ou à des frontières géographiques spécifiques, et certains d'entre eux ont émis des fatwas pour la défense du peuple palestinien. Le troisième principe de la Constitution de la République islamique d'Iran met l'accent sur le « soutien inconditionnel aux opprimés du monde ».

Les Ayatollahs Mutahharî et Sayyid Muhammad Bihishtî (le premier président de la Cour suprême de la république islamique d’Iran), affirment qu'en islam, la soumission à l'injustice est aussi répréhensible que l'oppression. Dans le livre Nahj al-Balâgha, le Prince des croyants Ali (a) rapporte que les faibles ne peuvent pas se débarrasser de l'oppression par eux-mêmes et que le droit ne peuvent être obtenus que par l'effort.

Statut

Les savants musulmans insistèrent fortement sur la défense des opprimés et croient que d’après la raison et la nature (Fitra), elle est considérée comme un devoir,[1] et même déclarée obligatoire dans le Coran et les hadiths. Dans les livres de hadith, les hadiths qui parlent de la défense des opprimés sont très nombreux.[2] L’Ayatollah Makârim Shîrâzî, un exégète du Coran chiite du 21 siècle, mentionne la défense des opprimés comme un exemple de djihad défensif, en se basant sur le verset 75 de la sourate an-Nisâ’.[Note 1][3]

Dans les hadiths islamiques, la récompense de la défense des opprimés est la compagnie du Prophète Muhammad (s)[4] et l'expiation des grands péchés.[5] L'Imam as-Sâdiq (a) a rapporté du Messager de Dieu (s) que si quelqu'un entend l'appel à l'aide d'un opprimé et ne lui répond pas, il n'est pas musulman.[6] Avant sa mission prophétique, le Prophète (s) a participé à un pacte nommé « Hilf al-Fudûl » en tant que représentant des Banî Hâshim, un pacte qui visait à défendre les opprimés contre les oppresseurs.[7]

Ayatollah Sayyid Ali Khamenei :

La défense des opprimés est toujours un point lumineux. Ne pas s'entendre avec les oppresseurs, ne pas accepter de pots-de-vin de ceux qui ont du pouvoir et de la richesse, et insister sur la vérité sont des valeurs qui ne se démodent jamais dans le monde. Dans diverses situations et circonstances, ces caractéristiques sont toujours précieuses.

L’Ayatollah Mutahharî, le savant chiite du 20e siècle, croit que Dieu interdit de dénigrer et de diffamer les autres, sauf dans le cas des opprimés. Il soutient qu'en se basant sur les versets du Coran,[8] Dieu permet à l'opprimé de « crier, de dénigrer ... de scander des slogans », car cela est un moyen de faire valoir ses droits.[9]

Défense des opprimés dans les programmes gouvernementaux du Prince des croyants (a)

Après le califat, le Prince des croyants Ali (a) a déclaré que la défense des opprimés et la récupération de leurs droits faisaient partie de ses programmes gouvernementaux.[10] Dans le sermon ash-Shiqshiqîyya, il a mentionné que l'une des raisons pour accepter le gouvernement (après l'assassinat d'Othman) était le pacte que Dieu avait pris des savants pour éliminer l'oppression des opprimés.[11] De plus, avant le martyre, l'Imam Ali (a) a conseillé à l'Imam al-Hasan (a) et à l'Imam al-Husayn (a) d'être ennemis des oppresseurs et de soutenir les opprimés.[12]

Obligation religieuse de défendre les opprimés

Les jurisconsultes chiites, tels que l’auteur du livre « Jawâhir al-Kalâm » et l’Ayatollah Kâshif al-Ghitâ’, les savants chiites du 12e et 13e siècle de l’hégire, considèrent que la défense des opprimés, si l'on pense pouvoir rester en sécurité et être capable de les aider, est une obligation al-Kifâ’î.[Note 2][13]

Défense des nations opprimées

Selon les fatwas des jurisconsultes, la défense des opprimés n'est limitée par aucune frontière géographique.[14] Des jurisconsultes comme l’Ayatollah Muhammad Husayn Kâshif al-Ghitâ’,[15] l’Ayatollah Burujirdî[16] et l'imam Khomeini[17] ont émis des fatwas déclarant l'obligation de défendre le peuple palestinien.
Parmi les pays musulmans, le troisième principe de la Constitution de la République islamique d'Iran met l'accent sur le « soutien inconditionnel aux opprimés du monde ».[18]

Condamnation de l'opprimé qui ne se défend pas

D’après les savants chiites, l’islam s’est opposé à la faiblesse et la soumission devant les injustes. Selon eux, l'islam déteste autant l'oppresseur que la personne qui se soumet à l'oppresseur alors qu'elle a la capacité de résister.[19] Il est rapporté de l'Imam Ali (a) que les faibles et les incapables ne peuvent jamais se débarrasser de l'oppression par eux-mêmes et que les droits ne peuvent être obtenus que par l'effort.[20]

L’Ayatollah Bihishtî, un juriste et politicien chiite et le premier présidant de la Cour suprêm de la république islamique d’Iran, a également déclaré qu'en islam, accepter l'injustice est aussi considéré comme un péché que de commettre l'injustice, et si quelqu'un accepte l'injustice, il doit d'abord se blâmer. Il se réfère au verset 38 de la sourate al-A‘râf, où certains gens de l’Enfer demandent un double châtiment pour d'autres, car ils les ont égarés. Le Coran répond que la faute est égale pour les deux groupes et que le châtiment sera doublé pour les deux.

Note

  1. وَمَا لَكُمْ لَا تُقَاتِلُونَ فِي سَبِيلِ اللَّـهِ وَالْمُسْتَضْعَفِينَ مِنَ الرِّ‌جَالِ وَالنِّسَاءِ وَالْوِلْدَانِ الَّذِينَ يَقُولُونَ رَ‌بَّنَا أَخْرِ‌جْنَا مِنْ هَـٰذِهِ الْقَرْ‌يَةِ الظَّالِمِ أَهْلُهَا وَاجْعَل لَّنَا مِن لَّدُنكَ وَلِيًّا وَاجْعَل لَّنَا مِن لَّدُنكَ نَصِيرً‌ا ﴿٧٥﴾  ; Pourquoi ne combattez-vous point dans le Chemin d'Allah, ainsi que pour les hommes, les femmes et les enfants qui disaient, abaissés [sur la terre] : « Seigneur ! fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont injustes ! Donne-nous un patron (wali) désigné par Toi ! Assigne-nous un auxiliaire désigné par Toi ! » ﴾75﴿
  2. Les obligations al-Kifâ’î font partie des obligations religieuses. Le but du législateur est que cette action soit accomplie, et peu importe qui l'accomplit. On peut donc dire que tous les hommes sont concernés de manière égale par cet ordre. Par conséquent, lorsque certains l'accomplissent, l'obligation est levée pour les autres.

Références

  1. Ayatollah Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 20, p 464 - 467 ; Husaynî Hamidânî, Anwâr Dirakhshân fî Tafsîr al-Qur’ân, vol 15, p 65
  2. Sayyid ‘Abd al-A‘lâ, Muhadhdhab al-Ahkâm, vol 28, p 156 - 157
  3. Ayatollah Makârim Shîrâzî, Payâm Qur’ân, vol 10, p 321
  4. ‘Allâma al-Majlisî, Bihâr al-Anwâr, vol 20, p 75
  5. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, Hikmat 24
  6. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 2, p 164
  7. Ibn al-Athîr al-Jazarî, Al-Kâmil fi at-Târîkh, vol 2, p 41 ; Ibn Hishâm, As-Sîrat an-Nabawîyya, vol 1, p 134
  8. La sourate an-Nisâ’, verset 148
  9. ‘Allâma Mutaharî, Pânzdah Guftâr, p 96
  10. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, p 194, sermon 136
  11. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, sermon 3
  12. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, p 421, lettre 47
  13. Ayatollah Muhammad Hasan an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 21, p 310 ; Kâshif al-Ghitâ’, Kashf al-Ghitâ’, vol 4, p 367
  14. Ash-Shahîd ath-Thânî, Masâlik al-Afhâm, vol 3, p 8
  15. « Al-Marja‘îyyat ash-Shî‘îyya wa Qadâyâ al-‘Âlam al-Islâmî min Fatâwâ wa Mawâqif al-Imâm ash-Shiykh Muhammad al-Husayn Âli Kâshif al-Ghitâ’ ‘an Falistîn », magazine al-Mawsim, p 191
  16. Abâ Dharî, Âyatollâh Burûjirdî ; Âyat Ikhlâs, p 117
  17. Imâm Khumiynî, Sahîfiyi Imâm, vol 2, p 199
  18. «اصل ۳ قانون اساسی»، پژوهشکده شورای نگهبان.
  19. ‘Allâma Mutaharî, Pânzdah Guftâr, p 96
  20. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, sermon 29, p 73