Intizâr al-Faraj

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Intizâr al-Faraj (en arabe : انتظار الفرج) ou l'Attente du Soulagement est, dans la terminologie chiite, l'Attente de la Parousie de l'Imam al-Mahdi (a), qui se produira de manière miraculeuse et extraordinaire, et qui remplira le monde de justice et est considérée comme étant la cause de l'établissement de la paix.
Selon les doctrines chiites, l'Attente du Soulagement nécessite des préparations spirituelles et morales. Aussi, dans les hadiths des Imams infaillibles (a), Intizâr al-Faraj est considérée comme l'action la plus élevée et la plus aimée, ainsi que comme une condition à l'acceptation des autres actions.

La reconnaissance de l'Imam du Temps (a), l'observance de la piété, le lien de coeur avec l'Imam (a), l’invocation pour la santé et l'anticipation de la venue de Imam Mahdi (a), ainsi qu’ayant le rôle de réforme dans la société, font partie des responsabilités de ceux qui attendent la Parousie de l’Imam al-Mahdi (a).

La croyance en la venue du Sauveur de l'humanité et l'attente de l'établissement de la justice avec l’arrivée du Sauveur ne sont pas exclusivement réservées aux chiites, mais elles sont également observées parmi les adeptes du sunnisme et même parmi ceux qui ne sont pas musulmans.

Sens du concept

Le mot « Intizâr » signifie l’attente et « al-Faraj » est un mot arabe qui signifie soulagement ou libération des soucis.[1] « Intizâr al-Faraj » (l'Attente du Soulagement) fait référence au soulagement que les gens du monde ressentiront après la Parousie du douzième Imam chiite (a).[2]
Selon les hadiths qui lient l'Attente du Soulagement à la Parousie de l'Imam Mahdi (a) et compte tenu de l'importance considérable accordée à l'attente, il est entendu que l'Attente du Soulagement fait référence à l'attente de la venue du Mahdi promis et de le soulagement général, et non à l'attente du soulagement d'un quelconque problème.[3]

Importance de l’Attente de la Parousie de l’Imam al-Mahdi (a)

L'Atteinte de la Parousie de l’Imam Mahdi (a) (l'Attente du Soulagement) est considérée comme le culte et l'action[4] la plus éminente[5] et aimée,[6] ainsi que comme une condition pour l'acceptation des autres actes,[7] selon les hadiths des Imams infaillibles (a). Il est rapporté dans les hadiths que celui qui est en attente est parmi les amis de Dieu,[8] il est meilleur que toutes les autres personnes de toutes les époques.[9] Nous lisons dans les hadiths que celui qui meurt en attendant al-Qâ’im (a) est considéré comme quelqu'un qui combattit aux côtés du Prophète Muhammad (s) et atteignit le martyre.[10]

Certains chercheurs expliquèrent cette importance et cette vertu citée pour l’Attente du Soulagement (l’Attente de la venue de l’Imam du Temps (a)) en affirmant que l'Attente du Soulagement est le lien qui relie les chiites à l'Imam Mahdi (a), et qu'elle constitue en quelque sorte une déclaration d'acceptation de sa Wilâya et de son Imamat.[11]

L'ayatollah Sayyid Ali Khamenei, le Guide suprême de la République islamique d’Iran, parla de la position et de l'importance de l'Attente en disant :

« La particularité de notre croyance en tant que chiites concernant l'Attente du Mahdi promis est que cette réalité, dans le chiisme, est transformée d'un simple désir, d'une simple conception mentale, en une réalité existante. La vérité est que lorsque les chiites attendent le Mahdi promis, ils attendent celui qui apportera le salut, et ils ne se plongent pas dans un monde imaginaire ; ils recherchent une réalité qui existe réellement. L’Argument de Dieu (l’Imam Mahdi (a)) est vivant parmi les gens ; il existe, il vit avec les gens, il les voit, il est avec eux, il ressent leurs douleurs et leurs souffrances. Les êtres humains aussi, ceux qui sont vertueux, le visitent parfois de manière inconnue. Il existe, il est un être humain réel, identifiable, avec un nom spécifique, avec des parents spécifiques, et il vit parmi les gens. C'est la particularité de notre croyance en tant que chiites. »[12]

Point de vue des chiites

Les chiites croient, sur la base de nombreux hadiths, que celui que nous attendons est le douzième et le dernier successeur vrai du Prophète Muhammad (s), le neuvième descendant de l’mam al-Husayn (a). Il se trouve en Occultation et viendra un jour, répandant la paix et la justice dans le monde entier.[13] Les Infaillibles (a) ont toujours recommandé l'Attente de la venue de l'Imam Mahdi promis (a). L'Imam al-Bâqir (a) considère l'Attente de la Parousie de l’Imam du Temps (a) comme une question fondamentale de l’islam, au même titre que l’attestation à l'Unicité de Dieu et la prophétie.[14]

L’ayatollah Jawâdî Âmulî, l’un des Marja‘ chiites :

L'Attente de la Parousie de l’Imam al-Mahdi (a) est l'une des meilleures formes d'adoration, car cela signifie que la personne peut accomplir des actions mondiales en compagnie de l’Argument de Dieu. Chaque acte d'adoration a un impact proportionnel à sa profondeur. Il y a une fois où l'homme est le responsable du gouvernement de l’Imam Ali (a) qui est, selon le dire du cheikh al-Kulaynî, la plus grande Signe de Dieu, mais étant donné que le territoire du gouvernement de cet Imam était limité, les responsables de ce gouvernement avaient également une récompense limitée. Cependant, celui qui attend la Réapparition de l'Imam Mahdi (a), qui est le Sceau des Imams (a) et qui est l’Argument de Dieu, accomplissant des actions mondiales, car il est le responsable d'un gouvernement mondial, pas local ou régional, mais international, alors sa récompense est la plus grande récompense qui soit.

Point de vue des sunnites

L'Attente de la venue de l'Imam Mahdi (a) n'est pas exclusive aux chiites. Il est rapporté dans les hadiths des ouvrages sunnites que le Prophète Muhammad (a) promit la venue d'un homme des Ahl al-Bayt (a), des descendants de Sayyida Fatima Zahra (a), qui remplira le monde de justice et d'équité.[15] Ibn Mâja rapporta un hadith du Messager d’Allah (s) qu’il avait dit : le Mahdi est de nous et que Dieu préparera les conditions de sa parousie en une nuit.[16] At-Tirmidhî et as-Suyûtî mentionnèrent également dans leurs livres de hadith où le Messager de Dieu (s) considère l'Attente de la venue du Mahdi comme meilleure adoration.[17]

Ibn Khaldûn déclare dans l'introduction de son livre intitulé « al-‘Ibar » :

« Sachez que ce qui est largement connu parmi tous les musulmans à travers les époques, c'est qu'à la fin des temps, un homme des Ahl al-Bayt (a) viendra certainement pour soutenir la religion, établir la justice, être suivi par les musulmans, prendre le contrôle des royaumes islamiques et être appelé al-Mahdi. La sortie de ad-Dajjâl et les signes inévitables de l'Heure, conformément aux hadiths authentiques, se produiront à la suite de sa parousie. De plus, Jésus (a) descendra après lui pour tuer ad-Dajjâl, ou il descendra avec lui et le soutiendra dans sa mise à mort. Et il fera la prière à l’imamat d’al-Mahdi. »[18]

Bien que les adeptes du sunnisme acceptent le principe de l'Attente de la Parousie de l'Imam Mahdi (a), la plupart d’entre eux croient qu'il ne naquit pas encore.[19]

Point de vue des non musulmans

La croyance en l'avènement du Sauveur de l'humanité et de l'établissement de la justice est considérée comme une question naturelle des êtres humains, et c'est pourquoi toutes les nations et religions s'accordent sur cela.
Il ne fait aucun doute que la croyance en la réforme des sociétés est une réalité constante prise en compte depuis le début de l'histoire humaine, et elle ne se limite pas seulement à l’islam. En effet, toutes les religions divines qui apparurent avant l'islam parlèrent du Sauveur et promirent un Libérateur pour l'humanité, confirmant ainsi la réalisation de cette vérité un jour. Certaines d'entre elles firent même référence aux caractéristiques de ce Sauveur et aux méthodes qu'il adoptera dans son mouvement de réforme, même s'il ne fut pas mentionné sous le nom de Mahdi. Cette croyance enracina également dans les religions zoroastrienne et brahmanique.

Parmi les différentes religions, certaines figures sont considérées comme des sauveurs, y compris : dans le judaïsme, Messianique, qui est identifié à des personnages tels que ‘Uzayr ou Minhâs b. ‘Âzar le fils de Aharon, ou encore David[20] ; dans le christianisme, Jésus le fils de Marie (a) ; dans le zoroastrisme, le Saoshyant ; parmi les hindous, Vishnou ; et parmi les bouddhistes, Maitreya.

On dit que la croyance des marxistes en l'attente est semblable à celle des chrétiens envers le retour du Christ.

Devoirs des croyants qui attendent l'avènement du Sauveur

Les ulémas, se référant au hadith « les meilleures actions sont l'attente de l'avènement »,[21] considèrent l'Attente de la venue du Sauveur comme un acte et identifièrent certaines responsabilités pour les personnes qui attendent.
L'auteur du livre « Mikyâl al-Makârim », énumère 80 devoirs à cet égard, en se basant sur des preuves rationnelles et de hadith.[22] Certaines des responsabilités les plus importantes de ceux qui attendent la parousie de l’Imam al-Mahdi (a) comprennent :

  • La connaissance de l'Imam du Temps (a) et de ses caractéristiques. Car il ne faut pas confondre l'Imam véritable avec ceux qui prétendent mensongèrement être Mahdi.[23]

Des hadiths des Imams infaillibles (a) sont également cités à l'appui de cette question. L’Imam as-Sajjâd (a) avait dit dans un hadith selon lequel les croyants qui attendent la venue du Sauveur ont été dotés par Allah d'une compréhension et d'une connaissance spéciales qui leur permettent de percevoir l'Occultation comme s'ils voyaient Mahdi (a) réellement.[24]

  • S'abstenir du péché et avoir de bonnes vertus morales, ce qui est recommandé par l'Imam as-Sâdiq (a) à ceux attentent l’Imam al-Mahdi (a).[25]
  • Commémorer et honorer l'Imam Mahdi (a), notamment en le saluant au début de chaque journée et après chaque prière, en observant les jours spéciaux à l'Imam (a) et en se levant lorsque son nom est entendu.[35]
  • Inviter ouvertement et secrètement les gens à l’Islam.[37]

Références

  1. ‘Amîd, Farhang ‘Amîd, le mot « Intizâr »
  2. Masâ’ilî, « Sâzi Mafhûmî Intizâr dar Andîshiyi Mahdawîyat », p 24 ; Salîmîyân, Farhangnâmiyi Mahdawîyat, p 76
  3. Ridwânî, Maw‘ûd Shinâsî wa Pâsukh bi Shubahât, p 85
  4. Al-Barqî, al-Mahâsin, vol 1, p 291 ; At-Tirmidhî, Sunan at-Tirmidhî, vol 5, p 565
  5. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 2, p 377 et 644
  6. Cheikh as-Sadûq, Man lâ Yahduruh al-Faqîh, vol 4, p 383 ; Cheikh as-Sadûq, Al-Khisâl, vol 2 , p 116
  7. An-Nu‘mânî, Al-Ghayba, p 200
  8. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 357
  9. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 319
  10. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 338
  11. Shafî‘î Sarwistânî, Intizâr, Bâyadhâ wa Nabâyadhâ, p 21
  12. https://farsi.khamenei.ir/speech-content?id=3644
  13. Al-Khazzâz al-Qummî, Kifâyat al-Athar, p 47, 66, 99
  14. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 2, p 22
  15. Abî Dâwûd, Sunan Abî Dâwûd, vol 4, p 10, hadith 4284
  16. Ibn Mâja, Sunan Ibn Mâja, vol 2, p 1367, hadith 4085
  17. At-Tirmidhî, Sunan at-Tirmidhî, vol 5, p 565 ; As-Suyûtî, Ad-Durr al-Manthûr, vol 2, p 150
  18. Ibn Khaldûn, Muqaddami Ibn Khaldûn, p 311
  19. Muhammadî Riyshahrî, Dânishnâmi Imâm Mahdî, vol 1, p 90
  20. Livre des Psaumes, Psaume 18, versets 49 et 50
  21. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 2, p 377 et 644
  22. Mûsawî Isfihânî, Mikyâl al-Makârim, vol 2, p 123
  23. Mûsawî Isfihânî, Mikyâl al-Makârim, vol 2, p 123
  24. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 320
  25. An-Nu‘mânî, Al-Ghayba, p 200, hadith 16
  26. ‘Alî Nûrî, Shinâkht Hadrat Mahdî (aj), p 136
  27. Ibn al-Mashhadî, Al-Mazâr al-Kabîr, p 663 - 666 ; Shafî‘î Sarwistânî, Intizâr, Bâyadhâ wa Nabâyadhâ, p 36 - 40
  28. Imâm ‘Askarî, at-Tafsîr, p 300 ; Shafî‘î Sarwistânî, Intizâr, Bâyadhâ wa Nabâyadhâ, p 45
  29. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 317 ; Salîmîyân, Farhangnâmiyi Mahdawîyat, p 421
  30. Mûsawî Isfihânî, Mikyâl al-Makârim, vol 2, p 243 ; Ayatollah Sâfî Golpâyigânî, Muntakhab al-Athar, p 502
  31. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 4, p 16
  32. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 2, p 458
  33. Ayatollah Sâfî Golpâyigânî, Muntakhab al-Athar, p 497
  34. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 320 ; Guftumân Mahdawîyat, vol 1, p 292
  35. Ayatollah Sâfî Golpâyigânî, Muntakhab al-Athar, p 506
  36. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 320
  37. Cheikh as-Sadûq, Kamâl ad-Dîn, vol 1, p 320