Martyre de Fatima az-Zahrâ (a)

De wikishia

Martyre de Fâtima az-Zahrâ (a) est une croyance ancienne et dominante parmi les chiites. Selon cette croyance la Dame Fâtima, fille du Prophète n'est pas mort de manière naturelle mais, a décède suite aux blessures graves qu'elle a subi par certains compagnons du Prophètes.

Les sunnites considèrent que la mort de celle-ci est due à son chagrin lié à la mort de son père. Mais les chiites considèrent Umar b. Khattâb comme le principal responsable de la mort de Sayyida Fâtima az-Zahrâ qu'ils commémorent ardemment chaque année pendant toute une période appelée Fatimiyya.

Selon certaines sources la Dame Fâtima (s) portait également un troisième fils, nommé Muhsin, lors de cet événement, mais qu'elle a avorté à cause de ses blessures.

Les chiites se réfèrent aussi à des sources anciennes au sujet du martyre deSiyyida Fâtima (a). Par exemple selon un hadith de l'Imam Kâdhim (a), le titre de "Siddiqa Shahîda" (la véridique martyre) est utilisé pour la Dame Fâtima (a). Aussi, Muhammad b. Jarîr Tabarî, le théologien (mutikallim) imamite du troisième siècle de l'hégire, a rapporté un hadith de l'Imam Sâdiq (a) dans le livre Dalâ'il al-Imâma, selon lequel la raison du martyre de Fâtima et de l'avortement de son enfant, serait les coups qu'elle aurait pris.

Les sources chiites comme les sources sunnites ont mentionnées certains détails au sujet de la mort de la Dame Fâtima (a).

Les événements mentionnés sont par exemples : l'attaque à la maison de Fâtima (a) et Ali (a); l'avortement de l'enfant que portait Fâtima (a), mais aussi la gifle et le coup de fouet qu'on a donné à la Dame Fâtima (a). La source la plus ancienne des chiites à ce sujet et un livre remontant au premier siècle de l'hégire, de Sulaym b. Qays Hilâlî (Kitâb Sulaym b. Qays Al-Hilâlî). Mais les chiites se réfèrent aussi à des sources sunnites à ce propos. Le livre Al-Hujûm 'alâ bayt Fâtima (L'attaque à la maison de Fâtima) mentionne des hadiths à ce sujet, rapportés part 84 rapporteurs sunnites de hadiths.

Le martyre de la Dame Fâtima (a) a suscité certains doutes et questions auxquels des réponses ont été données : par exemple le fait qu'à l'époque les maisons de Médine n'avaient pas de porte. Or Sayyid Ja'far Murtada 'Amilî (m. 1441 h.l.), un historien chiite, montrent, en s'appuyant sur ces sources historiques que cette idée est fausse, et que c'était courant que les maisons de Médine soient dotées de porte. Aussi par rapport à la question : " Si Fâtima (a) a été attaquée, pourquoi l'Imam Ali (a) et les autres ne l'ont pas défendue ? selon le propos de Sulaym b. Qays, l'Imam Ali aurait aurait attaqué Umar b. Khattâb et l'aurait mis à terre, mais celui-ci aurait demandé de l'aide à ses compagnons et ceux-ci aurait attaché l'Imam Ali (a). Aussi les sources sunnites avancent l'idée que Imam Ali (a) avait de bons rapports avec les califes, et qu'il aurait même donné sa fille Umm Kalthûm au mariage avec Umar b. Khattab, mais selon les sources chiites ce mariage aurait été un mariage par force et obligation imposé par les califes, et cela ne peut pas être une preuve pour le bons rapports entre l'Imam Ali et les califes.

Importance du sujet

La mort de la fille du Prophète (s), Fâtima az-Zahrâ (a) fait objet de discordes entre les chiites et les sunnites. Les chiites pensent majoritairement, et malgré leurs différends au sujet de détails des événements survenus après à la mort du Prophète (s), que Fâtima az-Zahrâ n'est pas mort naturellement, mais a été tuée (martyrisée) à cause des coups que certains hommes de main des compagnons du Prophète (s) ont donnée à sa côte. Selon les chiites non seulement elle, mais aussi l'enfant qu'elle portait a été tué suite à ces coups et blessures. Mais les sunnites pensent que la Dame Fâtima est morte naturellement, suite aux maladie et chagrins qu'elle subissait après la mort de son père.

Ainsi, les chiites célèbrent chaque année toute une période de deuil nommée Fatimiyya en compassion avec la Dame Fâtima et ses douleurs. Le jour de la mort de la Dame Fâtima n'étant pas précisément connu, le 3 Jumâdâ al-thanî est considéré comme le jour le plus probable et est un jour férié en Iran. On peut y assister également à certaines manifestations publiques de commémoration du martyre de Fâtima az-Zahrâ.

Comme l'agent et le responsable principal de la mort de Fâtima az-Zahra (a) est Umar b. Khattâb selon les chiites, nous pouvons également assister à certaines expressions de reproches voir de formules de malédictions adressées à celui-ci. Ce fait en soi crée une tension entre les chiites et les sunnites. Le sujet du martyre de Fâtima az-Zahrâ (a) et les compassions des chiites à son égard, a fait que nous pouvons même assister à des fêtes populaires à l'occasion du meurtre de Umar, le 9 Rabi' al-awwal, appelé aussi la Aïd al-Zahrâ (a).

Historique

Les différends au sujet de la mort naturelle ou du martyre de Fâtima az-Zahrâ (a) sont très longs et nombreux. Selon certains chercheurs, dans le livre al-Tahrîsh écrit par Darâr b. 'Amrû (9ème siècle) est écrit que les chiites croient que Fâtima (a) est décédée suite à un coup que 'Umar b. Khattâb lui donna[1]. Il est rapporté également que 'Abdallah b. Yazîd Fazârî, le théologien du 9ème siècle, a mentionné dans Kitâb al-Radûd que selon les chiites, Fâtima (a) avait été blessé par les coups que certains compagnons du Prophète lui auraient donné; il mentionne aussi son avortement[2]. Selon Muhammad-Husayn Kâshif al-Ghitâ' (m. 20ème siècle), des poètes chiites des 9ème et 10ème siècles, comme Kumayt Asadî, Sayyid Himayrî et Di'bil Kuzâ'î ont écrits les souffrances de Fâtima et les oppressions qu'elle a subi sous forme de poésie[3].

Selon le savant sunnite Abd al-karîm Shahristânî (m. 548 h.l./13ème siècle), Ibrâhim b. Sayyâr connu comme étant du courant Mu'tazilî (m. 221 h.l./9ème siècle) était d'avis que l'avortement de l'embryon de Fâtima (a) était à cause du coup que 'Umar lui aurait donné [4]. Selon Shahristânî, cette idée ainsi que d'autres croyances du courant Mu'tazilî ont fait qu'il prenne distance avec eux[5]. Aussi Qâdî Abduljabbâr Mu'tazilî (m. 415 h.l./12ème siècle) a mentionné dans son livre Tathbît al-Dalâ'il al-Nubuwa certains savants chiites de son époque, habitants du Caire, de Bagdad et du Levant (Shâm), qui pratiquaient des commémorations de deuil et pleuraient pour Fâtima et pour Muhsin, l'enfant qu'elle porté dans son ventre[6]. Dans les livres des sunnites, on appelait Rafidî ceux qui croyaient au martyre de Fâtima Zahrâ (a)[7].

Racine des discordes

Les différends au sujet de la mort de Fâtima reviennent au fait qu'elle est décédée très jeune, peu après la mort de son père et en plein milieu des discordes et tensions au sujet de la succession du Prophète (s). Rappelons qu'après l'allégeance d'un groupe des Muhâjirûn (migrant) et Ansâr avec Abûbakr à Saqîfa Banî Sâ’ida, un autre groupe des compagnons du Prophète se sont rassemblés autour de Ali en reconnaissant les paroles du Prophète au sujet de Ali (voir Ghadîr Khumm). Ceux-ci n'ont pas fait d'allégeance avec Abûbakr. Ce fut pour cette raison que 'Umar b. Khattâb accompagnés d'autres personnes, se sont rendu à la maison de Ali pour le forcer à faire allégeance avec Abûbakr, et ils l'ont même menacé que sinon , ils bruleraient sa maison avec ses habitants[8]. Pendant les mêmes jours Fâtima protestait contre la confiscation de Fadak (son héritage) par les agents de Abubakr : elle avait rencontré Abubakr à ce sujet et avait aussi fait un discours contestataire (discours de Fadak) à la mosquée de la Médine[9].

Les sources chiites sont unanimes sur le fait que Muhsin, l'enfant que portait la Dame Fâtima (a), ait été avorté lors de l'attaque à sa maison[10].

Ibn Abî al-Hadîd, le savant Mu'tazilite (m. 656 h.l.; 13ème siècle), celui qui fut l'un des interprète de Nahj al-Balâgha, a mentionné l'événement de l'avortement de Muhsin lors de l'affaire de la demande forcée l'allégeance de Ali (a) à Abû Bakr[11], dans sa discussion avec son maître Abû Ja'far Naqîb. Cet avis a été également attribué à Ibrâhim b. Sayyâr, un autre savant Mu'tazilite du 10ème siècle (m. 221 h.l.)[12].

Selon les divers rapports, la Dame Fâtima (a) a été enterrée pendant la nuit[13]. Selon Yûsifî Gharawî, l'historien contemporain, cette manière de l'enterrement a été due à la demande de la Dame Fâtima (a) elle même[14], puisque selon les rapports historique, Fâtima (a) ne souhaitait pas que ceux qui lui avaient causé du mal, soient présents lors de ses funérailles et de son enterrement[15].

Sources et les arguments des chiites

Selon un hadith de l'Imam Kâzim (a), Fâtima (a) est nommée Siddiqa Shahîda (La véridique martyre); les chiites se basant sur ce hadith pour appeler la Dame Fâtima (a), martyre[16]. L'historien Tabarî rapporte également un hadith de l'Imam Sâdiq (a) dans son livre Dalâ'il al-Imâma, dans lequel la raison de la mort de la Dame revient au fait l'avortement de son enfant suite aux coups qu'elle aurait pris[17]. Selon ces rapports, celui qui a attaqué la Dame et lui a donné des coup, était un homme de main de 'Umar, nommé Qunfuz[18]. Selon un passage de Nahj al-Balâgha, l'Imam Ali (a) a parlé du fait que le peuple s'était rassemblé autour de Fâtima (a) pour l'oppression qu'elle avait subie[19].

Mîrzâ Jawâd Tabrîzî, un des célèbres savants chiites contemporains prend le contenu des paroles de l'Imam Ali (a) lors de l'enterrement de Fâtima (a), mais aussi les deux hadiths imamites mentionnés plus haut, ainsi que le fait que le lieu de la tombe de la Dâme est inconnu, et que celle-ci soit enterrée dans la nuit, comme des preuves du martyre de la Dame Fâtima (a)[20].

Sources

Dans le livre appelé Hujûm (attaque), écrit par 'Abd al-Zahrâ Mahdi, un auteur contemporain, 260 hadiths et rapports historiques, rapportés par 150 rapporteurs de hadiths chiites, sont rassemblés. Chacun de ces hadiths, mentionne une partie des événements, et font argument pour le martyre de la Dame Fâtima (a). Ce sont comme : l'événement de l'attaque à sa maison; l'avortement de son enfant; le gifle et le fouet qu'on lui a donnés [21]. La source la plus ancienne utilisée par les auteurs chiites à ce sujet, est le Kitâb Sulaym b. Qays (m. 90 h.l.; 7ème - 8ème siècle)[22]. Selon le Shaykh Tûsî (m.460 h.l.; 11ème-12ème siècle) dans le livre Talkhis al-Shâfî les chiites sont unanimes sur le fait que 'Umar à frappé au ventre enceinte de Fâtima (a) pour causer son avortement[23] et nombreux sont les hadiths chiites à ce sujet[24].

Références sunnites utilisé par les chiites

Les chiites, pour prouver certains des événements menant au martyre de Sayyida Fatima az-Zahra (a), se réfèrent à de nombreuses sources des livres de hadiths, d'histoire et même de fiqh sunnites ; par exemple, le livre « Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima » (Attaque contre la maison de Fatima) en dressant la liste de 84 rapporteurs de hadith et auteurs essaya de compiler l’ensemble des hadiths rapportés dans les livres sunnites sur l’attaque contre la maison de la fille du Prophète (s), Sayyida Fatima.[25] La plus ancienne source dans cette liste est le livre « al-Maghazî » (Récits de guerres) de Mûsa b. ‘Uqba (m. 141 h / 758 c).[26]

L’auteur du livre « Ihrâq Bayt Fatima fi al-Kutub al-Mu‘tabara ‘ind Ahl as-Sunna » (Brûlage de la maison de Fatima dans les livres authentiques des sunnites), compila plus de 20 hadiths des livres et narrateurs sunnites.[27] Son premier hadith provient du livre « al-Musannaf » d'Ibn Abî Shayba (m. 235 h / 850 c)[28] et le dernier hadith dans ce livre est un extrait du livre « Kanz al-‘Ummâl » d’al-Muttaqî al-Hindî (m. 977 h / 1570 c).[29] De même, dans un livre intitulé « Shahâdat Mâdaram Zahrâ Afsâni Nîst » (Martyre de ma mère, Zahra, n'est pas une légende), l’événement de l’attaque contre la maison de la Dame Fatima (a) est rapporté de 18 livres sunnites.[30]

Ces sources rapportèrent, avec diverses expressions et de multiples narrateurs, l’événement de la tentative d'obtenir le serment d’allégeance du Commandeur des croyants Ali (a) et la menace de brûler sa maison le jour de l’allégeance.[31]

Certaines questions à propos de l'événement

Un certain nombre d'écrivains, en soulevant des questions et des soupçons historiques, mirent en doute la véracité des rapports et des hadiths de l’incendie de la maison de l'Imam Ali (a) et de Fatima (a) ; par exemple, que les maisons de Médine à cette époque n'avaient pas de porte, ou que le manque de défense d'Ali (a) et des autres est remis en question, ou ils doutèrent de l'avortement de l’enfant de la fille du Messager de Dieu (s), Fatima az-Zahra (a). En réponse à ces objections, des réponses furent également fournies par des historiens et des chercheurs comme Sayyid Ja‘far al-Murtadâ ‘Âmilî etc.[32]

Maisons de Médine, étaient-elles sans porte ?

Certains dirent que les maisons de Médine à cette époque-là n'avaient pas de porte[33] et conclurent que par conséquent, l’histoire du brûlage de la porte de la maison de Sayyida Fatima (a) ne peut pas être exacte. En revanche, l'auteur du livre « Hayât as-Siddîqa Fâtima » (vie de Syyida Fatima) attribue cette affirmation à des gens qui n'ont pas une connaissance de l'histoire.[34] Aussi, dans le livre « Ma’sat az-Zahrâ’ » (Tragédie de Zahra), Sayyid Ja‘far Murtadâ cite des sources selon lesquelles les portes des maisons étaient chose courante et la maison de la Dame Fatima (a) en avait également une.[35]

Pourquoi Ali et les autres ne la défendirent pas ?

L'une des questions sur l'événement de l'attaque contre la maison de la fille du Prophète (s), Fatima (a) et son martyre est : pourquoi Ali (a), connu pour son courage, ainsi que les autres compagnons, restèrent silencieux et ne la défendirent ?[36]
La réponse principale est que le Commandeur des croyants Ali (a), sur ordre du Prophète Muhammad (s) et pour préserver les intérêts de l'islam, reçut l’ordre de faire preuve de patience et de garder le silence[Note 1][38]. Dans les poèmes des poètes, il se également fit allusion à l’engagement du Prophète envers lui et à sa mission de patience après lui. Dans certains vers de sa célèbre poème , Sayyid Ridâ Hindî déclara :

لو لم تُؤمَر بالصبر و کظم*****الغیظ ولَیْتَک لم تؤمر

Si tu n'avais pas reçu l'ordre de faire preuve de patience, de retenir*****ta colère, si seulement tu n'avais pas reçu cet ordre !

ما نال الامرَ اخوتیم*****و لا تناوله منه حبتر

Abû Bakr n'aurait pas obtenu le pouvoir*****et ensuite Umar ne l'aurait pas reçu de lui.[39]

En plus de cela, selon un hadith de Salman al-Farisi dans le livre Sulaym, après l’attaque d’Umar b. al-Khttâb contre la fille du Prophète, Ali (a) attaqua Umar, le jeta au sol, et semblait avoir l'intention de le tuer, puis lui dit que s'il n'y avait pas eu l'engagement du Messager de Dieu avec lui, tu saurais que tu ne peux pas entrer dans ma maison. À ce moment-là, Umar demanda de l'aide aux autres et ses compagnons firent irruption, séparèrent Ali de lui et l’arrêtèrent.[40]

Doute au sujet de l'avortement de son fils, Muhsin

Certains auteurs sunnites, en mettant en doute l'histoire de l'avortement de Muhsin b. Ali (a) lors de l'événement du jour de l’allégeance, estiment qu’il naquit avant ce jour et décéda enfant.[41]
Mais les chiites croient qu’elle fit une fausse couche lors de l'attaque contre la maison du Prince des croyants Ali (a) à la suite d'un coup porté à Sayyida Fatima, la fille de l’Envoyé d’Allah (s).[42] Un certain nombre de sources sunnites mentionnèrent également explicitement l’avortement de Muhsin.[43] Ayatollah al-Khirsân, après une étude comparative des textes historiques, conclut que l'avortement de Muhsin b. Ali (a) eut lieu le jour de l'attaque contre la maison de Ali (a) et à la suite du coup porté à Sayyida Zahra (a).[44]

Mise au feu de la maison, existe-elle dans les sources ?

L'une des questions et ambiguïtés sur l’événement du martyre de la Dame Zahra (a) est que ce qui est mentionné dans de nombreux livres d’histoire et de hadiths sunnites, c’est seulement la menace de brûler la maison et il n’est pas précisé que cela se produisit dans les faits.[45] Cependant, des chercheurs compilèrent des sources prouvant l’événement de l’attaque ; parmi lesquelles le livre « Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima » (Attaque contre la maison de Fatima),[46] et le livre « Ihrâq Bayt Fâtima » (Brûlage de la maison de Fatima).[47] Dans certaines de ces sources, il est explicitement rapporté question de frapper la fille du Prophète, Fatima, d’entrer dans la maison et de l'avortement de son fils, Muhsin.[48]

Un groupe d'auteurs sunnites mirent en doute l'authenticité de la chaîne de transmission de ces hadiths et rapports historiques.[49] Mais dans certains cas, leur objection n'est pas liée à la chaîne de transmission ; par exemple, al-Mudayhish, l’auteur wahhabite du livre « Fâtima bint an-Nabî » (Fatima la fille du Prophète), pour réfuter l’événement de l’attaque et l’avortement, écarte le rapport du livre « Târîkh al-Ya‘qûbî » en disant que l'auteur n'en est pas digne de confiance car il est Râfidî (le chiite) et son livre n'a aucune valeur scientifique.[50] Il qualifie également le rapport d'Ibn ‘Abd Rabbih dans le livre « al-‘Aqd al-Farîd » de rapport rejetable sans aucune objection à sa chaîne de transmission, et dit qu'il est peut-être chiite aussi et qu'il faudrait vérifier ce point de vue.[51] Il rejette également le rapport du livre « al-Imâma wa as-Sîyâsa », car selon lui, son auteur n'est pas Ibn Qutayba ad-Dînawarî.[52] Al-Mudayhish va même jusqu'à nier l'attribution de Nahj al-Balâghah à l'Imam Ali (a) pour réfuter les références à ses paroles.[53] Néanmoins, les auteurs sunnites, en raison des nombreux hadiths et rapports rapportant la menace, ne nièrent pas la menace et du rassemblement devant la maison d’Ali (a) et Fatima (a).[54]

Interprétation du décès selon les sources anciennes

L'une des raisons invoquées par les opposants au martyre de Sayyida Fatima az-Zahra (a) est que dans les anciennes sources chiites, l’expression « Wafât » (le décès) et non « shahâdat » (le martyre) fut utilisée pour son martyre. Les chercheurs et les savants répondirent que dans la langue arabe, l'expression « Wafât » a une signification générale qui inclut à la fois la mort naturelle et la mort due à d'autres facteurs comme l'empoisonnement par d'autres etc. Par exemple, dans les divers livres arabes, des cas de ces usages sont cités ; comme le fait que certaines sources historiques sunnites utilisent l'expression « Wafât » pour évoquer la mort de Umar b. al-Khattâb et de Uthman, alors que tous deux furent assassinés.[55] De même, nous voyons dans certains sources l'expression « Wafât » pour évoquer le martyre de l'Imam al-Husayn (a).[56]

Question du (bon) rapport entre l'Imam Ali (a) et les califes

L'un des arguments des sunnites pour nier le martyre de la fille du Messager de Dieu, Fatima az-Zahra est de s'appuyer sur la bonne relation entre les califes et l'Imam Ali (a) et sa famille. Dans le livre détaillé « Fâtima bint an-Nabî » (Fatima la fille du Prophète), l'auteur essaya de montrer que le premier et le deuxième califes avaient beaucoup d'affection pour Fatima az-Zahra (a),[57] mais malgré cela, l'auteur précise en conclusion que Fatima coupa les ponts avec Abû Bakr et ne prêta jamais allégeance à lui.[58]

Muhammad Nâfi‘, l’auteur sunnite, écrivit un livre intitulé « Ruhama’u Baynahum » (compatissants entre eux) dans lequel il essaya de montrer que les trois premiers califes entretenaient de bonnes relations avec Ali (a).[59] De même, dans un article de la revue « Nidâ’ al-Islâm », l'auteur en citant des exemples des relations entre les califes et l'Imam Ali (a), ainsi que les relations entre leurs femmes et filles avec Fatima (a), essaya de montrer que ces relations ne sont pas compatibles avec l’offense envers Fatima et la frapper.[60]

Selon Sayyid Murtadâ (d. 436 h / 1044 c), le théologien célèbre chiite, on ne peut pas déduire sa coopération avec eux du fait qu’Ali (a) leur donnait des conseils, car guider au sujet des ordres divins et défendre les musulmans est obligatoire pour tout savant.[61] De plus, l'auteur du livre « l'encyclopédie des relations politiques de l'Imam Ali (a) avec les califes », après avoir examiné 107 cas de conseils du Commandeur des croyants Ali (a) aux trois premiers califes, conclut que les califes consultant Ali (a) ne signifie pas qu’il était d’accord avec eux, car la plupart de ces conseils furent donnés lors de consultations publiques et non pas que les califes l’avaient nommé ministre et conseiller, mais Ali (a) menait une vie politiquement isolée, occupé à l’agriculture et au creusage de puits.[62]

Le mariage de Umm Kulthûm, la fille de l'Imam Ali (a), avec Umar est l'un des autres exemples utilisés pour prouver l'amitié et l'affection de Umar pour les Ahl al-Bayt (a), ce qui serait incompatible avec son implication dans le martyre de la Dame Fatima (a).[63] Par contre, certains auteurs nient ce mariage.[64] Sayyid al-Murtadâ le considère comme forcé et sous la menace,[65] ce qui dans ce cas ne peut être une preuve de bonnes relations entre les deux.[66] Un hadith de l'Imam Ja‘far as-Sâdiq (a) fut également rapporté pour confirmer la contrainte dans ce mariage avec le terme « usurpation ».[Note 2][67]

Pourquoi les descendants des ahl al-Bayt (a) donnaient les prénoms des Califes à leurs enfants ?

Certains sunnites insistent sur le fait que puisque l'Imam Ali (a) donna à ses enfants les noms des califes, il avait donc de l'affection pour eux,[68] ce qui serait incompatible avec l’événement du martyre de Fatima Zahra (a). Cela est également mentionné dans une brochure en langue arabe intitulée « As'ilatun Qâdat Shabâb ash-Shi‘a ila al-Haq » (les questions qui guident les jeunes chiites vers la vérité).[69]

Certains chercheurs présentèrent une analyse détaillée de la pratique de nomination aux premiers siècles de l'islam et conclurent, en énonçant 29 points clés, que ce type de pratique ne peut être une preuve de bonnes relations entre des personnes, de même que ne pas utiliser un nom ne peut être une preuve d'hostilité[70] ; car ces noms étaient également courants avant et après les califes.[71] D'autre part, selon un hadith de Umar b. al-Khattâb, l'Imam Ali (a) le considérait comme un menteur et un traître,[72] ou que « Abû Bakr » n'est pas un prénom propre mais un surnom et personne ne choisit un surnom comme prénom pour son enfant.[73]

Ibn Taymîyya al-Harrânî (mort en 728 h / 1328 c), le célèbre savant sunnite, estima également que donner un nom ne prouve pas l'affection pour celui qui le porte ; comme le Prophète Muhammad (s) et ses compagnons utilisaient des noms de mécréants.[74] Il y a deux autres traités sur la nomination des enfants des Ahl al-Bayt (a) avec les noms des califes, l’un par l’ayatollah Wahîd al-Bihbahânî et l’autre par l’ayatollah Tunikâbunî, auteur de Qisas al-‘Ulamâ’.[75]

Livres sur le sujet

Des livres furent écrits spécifiquement sur le martyre de la fille du Prophète (s), Sayyida Fatima az-Zahra (a), dont :

  • « Bayt al-Ahzân fî Masâ’ib Sayyidat an-Nisâ’ » (Maison du chagrin dans les afflictions de la Maîtresse des femmes) écrit en 1331 h / 1913 c par le cheikh Abbas al-Qummî en arabe. Une partie du livre relate les événements liés à la vie de la Dame Fatima (a) après le décès de son père, le Prophète Muhammad (s) et son martyre.[76]
  • « Al-Hujûm » (Attaque) écrit par Abd az-Zahrâ’ Mahdî. L’auteur compila 260 hadiths et narrations historiques de plus de 150 rapporteurs et auteurs chiites dans lesquels une partie des causes du martyre de sayyida Fatima az-Zahra (a) est mentionnée.[77]

Voir aussi

Note

  1. Selon les hadiths rapportés dans le livre al-Kâfî et d’autres sources, le Commandeur des croyants Ali (a) fit le serment devant l’Envoyé d’Allah (s) qu'il resterait patient face aux injustices qui lui seraient faites après le décès du Prophète (s) et face aux atteintes à son épouse et sa famille, et qu'il réprimerait sa colère.[37]
  2. إِنَّ ذَلِكَ فَرْجٌ غُصِبْنَاهُ‌

Références

  1. «آیا اعتقاد به شهادت و مظلومیت حضرت زهرا سلام الله علیها دارای سابقه تاریخی می‌باشد؟»، سایت تحقیقاتی ولی‌عصر(عج).
  2. Salîmî, Early Ibadi Theology: New Material on Rational Thought in Islam from the Pen of al-Fazārī, p 33
  3. Kâshif al-Ghitâ’, Jannat al-Ma’wâ, p 62
  4. Shahristânî, Al-Milal wa an-Nihal, vol 1, p 71
  5. Shahristânî, Al-Milal wa an-Nihal, vol 1, p 71
  6. Qâdî Abduljabbâr, Tathbît al-Dalâ'il al-Nubuwa, vol 2, p 595
  7. As-Safadî, Al-Wâfî bi al-Wafayât, vol 6, p 15 ; Adh-Dhahabî, Siyar A‘lâm an-Nubalâ’, vol 15, p 578 ; Ibn Hajar al-‘Asqalânî, Lisân al-Mîzân, vol 1, p 609
  8. At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 3, p 202 ; Ibn ‘Abd Rabbih, Al-‘Iqd al-Farîd, vol 5, p 13
  9. Al-Balâdhurî, Futûh al-Buldân, p 40 et 41 ; Shahîdî, Zindigânî Fâtimiyi Zahrâ (a), p 126 - 135
  10. Allâhuakbarî, Muhsin Ibn Alî, 68 - 72 ; Muqaddas Ardibîlî, Usûl Dîn, p 113 et 114 ; Cheikh Mufîd, al-Ikhtisâs, p 185
  11. Ibn Abi al-Hadîd, Sharh Nahj al-Balâgha, vol 14, p 192 - 193
  12. Shahristânî, Al-Milal wa an-Nihal, vol 1, p 71
  13. Yûsufî Gharawî, Mawsû‘a at-Târîkh al-Islâmî, vol 4, p 157 - 162
  14. Yûsufî Gharawî, Mawsû‘a at-Târîkh al-Islâmî, vol 4, p 144 - 147
  15. Al-Fattâl an-Nayshâbûrî, Rawdat al-Wâ‘izîn, vol 1, p 151
  16. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 1, p 458
  17. At-Tabarî, Dalâ’il al-Imâmat, p 134
  18. At-Tabarî, Dalâ’il al-Imâmat, p 134
  19. Subhî as-Sâlih, Nahj al-Balâgha, p 319, sermon 202
  20. Tabrîzî, Sirât an-Najât, vol 3, p 440 - 441
  21. Mahdî, al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 221 - 356
  22. Mahdî, al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 221
  23. Tûsî, Talkhîs ash-Shâfî, vol 3, p 156
  24. Tûsî, Talkhîs ash-Shâfî, vol 3, p 156
  25. Mahdî, Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 154 - 217
  26. Mahdî, Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 154 - 155
  27. Ghiyb Ghulâmî, Ihrâq Bayt Fâtima fî al-Kutub al-Mu‘tabara ‘ind Ahl as-Sunna
  28. Ghiyb Ghulâmî, Ihrâq Bayt Fâtima fî al-Kutub al-Mu‘tabara ‘ind Ahl as-Sunna, p 79
  29. Ghiyb Ghulâmî, Ihrâq Bayt Fâtima fî al-Kutub al-Mu‘tabara ‘ind Ahl as-Sunna, p 192
  30. Collectif d'auteurs, Shahâdat Mâdaram Zahrâ Afsâni Nîst, p 25 - 32
  31. Collectif d'auteurs, Shahâdat Mâdaram Zahrâ Afsâni Nîst, p 25 - 32
  32. Sayyid Ja‘far Murtadâ al-‘Âmilî, Ma’sât az-Zahrâ (a), vol 1, p 266 - 277 et vol 2, p 229 - 321
  33. Tabasî, Hayât as-Siddîqa Fâtima, p 197
  34. Tabasî, Hayât as-Siddîqa Fâtima, p 197
  35. Sayyid Ja‘far Murtadâ al-‘Âmilî, Ma’sât az-Zahrâ (a), vol 2, p 229 - 321
  36. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 68 - 70 et 83
  37. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 1, p 281 - 282
  38. Sayyid Ja‘far Murtadâ al-‘Âmilî, Ma’sât az-Zahrâ (a), vol 1, p 266 - 277 ; Mahdî, Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 446 - 449 ; Kawtharânî, 12 Shubhi Hawl az-Zahrâ, p 15 - 26
  39. Tihrânî, Maktûbât Khattî, partie 16, p 109
  40. Yûsufî Gharawî, Mawsû‘a at-Târîkh al-Islâmî, vol 4, p 112
  41. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 3, p 411 - 414 ; Al-Khirsân, Al-Muhsin as-Sibt Mawlûd am Siqt, p 105 - 111
  42. Cheikh at-Tûsî, Talkhîs ash-Shâfî, vol 3, p 156
  43. Al-Khirsân, Al-Muhsin as-Sibt Mawlûd am Siqt, p 119 - 128
  44. Al-Khirsân, Al-Muhsin as-Sibt Mawlûd am Siqt, p 207
  45. Mahdî, Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 467 ; Fadl Allâh, az-Zahrâ al-Qudwa, p 109 - 110
  46. Mahdî, Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 154 - 217
  47. Ghiyb Ghulâmî, Ihrâq Bayt Fâtima fî al-Kutub al-Mu‘tabara ‘ind Ahl as-Sunna
  48. Sulaym b. Qays, Kitab Sulaym b. Qays, vol 1, p 150 ; Al-Mas‘ûdî, Ithbât al-Wasîyya, p 146 ; At-Tabarî, Dalâ’il al-Imâmat, p 134 ; Al-‘Ayyâshî, Tafsîr al-‘Ayyâshî, vol 2, p 67
  49. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 21 - 35
  50. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 80
  51. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 63
  52. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 79 - 80
  53. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 81
  54. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 21 - 35
  55. نگاه کنید به محسنی، «شهادت یا وفات حضرت زهرا سلام‌الله علیها»، سایت راسخون.
  56. At-Tabrisî, Al-Ihtijâj, vol 2, p 373
  57. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 4, p 357 à la fin et vol 5, depuis le début à 89
  58. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 4, p 521 - 523
  59. «رحماء بینهم»، سایت نیل و فرات.
  60. مرجانی، «ارتباط و محبت خلفای ثلاثه با علی و فاطمه رضی‌الله عنهما»، سایت سنی‌آنلاین.
  61. Sayyid al-Murtadâ, Ash-Shâfî fî al-Imâma, vol 3, p 251
  62. Labbâf, Dânishnâmiyi Sîyâsî Hadrat Alî (a) bâ Khulafâ’, p 73 - 76
  63. Al-Mudayhish, Fâtima Bint an-Nabî, vol 5, p 54
  64. Allâhuakbarî, « Izdiwâj Umm Kulthûm bâ ‘Umar az Nigâh Farîqayn », p 11 - 12
  65. Sayyid al-Murtadâ, Ash-Shâfî fî al-Imâma, vol 3, p 272 - 273
  66. Allâhuakbarî, « Izdiwâj Umm Kulthûm bâ ‘Umar az Nigâh Farîqayn », p 11 - 12
  67. Cheikh al-Kulaynî, Al-Kâfî, vol 5, p 346
  68. Husiynî, « Muqaddamiyi Mutarjim », Nâm Khulafâ bar Farzandân Imâmân, p 11
  69. Shahristânî, At-Tasmîyât, p 12
  70. Shahristânî, At-Tasmîyât, p 477 - 488
  71. Shahristânî, At-Tasmîyât, p 98 - 99
  72. An-Niysâbûrî, Al-Musnad as-Sahîh, vol 3, p 1377
  73. Shahristânî, At-Tasmîyât, p 427 - 472
  74. Ibn Taymîyya, Minhâj as-Sunna, vol 1, p 41 - 42
  75. Shahristânî, At-Tasmîyât, p 14
  76. Cheikh Abbas al-Qummî, Bayt al-Ahzân fî Masâ’ib Sayyidat an-Nisâ’, p 60 - 62
  77. Mahdî, Al-Hujûm ‘alâ Bayt Fâtima, p 221 - 356