Verset de paix

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Verset de la paix ou Âya d'as-Sulh (en français : آية الصلح) ou le verset d'as-Salm (en arabe : آية السَلم), (sourate al-Anfal : 61) ordonne au Prophète Muhammad (que la paix soit sur lui), en tant que chef de la communauté islamique, d'accepter la demande de paix de ses ennemis, même s'ils ont violé un pacte et ont combattu les musulmans. Ce verset est considéré comme une preuve de la nature pacifiste de l'islam.

Texte et traduction du verset

وَإِنْ جَنَحُوا لِلسَّلْمِ فَاجْنَحْ لَهَا وَتَوَكَّلْ عَلَى اللَّهِ إِنَّهُ هُوَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ ﴿۶۱﴾
Et s’ils inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah, car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient.
Le Coran, la sourate al-Anfâl, le verset 61, traduction de Hamîd Allah

Le verset 61 de la sourate al-Anfâl est connu sous le nom de verset de la paix ou verset d'as-Salm.[1] Ce verset, qui est révélé après les versets sur le jihad et en relation avec d'autres versets tels que les versets 190 à 193 de la sourate al-Baqara et le verset 90 de la sourate an-Nisâ', est considéré comme une preuve que la guerre n’est pas la priorité de l’Islam et qu'il cherche à établir la paix autant que possible.[2]

Contenu du verset

Dans ce verset, Dieu ordonne au Prophète de l'Islam (s) que si des groupes des infidèles ou d'autres tels que les juifs de Banî Qurayza et les Bani an-Nazîr qui ont violé leur traité de paix et sont entrés en guerre contre les musulmans, montrent un désir de paix, alors vous aussi, faites la paix avec eux.[3] Ce verset, faisant suite au verset précédent, qui met l'accent sur la préparation à la défense et le renforcement de la force militaire musulmane, insiste sur la recherche de la paix et la volonté d'accepter l'offre de paix des autres.[4]

Dans ce verset, Dieu ordonne au Prophète (s) de ne pas hésiter à accepter les propositions de paix si les conditions sont logiques et équitables,[5] et de faire confiance à Dieu et de ne pas craindre en raison du manque de préparation pour faire face à des événements inattendus. Car Dieu Connaissant et Entendant l'aidera et lui suffira.[6]

Le mot « as-Salm » dans ce verset signifie quitter la guerre par la paix et la trêve, donner la Jizya et accepter la religion de l'Islam.[7] Muhammad Jawâd Mughnîya dans Tafsîr al-Kâshif croit que la paix avec quiconque veut la paix est obligatoire à moins que la paix ne soit une forme de tromperie et préparer une attaque et un assassinat. Il considère que le sens de la paix dans ce verset est la paix avec tous, qu'ils soient en guerre ou non.[8]

Permission de la paix

Les jurisconsultes musulmans, s'appuyant sur ce verset et sur la tradition du Prophète (s) dans la paix d'al-Hudaybîyya, et sur la base de l'appréciation de la situation par le dirigeant de la communauté musulmane, ont considéré que la paix et la trêve sont permises et légitimes dans la confrontation avec ceux qui sont en guerre avec les musulmans.[9]

Les jurisconsultes estiment qu'après la signature d'un traité de paix, il faut respecter une vie pacifique avec eux et leurs droits et leur dignité, et qu'il est possible d'établir des relations politiques et économiques avec eux.[10] Dans un passage de la lettre de l'Imam Ali (a) à Mâlik al-Ashtar lors de sa nomination comme gouverneur d'Égypte, il est dit à propos de la paix avec l'ennemi :

« Et ne repousse pas la paix à laquelle ton ennemi t'appelle, si elle est conforme à la volonté de Dieu. »[11]

Sayyid Ali Naqi Fayz al-Islam, traducteur et commentateur du Nahj al-Balâgha, a cité ce passage après l'avoir rapporté au verset de la paix.[12]

Abrogation du verset

Article connexe : Abrogation.

Al-'Allâma Tabâtabâ'î, s'appuyant sur des hadiths rapportés par Ibn Abbas, affirme que le verset de la paix était abrogé par les versets 5 et 29 de la sourate at-Tawba, qui déclarent la guerre aux polythéistes et aux groupes comploteurs des gens du Livre, et par le verset 35 de la sourate Muhammad, qui ordonne de ne pas faiblir dans le djihad contre les infidèles.[13]

Il estime que ce verset فَاقْتُلُوا الْمُشْرِكِينَ حَيْثُ وَجَدْتُمُوهُمْ[14] (tuez les polythéistes où que vous les trouviez) ne laisse aucun doute sur le caractère temporaire de sa prescription, qui est instituée pour une période limitée et n'est pas permanente. Le caractère temporaire de la prescription de la guerre contre les polythéistes ressorts du verset (وَإِنْ جَنَحُوا لِلسَّلْمِ فَاجْنَحْ لَهَا).[15]

At-Tabrisî, dans son livre Tafsîr Majma' al-Bayân, estime que le verset de la paix concerne les gens du Livre, tandis que les versets de la sourate at-Tawba concernent les idolâtres. Par conséquent, selon lui, le verset de la paix n'a pas été abrogé. Il affirme que le Prophète Muhammad (s) a également conclu un traité de paix avec les chrétiens de Najran après la révélation des versets de la sourate at-Tawba.[16]

Voir aussi

Références

  1. Ma'rifat, at-Tamhîd, vol 2, p 355, 1411 H
  2. Qarashî Banâyî, Ahsan al-Hadith, vol 4, p 160, 1375 SH
  3. Abu al-Futûh ar-Râzî, Rawd al-Jinân, vol 9, p 1423, 1408 H ; Sâdiqî Tihrânî, al-Firqân, vol 12, p 278, 1406 H
  4. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimîna, vol 7 p 229, 1371 SH
  5. Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimîna, vol 7 p 230, 1371 SH
  6. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 9, p 117, 1390 H
  7. Mughnîya, Tafsîr al-Kâshif, vol 3, p 771, 1378 SH
  8. Mughnîya, Tafsîr al-Kâshif, vol 3, p 771, 1378 SH
  9. Cheikh at-Tûsî, al-Mabsût, vol 2, p 50, 1387 H ; an-Najafî, Jawâhir al-Kalâm, vol 21, p 293, 1404 H
  10. Muntazirî, Mabânî Fiqhî Hukûmat Islâmî, vol 5, p 243, 1409 H
  11. Nahj al-Balâgha, correction de Subhî Sâlih, lettre 53, p 442
  12. Nahj al-Balâgha, traduction et d'explication de Fayd al-Islâm, vol 5, lettre 53, p 1028
  13. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 9, p 131, 1390 H
  14. Le Coran, la sourate at-Tawba, le verset 5
  15. Tabâtabâ'î, al-Mîzân, vol 9, p 131, 1390 H
  16. At-Tabrisî, Majma' al-Bayân, vol 4, p 853, 1372 SH