Baraka

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Baraka (en arabe : البرکة) signifie prolifération des bénédictions et des biens divins. Ce terme est mentionné trois fois dans le Coran au pluriel et ses synonymes ont été répétés trente-deux fois. Dans le Coran, le mot baraka fait référence aux bénédictions permanentes et croissantes de Dieu et est attribué à chaque phénomène en fonction de ses capacités. L'utilisation du verbe baraka dans le Coran fait toujours référence à Dieu et sa cause a été considérée comme exclusivité à Dieu.

La foi (Imân), la piété (Taqwâ), le repentir (Istighfâr), le Dhikr et l'obéissance à Dieu (Tâ’a), la justice (‘Adl) et la clémence ont été considérés comme des capacités qui permettent aux humains d'être inclus dans les bénédictions de Dieu et, à l'inverse, certaines actions des humains, y compris les péchés et l'indifférente à l’égard du bien et du mal, sont mentionnées parmi les obstacles à la réception des bénédictions de Dieu.

Certaines créatures de Dieu sont considérées comme des signes et des exemples de bénédictions de Dieu, et ont été nommés mubârak (bénis) dans les textes religieux ; ce sont des prophètes comme Nûh (Noah) ; des humains bons et purs ; le Coran ; mais aussi des temps comme les nuits de Qadr ; des lieux comme La Mecque et des éléments naturels comme la pluie.

Signification

La baraka signifie une prolifération du bien, et ses dérivés tels que tabrîk (signifiant littéralement félicitations), et mubârak (signifiant littéralement béni) sont utilisés dans les célébrations, les succès et les victoires et composent aussi des dictons et des expressions populaires [Note 1][1]

Baraka considéré comme un mot relatif à des choses diverses, et correspond à la capacité de chaque chose. Ainsi la baraka dans la lignée fait référence à la multitude d'enfants et dans le temps fait référence à la richesses de ce temps : ex. des activités qu’une personne peut effectuer dans une période spécifique [2].

En plus des textes islamiques, le concept de baraka a été utilisé dans le cas d’autres livres des religions monothéistes, ainsi que dans d’autres cultures [3]. Dans ces usages, l'effusion des bénédictions de Dieu aux prophètes et l'effusion de ces bénédictions par les prophètes (a) et les figures saintes à d'autres personnes sont mentionnées [4]. Des dérivés du mot baraka / berakhah ont été utilisés environ 400 fois dans l'Ancien Testament et fréquemment dans le Nouveau Testament [5].

Dans le Coran, le mot baraka fait référence aux bénédictions permanentes et à la bonté croissante de Dieu [6]. Les bénédictions du ciel y ont été interprétées comme l'abondance de la pluie, et les bénédictions de la terre comme l'abondance des plantes et des fruits [7]. Dans le Coran, le mot tabâraka a été utilisé uniquement pour Dieu [8] et ses autres dérivés ont été utilisés pour les humains, pour les phénomènes naturels et pour certains temps et lieux [9]. Les exégètes du Coran ont considéré le mot tabaraka avec les manifestations de la connaissance, du pouvoir, de la propriété, de la paternité et d'autres forces, étant de la bénédiction divine et comme le signe de la continuation de la miséricorde et de la grâce de Dieu envers Sa création [10] et suggèrent leur inhérence à Dieu [11].

Dans le Coran, le mot baraka n'a été utilisé au pluriel que trois fois, dans trois versets [12] ; le fait il soit utilisé sous sa forme plurielle est considéré par certains spécialistes comme le signe de l'abondance de la baraka de Dieu [13]. Les dérivés de la racine baraka, notamment barik (بارک)[14], Mubârak (مبارک)[15] et tabârak (تبارک) [16], et d’autres dérivés, sont utilisés trente-deux fois dans le Coran.

L'utilisation des mots dérivés de baraka dans le Coran a toujours été en référence à Dieu, et cela signifie que seul Dieu peut donner la baraka[17], autrement dit, la source de la baraka, ne peut être que Dieu. Le mot baraka a également été utilisé dans les hadiths des Ahl al-Bayt (a), et il est considéré comme l'une des armées de l'intellect (junûd aql : جنود عقل), contre l’armée de l’ignorance (junûd jahl : جنود جهل) [18].

Causes de la baraka

Dans la culture islamique, recevoir la "baraka" par les humains dépend de leurs actes et paroles. Dans le Coran et dans les hadiths imamites, la foi (ایمان) et la piété (تقوا), le istighfâr (استغفار), l'obéissance (طاعت) et le rappel de Dieu (dhikr ذکر) [19], la justice (عدل) [20], la prière matinale (قيام بالسحر) [21], l'indulgence [22], bienveillance à l’égard des autres [23], le don et l'aumône (صدقه) [24], la pureté matérielle et spirituelle (طهارت) [25] la simplicité [26], la bienveillance à l’égard des parents (صله رحم) [27] la transaction honnête [28] l'attention portée aux voisins [29], l'observation de l'équité avec les frères et sœurs religieux [30], le jeûne (صوم) [31], etc. sont mentionnés parmi raisons de la réception de la baraka.

Le verset 96 de la sourate al-Aʻrâf du Coran :

وَلَوْ أَنَّ أَهْلَ الْقُرَ‌ىٰ آمَنُوا وَاتَّقَوْا لَفَتَحْنَا عَلَیهِم بَرَ‌كَاتٍ مِّنَ السَّمَاءِ وَالْأَرْ‌ضِ وَلَـٰكِن كَذَّبُوا فَأَخَذْنَاهُم بِمَا كَانُوا یكْسِبُونَ ﴿٩٦﴾
Si les populations des Cités avaient cru et avaient été pieuses, Nous leur aurions octroyé des dons (barakât) du ciel et de la terre. Mais elles ont crié au mensonge et Nous les avons emportées en prix de ce qu'elles se sont acquis. ﴾96﴿
Coran, s 7, v 96, Traduction de Régis Blachère

mentionne l'arrivée de bénédictions du ciel et de la terre en fonction de la foi et de la volonté de Dieu sur des habitants de la terre ou des villes. Selon ce qui est mentionné dans les commentaires du Coran sur ce verset, la foi et la piété d'un petit nombre de personnes ne peuvent garantir l'arrivée des bénédictions du ciel [32].

De même, dans le verset 52 de la sourate Hûd, et les versets 10 à 13 de la sourate Nûh, Dieu mentionne que l'envoi de Ses bénédictions, y compris la pluie, dépend de l'élimination de certains obstacles, et comme l'un de ces obstacles est le péché, le fait de se repentir est mentionné comme un moyen d'attirer la miséricorde de Dieu [33]. L'Imam 'Ali (a) a également mentionné que le fait de se repentir est un moyen permanent d'attirer la miséricorde de Dieu [34]. Dans certains versets du Coran, l'augmentation des provisions dans les bénédictions matérielles est considérée comme dépendant de la reconnaissance des humains. Dans le verset 7 de la sourate Ibrâhîm :

لَئِن شَكَرْ‌تُمْ لَأَزِيدَنَّكُمْ ۖ وَلَئِن كَفَرْ‌تُمْ إِنَّ عَذَابِي لَشَدِيدٌ ﴿٧﴾
Certes, si vous êtes reconnaissants, Je vous ajouterai [d'autres dons, mais] certes, si vous êtes ingrats, en vérité, Mon Tourment sera sévère ! ﴾7﴿
Coran, Sourate XIV , Verset 7 ; Traduction du Coran, Régis Blachère.

Dieu mentionne que l'augmentation de Ses bénédictions dépend de la gratitude des humains ; et à l'inverse, il mentionne que l'ingratitude envers les bénédictions est la cause de la descente des châtiments.

Obstacles devant la réception de la baraka

Certains actes et certaines paroles sont des causes qui empêchent les humains de recevoir les bénédictions de Dieu. Le fait de commettre des péchés ou de désobéir Dieu, d'abandonner l'ordonnance du bien et la condamnation du mal, ainsi que la négligence du penser à Dieu [35] sont mentionnés parmi les obstacles à la réception des bénédictions selon le Coran et le hadith.

Les péchés et la désobéissance sont parmi les causes du manque de la bénédiction dans les biens et dans la vie. Dans leurs commentaires sur le verset 96 de la sourate al-Aʻrâf du Coran, les exégètes ont mentionné le châtiment divin ainsi que la privation des bénédictions célestes et terrestres comme étant le destin de ceux qui ont péché et rejeté les prophètes [36].

L'abandon de la prière [37] l'escroquerie et la tricherie [38], l’avarice et ne pas faire du don aux pauvres [39] le gaspillage [40] la trahison [41] le vol, la consommation de boissons alcoolisées, la débauche [42] et les faux serments dans les transactions [43] sont mentionnés parmi les péchés qui ont pour conséquence de priver l'être humain de recevoir les bénédictions divines.

L’abandon de l'ordonnance du bien et de la condamnation du mal est aussi mentionné parmi les obstacles à la réception des bénédictions. Dans un hadith, le Prophète (s) a mentionné que les gens recevraient les bénédictions divines tant qu'ils sont sensibles au bien et au mal et s'entraident dans l'accomplissement du bien ; mais, s'ils abandonnent cela, ils perdront les bénédictions [44].

Exemples de la baraka

Dieu a fait de certaines de Ses créations des signes et des manifestations de la baraka. Certains des prophètes et des croyants justes, le Coran, certains temps, certains lieux, et aussi certains phénomènes naturels sont parmi les créations de Dieu qui ont été appelées bénies. L'un des objets qui a été appelé béni est le Coran [45] la raison en est qu'il guide[46].

Dans le Coran, Dieu a mentionné certains prophètes et d'autres personnes recevant Sa baraka, notamment le prophète Noé (a) et ses compagnons dans l'arche [47], le prophète Abraham (a) et ses enfants, Isma'il (a) et Isaac (a) [48], le prophète Moïse (a) [49], le prophète Jésus (a) [50], le prophète de l'islam (s) [51] et les croyants et les justes [52].

Dans les textes religieux, certains lieux dont la terre de la Mecque [53], la terre de la Cham [54], la terre de Jérusalem al-Quds [55] et la terre près du Mont Sinaï [56] ont été considérées comme bénies.

La nuit de Qadr fait partie des temps considérés comme bénis en raison de l'accomplissement des invocations, du pardon des péchés et de la révélation du Coran [57]. De même, certains éléments naturels ont été mentionnés comme bénis, notamment la pluie qui est considérée comme l'eau bénie dans le Coran [58].

Note

  1. pour une connaissance générale et spécialisée voir : Colin, G. S., Baraka, in: Encyclopédie de l’Islam. Consulted online on 26 January 2023 <http://dx.doi.org/10.1163/9789004206106_eifo_SIM_1216> First published online: 2010

Références

  1. Dihkhudâ, Amthâl wa hikam, vol. 1, p. 104, 114, 359
  2. Cf. Allamah Tabâtabâ’i, al-Mizân, 1390 h.l., v.7, p. 280-281
  3. Pour la culture Berbère, voir : A. Faure, « Baraka », Encyclopédie berbère, 9 | 1991, 1336-1338
  4. Qidamî, "Barkat", vol. 5, p. 484
  5. Karîmî, "Barkat", vol. 11, p. 744
  6. Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 4, p. 697
  7. Tûsî, al-Tibyân, vol. 4, p. 477
  8. Tabâtabâ’i, al-Mîzân, vol. 15, p. 173
  9. Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 4, p. 516, 596
  10. Qidamî, "Barkat", vol. 5, p. 485
  11. Mustafawî, al-Tahqîq, vol. 1, p. 258-260
  12. Qurʾân, 7:96; 11:48, 73
  13. Qidamî, "Barkat", vol. 5, p. 486
  14. Qurʾân, 41:10
  15. Qurʾân, 6:92-155; 21:50; 38:29
  16. Qurʾân, 7:54; 25:1, 10, 61; 43:65; 55:78; 67:1
  17. Qidamî, Barkat, vol. 5, p. 486
  18. Kulaynî, al-Kâfî, vol. 1, p. 22
  19. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 70, p. 341
  20. Laythî al-Wâsitî, ʿUyûn al-hikam wa l-mawâʿiz, p. 188
  21. Nahj al-balâgha, lettre n° 12
  22. Kulaynî, al-Kâfî, vol. 2, p. 119
  23. Sadûq, ʿIlal al-sharâ’i’, vol. 2, p. 583
  24. Qurʾân, 2:276; Kulaynî, al-Kâfî, vol. 4, p. 2
  25. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 73, p. 110
  26. Ibn Hanbal, Musnad, vol. 6, p. 82, 145
  27. Kûfî al-Ahwâzî, al-Zuhd, p. 39
  28. Ibn Hanbal, Musnad, vol. 3, p. 402
  29. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 71, p. 97
  30. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 71, p. 395
  31. Ibn Hanbal, Musnad, vol. 3, p. 12
  32. tabâtabâ’î, al-Mîzân, vol. 8 p. 201; Makârim Shîrâzî, Tafsîr-i nimûna, vol. 6, p. 266
  33. Tabâtabâ’î, al-Mîzân, vol. 10, p. 444; vol. 20, p. 45
  34. Nasafî, Tafsîr kanz al-daqâʾiq, vol. 13, p. 454
  35. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 73, p. 314
  36. Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 4, p. 698; Fakhr al-Dîn al-Râzî, Mafâtîh al-ghayb, vol. 14, p. 322
  37. Ibn Tâwûs, Falâh al-sâʾil, p. 22
  38. Sadûq, ʿIlal al-sharâʾiʿ, vol. 2, p. 584
  39. Kulaynî, al-Kâfî, vol. 3, p. 505
  40. Kulaynî, al-Kâfî, vol. 4, p. 55
  41. Laythî al-Wâsifî, ʿUyûn al-hikam wa l-mawâʿiz, p. 134
  42. Majlisî, Bihâr al-anwâr, vol. 76, p. 19, 23
  43. Kulaynî, al-Kâfî, vol. 5, p. 162
  44. Mufîd, al-Muqni’a, p. 808
  45. Qurʾân, 6:92, 155; 21:50; 38:29
  46. Tabâtabâ’i, al-Mîzân, vol. 7, p. 387
  47. Cf. Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 5, p. 255
  48. Tabâtabâ’î, al-Mîzân, vol. 7, p. 280-281; Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 4, p. 697; Qurtubî, al-Jâmiʿ li-aḥkâm al-Qurʾân, vol. 15, p. 113
  49. Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 4, p. 697. Tabarî, Jâmiʿ al-bayân, vol. 19, p. 82.Tabrisî, Majmaʿ al-bayân, vol. 7, p. 330; Ṭabarî, Jâmiʿ al-bayân, vol. 19, p. 82
  50. Qurʾân, 19:31; Tabarî, Jâmiʿ al-bayân, vol. 16, p. 66; Qurtubî, al-Jâmiʿ li-ahkâm al-Qurʾân, vol. 10, p. 70
  51. Qurʾân, 108:1; Tûsî, al-Tibyân, vol. 4, p. 477
  52. Qurʾân, 2:269; 11:48
  53. Qurʾân, 3:96; Makârim Shârâzî, Tafsîr-i nimûna, vol. 3, p. 14; Zamakhsharî, al-Kahsshâf, vol. 1, p. 387
  54. Qurʾân, 7:137; 21:71, 81; 34:18; Qurtubî, al-âmiʿ li-ahkâm al-Qurʾân, vol. 7, p. 272; Fakhr al-Dîn al-Râzî, Mafâtîh al-ghayb, vol. 22, p. 190-201
  55. Qurʾân, 17:1
  56. Fakhr al-Dîn al-Râzî, Mafâtîh al-ghayb, vol. 24, p. 593
  57. Tabrisî, Majmaʿ al-baâān, vol. 9, p. 92
  58. Qurʾân, 50:9